Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Xuan : voir la violence du capital …

Hier nous avons insisté sur la colère du peuple français et cette colère est à la fois symptomatique de la capacité politique de notre peuple dont Marx fait état dans les luttes des classes en France. Il est clair face à cette rage devant l’arrogance d’incapables les choix, face à “une offre” qui est ce qu’elle est, ne se contente plus de l’abstention, il y a une volonté très française d’intervenir… Cette volonté qui s’empare de ce qu’elle a à sa disposition et se détourne de ce qui n’a pas abouti, crée des votes qui peuvent se répartir dans des “coalitions” sans perspective… Ces votes différents peuvent manifester des choses assez proches et il y a une dénonciation de la gabegie, peut-être même une aspiration à “l’ordre”, à l’unité, sur des bases semblables qu’il reste à mieux comprendre. C’est ce qu’exprimait, tel que l’on peut comprendre, avec sa sensibilité propre de Kassovitz. Le Macronisme s’est présenté comme le choix libéral par excellence celui de la liberté de l’individu sur le collectif présenté comme une entrave, le choix de la libre entreprise, et l’artisan de la dissolution de toute forme organisée. A ce titre on peut dire que cette dissolution pousse jusqu’au bout la logique de gens rassemblés sur la seule base de leurs intérêts individuels et défenseurs en fait du libre renard dans le libre poulailler du capital. Chaque camp, la constitution de la Ve République, tout parait se déliter sous le caprice d’un président mais l’effondrement oblige aussi le capital à une réponse à sa propre crise. La logique politicienne serait incomplète si derrière la débâcle des “superstructures” on ne voyait pas la crise du capital et ses manifestations. C’est pourquoi l’on ne peut qu’approuver l’invite de Xuan qui nous dit: Pour sortir un peu des questions sans réponse, il peut être utile de jeter un œil sur les réactions économiques à l’étranger. Voici une autre violence, elle n’est pas de notre monde, pas de la même échelle non plus. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetociété)

Ria Novosti attire l’attention sur les difficultés économiques de la France, après le coup de poker de Macron. En particulier sur le rapport des forces capitalistes entre la France et la GB, rappelant que la supériorité financière de notre pays vient de se faire doubler.

Un extrait :
« Pas le choix. La France perd des centaines de milliards de dollars à cause de l’aventure Macron
FT : Les entreprises françaises s’inquiètent du résultat des élections législatives

MOSCOU, 23 juin – RIA Novosti, Renat Abdullin.
https://ria.ru/20240623/evropa-1954320419.html

Alors que les politiques français préparent assidûment des élections législatives anticipées, les entreprises locales réagissent déjà aux conséquences possibles. Le pays perd rapidement de l’argent – il a déjà perdu la palme économique au profit de la Grande-Bretagne. Et les choses ne peuvent qu’empirer.

“La Grande-Bretagne est de retour”

Les marchés boursiers ont réagi à la vitesse de l’éclair à la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. La capitalisation des entreprises françaises a chuté d’au moins 258 milliards de dollars la semaine dernière. Les actions des banques Société Générale SA, BNP Paribas SA et Crédit Agricole SA – les plus grands détenteurs de dette publique (environ 3 500 milliards) – ont perdu dix pour cent ou plus en valorisation.

La valeur totale des sociétés cotées à la Bourse de Paris est tombée à 3 130 milliards de dollars, selon les données de Bloomberg.
Avant cela, la France était leader en Europe. Aujourd’hui, elle passe derrière les Britanniques : leur chiffre est de 3 180 milliards. «La Grande-Bretagne est de retour», a noté avec satisfaction le Premier ministre Rishi Sunak, qui devra lui-même bientôt faire face à des élections législatives difficiles.

