Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dmitry Novikov a accueilli les participants à une réunion à Paris en l’honneur de Maurice Thorez.

Le 14 octobre, la Maison russe de la science et de la culture à Paris a organisé une soirée en l’honneur de la publication du journal de l’éminent dirigeant des communistes français, Maurice Thorez. Des représentants des partis de gauche européens, des universitaires et des intellectuels de premier plan ont participé à la réunion. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, a transmis un discours sur Maurice Thorez. Le correspondant de la Pravda pour l’Europe occidentale, Andrei Doultsev, a organisé l’événement. Le vice-président du Comité central du Parti communiste russe, Dmitry Novikov, a salué les participants au nom du KPRF à l’ouverture de la réunion. (traduction de Marianne Dunlop pour histoire et société)

2021-10-15 18:59 (mise à jour : 2021-10-15 22:43)

https://kprf.ru/party-live/cknews/206020.html

Le vice-président du Comité central du Parti communiste russe, Dmitry Novikov, a salué les participants au nom du KPRF à l’ouverture de la réunion. Dans son discours prononcé par vidéoconférence, il a souligné le rôle exceptionnel joué par le leader mondialement connu des communistes français dans son pays et dans le monde, dans la lutte antifasciste et le renforcement de l’amitié entre les peuples d’Union soviétique et de France. Dmitry Novikov a souligné la pertinence de l’héritage de Maurice Thorez dans les conditions modernes. Nous vous proposons le texte de son discours.

– Bonsoir, chers camarades ! Permettez-moi de saluer tous les participants à la soirée au nom du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie et de sa fraction de la Douma, au nom de tous les communistes russes et du chef du parti Guennadi Ziouganov !

La nouvelle de la publication des journaux de Maurice Thorez en France a suscité un grand enthousiasme chez les communistes russes. Il fut le dirigeant du Parti communiste français pendant de nombreuses années, un combattant inflexible contre le fascisme et l’impérialisme, un ami loyal de l’Union soviétique. Il est heureux qu’on se souvienne en France de ce personnage exceptionnel, un homme dont les idées n’ont pas perdu leur brûlante actualité.

Un événement comme celui d’aujourd’hui est extrêmement importants, alors que la machine de propagande du capital continue de dénigrer les idéaux communistes et notre mouvement, qu’elle cherche à faire croire aux gens que la tentative même de construire une société socialiste est une sorte de malentendu et de “disruption historique”. Pour nous, cependant, il est évident que derrière ces discours se cache la peur de la grande bourgeoisie pour sa suprématie.

Les défenseurs des intérêts du capital sont bien conscients de la puissance des idées socialistes. Dans le contexte de la crise croissante du capitalisme, l’attrait de ces idées ne cesse de croître. Mais en même temps, l’opposition des forces de droite se renforce. L’une des mesures qu’ils ont prises est la résolution du Parlement européen sur le 80e anniversaire du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Ce document tient l’Allemagne nazie et l’Union soviétique pour également responsables du déclenchement de la guerre.

Les gouvernements bourgeois occidentaux soutiennent l’hystérie anticommuniste en Ukraine, dans les pays baltes et en Pologne. Ils regardent sans sourciller les marches néo-nazies, la réhabilitation des collaborateurs d’Hitler, la démolition des monuments aux libérateurs soviétiques et la persécution des partis communistes.

Le capital ne cache pas sa haine pour toute tentative de construction d’une société socialiste. Il mène une offensive contre la Chine, étrangle Cuba par son blocus, tente de renverser les gouvernements légitimes du Venezuela, du Nicaragua et d’autres pays. Dans le même temps, l’impérialisme encourage les régimes nationalistes qui espèrent embrouiller les travailleurs et les détourner de la lutte pour leurs droits. Nous le voyons dans les exemples de l’Inde, du Brésil et de l’Ukraine.

L’hégémonie, l’exploitation et l’expansion sont l’essence du capitalisme. Les puissances qui dominent la planète sont prêtes à passer à tout moment du pillage “civilisé” du tiers-monde à l’organisation de coups d’État et d’interventions armées directes.

Non, l’impérialisme n’a pas disparu. Derrière le masque de l'”honnête entrepreneur” se cache toujours un oppresseur impitoyable – quelqu’un qui, selon Marx, est prêt à commettre n’importe quel crime pour obtenir 300 % du profit.

La question de la juste réorganisation de la société devient de plus en plus décisive. Et d’ailleurs, nous avons sous nos yeux de très bons exemples, dont l’illustre fils du peuple français, Maurice Thorez. L’année dernière a marqué le 120e anniversaire de sa naissance. Né dans une famille de mineurs, Thorez a appris dès l’enfance le dur sort des travailleurs. L’expérience personnelle, le désir de comprendre les causes de l’injustice et de la pauvreté l’ont conduit à adhérer au parti socialiste.

Dès la création du Parti communiste français, Maurice Thorez en est devenu un militant actif. À l’âge de 24 ans, il est élu membre du Comité central, à l’âge de 25 ans, il est élu secrétaire du Comité central. A l’âge de 30 ans, Thorez se voit confier la direction du PCF.

Le jeune et énergique secrétaire général a joué un rôle important dans la formation d’un parti marxiste-léniniste militant, basé sur les principes du centralisme démocratique. Il a lutté avec acharnement contre le révisionnisme et l’opportunisme, le sectarisme et le dogmatisme.

