Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Du déclin de l’occident, un mode de pensée incapable de concevoir l’autre… en passant par la “gauche”…

Voici ce que l’on peut recevoir comme courriel et que je vous économise en général . Si aujourd’hui exceptionnellement j’ai décidé de publier ce genre de chose c’est dans un souci pédagogique par rapport au “consensus” qui est en train de s’établir sur un mode de pensée qui interdit toute issue concrète. Hier j’ai reçu un commentaire sous le titre “la question juive ou pourquoi l’antisémitisme est de rigueur“, de la part d’un certain Charlie Ducasse et vous aurez en prime en fin cette prose que je supprime en général. Cette fois il m’a paru intéressant de tenter un lien entre la manière dont s’est répandu en Europe à la fois chez les intellectuels et dans le grand public ce qui va bien au-delà du retour de l’antisémitisme, c’est le même mode de fonctionnement mais il est question de l’incapacité européenne à penser le monde en train de naitre. Il s’avère que Charlie Ducasse place ses éructations sous le patronage de Nietzsche, et j’étais en train de lire un très court livre (83 pages) de Aymeric Monville chez Delga : Misère du nietzschéisme de gauche (de Georges Bataille à Michel Onfray). Par parenthèse ce type de livre très court est une formule d’avenir qui se concilie avec les moments d’attente… Ne vous en privez pas, il est roboratif.

Aymeric Monville démonte les thèses qui veulent que sa sœur soit la responsable de la manière dont Nietzsche et le nazisme (l’antisémitisme en particulier) ont été confondus, la sœur aurait plutôt édulcoré les thèses et il démontre à quel point ceux qui ont prétendu s’inspirer de cette pensée ont tous glissé vers l’extrême-droite.

il s’interroge : “Comment un penseur antirationaliste, apologiste de la domination et de la violence, de l’écrasement des faibles, de l’aristocratie, antiféministe et même antisémite a pu devenir une des grandes références de l’intelligentsia française de gauche. » Et il n’est pas le seul à avoir été réhabilité par une gauche qui était d’abord souvent anticommuniste ou se prétendant “antistaliniste”. Il montre comment Nietzsche a opéré un retour par la gauche qui a fait de lui “le penseur européen” mais ce retour autorise le consensus irrationaliste, individualiste et anticommuniste, de la « gauche morale » à la réaction. Ce travail sur la “gauche” a été “total”.

Et c’est en ce sens qu’il est intéressant de publier cet adepte des réseaux sociaux, ce Charlie Ducasse qui n’est pas un intellectuel mais un de ces individus qui exhibent la signification politique d’un tel engouement parce que cette dérive des “intellectuels” qui se surajoute à d’autres comme les nouveaux philosophes, la manière dont a été pris d’assaut la forteresse ouvrière et comment le pilonnage politicomédiatique, celui des pseudos experts et “éditorialistes” autoproclamés de la presse, de la télévision fait jonction avec ces idéologues pour détruire au sein de la gauche le matérialisme des Lumières et in fine l’ensemble de la philosophie issue du marxisme et du mouvement ouvrier.

Ce qui est intéressant chez ce Charlie Ducasse c’est le salmigondis qu’il place sous le parrainage de Nietzsche.

En se proclamant Nietzschéen (et des tas d’autres du même acabit) cet individu dont il existe des tas de clones qu’en général je supprime, revendique l’antisémitisme comme le nec plus ultra de la pensée occidentale et on pourrait partir de là pour dire le désagrément que j’éprouve : Oui c’est vrai qu’avoir subi depuis l’enfance cette chose-là vous rend sensible au fait qu’en ce moment l’antisémite le plus imbécile reprend du service mais ce qui me préoccupe c’est à quel point il y a là un mode de pensée plus général, plus polymorphe. Jadis réservé à la droite, aux réactionnaires, l’antisémitisme est désormais plus largement partagé et cela illustre ce que nous analysons par ailleurs : la manière dont la diabolisation fait partie de la crise des “universels” de l’occident, avec un brouillage des lignes qui veut que l’incapacité colonialiste à penser l’autre aille désormais jusqu’à l’adhésion de tous, de fait à l’apocalypse nucléaire. Les juifs n’en sont pas exempts, il suffit de voir un Glucksmann. Dans un tel brouillage des lignes, où chacun est invité à adhérer à un mode de pensée qui ressemble à l’antisémitisme millénaire… On pourrait même dire que ce n’est pas l’antisémitisme qui renaît, mais plutôt le mode de pensée qu’il consacrait et sa contagion. Ce qui disparait c’est le matérialisme des Lumières et in fine l’ensemble de la philosophie issue du marxisme et du mouvement ouvrier. Comme si sa disparition était le produit de l’incapacité des Lumières et du marxisme occidental à demeurer offensif dans le monde occidental d’abord capitaliste et colonialiste.

