Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Youri Afonine : plutôt que criminaliser les chômeurs, il faut obliger les patrons à verser des salaires corrects

Ce qui fait la force des communistes quel que soit le pays, son histoire, c’est la manière dont tel Antée, le géant de la mythologie, fils de la terre qui reprenait force dès qu’il la touchait de ses pieds, ils ont la capacité de s’ancrer dans la réalité du monde du travail et de dénoncer les “idéologies” qui n’en tiennent pas compte. C’est cette capacité qui aujourd’hui nous fait choisir la liste européenne dirigée par les communistes, parce que quelles que soient les limites de son combat et de son autonomie par rapport à la crise de la représentativité française, elle est la seule à tenter cet ancrage. C’est le seul discours centré sur “le pouvoir d’achat”, les conditions matérielles d’existence, qui à la fois est capable de voir la source de l’immigration dans les guerres, la misère et de proposer en matière de solution une intégration réelle et pas du bétail pour l’exploitation patronale. Quel dommage qu’au plan international, ils aient été spoliés de leur presse, soumis à des vendus de l’OTAN, ce qui fait que les communistes ignorent totalement les positions des communistes russes et qu’ils ne peuvent échanger à partir de ce qu’ils ont en commun et que dit ici Afonine, la lutte contre l’exploitation et la volonté de paix. La manière dont ce débat est interdit au sein du parti autant qu’au sein du débat public doit être impérativement dénoncée dans le parti et si un tel débat demeure de fait interdit, il faut qu’un courant s’organise au sein du parti pour l’imposer. Ici, nous avons choisi de rompre avec l’aliénation d’un pseudo consensus qui est destructeur pour toute perspective, nous multiplions les sources et parmi elles en priorité celles de partis communistes dans des pays que l’on voudrait définir comme “l’ennemi” diabolisé. Mais il est impératif y compris lors des réunions internationales de Vénissieux que celui-ci soit officialisé d’une manière ou d’une autre… (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://kprf.ru/party-live/cknews/226087.html

En réponse à l’initiative d’une député de Russie Unie qui veut envoyer les chômeurs dans des camps de travail, Youri Afonine a proposé que les capitalistes paient des salaires corrects aux travailleurs.

Une députée, Ekaterina Sobkanyuk, siège à la Douma législative de la région de Tomsk. Elle est membre de la faction Russie Unie. Elle est directrice du groupe d’entreprises “Career Management”, qui est l’un des plus grands promoteurs immobiliers de la région.

Dans son discours public, Mme Sobkanyuk a fait une référence très peu flatteuse aux citoyens russes qui sont inscrits dans les centres pour l’emploi et reçoivent des allocations de chômage. “Une masse de gens qui ne veulent tout simplement pas travailler et qui profitent de l’aide de l’État, ce ne sont que des fainéants, des vers sur notre corps”, a déclaré Mme Sobkanyuk avec colère. Et elle a proposé d’envisager la création de “camps de travail” pour les chômeurs.

Qu’ai-je envie de dire à Mme Sobkaniuk ?

Premièrement, vous regardez probablement trop de films hollywoodiens. Mais vous semblez ignorer presque tout de la vie de vos concitoyens, qui ne sont ni députés ni réalisateurs. Les films américains mettent souvent en scène des héros qui vivent pendant des années avec des allocations de chômage. Je vous informe donc qu’en Russie, c’est absolument impossible. Aujourd’hui, nous avons une allocation MAXIMALE d’environ 14 000 roubles. Mais même cette allocation misérable n’est versée que pendant trois mois. Ensuite, elle tombe à environ 5 000 roubles. Il est impossible de vivre avec cela, ne serait-ce que sur le plan physiologique.

Deuxièmement. En parlant des camps de travail, vous avez dit que “il y a des précédents historiques”, faisant apparemment allusion au passé soviétique. Là encore, je dois vous éclairer. À l’époque soviétique, SEULES les personnes ayant commis des infractions pénales et ayant été jugées coupables conformément à la procédure établie par la loi étaient envoyées dans des camps. Et que proposez-vous ? D’envoyer dans des camps des personnes qui n’ont rien commis d’illégal ?

Ces personnes, Madame Sobkaniuk, ne sont coupables de rien. Au contraire, c’est l’État et le système en place qui sont coupables devant eux. Parce que pendant 30 ans de capitalisme, l’État a mené une politique libérale-monétariste qui a ruiné des dizaines de milliers d’entreprises et privé des millions de personnes d’un travail normal et décemment rémunéré. En conséquence, ces personnes sont aujourd’hui contraintes de survivre grâce à un travail occasionnel en tant qu'”indépendants”. Et aucun d’entre eux ne compte sur les allocations en raison de leur montant dérisoire.

Troisièmement. Vous vous plaignez de manquer de bétonneurs, de soudeurs, d’électriciens et d’armaturiers. Mais depuis plus de 20 ans que votre parti est au pouvoir, un grand nombre de places de formation dans les écoles professionnelles ont été supprimées ! En conséquence, la formation de travailleurs qualifiés est beaucoup moins importante aujourd’hui qu’à l’époque soviétique.

Quatrièmement. Oui, il y a aujourd’hui une pénurie de personnel dans de nombreux secteurs de l’économie russe. Mais pourquoi les capitalistes russes n’envisagent-ils pas l’option suivante : payer des salaires décents, créer de bonnes conditions de travail et respecter pleinement les droits des travailleurs. Ainsi, les millions de personnes qui travaillent aujourd’hui à leur compte auraient envie de venir travailler pour vous. Vous n’en avez pas envie ? Vous craignez pour vos superprofits ? C’est ça ? Et vous espérez sérieusement que quelqu’un vous laissera rétablir le servage au XXIe siècle ?

Ne l’espérez pas. Nous ne laisserons pas faire. Apprenez à respecter l’homme qui travaille, à apprécier et à rémunérer correctement son travail. Il n’y a tout simplement pas d’autres options pour développer l’économie russe.

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1 Commentaire

  • Gérard Barembaum
    Gérard Barembaum

    La remarquable réponse de Yuri Afonine, dirigeant du KPRF, à cette députée bourgeoisie nous rappelle, si c’était nécessaire, que la Russie d’aujourd’hui est un pays capitaliste dirigé par une bourgeoisie prédatrice. Mais les travailleurs de Russie ont la chance d’être défendus par un authentique parti communiste qui se fixe comme objectif le retour de ce pays sur la voie socialiste. Socialisme ou barbarie! C’est vrai en Russie, en France, en Israël, dans les pays arabes…et ailleurs. Un mot du magnifique texte de Liane Kilinch sur le massacre fasciste d’Odessa. Elle rappelle opportunément que la langue yiddish était la deuxième langue dans la ville en 1941. Nous sommes un certain nombre à penser que la guerre contre l’otan et les bandéristes sera gagnée quand Odessa, Одесса мама, sera libérée de la racaille fasciste. Et merci encore à Marianne pour la traduction de ces deux textes essentiels.
    Fraternellement.

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