Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le choix stratégique est confirmé, par Piotr Akopov

Un article qui met en lumière les enjeux de la rencontre entre les présidents chinois et russe, d’abord dans ce monde polycentrique, il y a la nécessité objective d’une redistribution des ressources vers les pays émergents et en développement mais aussi une nouvelle conception politique dans laquelle les visions stratégiques de l’avenir peuvent être différentes mais avec une compréhension des choix et un respect de ceux-ci. Ce résumé nous dit aussi les orientations que nous pouvons donner à notre travail de diffusion des textes en contribuant dans la mesure du possible à l’émergence de ce monde en y apportant la compréhension indispensable. Celle que les forces anciennes de l’ordre hégémonique tentent de refuser à notre peuple français avec la complicité de fait de tous les opportunismes qui se sont incrustés idéologiquement dans les institutions, organisations, représentations pour y créer un consensus mortifère. Il faut renforcer notre capacité de diffusion de textes qui, comme celui-ci, mettent l’accent sur l’essentiel grâce à l’énorme travail de traduction de Marianne (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://ria.ru/20240518/soyuznichestvo-1946782723.html

Les commentaires sur la visite de Vladimir Poutine en Chine sont les plus divers : « aucune percée, aucun accord sur quoi que ce soit » ou « une démonstration impressionnante de l’unité de Moscou et de Pékin face à l’Occident ». Toutefois, il ne fallait pas s’attendre à des sensations et à des déclarations fracassantes à l’issue de cette visite d’État, dont le sens était tout autre.


La Russie et la Chine ont confirmé qu’elles ont la même évaluation des processus en cours dans le monde, c’est-à-dire qu’elles sont des alliés idéologiques. Comme l’indique la déclaration commune, dans laquelle nos pays sont qualifiés de « centres indépendants du monde multipolaire émergent » :

« Les parties notent la dynamique croissante des changements mondiaux en cours, le renforcement des positions et l’augmentation des opportunités réelles des États du Sud et des pays leaders régionaux. Les contours d’un ordre mondial polycentrique deviennent de plus en plus clairs. Ces facteurs objectifs accélèrent la redistribution du potentiel, des ressources et des perspectives de développement en faveur des marchés émergents et des pays en développement, et contribuent à la démocratisation des relations internationales et de la justice internationale. Dans le même temps, des États habitués à penser selon la logique de l’hégémonisme et de la politique de puissance cherchent à saper l’ordre mondial universellement reconnu et fondé sur le droit international et à le remplacer par un « ordre fondé sur des règles ».

En d’autres termes, il existe une tendance générale à la multipolarité (alias polycentricité) et des forces hégémoniques s’y opposent – l’Occident atlantique, anonyme mais facilement reconnaissable, au diktat et à la pression desquelles la Russie et la Chine n’ont pas l’intention de succomber. Certes, Moscou et Pékin ont aujourd’hui des tactiques différentes dans leurs relations avec l’Occident, mais ils ont une compréhension commune des tendances des processus mondiaux et même des objectifs stratégiques. Et cela n’est pas seulement révélateur de beaucoup de choses – c’est fondamentalement important.

Poutine et Xi ont une vision stratégique similaire de l’avenir, et ils sont unis dans leur compréhension du rôle énorme des relations entre les deux pays, à la fois pour leur développement et pour la construction d’un nouvel ordre mondial. C’est pourquoi il est si important pour l’Occident de compliquer les relations russo-chinoises par des sanctions et des pressions sur l’économie chinoise, qui est très liée à l’Occident (et aux systèmes financiers et logistiques mondiaux créés par les Anglo-Saxons). Ces pressions ont certes entraîné un certain nombre de difficultés dans les échanges commerciaux et bancaires entre la Russie et la Chine, mais elles ne peuvent pas contraindre la Chine à renoncer à renforcer ses liens avec la Russie, et encore moins à modifier sa stratégie globale. Il est inutile de poser à la Chine l’alternative « choisir entre le soutien à la Russie et le maintien d’un commerce normal avec l’Occident », car Xi Jinping sait qu’il s’agit d’un bluff grossier et d’un faux choix : même si la Chine décidait soudainement de changer de stratégie et d’abandonner son alliance stratégique avec la Russie (ou se joignait aux pressions exercées sur notre pays), l’Occident continuerait à divorcer économiquement de la Chine et à l’endiguer militairement et stratégiquement.

En somme, la Chine n’a tout simplement pas le choix. Bien que, naturellement, elle veuille retarder autant que possible le processus de divorce avec l’Occident, qui, en fait, n’est pas intéressé par une rupture rapide avec le Céleste Empire, et n’en est pas capable (et l’Europe tente de s’y opposer). Naturellement, pour jouer avec l’Occident, la Chine (c’est-à-dire ses banques et ses entreprises qui commercent avec l’Occident) doit se conformer formellement aux sanctions occidentales contre la Russie, et la mise en place de mécanismes financiers alternatifs pour le commerce russo-chinois est plus lente qu’il faudrait. Mais tous ces problèmes peuvent être résolus, à condition qu’il y ait une compréhension commune de l’importance des deux pays l’un pour l’autre. Et c’est le cas. Ce n’est pas un hasard si, au début de sa rencontre avec M. Poutine, Xi Jinping a souligné l’importance de leurs contacts personnels : « Ils nous permettent d’esquisser des orientations stratégiques pour maintenir la dynamique de croissance régulière et rapide des relations sino-russes, qui n’ont pas été faciles du tout et qui méritent donc d’être traitées avec le plus grand soin ».

Le fait d’insister sur la nécessité de préserver la dynamique de développement des relations entre les deux pays signifie que Pékin n’est pas seulement déterminé à repousser l’attaque américaine contre nos liens, mais qu’il mise aussi sur leur développement. Ceci parce qu’ils sont confiants à la fois dans la justesse de leur propre choix en faveur d’un rapprochement stratégique avec la Russie et dans l’attitude de Vladimir Poutine.

Il n’est donc pas surprenant que le président ait déclaré à Pékin qu’il se sentait chez lui et, rappelant les paroles d’une chanson écrite il y a trois quarts de siècle (après la première visite de Mao à Moscou) – « Les Russes et les Chinois sont frères pour toujours » -, il s’est dit certain que c’est dans cet esprit fraternel que nous continuerons à renforcer le partenariat harmonieux entre la Russie et la Chine.
Cette chanson, soit dit en passant, chantait également que « nous n’avons pas peur d’une tourmente militaire ». Elle a été écrite juste avant le début de la guerre de Corée, au cours de laquelle les Russes et les Chinois ont ensemble repoussé l’armée américaine qui se précipitait vers le nord, vers les frontières de nos pays.

Vues : 352

Suite de l'article

1 Commentaire

  • Jean-luc
    Jean-luc

    Juste une tite remarque en musique. Dire que les Russes et les Chinois ont repoussé ensemble l’armée américaine en Corée est un peu exagéré. Pour de multiples raisons, les Russes sont restés en retrait, même s’ils ont fourni une aide matérielle importante.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.