Les investisseurs sont alarmés : on ne sait pas qui dirigera bientôt le pays. Et les dépenses publiques en dépendent directement.
Si elles augmentent, le taux obligataire augmentera, rappellent les analystes. Autrement dit, un État qui a besoin d’argent acceptera d’emprunter à un taux d’intérêt plus élevé. Et le prix des actions des entreprises va baisser : la demande va baisser.
Autrement dit, les banques subiront des pertes encore plus importantes : l’argent des investisseurs sera acheminé vers des acteurs plus fiables. Par exemple pour être coté à la Bourse de Londres.
[…] »

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Mais un regard plus critique sur ‘l’Orient – Le Jour’ attire notre attention sur le rôle de la France en Europe et le risque de déstabilisation de l’UE.
Nous avions peut-être oublié que lors de la crise de l’Euro, c’est la finance française qui avait débarqué Berlusconi et imposé le maintien de la Grèce en Europe. Cet article nous rappelle que notre pays qui « n’a pas quitté ses habits de colon », jouait jusqu’ici les shérifs en Europe.
Ceci devrait nous alerter sur notre propre cécité envers l’impérialisme de notre pays dans le cadre européen, alors que nous avons souvent joué les Calimero.
Mais dans ce marigot les crocodiles se bouffent entre eux, en commençant par ceux qui boitent.

Les risques financiers du coup de poker d’Emmanuel Macron
OLJ / Par Brigitte GRANVILLE, le 22 juin 2024 à 00h00

https://www.lorientlejour.com/article/1418006/les-risques-financiers-du-coup-de-poker-demmanuel-macron.html

Lorsque l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing était ministre des Finances dans les années 1960, il a qualifié de « privilège exorbitant » le statut d’émetteur de la monnaie de réserve mondiale dont jouissaient les États-Unis. Mais ce qualificatif s’applique tout aussi bien à la position actuelle de son propre pays au sein de l’Union monétaire européenne. Malgré des déficits budgétaires qui ne cessent de se creuser, la France est depuis longtemps en mesure d’emprunter à des conditions presque aussi avantageuses que l’Allemagne. Le marché obligataire a même ignoré l’abaissement de la note de la dette souveraine française par S&P à la fin du mois dernier, laissant entendre que la France était en quelque sorte à l’abri de la discipline habituelle en matière de crédit. Puis la politique est intervenue.
Suite à la montée en puissance de l’extrême droite française lors des élections européennes de ce mois-ci, la décision abrupte du président Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections anticipées a suscité une réaction résolument négative de la part des marchés. Mais les investisseurs pourraient maintenant sous-estimer la résilience du privilège exorbitant français.

Indulgence
Les graines de ce privilège ont été semées dans le traité de Maastricht de 1992, qui a créé une union monétaire sans union fiscale. Ce système exigeait une règle de « non-renflouement », afin d’éviter que les pays prodigues ne profitent de la situation de membres plus responsables sur le plan budgétaire. Mais la crise de l’euro de 2010-2012 a révélé la faille fatale de cette conception : si l’interdiction des renflouements signifiait que la Banque centrale européenne ne pouvait pas servir de prêteur en dernier ressort, cela menacerait l’union monétaire et, par extension, l’ensemble du projet européen.
Le compromis qui en a résulté reposait sur une règle fiscale. La BCE était prête à acheter des quantités illimitées d’obligations des États membres de la zone euro, à condition que leurs plans budgétaires soient conformes aux règles fiscales établies et appliquées par la Commission européenne. Entre-temps, la police fiscale de Bruxelles est restée très indulgente à l’égard des gouvernements français. Les crises des petits pays périphériques, puis de l’Italie, avaient été suffisamment alarmantes. La dernière chose qu’ils voulaient, c’était une crise similaire avec la France, la pierre angulaire de toute la construction européenne. Ils ont donc imaginé un stratagème.

En guise de sanction pour son non-respect systématique des règles fiscales, et conformément à la « procédure concernant les déficits excessifs » de l’UE, Paris promettait de resserrer les boulons, et la Commission se déclarait satisfaite. La BCE disposait alors d’une couverture politique pour acheter des obligations souveraines françaises (si nécessaire), ce qui a permis aux marchés d’évaluer la dette publique française presque aussi bien que les Bunds allemands, en dépit de l’absence de toute amélioration réelle de la situation budgétaire de la France.
Cette mascarade n’était pas nécessaire lorsque les règles budgétaires de la zone euro ont été suspendues en réponse à la pandémie de Covid-19. Mais les règles (avec quelques modifications) ont maintenant été rétablies, et le déficit budgétaire français (à 5,1 % du PIB) est plus éloigné que jamais du seuil de 3 %. Ainsi, avant même le dernier choc politique, la danse entre Paris et Bruxelles s’annonçait plus délicate qu’à l’accoutumée. La France allait devoir s’engager à réduire le déficit d’un demi-point de pourcentage du PIB, et même cet ajustement modéré aurait pu déclencher un vote de défiance à l’encontre du gouvernement de M. Macron à la chambre basse du Parlement, où son parti a perdu la majorité lors des élections de 2022.