Le parti dirigé par Thorez est devenu une puissante force de combat du mouvement ouvrier mondial. Il a audacieusement dénoncé les crimes et les mensonges du capital. S’exprimant à la tribune du Parlement en mars 1933, Thorez a hardiment dénoncé la politique coloniale de la bourgeoisie française. Il a déclaré : « Les assassins et les bandits ne sont pas les Indochinois qui luttent courageusement pour leur libération. Les assassins et les bandits sont ceux qui occupent le pays, qui oppriment le peuple indochinois, qui lui font découvrir les “beautés” et la “générosité” de votre civilisation pourrie – le vol, le brigandage, le meurtre, la confiscation des biens. »

Les discours de Thorez sur le danger croissant du fascisme sont tout aussi actuels. En février 1934, les travailleurs dirigés par le PCF déjouent une tentative de putsch fasciste. L’écrivain et communiste Louis Aragon écrira plus tard : « Le parti communiste s’est montré assez fort pour aider notre patrie à éviter l'”expérience fasciste”… Oui, en février 1934, le parti de Maurice Thorez a su faire tourner dans le bon sens la roue de l’histoire et montrer que le fascisme n’était pas une fatalité. »

Le grand mérite de Thorez a été de développer la stratégie et la tactique d’un front uni anti-impérialiste de la lutte de toutes les forces démocratiques pour la paix, la démocratie et le progrès social. Il a fourni une base théorique au slogan de la création d’un “front populaire” en tant qu’alliance de la classe ouvrière avec la paysannerie ouvrière et les classes moyennes urbaines.

Sous la direction de Maurice Thorez, le PCF a poursuivi une politique antifasciste et anti-impérialiste. Il a parlé avec audace de la collusion des cercles dirigeants occidentaux avec Hitler, de la participation du capital français, britannique et américain au renforcement de l’Allemagne fasciste. En mars 1935, dans son discours, Thorez rejette avec colère les tentatives d’accuser l’URSS d’avoir une politique agressive. Il a déclaré : « L’Union soviétique est actuellement la plus grande force pour la paix mondiale… C’est pourquoi nous déclarons haut et fort notre détermination à défendre par tous les moyens et contre tous les agresseurs possibles l’Union des républiques socialistes soviétiques, la patrie de tous les travailleurs du monde. »

Il est extrêmement utile de rappeler aujourd’hui ces paroles à ceux qui tentent de réécrire l’histoire ! En dénigrant l’Union soviétique, ils blanchissent les véritables responsables de la montée au pouvoir d’Hitler et gardent le silence sur la “politique d’apaisement” qui a cautionné l’agression du fascisme.

L’abandon criminel de la politique du Front populaire par les milieux dirigeants français a conduit le pays à la défaite militaire et à l’occupation. Mais les communistes ont à nouveau sauvé l’honneur de la France. Fin juin 1940, le gouvernement bourgeois capitule et le 10 juillet, signé par Maurice Thorez et Jacques Duclos, est publié un Manifeste qui appelle le peuple français à se battre. On attribue à Thorez le mérite d’être le principal organisateur du mouvement de la Résistance en France. 75 000 communistes sont tombés dans la lutte héroïque contre l’ennemi.

Après la défaite du fascisme, le PCF a constamment dénoncé la politique impérialiste contre l’URSS. Les propos de Thorez en réponse au blocus de l’OTAN sont largement connus : « Le peuple français ne fera pas, ne fera jamais, la guerre à l’Union soviétique ! »

En hommage à la figure exceptionnelle du mouvement communiste mondial, le peuple soviétique a donné le nom de Maurice Thorez à des universités, des rues, des quais, des avenues et une ville de la RSS d’Ukraine.

Sous la direction de Thorez, le parti communiste est devenu la première force politique en France, le centre des forces intellectuelles et morales de la société. « C’est Maurice Thorez qui a forgé le genre de parti auquel appartiennent Pablo Picasso et Frédéric Joliot-Curie, une chose qui exaspère la bourgeoisie de tous les pays. Maurice Thorez est avant tout un homme qui a forgé la clé de l’unité nationale future, pour une France forte, libre et heureuse », a souligné Louis Aragon.

Jusqu’à ses derniers jours, Maurice Thorez a été un ami et un défenseur de l’Union soviétique. Notant l’importance historique de la Grande Révolution d’Octobre, il a souligné : « Le mouvement ouvrier et communiste international, ainsi que le mouvement de libération nationale, n’auraient jamais atteint une telle ampleur sans la Grande Révolution socialiste d’Octobre, sans l’énorme travail créatif du peuple soviétique. »

Thorez fut un exemple remarquable d’internationaliste. Il a appris le russe pour pouvoir communiquer avec les Soviétiques, pour lire en version originale Dobrolioubov, Tchernychevski, Bielinski, Leon Tolstoï. Se rendant à plusieurs reprises en URSS, le chef du PCF s’est épris de la culture de ses peuples, a contribué au renforcement de l’amitié franco-soviétique.

Le Parti communiste de la Fédération de Russie et le Parti communiste français ont des liens anciens et forts. La lutte pour des objectifs communs a forgé notre amitié. Ensemble, nous nous opposons à l’expansion impérialiste du bloc de l’OTAN. Ensemble, nous exigeons un changement radical pour les travailleurs. Ensemble, nous luttons pour un système juste de relations internationales. Ensemble, nous rejetons les tentatives des forces réactionnaires de réécrire l’histoire.

Le nom du grand combattant de la cause du socialisme, Maurice Thorez, est également cher aux communistes de France et de Russie, aux communistes du monde. Une fois de plus, je tiens à remercier tous ceux qui ont participé à la publication de ses journaux intimes.

A tous les participants de notre réunion, je souhaite santé, succès et bonne chance !

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