Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’ordre international débile…

ANALYSE

Il y a à la fois quelque chose de désespérant – mais aussi de rassurant – dans le constat général d’une débâcle totale des gouvernements de l’occident global. On se sent incontestablement moins seuls. Il n’y a pas que Macron et la quasi totalité de son parlement, au bord d’un gouffre qu’ils ont eux-mêmes creusé… ouf !!!… Le problème est que notre système de propagande est tel que nous n’avons pas la moindre idée de ce qui se passe ailleurs, seul notre nombril nous importe. Ça n’aide pas !!! Pourtant il faut comme le dit l’auteur, repris pas Asia Times: “Pour la première fois, tous les gouvernements occidentaux sont au bord du gouffre“. Ce site du monde des affaires de Hong Kong n’arrive pas à comprendre ce qui interdirait selon lui des solutions de bon sens, que Macron s’entende avec l’autre candidat du capital, Marine le Pen, et qu’ils envoient bouler le gauchiste trublion Mélenchon. Depuis quand un fondé de pouvoir d’une banque d’affaire hésite-t-il devant un tel choix, décidément ces libéraux sont des rêveurs et ils ont fait faire bien des bêtises, il est temps de passer au “sérieux” face au véritable danger la Chine et son parti communiste créant un autre monde. Quand la courte vue française celle qui choisit Mitterrand et Le Pen en prétendant l’éviter avec un gauchisme qui fait la main à l’opération se la joue Front populaire et mai 68, les inquiétudes du capital font plaisir à voir (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Par SPENGLER 1ER JUILLET 2024

Marine Le Pen sur scène à Hénin-Beaumont après la fermeture des bureaux de vote dimanche. Photo : Capture d’écran X

D’abord Biden, puis Macron et la semaine prochaine le malheureux Rishi Sunak. Kishida au Japon, Scholz en Allemagne et Trudeau au Canada ne restent au pouvoir que parce que le cycle électoral ne les oblige pas à se présenter devant les électeurs.

Pour la première fois depuis que les États européens modernes ont été définis par le traité de Westphalie, tous les gouvernements de tous les grands pays occidentaux tombent ou tomberaient s’ils devaient organiser des élections. Quelle malédiction collective s’est abattue sur les dirigeants de l’Occident pour que tous leurs électeurs en soient venus à les mépriser par d’énormes marges ?

Il y a une explication simple à la ruine collective des gouvernements occidentaux : tous ont adopté un programme que leurs électeurs rejettent parce qu’il a dégradé leur qualité de vie. Spontanément et simultanément, les électeurs de l’Occident se soulèvent pour répudier leurs dirigeants.

Les dommages causés à la classe politique mondiale sont à couper le souffle.

Les premiers résultats de la France indiquent que le parti bulle du centre d’Emmanuel Macron n’a recueilli qu’un cinquième des voix nationales au premier tour des élections anticipées convoquées par Macron à la suite des désastreuses élections européennes du 9 juin. Le Rassemblement national de Le Pen, tendancieusement qualifié d’« extrême droite » par la chambre d’écho des médias, est arrivé à 34 % tandis que la coalition de gauche a recueilli 28 %.

72 % des Américains, quant à eux, pensent que Joseph Biden n’est pas mentalement apte à être président (les 28 % restants comprennent probablement un grand nombre de victimes de démence). 56% des Américains désapprouvent sa performance.

Les trois partis qui composent la coalition gouvernementale allemande n’ont recueilli que 30 % des voix lors des élections européennes du 9 juin. Le deuxième plus grand parti du pays, l’Alternative für Deutschland (AfD), a 16 % des voix, suffisamment pour s’imposer dans une coalition que les anciens partis traditionnels ont juré de ne jamais envisager.

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a un taux d’approbation de 13% et le soutien d’un dixième seulement des électeurs de son propre parti. Le Canadien Justin Trudeau ressemble au lépreux avec le plus de doigts le désignant avec un taux d’approbation de 28 %.

Quel est le programme que les électeurs de l’Ouest ont répudié ? L’élite américaine a entrepris de refaire le monde selon ses propres chimères après la chute du communisme en 1990 et avait suffisamment de pouvoir pour faire entrer le reste du monde industriel dans son plan.

Le premier plan consiste en un accord mondial pour isoler et affaiblir la Russie, en élargissant l’OTAN à la frontière russo-ukrainienne. Comme l’a déclaré Donald Trump le 21 juin, c’est précisément ce qui a provoqué l’invasion russe de l’Ukraine.

En mars 2022, Biden a promis que les sanctions réduiraient de moitié l’économie russe ; au lieu de cela, l’économie russe a augmenté et est maintenant plus grande que celle du Japon, selon la Banque mondiale, et Moscou a le dessus dans une guerre d’usure écrasante. La guerre est très impopulaire en Europe et la montée du soutien aux partis européens alternatifs le 9 juin était en grande partie un vote de paix.

