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Trump ou Biden, la politique étrangère américaine met le monde en danger

Les États-Unis déchaînent une violence et une instabilité énormes sur la scène mondiale, en tant que politique et quel que soit le président. Trump n’est pas la cause de la crise des Etats-Unis, il en est le symptôme et ceci est vrai de la plupart des procédures “démocratiques”, les élections telles qu’elles se déroulent dans l’attente de la présidentielle des USA, dont on ne peut rien attendre. Ce qui s’est passé aujourd’hui en Syrie, l’attaque de l’ambassade d’Iran, n’est qu’une illustration de plus de la dangerosité du système de domination mondiale en crise. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Par SHAUN NARINE23 MARS 2024

La politique étrangère américaine ne changera pas grand-chose, quel que soit le vainqueur des élections de novembre. Crédit photo : Asia Times Files / AFP

De nombreux observateurs de la politique américaine sont, à juste titre, terrifiés à l’idée que Donald Trump soit réélu président des États-Unis en novembre.

Les États-Unis montrent déjà des signes d’échec de la démocratieSon gouvernement et sa politique sont souvent dysfonctionnels et gangrenés par la corruption.

Une victoire de Trump ferait craindre un nouveau niveau de déclin vers l’autoritarisme fasciste. Cependant, une deuxième présidence Trump ne mettrait pas nécessairement en œuvre une politique étrangère plus destructrice que ce qui est normal pour les États-Unis.

Depuis le début du XXIe siècle, les États-Unis ont déchaîné une violence et une instabilité énormes sur la scène mondiale. C’est une caractéristique de la politique étrangère américaine, quel que soit le président.

En 2001, en réponse aux attentats terroristes du 11 septembre 2001, les États-Unis ont lancé leur « guerre contre le terrorisme ». Ils ont envahi et occupé l’Afghanistan, puis illégalement envahi et occupé l’Irak.

Ces actions ont causé la mort de 4,6 millions de personnes au cours des 20 années suivantes, déstabilisé le Moyen-Orient et provoqué des migrations massives de réfugiés.

En 2007-2008, la sous-régulation de l’économie américaine a provoqué une crise financière mondiale. Les retombées politiques et économiques qui en découlent continuent de résonner.

En 2011, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN sont intervenus en Libyefaisant s’effondrer cet État, déstabilisant l’Afrique du Nord et créant davantage de réfugiés.

Les États-Unis ont tenté de consolider leur domination en Europe en élargissant l’OTAN, malgré les avertissements de la Russie contre cela pendant des décennies. Cette stratégie a joué un rôle dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine en 2014 et dans l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine en 2022.

L’administration du président Joe Biden a été accusée à la fois d’avoir contribué à provoquer la guerre dans l’espoir d’affaiblir définitivement la Russie et de résister aux négociations de paix.

Aujourd’hui, l’Ukraine semble au bord de la défaite et de la division territoriale, et le Congrès américain semble prêt à l’abandonner.

Alimenter les tensions mondiales

Les États-Unis ont provoqué des tensions avec la Chine en reniant les engagements américains en vertu de la loi sur les relations avec Taïwan (1979) de s’abstenir d’avoir des relations officielles ou une « alliance » avec TaïwanLes États-Unis ont également été accusés d’encourager le conflit en mer de Chine méridionale en encerclant la Chine avec des centaines de bases militaires.

L’agression d’Israël contre Gaza est en partie l’aboutissement de décennies de politique étrangère américaine malavisée. Le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël a contribué à la dégénérescence du pays dans ce que les organisations de défense des droits de l’homme ont appelé un apartheid, alors que l’État a construit des colonies illégales sur des terres palestiniennes et violemment réprimé l’autodétermination palestinienne.

Alors qu’Israël est accusé d’utiliser la famine comme une arme contre 2,3 millions de Palestiniens à Gaza, dont la moitié sont des enfants, les États-Unis sont pleinement complices des crimes de guerre israéliens et de faciliter un conflit qui enflamme davantage une région d’une importance cruciale.

Israël n’a que peu ou pas de valeur stratégique pour les États-Unis 

Les politiciens américains soutiennent que son soutien écrasant à Israël reflète des liens moraux et culturels, mais qu’il est principalement motivé par la politique intérieure.

Cela suggère que, pour des raisons de politique intérieure, les États-Unis ont mis en danger la stabilité mondiale et soutenu les atrocités.

Biden égale Trump en matière de politique étrangère

L’administration Biden a poursuivi bon nombre des initiatives de politique étrangère qu’elle a héritées de Trump.

Biden a doublé la guerre économiquetechnologique et politique de Trump contre la Chine. Il a renforcé le protectionnisme commercial de Trump et a laissé l’Organisation mondiale du commerce entravée.