Comment s’étonner que dans une telle résurgence, des gens éprouvent à nouveau la haine viscérale du juif et la déversent tout en prétendant militer à vos côtés, des gauchistes, des membres du PCF qui utilisent ce qui se passe à Gaza pour alimenter cette obsession maladive avec des croquis qui ne cessent de se référer au “juif” depuis le rabbin jusqu’à l’analogie systématique avec Auschwitz… Alors que comme le prouve le texte du dit Charlie Ducasse cet antisémitisme était contradictoire avec le marxisme et l’on peut dire effectivement que son retour en force n’a eu lieu que dans la mutation de la gauche. Cette haine du “juif” a une origine européenne. Le monde arabe ne la pratiquait pas quelles que soient les périodes de fanatisme et d’exclusion il n’était jamais question du “juif” plutôt que du chrétien, celui-ci était le “cousin”. Si L’Amérique latine comme toutes les terres chrétiennes est la proie d’un antisémitisme violent, il n’y a pas cette recherche maladive du juif qui caractérise l’Europe…

C’est pourquoi au-delà de l’antisémitisme stricto sensu ce qui m’intéresse c’est la manière dont le mode de fonctionnement de l’antisémitisme européen est en train d’être exporté comme d’autres vestiges du colonialisme, et surtout devient la mouture de la pensée occidentale en plein déclin ce qui est dans le fond revendiqué naïvement par Charlie Ducasse.

Il a une certaine perspicacité sur le fait que son obsession serait désormais l’universel européen tout entier. Le déclin du mode occidental c’est d’être passé de la négation de l’autre à la diabolisation de toute différence politique et même culturelle. Il y a – il suffit de lire ce texte de Charlie Ducasse pour le percevoir – une sorte de panique, une soif de “citations”, de références qui tient lieu de démonstration. C’est pathétique et le sentiment dominant qu’inspire ce genre de texte, quelle que soit d’ailleurs l’obsession autour de laquelle il creuse son charnier, est une profonde tristesse face à un tel mode de raisonnement totalement disloqué mais qui tient sur la seule existence supposée de ce qui est le “mal”, ce qu’il suffirait d’extirper pour que tout aille mieux.

A la complexité du réel qu’est un mode de production, des formations sociales, on substitue une cause et une seule qui devient à la fois l’obsession et son mode de soulagement, le cas Poutine ou la sinophobie fonctionne sur le mode de l’antisémitisme… C’est exactement le mode de fonctionnement analysé par ailleurs justement à propos de l’Ukraine sur le plan politique et qui tend aujourd’hui à justifier y compris d’aller à propos de l’Ukraine jusqu’à l’affrontement nucléaire, comme d’ailleurs la manière de penser l’immigration comme une islamisation et de ne voir pour justifier l’injustifiable de ce qui se passe à Gaza que ce qui se serait passé le 7 octobre… Cette manière de tout ramener à une seule cause, à éliminer la pensée dialectique ne concerne pas que les seuls antisémites, cet appauvrissement se barde de “citations” souvent tronquées, d’accumulations de références, le tout s’économisant la démonstration. S’économiser la preuve est d’ailleurs le grand avantage de l’antisémitisme (c’est la faute aux juifs et aux cyclistes, pourquoi les cyclistes?) mais cette volonté d’économiser la preuve est devenue le mode de pensée dominant.

On peut lutter contre des idées fausses mais il est de plus en plus difficile d’affronter cette déchéance, qui à des degrés divers est devenue le mode de pensée français, il ne s’agit plus de la haine irrationnelle des “juifs” mais bien d’un recours systématique à la diabolisation imbécile, inculte, qui interdit la recherche de solutions concrètes… Le poids du consensus est devenu tel qu’il interdit le moindre raisonnement qui ne commence pas par dire à quel point il adhère au narratif ce qui rend totalement impossible une intervention populaire, une adhésion à des solutions qui ne soient pas la guerre.

