Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dernière nouvelle: je reporte mon voyage en Corse mais voici l’occasion de vous dire..

J’étais prête à affronter une nuit de tempête à bord du navire Corsica linea qui me débarquait demain matin à Propriano, ne craignant pas le mal de mer, je m’y résignais. J’y avais quelques mérites non seulement à cause d’un âge avancé mais parce que je n’ignorais rien du fait que les tempêtes en méditerranée mettaient à l’épreuve les plus rudes marins. Mais il faut ce qu’il faut… Néanmoins le reste du séjour s’avérant sous les mêmes auspices de pluie et de froidure, j’ai reporté ledit voyage… Bref, me revoilà. Marianne avait promis de tenir le gouvernail, même si elle n’aime pas ça, c’est surcroit de travail qui lui interdit celui de revue de la presse russe et de traduction parfaite qui est la sienne, un travail qui est la base des spécificités de ce blog. Parce que Marianne est une linguiste mais elle a comme moi la passion des civilisations, la rencontre avec l’humain et nous avons en commun le manque total appétence pour la gloire et le pouvoir… Sur cette assise de partage de l’information, ce blog devient de plus en plus un carrefour de multiples collaborations. C’est sa richesse, ouverture et “ligne” marxiste léniniste peuvent être conciliées… C’est grâce à vous tous qui désormais me transmettez des textes, que vous soyez des groupes de recherche, des revues internationales ou des militants. Le fait est que vous êtes la démonstration de ce qui bouillonne, renaît malgré le mauvais temps… passons à la conclusion avant d’expliquer : ici on ne vous habitue pas à ce qui est reconnu… On vous demande de retrouver ce que vous êtes réellement en cultivant votre dignité…

Bon je ne vais pas développer mais je crois qu’une des richesses de ce blog et qui devrait peut-être nous aider à penser le mode d’organisation que nous souhaitons est que loin de refuser les apparentes contradictions nous en acceptons la dynamique.

1) Nous ne sommes plus dans la guerre froide avec des camps relativement stables, des alliances, des idéologies, nous sommes dans une ère marquée par l’autodestruction d’un système qui s’est identifié à des nations en les dévorant de l’intérieur comme il n’a cessé de piller les ressources, exploiter les êtres humains de la planète.. Effectivement nous sommes au stade ultime mais par rapport à la prédiction de Lénine l’enfant se présente différemment de ce qui était prévu. Le paradoxe on le voit à propos du passage de l’URSS au capitalisme, comme en Iran, c’est que y compris la manière dont l’impérialisme a cru écarter le danger de l’extension du socialisme il se retrouve confronté aux mêmes lignes forces avec l’incapacité à mesurer ce qu’il ferait d’une nouvelle “victoire” de ce type… Je ne reviendrai pas sur l’ensemble de l’analyse mais elle est à la fois dans la continuité des grands conflits impérialistes, des mondialisations antérieures donc des recours au fascisme et sur un mode entièrement nouveau.

2) Dans un tel contexte, l’urgence est de rassembler large et au coup par coup en faveur de la paix et de coopérations ce qui n’est plus la logique des camps mais en gardant présent le but comme seule issue. Cela suppose de passer, comme le présentait un récent article, du “positivisme” à une logique dialectique marxiste, nous avons plus que jamais besoin de théorie pratique avec des intellectuels mais aussi et surtout l’intellectuel collectif qu’est le parti.

3) Si les conditions objectives et il faut toujours partir de celles-ci sont là, la guerre idéologique qui a été menée par le capital a complètement détruit les organisations de classe et de masse, les luttes ont subi des répressions et les combats se sont heurtés à un mur apparent pour que les salariés disent “cela ne sert à rien” au lieu de réfléchir à comment devenir plus forts politiquement et idéologiquement. En ayant dynamité la démocratie collective, la véritable liberté celle de l’intervention, le capital dans sa contre révolution leur a substitué un isolement des individus soumis à de véritables conditionnements. C’est pour cela qu’il faut avoir à cœur de recréer cette force collective et on ne peut pas le faire du néant, il faut reconquérir ce qui existe pour le transformer au fur et à mesure que la reconquête avance. Nous sommes encore loin d’une telle stratégie et les divisions groupusculaires l’emportent toujours.

4) Mais cette exigence d’une organisation, voire d’un Etat menant la politique du prolétariat et pas celle du capital doit se concilier avec ce qui apparait aujourd’hui comme son contraire et que personnellement je vois souvent dans une mobilisation des sensations et des émotions.

Sur ce dernier point, je voudrais vous dire ce qui s’est passé samedi soir de Francis Ford Coppola en invité-événement dans Quelle époque!, le talk show à succès de Léa Salamé sur France 2, dans une émission qui en général représente tout ce que je hais. D’ailleurs ça n’a pas manqué l’animatrice madame Glucksmann soi-même avait laissé entendre qu’elle allait piéger le réalisateur du Parrain. Elle a commencé par une séquence émotion avec retour sur la gloire pour mieux recueillir en direct le pathétique aveu du vieil homme déchu. « Francis Ford Coppola, il y a ceux qui ont adoré et ont trouvé le film absolument fascinant et visionnaire, mais il y a aussi ceux qui critiquent durement le film. Est-ce que vous avez lu ces critiques ? Est-ce qu’elles vous touchent ou non ? ». L’un des derniers maîtres du cinéma a refusé le terrain et a recréé le sien : « Lorsque vous mangez une chips, savez-vous que des gens ont dépensé des millions de dollars sur le dosage de sel, de sucre… ?, a commencé par expliquer le réalisateur. Pas pour que la chips soit bonne, non, mais bien pour que vous continuiez à en manger beaucoup d’autres. Quand vous mangez un burger qui vient de chez McDonald’s, c’est la même chose. Ils dépensent beaucoup d’argent. Pas pour que vous ayez quelque chose de nutritionnellement bon, mais pour que vous retrouviez un goût connu. C’est exactement la même chose avec les films… » « Quand on va voir un film, poursuit le réalisateur, des millions de dollars ont été dépensés pour vous apprendre comment regarder le film. Dès la première minute, on doit voir le héros. A la deuxième minute, on doit voir le méchant. L’idée est de consommer un film, ils veulent faire de nous des consommateurs. C’est à leur avantage. Alors si vous proposez un film qui ne se conforme pas à cette formule, les gens vont dire que ça n’est pas un bon film. Parce qu’ils attendent ce qu’on leur a appris qu’il fallait attendre… ». Avant de conclure, martial et définitif, en convoquant dans son raisonnement les algorithmes de la net-économie : « Pensez par vous-même. La publicité est là pour vous définir comme personne. Il y a longtemps, lorsque vous étiez potier, vous étiez connu et reconnu pour cela : un potier. Aujourd’hui vous êtes connu pour ce que vous consommez. Tout ça, c’est pour mieux nous contrôler. »

Alors voilà ce que je voulais vous dire : ici on ne vous habitue pas à ce qui est reconnu… On vous demande de retrouver ce que vous êtes réellement.

Danielle Bleitrach

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