Le second plan résidait dans un accord mondial pour faire passer l’agenda du changement climatique avant la productivité industrielle. Aux États-Unis, l’administration Biden a entravé l’extraction des hydrocarbures. Les exportations américaines de pétrole ont doublé sous l’administration Trump ; sous Biden, les exportations ont à peine retrouvé le pic de Trump après une forte chute.

En Allemagne, la guerre en Ukraine a coupé l’accès de l’Allemagne à l’énergie russe bon marché après que le gouvernement Merkel ait adhéré au programme du Parti vert et fermé les centrales nucléaires du pays. Les prix de l’énergie ont joué un rôle majeur dans l’inflation des trois dernières années.

Le troisième plan répondait au déclin démographique des nations industrialisées. Tous les dirigeants des principaux pays occidentaux ont convenu qu’ils absorberaient un grand nombre d’immigrants des pays pauvres du sud, des musulmans du Moyen-Orient et des Africains subsahariens dans le cas de l’Europe, des Centraméricains dans le cas des États-Unis.

Ce n’est pas tout à fait la soi-disant « théorie du grand remplacement » de la théorie du complot. Pourtant, cela s’en rapproche : l’élite envisageait un nouveau creuset mondial de mélange culturel qui diluerait et dégraderait les cultures de l’Occident.

L’immigration est de loin la plus importante de ces trois : elle implique la reconfiguration de la vie sociale et économique dans le monde industriel et l’érosion de la base nationale des États avancés.

Ce n’est pas un hasard si la rébellion populiste contre ce pacte mondial parmi les élites s’est concentrée sur l’immigration, Donald Trump aux États-Unis et Viktor Orban en Hongrie menant la charge. C’est aussi la question sur laquelle les élites vont se jeter comme sur leurs épées.

À la suite de la catastrophe électorale d’aujourd’hui, le Premier ministre de Macron, Gabriel Attal, a ordonné aux candidats de son parti arrivés en troisième position de se retirer du second tour le 7 juillet afin de donner des voix au Front populaire de gauche, préférant l’extrême gauche à la droite nationaliste.

Dans le même temps, selon Le Monde, « Jean-Luc Mélenchon, le leader du parti de gauche radicale La France insoumise (LFI), a appelé les candidats de gauche qui se sont classés troisièmes mais toujours qualifiés pour le second tour à se retirer, pour soutenir le candidat le mieux placé pour battre le RN. Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN », a-t-il déclaré.

Les socialistes, après tout, sont des mondialistes d’un autre bord, avec de sérieuses objections à la gestion économique par l’oligarchie, mais tout aussi hostiles à la souveraineté nationale. Les mondialistes de la trempe de Macron (ou d’Angela Merkel, ou de Rishi Sunak) sont d’accord avec les socialistes sur la question la plus convaincante : la dissolution des frontières nationales, des cultures nationales et des populations nationales dans la grande vague migratoire qu’ils ont tant fait pour encourager.

La France compte aujourd’hui 8 % à 10 % de musulmans ; selon l’enquête Pew, leur part sera de 18 % de musulmans d’ici 2050 dans un scénario de forte migration tandis que l’Allemagne comptera 20 % de musulmans. Les migrants sont des électeurs de base des partis de gauche, ce qui met la gauche socialiste en alliance avec le centre capitaliste.

L’alliance de centre-gauche du désespoir ne peut pas gouverner la France, c’est certain. Une coalition similaire ne pourrait pas non plus gouverner l’Allemagne, où une scission de la gauche traditionnelle (« Die Linke ») dirigée par Sahra Wagenknecht recueille désormais 9 % des voix fédérales.

Le groupe Wagenknecht combine la politique socialiste traditionnelle avec une forte position anti-immigration et a pris quelques voix à l’AfD, qui représente désormais 17 % du total. L’Allemagne a une forte gauche anti-immigration qui exclut l’alignement de centre-gauche que Macron essaie de promouvoir.

Il est loin d’être clair de savoir si l’alliance du désespoir entre l’ex-banquier d’affaires Macron et le flamboyant gauchiste Mélenchon empêchera ou non le Rassemblement national de remporter le scrutin du 7 juillet.

Peut-être que la France sombrera simplement dans le chaos plutôt que de s’unir autour d’un gouvernement populiste. L’Allemagne est confrontée à un long interrègne avant ses prochaines élections nationales à la fin de 2025, l’AfD menant largement dans les sondages lors de trois élections régionales clés prévues pour le 1er septembre.

La politique américaine, quant à elle, est dans le chaos après la stupéfiante démonstration de démence de Biden lors de son débat avec Trump le 27 juin. Les démocrates ne peuvent pas vivre avec Biden en tant que candidat, mais ils ne peuvent pas vivre sans lui, ce qui rend l’élection de Trump très probable.

Et Trump n’a que faire de l’agenda mondial que l’élite américaine a imposé au monde après 1990. Le message venant de Washington est le suivant : vous êtes seul et c’est chacun pour soi.

Spengler est canalisé par David P. Goldman. Suivez-le sur X à @davidpgoldman

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