Je dois dire que ces derniers jours, il m’est difficile vu le contexte politique, d’alimenter histoireetsociete et de conserver ce qui me permet de continuer à éprouver une inlassable curiosité pour tout ce que l’humanité, la vie, la lecture, les longues ballades apportent… Il fallait que je vous dise ce qui peut rendre ce week end un peu moins copieux, la nécessité d’un peu de distance.

Le véritable problème est que ce qui était le meilleur rempart face à ces dérives, l’existence d’un parti communiste plongeant ses racines dans l’intervention de la classe ouvrière et des couches populaires est en train d’être pris dans le piège de l’électoralisme, de l’absence de formation, la destruction de l’organisation, l’incapacité de fait à résister et si ce piège se referme sur lui sur une question aussi gravissime que la guerre ou la paix, les tentatives des intellectuels seront étouffées.

La question juive ou l’antisémitisme de rigueur…

De Voltaire à Céline, en passant par Proudhon, les plus grands penseurs Français ont toujours été antisémites… Une raison s’impose… Je me contenterai de l’aborder en une analyse toute superficielle (à fleur de nerfs, Nietzsche será mon fil d’Ariane), laissant le soin aux lecteurs interessés de creuser la question, ou leur tombe…
Voltaire, incarnation de la reaction face à la révolution bourgeoise, dernière tentative de sauver ce qui fit la grandeur de la France avant le “contra-social”, ce fils de Ninon de l’Enclos, impuissant, stérile, une merveille du raffinement de l’Esprit… À part Candide on ne l’étudie guère plus au Lycée…
Céline, ce brave médecin du bon peuple, le plus Grand écrivain du XXème siècle, le seul Dostoievski Français… curieusement (à la folie, pas du tout) ces textes les plus antisémites (l’école des cadavres et bagatelles) sont ceux qui nous éclairent le plus sur les courants d’air courrent en guerre actuels (allez y lire vous même si vous ne voulez pas me croire), il a été tellement diabolisé qu’on ne le mentionne même pas au Lycée et les intellectuels de gauche (encore moins gauchistes) en ont tellement peur qu’ils l’on offert en cadeau à l’extrême droite, je n’insisterai donc pas…

Proudhon enfin, et cela vous va (si bien) Madame Bleitrash… Je ne sais d’où vient cette idée de qualifier le petit père de l’anarchisme de “petit bourgeois”… En fait je ne le sais que trop bien, c’est la jalousie maladive (juive en somme) de Marx pour un esprit bien plus innovant que le sien… lisont un instant qu’est ce que la propriété? (le vol de la plus-value exponentielle de la force ouvrière) Pour comprendre à quel point son analyse dépasse le Marxisme… Marx à été imposé par la ruse dans la science sociale tout comme Einstein dans les sciences physiques ou Freud en psychologie… Voyons rapidement la célèbre phrase de Marx sur Hegel (chez qui, soit dit au passage, il pille toute sa philosophie) “quand J’ai connu Hegel, il marchait sur la tête, Je l’ai remis sur ces pieds”… Pour de pas m’étaler (comme la confiture) sur la fin de la société si vile et de l’Histoire, je citerai (encore) Nietzsche: “il faut aprendre à marcher sur la tête (Rosch) mais levez donc moi plus haut encore ces jambes!”, mais tout de même, pour amputer le système hégélien à sa moitié, il faut être un vrai fils de pute…
Enfin pour ma défense (impersonelle), j’apprendrai aux lecteurs que “Ducasse” (Ducassé pour être exact) est un patronyme pour les habitants du ghetto juif (Ciboure) de Saint Jean de Luz…

À bon entendeur, comme disait Bakounine, l’Esprit qui anime Proudhon est le même qui anime Montaigne…

Carlos Ducasse du Nicaragua (le país le plus appauvri au Monde après Haiti et dont personne de pense du bien malgré l’exemple de nos sacrifices).