Il s’est appuyé sur les « accords d’Abraham » de Trump, une initiative visant à convaincre les États arabes de normaliser leurs relations avec Israël sans résoudre la question palestinienne. Les efforts de l’administration Biden pour pousser à la normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël sont considérés comme faisant partie de la motivation du Hamas à attaquer Israël le 7 octobre 2023.

Rien de tout cela n’inspire confiance dans le « leadership mondial » des États-Unis. Biden et Trump partagent le même objectif : la domination mondiale permanente des États-Unis. Ils ne diffèrent que par la manière d’y parvenir.

Trump croit que les États-Unis peuvent utiliser leur puissance économique et militaire pour contraindre le monde à acquiescer aux désirs américains, quel qu’en soit le coût pour tout le monde et sans que les États-Unis n’assument aucune obligation envers les autres.

Au pouvoir, Trump a essayé de se présenter comme « anti-guerre ». Mais son inclination à utiliser la menace et la violence refléte le comportement établi des Américains.

Biden suit une stratégie plus diplomatique qui tente de contrôler les institutions internationales et de convaincre les États clés que leurs intérêts sont mieux servis en acceptant et en coopérant avec la domination américaine. Cependant, Biden n’hésite pas à recourir à la coercition économique et militaire.

Retour à la réalité ?

Le bon côté d’une présidence Trump est qu’elle pourrait forcer les alliés des États-Unis à faire face à la réalité.

Les alliés des États-Unis se sont convaincus que la présidence Biden était un retour à la normale, mais ils continuent d’accepter et de soutenir la violence mondiale américaine. Ils ignorent également délibérément la décadence politique américaine en cours qui n’a pas pu être masquée par la défaite de Biden contre Trump en 2020.

Trump est un symptôme du dysfonctionnement politique américain, pas une cause. Même s’il perd en novembre, le Parti républicain poursuivra son glissement vers le fascisme et la politique américaine restera toxique.

Une deuxième présidence Trump pourrait convaincre les alliés américains que les États-Unis ne sont pas fiables mais incohérents. Cela pourrait saper la coalition majoritairement occidentale qui a dominé et endommagé le monde si profondément.

Si Trump revient, les alliés traditionnels des États-Unis pourraient reconnaître que leurs intérêts résident dans la reconsidération de leurs relations avec les États-Unis.

Pour les voisins américains, le Canada et le Mexique, une présidence Trump n’est qu’une mauvaise nouvelle. Ils devront d’une manière ou d’une autre se protéger du fascisme américain rampant. Pour le reste du monde, cela peut annoncer le début d’un ordre multipolaire dynamique.

Shaun Narine, Professeur de relations internationales et de sciences politiques, Université St. Thomas (Canada)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous une licence Creative Commons. Lire l’article original.

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3 Commentaires

  • CROCE
    CROCE

    Tous les présidents qui ont eu le courage de s’opposer à la politique des va-t-en guerre américains, et des actionnaires fascistes de l’armement ( F.B.I., C.I.A., N.R.A., U.S.A.I.D., Pentagone; e.t.c. ) ont été purement et simplement ” démis de leur fonction ” par un vote aussi radical qu’efficace : le fusil à lunette de précision !
    Quatre présidents sont déjà passés à la casserole, à commencer par Abraham Lincoln, le premier président des Etats-Unis
    Alors un de plus ne pose aucun problème, car il reste de la place pour sculpter sa tête sur le granit du mont Rushmore !
    Et on trouvera sans trop de difficulté un dérangé de la tête à qui faire porter le chapeau ( c’est une marchandise assez courante au pays des cow-boys ).
    L’américain moyen est trop con pour avoir le droit de vote, et il doit voter pour un ” grand électeur ” qui le représentera au Congrès, et qui fera ce qu’il veut ( même le contraire de ce qu’il a promis, si ses intérêts financiers sont en jeu ).
    Un peu comme chez nous, mais en plus rapide !
    La France de Macron est-elle une démocratie, avec un Obersturmbahnfüher à sa tête, qui nous dirige vers la guerre depuis sa Kommandantur de l’Elysée, et qui se prend pour le roi du monde, alors qu’il n’est qu’un nain de jardin pour 80 % de la planète ?
    La question ne se pose même pas, si l’on a un cerveau en bon état !

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Prochain front Moldavie et Ukraine avec cette fois-ci la Roumanie comme envahisseur pardon protecteur des minorités roumaines ?

    Le président Roumain viendrait d’obtenir le droit d’intervenir en dehors des frontières roumaines pour défendre les ressortissants roumains à l’étranger.

    Des mouvements de troupes de ce membre de l’OTAN seraient en cours proche des frontières d’Ukraine et de Moldavie.

    Ce coup ci c’est la bonne pour une nouvelle aventure globale en Europe ?

    Le grand écart pour certains va devenir très difficile à tenir.

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    • Bosteph
      Bosteph

      La Roumanie………………où sont stationnés 3000 Français, si bonne mémoire.

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