Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dans le cadre de nos interrogations impertinentes de la journée, en voici deux…

Se poser les bonnes questions est plus essentiel parfois que prétendre convaincre que l’on détient la vérité dans un monde où on est soumis à jet continu à la justification des guerres, dans une Europe et une France ou du moins en ce qui me concerne nous sommes loin du temps des certitudes sur qui s’avérera le moins pire mais plutôt dans le temps du “pari de Pascal” (1). Voici donc deux remarques posées à ceux qui pensent avoir de bonnes raisons d’appuyer cette propagande :

La première question concerne l’affirmation de Netanyahou quand il repousse non seulement les conditions du Hamas pour la restitution des otages mais de fait il écarte même la poursuite de négociations dans lesquelles se sont investis le Qatar et l’Égypte, en affirmant que le moment de la victoire totale est là et qu’il faut ne pas mollir.

Qu’est-ce qu’il définit exactement comme une victoire totale ? Et sur qui, est-ce que cela ira jusqu’à l’acceptation par, non seulement ceux qui lui ressemblent mais ceux qui se revendiquent y compris du centre ou de la gauche d’une “purification ethnique” de la population palestinienne ? Quand est-ce qu’on commence à justifier l’équivalent d’une démonstration nazie et qu’on ose le faire au nom de ses victimes ?

C’est ce qu’une partie de la gauche française qui se donne Glucksmann pour leader est en train d’accepter et il est vain de vouloir le cacher derrière le souci que l’on peut éprouver face à la résurgence de l’antisémitisme. L’antisémitisme ne peut que prospérer dans ce type d’acceptation. Ceux qui repoussent l’antisémitisme devraient au contraire avoir à cœur de réactiver “le plus jamais ça’…

En quoi les Etats-Unis ont-ils besoin d’une arme de ce prix ?

La deuxième interrogation concerne la nécessité, l’urgence qui peut pousser les Etats-Unis en train de se débattre dans un monstrueux endettement et d’être confrontés à des défaites face à des forces humaines, de commander un nouveau missile balistique de 131 milliards, le tout dans un contexte où comme nous l’avons décrit le gouvernement est incapable de faire face à des épidémies, à la prolifération de la drogue, à l’impossibilité d’éduquer et de soigner.

La vice-présidente des États-Unis Kamala Harris, le président Joe Biden et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, lors d’une cérémonie en l’honneur de Mark A. Milley (à droite), ancien chef d’état-major des armées des États-Unis, remplacé à ce poste par Charles Q. Brown Jr. (à gauche), le 29 septembre 2023 à Arlington (Virginie). | Saul Loeb / AFP© 

Est-ce à cause des guerres en Ukraine et au Proche-Orient? On a entendu peu d’exclamations de surprise et vu peu de bouches béer lorsque l’armée de l’air américaine a annoncé, le 18 janvier dernier, que le prix de son nouveau missile balistique intercontinental à ogive nucléaire, le LGM-35A Sentinel, venait soudain d’augmenter de 37%.

Voilà qui devrait établir le coût total du programme de développement de ce missile à 131 milliards de dollars

(1) Le pari de Pascal est une argumentation philosophique de Blaise Pascal, philosophe, mathématicien et physicien français du XVIIe siècle. A défaut de pouvoir démontrer l’existence ou la non existence de Dieu, une personne rationnelle a tout intérêt à croire en Dieu, qu’il existe ou non. En effet, dans la probabilité que Dieu n’existe pas, le croyant et le non-croyant ne perd rien ou presque. Par contre, si Dieu existe, le croyant gagne l’immortalité et le paradis de la religion, tandis que le non-croyant athéiste prend le risque d’une condamnation à l’enfer pour l’éternité. A la seule différence que moi je serais plutôt d’accord avec Diderot qui refusait d’envisager un dieu assez mesquin et stupide pour vous châtier pour l’éternité pour quelque chose qui relève de l’intime conviction et qui devrait donc faire partie de son inintelligibilité. Il n’en demeure pas moins que dans une situation de bouleversement historique d’une telle ampleur croire que tout dépend des candidats en présence dans des élections aussi peu représentatives de la réalité, serait un rétrécissement du champ de la réalité qui est le produit outre la sottise d’entendements bornés, le déchaînement des intérêts privés. Les bénéficiaires réels de ces foires d’empoigne étant de moins en moins nombreux et le partage de plus en plus âpre on ne peut pas décemment ramener la chute de l’empire américain aux bénéfices que madame Dati escompte de son ralliement au Titanic alors que même Bayrou refuse d’y accrocher son canot de sauvetage. Donc dans ce contexte, exagérer l’impact de nos choix est excessif. Mais pourtant dans le même temps plus la vague est forte plus reconstituer les conditions d’une résistance collective est indispensable, quelle voie s’impose ? C’est là qu’intervient un pari raisonné sur celui qui dit que dans les exploitations agricoles, comme dans les entreprises industrielles, partout où existe un collectif de production la résistance a plus de chance d’exister que dans les réseaux sociaux, les lieux de bavardage où aucune réalité ne vous résiste au point que vous ne songez même plus à vous poser les questions ci-dessus. C’est un pari non dénué de rationalité mais qui ne peut bénéficier de la foi du charbonnier, mieux vaut parler du fond et laisser chacun construire son intime conviction.

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