“Le peuple Juif, le plus singulier de l’Histoire de l’Humanité, est le seul qui placé face à la question existentielle de l’être et du non-être, choisit l’être à tout prix” (Nietsky, Juif Polonais)

charlie.ducasse@gmail.com
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2 Commentaires

  • Xuan

    En effet il est bien cogné le “libertaire”. Un professeur de philo de gauche disait en 68 que les nazis se gavaient de Nietzsche comme des cochons dans un pot de confiture. Il voulait dire que cette philosophie était bien trop élevée pour eux, que la pensée de Nietzsche était fondamentalement incomprise et qu’elle n’avait rien à voir avec l’antisémitisme.
    Je n’avais pas gobé ça parce que la “généalogie de la morale” définit des sous hommes, des races d’esclaves dont la pensée pernicieuse pervertit les races supérieures. C’est une philosophie de l’aristocratie destinée à justifier sa domination de classe, une philosophie des Bernard Tapie contre les Deschiens, des “winners” contre les “loosers”.
    https://philotextes.info/spip/IMG/pdf/genealogie_de_la_morale__i.pdf
    Florilège, pot-pourri plutôt :

    « le jugement « bon » n’émane nullement de ceux à qui on a prodigué la « bonté » ! Ce sont bien plutôt les « bons » eux-mêmes, c’est-à-dire les hommes de distinction, les puissants, ceux qui sont supérieurs par leur situation et leur élévation d’âme qui se sont eux-mêmes considérés comme « bons », qui ont jugé leurs actions « bonnes », c’est-à-dire de premier ordre, établissant cette taxation par opposition à tout ce qui était bas, mesquin, vulgaire et populacier »…

    … « Quel est exactement, au point de vue étymologique, le sens des désignations du mot « bon » dans les diverses langues ? C’est alors que je découvris qu’elles dérivent toutes d’une même transformation d’idées, — que partout l’idée de « distinction », de « noblesse », au sens du rang social, est l’idée mère d’où naît et se développe nécessairement l’idée de « bon » au sens « distingué quant à l’âme », et celle de « noble », au sens de « ayant une âme d’essence supérieure », « privilégié quant à l’âme ». Et ce développement est toujours parallèle à celui qui finit par transformer les notions de « vulgaire », « plébéien », « bas » en celle de « mauvais ». L’exemple le plus frappant de cette dernière métamorphose c’est le mot allemand schlecht (mauvais) qui est identique à schlicht (simple) — comparez schlechtweg (simplement), schlechterdings (absolument) — et qui, à l’origine, désignait l’homme simple, l’homme du commun, sans équivoque et sans regard oblique, uniquement en opposition avec l’homme noble. Ce n’est que vers l’époque de la guerre de Trente Ans, assez tardivement comme on voit, que ce sens, détourné de sa source, est devenu celui qui est aujourd’hui en usage. — Voilà une constatation qui me paraît être essentielle au point de vue de la généalogie de la morale ; si elle a été faite si tard, la faute en est à l’influence enrayante qu’exerce au sein du monde moderne, le préjugé démocratique, mettant obstacle à toute recherche touchant la question des origines. Et cela, jusque dans le domaine qui semble le plus objectif, celui des sciences naturelles et de la physiologie, un fait que je me contenterai d’indiquer ici. Mais pour juger du désordre que ce préjugé, une fois déchaîné jusqu’à la haine, peut jeter en particulier dans la morale et dans l’étude de l’histoire, il suffira d’examiner le cas trop fameux de Buckle ; le plébéisme de l’esprit moderne qui est d’origine anglaise fit éruption une fois encore sur son sol natal, avec la violence d’un volcan de boue et avec cette faconde salée, tapageuse et vulgaire qui a toujours caractérisé les discours des volcans. »…