« Danse budgétaire »
Deux ans plus tard, l’élection éclair pourrait bien remplacer le gouvernement centriste boiteux de Macron par un gouvernement dirigé par des partis dont les campagnes ont abandonné toute prétention à la discipline budgétaire. L’élection du Parlement européen et les derniers sondages montrent que le principal défi vient du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et des partis de droite alliés, et les marchés financiers réagissent déjà de la même manière qu’ils l’ont fait lorsque Mme Le Pen s’est lancée pour la première fois dans une course au pouvoir crédible en 2017. À l’époque, elle promettait d’abandonner l’euro et de rétablir le franc français. Bien qu’elle ait ensuite abandonné cette idée, elle a encore secoué les marchés lorsqu’elle s’est à nouveau présentée à la présidence en 2022. Il n’est pas surprenant que les marchés soient à nouveau effrayés : si le RN et ses alliés remportent cette élection, il ne sera pas dans l’intérêt de Mme Le Pen de mettre à mal le privilège exorbitant dont jouit son pays au sein de la zone euro. En fait, elle aura tout intérêt à l’exploiter pour se frayer un chemin jusqu’à la présidence en 2027. C’est pourquoi son premier ministre désigné, Jordan Bardella, a déjà fait marche arrière sur la promesse de campagne la plus coûteuse sur le plan fiscal : l’annulation de l’augmentation de l’âge de la retraite (de 62 à 64 ans) qu’Emmanuel Macron a imposée l’année dernière malgré les protestations de l’opinion.

Ainsi, dans le cas d’un gouvernement de cohabitation à droite, je m’attendrais à voir la même vieille « danse budgétaire » vis-à-vis de Bruxelles, bien qu’avec une plus grande rhétorique qui déstabiliserait encore plus les marchés. Il en irait de même pour un gouvernement de gauche élu sur la base d’un programme agressif d’imposition et de dépenses, puisque les recettes provenant de l’augmentation des impôts satisferaient probablement la police fiscale européenne.

L’issue qui justifierait le mieux les craintes des marchés serait en réalité celui de l’impasse : si les alliances de droite et de gauche remportent chacune environ 200 sièges, tandis que le bloc centriste de M. Macron est réduit de 250 à 150 sièges au maximum, il sera extrêmement difficile de former un gouvernement, et encore plus un cabinet stable. Bien que tout futur gouvernement français soit susceptible de reprendre la « danse budgétaire », il faut être deux pour danser le tango. Une impasse politique persistante à Paris laisserait Bruxelles sans gouvernement avec lequel s’engager, et plus les limbes politiques dureraient, plus l’instabilité financière et les dommages causés à l’économie européenne seraient importants.

Copypright : Project Syndicate
Professeure d’économie internationale et de politique économique à l’université Queen Mary (Londres).

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1 Commentaire

  • Xuan

    L’argent n’a pas d’odeur

    S’il peut nous arriver de nous boucher le nez, un petit nombre de gens n’a pas besoin de masque FFP2. Le patronat a ainsi applaudi Bardella sans état d’âme, le voyant si disposé à tomber opportunément le masque de la démagogie.

    Naturellement Macron poursuit obstinément son autodestruction en qualifiant d’extrémiste la majorité de la population et sur l’air de mains blanches « j’vous promets la fin d’vos misères ». Evidemment quand on peut armer et former des néo nazis à l’art militaire le sermon sur l’extrémisme ne vaut même pas le prix du papier qu’il compte nous envoyer. D’ailleurs c’est un crime contre l’écologie quand la cheminée n’est plus de saison et que le papier glacé ne peut même pas servir dans les tinettes.

    Au vu des difficultés financières et des angoisses des capitalistes, la violence des rapports d’argent doit trouver un exutoire.
    D’abord les querelles des politiciens bourgeois devront baisser d’un ton, les barrières infranchissables devront tomber, et les ennemis jurés commenceront à se taper dans le dos.
    Ensuite la violence du capital va s’exercer sur le peuple.

    Nous verrons alors qui sont nos amis et qui sont nos ennemis.
    On sait maintenant qu’on a mangé notre pain blanc. Le réformisme n’est plus d’actualité, il nous faut une philosophie des tempêtes.

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