La presse occidentale insiste sur une lutte d’influence entre l’Inde et la Chine avec une “victoire écrasante” de cette dernière. En fait, il faut décrypter le pourquoi de cette “victoire” qui ne saurait se résumer à un jeu d’influence entre deux “parrains”, mais bien à un phénomène, qui s’étend dans la zone pacifique comme elle se développe dans d’autres pays du sud.
Photo d’archives du président Mohamad Muizzu. /Photo prise le 1er décembre 2023 à Dubai, Émirats arabes unis/REUTERS/Amr Alfiky© Thomson Reuters
par Mohamed Junayd
MALÉ (Reuters) – Le parti du président Mohamed Muizzu a remporté une victoire écrasante aux élections législatives aux Maldives, ont rapporté les médias lundi, un résultat qui pourrait accélérer le rapprochement de l’archipel avec la Chine et l’éloigner de son partenaire traditionnel, l’Inde. Mais cet influence chinoise dit aussi la difficulté que les Etats-Unis ont à trouver des “intermédiaires” pour lutter contre la Chine.
Les Maldives sont un État insulaire de la mer des Laquedives situé à 612 kilomètres au sud-ouest de l’État du Kerala, en Inde, et à 755 kilomètres à l’ouest-sud-ouest du Sri Lanka. Le pays, constitué de 26 atolls et trois îles isolées divisés en 20 régions administratives, soit 1 199 îles au total (dont à peine plus de 200 habitées en permanence), s’étire du nord au sud et n’a aucune frontière terrestre. La crainte de voir les eaux monter et leur archipel submergé est grande comme le fait que vivant du tourisme ils ont subi l”effet du COVID.
L’influence de l’Inde et de sa politique néo-libérale est en fait un prolongement du protectorat britannique qui a duré de 1887 à 1965. Donc comme la zone Pacifique qui est restée sous la tutelle des puissances coloniales, la France, mais surtout l’empire Britannique par l’entremise de l’Australie.
Quand la presse occidentale parle de l’influence chinoise, elle oublie de parler du contexte et que cette “influence” bénéficie à la fois d’un rejet du colonialisme, de la domination des monopoles financiarisés étrangers ou indiens, et de la politique d’aide de la Chine face au COVID, de la manière dont celle-ci ne prétend pas interférer dans les choix politiques de ceux avec qui elle noue des partenariats.
Il faut également noter l’influence du sud de l’Inde, le Kerala,des Etats dont nous avons noté qu’ils présentent un résistance à ce que l’on annonce comme la réélection triomphante de Modi dans les élections proches. Des Etats dans lesquels il existe des partis communistes qui s’appuient sur les couches populaires et défendent une politique laïque dans laquelle Hommes et femmes, hindouistes et musulmans ont les mêmes droits citoyens. Là où il y a eu un parti communiste, il y a eu une politique de santé, de services publics. Modi lui, doit sa popularité en particulier dans les Etats du nord, ceux où le pouvoir du Congrès s’est effondré au fait qu’il a inauguré une politique de distribution de sommes sur le compte en banque permettant aux haitants des bidonvilles de reconstruire des maisons en dur, ou de bénéficier d’aides alimentaires à la personne. Cette politique d’aide à la personne s’accompagnant par ailleurs d’une soumission des productions y compris agricoles à l’exportation et au soutien des grands entrepreneurs. Ce qui a provoqué des luttes du monde agricole, et de la plupart des salariés… En outre Modi a mené une campagne de propagande qui laissait peu de place à ses adversaires et qui combinait le récit de ses réussites avec une idéologie proche du fascisme en particulier contre les musulmans… les Etats du sud résisteront-ils à ce qui s’ennonce comme la rééléction triomphante de Modi, c’est un des grands enjeux du scrutin, avec en filigrane le retour du parti du congrès également.
Donc ce raz de marée en faveur d’un président qui ne veut pas rester dans l’orbite de l’Inde et qui est à la croisée des chemins entre le kerala et le Sri Lanka peut être annonce la résistance du sud de l’Inde.
En effet, il s’agit bien d’un raz de marée, puisue le Congrès national du peuple (PNC) de Mohamed Muizzu a remporté 65 des 93 sièges à pourvoir dimanche, selon les résultats préliminaires de la Commission électorale des Maldives et les projections des médias.
Le principal parti d’opposition, le Parti démocratique maldivien (MDP), n’a obtenu que 12 sièges, contre 65 précédemment.
Élu l’année dernière, Mohamed Muizzu s’est engagé à mettre fin à la politique de l'”Inde d’abord”, entachant les relations avec New Delhi.
Son gouvernement a demandé à des dizaines de militaires indiens de quitter les Maldives, une décision qui, selon ses détracteurs, pourrait accélérer le rapprochement du pays avec la Chine.
Le poste de président de Mohamed Muizzu n’est pas affecté par le vote de dimanche, au cours duquel 368 candidats se sont présentés pour des mandats de cinq ans.
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