    …« Le mot de κακός [mauvais] comme celui de δειλός [misérable](qui désigne le plébéien par opposition à l’άγαθός [le gentil]) souligne la lâcheté : voilà qui indiquera peut-être dans quelle direction il faut chercher l’étymologie du mot άγαθός, qu’on peut interpréter de plusieurs manières. Le latin malus (que je mets en regard de μέλας [sale], noir) pourrait avoir désigné l’homme du commun d’après sa couleur foncée, et surtout d’après ses cheveux noirs (hic niger est), l’autochtone préaryen du sol italique se distinguant le plus clairement par sa couleur sombre de la race dominante, de la race des conquérants aryens aux cheveux blonds. Du moins le gaélique m’a fourni une indication absolument similaire : — c’est le mot fin (par exemple dans Fin-Gal), le terme distinctif de la noblesse, en dernière analyse le bon, le noble, le pur, signifiait à l’origine : la tête blonde, en opposition à l’autochtone foncé aux cheveux noirs. Les Celtes, soit dit en passant, étaient une race absolument blonde ; quant à ces zones de populations aux cheveux essentiellement foncés que l’on remarque sur les cartes ethnographiques de l’Allemagne faites avec quelque soin, on a tort de les attribuer à une origine celtique et à un mélange de sang celte, comme fait encore Virchow : c’est plutôt la population préaryenne de l’Allemagne qui perce dans ces régions. (La même observation s’applique à presque toute l’Europe : en fait, la race soumise a fini par y reprendre la prépondérance, avec sa couleur, la forme raccourcie du crâne et peut-être même les instincts intellectuels et sociaux : — qui nous garantit que la démocratie moderne, l’anarchisme encore plus moderne et surtout cette tendance à la Commune, à la forme sociale la plus primitive, chère aujourd’hui à tous les socialistes d’Europe, ne soient pas, dans l’essence, un monstrueux effet d’ atavisme — et que la race des conquérants et des maîtres, celle des aryens, ne soit pas en train de succomber même physiologiquement ? …) »…

    Et le texte se termine ainsi :

    … « Il est vrai qu’il y a eu pendant la Renaissance un réveil superbe et inquiétant de l’idéal classique, de l’évaluation noble de toutes choses : la Rome ancienne, elle-même, se met à s’agiter comme si elle se réveillait d’une léthargie, écrasée, comme elle l’était, par une Rome nouvelle, cette Rome judaïsée, édifiée sur des ruines, qui présentait l’aspect d’une synagogue œcuménique et que l’on appelait « Église » : mais aussitôt la Judée se mit à triompher de nouveau, grâce à ce mouvement de ressentiment (allemand et anglais) foncièrement plébéien que l’on appelle la Réforme, sans oublier ce qui devrait en sortir, la restauration de l’Église, — et aussi le rétablissement du silence de tombeau sur la Rome classique. Dans un sens plus décisif, plus radical encore, la Judée remporta une nouvelle victoire sur l’idéal classique, avec la Révolution française : c’est alors que la dernière noblesse politique qui subsistait encore en Europe, celle des XVII e et XVIII e siècles français, s’effondra sous le coup des instincts populaires du ressentiment, — ce fut une allégresse immense, un enthousiasme tapageur comme jamais on n’en avait vu sur la terre ! Il est vrai qu’il se produisit tout à coup, au milieu de ce vacarme, la chose la plus prodigieuse et la plus inattendue : l’idéal antique se dressa en personne et avec une splendeur insolite, devant les yeux et la conscience de l’humanité, — et encore une fois, mais d’une façon plus forte, plus simple, plus pénétrante que jamais, retentit, en face du mot d’ordre mensonger du ressentiment qui affirme la prérogative du plus grand nombre, en face de la volonté de l’abaissement, de l’avilissement, du nivellement et de la déchéance, en face du crépuscule des hommes, le terrible et enchanteur mot d’ordre contraire de la prérogative du petit nombre !»

    Excusez-moi d’avoir infligé cette daube aristocratique, qui se déguise en aristocratie « spirituelle » pour ne pas se commettre avec le fascisme ordinaire, mais ça me paraît quand même d’actualité parce qu’en définitive les deux se retrouvent tôt ou tard par on ne sait quel mystère. Comme deux particules quantiques intriquées qui partagent les mêmes propriétés et qui prennent instantanément les mêmes valeurs, quelle que soit la distance qui les sépare.

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  • Falakia
    Falakia

    Une belle analyse et lecture de notre époque sur l’être et le devenir que doivent lire les leaders des Partis de gauche , adhérants et sympatisants .
    Sur Nietzsche ou Kierkegaard qui présentent certains traits parallèles ne peuvent avoir des disciplines concernant la manière dont ils ont pratiqué la philosophie , ils nous lancent philosophiquement un appel mais ce ne sont pas des modèles à suivre .

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