Un jour j’ai écrit “la troième guerre mondiale a commencé à Sarajevo” , ce texte consacra mon exclusion de toute publication dans la presse communiste et pourtant je n’en renie pas une ligne : bien des choses sont devenues évidentes dans le démantelement de la Yougoslavie (y compris la manière dont l’OTAN s’en prenait à l’ambassade de Chine). Encore aujourd’hui feindre de s’indigner face à “l’annexion des terres pas seulement russophones, mais qui refusent la fascisation qu’a représenté le nationalisme ukrainien derrière l’OTAN et ne pas voir ce qui a été accompli au Kossovo en toure illégalité de l’OTAN et de ses bombardements, la monaie instrument de san ction, c’est ne rien comprendre à ce qui se passe aujourd’hui. Les politiques d’austérité, de guerre, les nationalismes fascisants favorisés et la multiplication de zones de ghettos ethnicisés, bref la “balkanisation” de l’Europe mais celles aussi des nations divisées en territoires irreconciliables… (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Un homme montre des billets de dinars serbes à Gracanica, le 3 juillet 2024 au Kosovo© Armend NIMANI
Pas de salaires ou pas de retraites, des hôpitaux ou des écoles aux caisses vides… Depuis l’interdiction en février du dinar serbe au Kosovo, dont la monnaie officielle est l’euro, les établissements financés par Belgrade sont à sec. Mais la vie s’organise, entre débrouille et fatalisme, pour la minorité serbe.
Un ruban de police sur l’entrée d’une “banque d’épargne postale” serbe, à Mitrovica, le 20 mai 2024 au Kosovo où les transactions en dinars serbes sont interdites depuis le 1er février, l’euro devanant la seule monnaie légale© STRINGER
Pendant que les réunions sans lendemain se multiplient à Bruxelles, à Mitrovica, ville du Kosovo dont le nord est peuplé de Serbes et le sud d’Albanais, Momcilo Adzic, 65 ans, raconte comment les Serbes du Kosovo comme lui s’organisent pour aller percevoir leurs retraites de l’autre coté de la frontière avec la Serbie, située à une soixantaine de km au nord.
Des passantes dans une rue de Gracanica, le 3 juillet 2024 au Kosovo© Armend NIMANI
“Les deux dernières banques serbes ont dû quitter le Kosovo”, explique-t-il à l’AFP. Pour retirer sa retraite, qui est en dinars, une seule solution: “aller jusqu’à Raska, en Serbie”, à une heure de route. Il lui faudra ensuite changer la somme en euros pour pouvoir la dépenser au Kosovo.
Un système D fatiguant, explique Vera, agricultrice à Zerovnica, à l’ouest du Kosovo. “Pour être honnête, j’en ai marre de cette vie. Nous n’avons aucune confiance dans l’euro, nous vivons dans la peur”. La plupart des personnes interrogées préfèrent ne pas donner leurs noms de famille.
En annonçant la mesure, début février, le Premier ministre kosovar Albin Kurti avait bien tenté de rassurer les Serbes.
“La seule différence c’est que depuis le 1er février, l’argent ne peut plus traverser la frontière dans des sacs”, avait-il dit, estimant que la façon dont la Serbie faisait passer des dinars avant cela “permettait à des groupes criminels de recevoir illégalement de l’argent”.
Un distributeur automatique de billets “Hors service” à l’extérieur d’une agence bancaire, le le 21 février 2024 au à Mitrovica, au Kosovo où les Serbes ont commencé à recevoir leurs salaires et leurs pensions par tranches limitées, à la suite d’une réglementation du gouvernement de Pristina visant le dinar serbe© STRINGER
Mais aucun accord n’a été trouvé entre Belgrade et Pristina pour que la Serbie puisse verser, via des établissements bancaires du Kosovo, les salaires, retraites et bourses aux employés ou ex-employés des structures financées par Belgrade.
Ce système parallèle d’écoles, hopitaux etc. n’a donc plus un sou. La Serbie est le principal employeur dans les zones serbes du Kosovo.
“Ce n’est pas qu’une question de salaire. C’est une question de médicaments, de matériel médical, de nourriture, de fonds pour entretenir nos salles d’opération…”, a renchéri Danica Radomirovic, numéro deux de l’hôpital de Mitrovica nord dans la presse locale.
Une agence bancaire à Gracanica, le 1er mars 2024 au Kosovo© Armend NIMANI
En attendant, les responsables invitent leurs employés à se rendre en Serbie pour percevoir leur salaire et eux mêmes font régulièrement le voyage pour retirer de quoi payer les charges, ou acheter des équipements.
Sur les murs de Gracanica, à quelques kilomètres du centre de Pristina des affiches fleurissent: “10 euros A/R pour aller retirer des dinars à Kursumlija”, en Serbie
– “De pire en pire” –
Dans les zones serbes, rares sont ceux qui acceptent de parler à des journalistes.
“Tout le monde se plaint. Tout le monde. La situation est mauvaise, et tout devient de pire en pire”, déplore Mihajlo Jovanovic, chauffeur à la retraite de 73 ans. “Pour les Albanais, l’interdiction du dinar, c’est une victoire. Leur but? Expulser les Serbes”, estime-t-il.
“D’une certaine façon, la Serbie perd sa souveraineté sur le Kosovo”, analyse de son côté Dejan Popovic, un technicien de 49 ans.
Le président du plus important parti politique serbe du Kosovo, Zlatan Elek, affirme régulièrement que “l’interdiction du dinar est synonyme d’expulsion des Serbes et de toutes les institutions serbes du Kosovo”.
Parmi la population serbe du Kosovo – estimée à environ 100.000 personnes, la peur se mêle à la lassitude. Le Kosovo affiche environ 1,5 million d’habitants
“Ce sera aux responsables de décider, et nous accepterons” leur décision, explique Milijana, une coiffeuse de Mitrovica. En attendant, depuis l’interdiction des dinars, elle continue à recevoir des paiements dans les deux monnaies.
“Ce n’est pas grave s’ils me payent en dinars ou en euros”, explique aussi Sanja Milatovica, une femme de ménage de 58 ans, “l’important c’est qu’ils me payent!”
Depuis son village de Laplje Selo, près de Gracanica, elle “se promène” chaque mois jusqu’en Serbie, où elle retire des dinars qu’elle change immédiatement en euros.
Quand on lui demande si elle pense pouvoir un jour à nouveau payer en dinars, Sanja Milatoviv soupire: “ce qui est pris n’est jamais rendu”.
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