Si l’on devait décrire le fonctionnement de l’UE, ce serait un gouvernement non élu mais nommé par les marchés financiers, les trusts de l’armement, des employés serviles profondément imbriqués dans le système démocrate des Etats-Unis mais comme madame Ursula von der Leyen prête à servir n’importe quel pouvoir étasunien. Une assemblée, un parlement élu qui n’est que la vache à lait de forces et partis jouant leur partie au niveau national, avec la complexité de la situation italienne, une extrême-droite, elle-même aussi inféodée à l’atlantisme tout en feignant de jouer une carte “européenne’, voire en entretenant des “zones protégées” “illusoirement” des “valeurs” européennes, qu’il s’agisse des mœurs, des juifs, des kurdes ou des arméniens que l’on sacrifie en sous main à la Turquie, l’Azerbaïdjan. Qui sera le plus apte à s’affranchir de ces “clientélismes” masquant la réalité de la corruption, certainement pas un Kamenka et d’autres de cette espèce qui sont depuis longtemps achetés par les fondations allemandes, et ceux qui anticipent sur les vœux de cette autocratie en prônant l’abstention qui ne dérangera jamais ce petit jeu et qui confond son nombril avec ce qui peut aider à trouver une issue. (note de Danielle Bleitrach)
Le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, en novembre 2023.© /AP/SIPA / SIPA / /AP/SIPA
Axel Fischer est le premier élu européen à être officiellement inculpé par la justice pour des soupçons de corruption par l’Azerbaïdjan. Cet ancien membre de l’Union chrétienne démocrate (CDU) allemande a siégé au Bundestag sans discontinuité de 1998 à 2021, date de sa déchéance de mandat. Il a fait partie de la délégation allemande à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) de 2010 à 2018, devenant même l’un des vice-présidents de l’Assemblée.
Il est aujourd’hui accusé par le procureur de Munich d’avoir reçu des virements sonnants et trébuchants de Bakou, en échange de positions bienveillantes à l’égard de ce régime dictatorial. Un exemple parmi d’autres de la diplomatie du caviar pratiquée par le gouvernement Aliev?
La corruption de parlementaires européens par les généreux donateurs de Bakou a commencé dès l’intégration de ce pays du Sud-Caucase au sein du Conseil de l’Europe, en 2001. Des enquêtes ont commencé à révéler l’étendue du problème dès 2010, sous l’impulsion de Gerald Knaus et de son think tank European Stability Initiative (ESI). Il faudra attendre 2017 et la publication de « laundromat », une investigation par un consortium de médias européens, pour que les premières sanctions soient envisagées. Et plusieurs années supplémentaires pour que des suites judiciaires soient données à ces affaires.
« Les parquets nationaux ont été lents ou ils ont refusé d’enquêter sur les soupçons de pots-de-vin ou de blanchiment d’argent. L’affaire Fischer est une des rares exceptions dans lesquelles les autorités nationales ont fait leur boulot », estime Adam Földes, conseiller de l’ONG Transparency International.
Influence sur des votes
D’autres parlementaires allemands ont été officiellement mis en cause. Eduard Lintner, élu conservateur bavarois (CSU) et membre de l’APCE de 1990 à 2010, a été accusé d’avoir perçu 819 000 euros de la part de sociétés impliquées dans le schéma de corruption, en échange de son silence sur les atteintes aux droits de l’homme en Azerbaïdjan. Lintner a longtemps été membre de la commission parlementaire chargée d’évaluer la situation des droits humains dans les pays membres. En 2013, un rapport sur la situation des prisonniers politiques et d’autres atteintes aux droits humains en Azerbaïdjan avait été soumis au vote de l’APCE. Mais ce rapport avait été rejeté par une majorité des membres de l’Assemblée, faisant apparaître une vaste entreprise de corruption au sein de l’institution basée à Strasbourg.
Rien qu’entre 2012 et 2014, les enquêtes journalistiques et l’étude de milliers de transactions bancaires ont démontré que 2,5 milliards d’euros avaient transité sur les comptes de quatre sociétés off-shore installées au Royaume-Uni, pour alimenter cette « diplomatie du caviar », à coups d’invitations à des voyages, à des événements sportifs ou culturels, de cadeaux et de subventions. Le lien était établi par le biais d’organisations paravent pour le commerce bilatéral ou de fondations appartenant à des oligarques azerbaïdjanais, telles que TEAS (The Azerbaijan Society).
Une vingtaine de parlementaires, anciens et actuels, originaires de tous les partis politiques de l’échiquier allemand, seraient impliqués dans ce réseau d’influence au profit de l’Azerbaïdjan. En 2020, plusieurs d’entre eux avaient adressé une lettre à Heiko Maas, ministre fédéral des Affaires étrangères (de 2018 à 2021), pour lui glisser quelques recommandations sur la situation dans le Haut-Karabakh. Rigoureusement identiques, les courriers reprenaient sans filtre les éléments de langage de Bakou.
Au-delà de l’Allemagne, plusieurs parlementaires du Conseil de l’Europe ont fini par être épinglés : l’Italien Luca Volontè, pour avoir touché plusieurs millions d’euros de pots-de-vin contre son vote en 2013, le chef du parti national slovène Zmago Plemeniti, qui a reçu 25 000 euros après avoir participé deux fois à des missions d’observation des élections en Azerbaïdjan, ou le Bulgare Kalin Mitrev, mari d’Irina Bokova, qui s’était vu verser 500 000 euros. Son épouse était alors secrétaire générale de l’Unesco et avait accordé le statut d’ambassadrice de bonne volonté à Mehriban Alieva, la femme du dictateur azerbaïdjanais.
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