Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Comaguer : flash Premier Avis de la CIJ sur Gaza et résolution du Conseil de sécurité de l’ONU

d’accord avec cette brève analyse, cela fait partie d’ailleurs du basculement du monde et du fait qu’aucune puissance désormais n’est à l’abri du droit international en train de se constituer. On peut être déçu que cela ne se traduise pas par l’équivalent de ce qu’ont accompli jusqu’ici les USA et ses “guerriers par procuration” mais en fait quand l’on mesure ce qui se passe du côté des Houthis et la décision de l’ONU, il faut bien mesurer à quel point on est en train de passer à un autre ordre international, dans lequel la lutte des classes va reprendre tous ses droits par rapport à des stratégies étatiques encore marquées par des tentatives de coalition. Notons qu’une telle décision de la CIJ sur Gaza a également pour contexte une importante réunion du conseil de sécurité et nous publions l’article du quotidien algérien El Watan qui rend compte du choix du Conseil de sécurité et de la position particulièrement appréciée de Lavrov dont nous avons déjà fait état. (note de Danielle Bleitrach histoire et société)

Ce que dit Heidi Matthew, professeure adjointe de droit à Harvard

L’ordonnance écrite et les avis séparés de la CIJ seront publiés prochainement. Mais ma première réaction est que c’est une grande victoire pour les défenseurs palestiniens. Certains seront déçus que la Cour n’ait pas ordonné un cessez-le-feu. Mais…… le fait que la Cour ait ordonné les mesures qu’elle a prises, y compris l’ordre donné à Israël de ne pas commettre ou inciter au génocide, indique qu’elle a conclu qu’il est

(a) plausible pour les Palestiniens de Gaza de demander la protection contre le génocide, et

(b) que le besoin de protection est urgent. Je pense que nous pouvons en déduire qu’il y a au minimum un risque sérieux qu’Israël commette un génocide. C’est important parce que cela met *tous les États* en demeure du risque sérieux de génocide, ce qui déclenche le devoir des États de prendre des mesures concrètes pour prévenir le génocide.

Entre autres choses, cela signifie que pour que les États remplissent leurs obligations internationales en vertu de la Convention sur le génocide, ils doivent faire quelque chose. Par exemple, les États qui exportent des armes ou des technologies militaires vers Israël doivent cesser.

En bref, cette ordonnance sur les mesures provisoires aura un impact important et immédiat sur la manière dont les États sont tenus d’agir en vertu du droit international. Cela changera aussi radicalement la conversation mondiale sur ce qui se passe à Gaza.

Autre point connexe : j’ai besoin de lire les opinions séparées, mais mon intuition est que c’est une victoire massive que le juge ad hoc israélien Barak se soit rangé du côté de la majorité en ordonnant de nombreuses mesures provisoires. Il a peut-être jugé que son propre héritage était plus important que celui de Netanyahou.

Cette analyse dont en gros nous partageons la perspective parait bien non seulement une avancée du droit international bénéfique au peuple palestinien mais également une chance pour le peuple israélien et elle doit à ce titre être mise en perspective avec cet article du quotidien EL Watan sur les débats au Conseil de sécurité et l’appui d’une solution à deux Etats.

Le Conseil de sécurité, réuni mardi au sujet de la situation en Palestine occupée, a réitéré son
appui à la solution à deux États pour mettre fin au conflit au Proche-Orient, appelant, à cette occasion, à l’arrêt immédiat de l’agression sioniste contre le peuple palestinien et à l’acheminement de l’aide humanitaire en urgence. Intervenant devant les membres du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réitéré que la solution à deux Etats, « laissée pour morte », reste le seul moyen de
parvenir à une paix « durable et équitable » en Palestine.

L’occupation des territoires palestiniens « doit cesser », a martelé Guterres, jugeant « inacceptable » le rejet « clair et répété » de la solution à deux États par l’entité sioniste. « Un tel refus et le déni du droit des Palestiniens à un État ne feront que prolonger indéfiniment un conflit qui est devenu un risque majeur pour la paix et la sécurité mondiales », a-t-il averti, appelant à la concrétisation des aspirations légitimes des Palestiniens à un Etat indépendant. « Le droit des Palestiniens à un Etat doit être reconnu par tous et le refus de la solution à deux Etats doit être condamné.

Quelle est l’alternative ? Quelle peut être la solution à un seul Etat avec, en son sein, un aussi grand nombre de Palestiniens sans réels droits, liberté et dignité ? Cela est inconcevable», a tranché le chef de l’ONU.

De son côté, l’Algérie a plaidé pour l’adoption d’une nouvelle approche visant à relancer l’option de la paix et parvenir à un règlement « équitable et inclusif » de la cause palestinienne, mettant l’accent sur l’impératif de riposter fermement aux appels sionistes rejetant ouvertement la solution à deux Etats, appuyée par la communauté internationale comme règlement équitable, viable et définitif du conflit au Proche-Orient.

« Nous sommes appelés, en ces heures décisives, à contrer les illusions dont se nourrit l’occupant israélien colonialiste pour renforcer sa sécurité en anéantissant le projet national palestinien », a soutenu le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, qui a été chargé par le président Tebboune de prendre part à la réunion. « Nous nous devons aussi de contrecarrer les campagnes de confiscation et d’annexion des terres palestiniennes, et d’implantation et d’expansion de colonies israéliennes, dans une tentative d’empêcher l’établissement d’un Etat de Palestine indépendant et souverain », a-t-il ajouté.

Partant de toutes ces considérations, l’Algérie a réaffirmé, par la voix de son ministre des Affaires
étrangères, sa revendication historique de tenir une Conférence internationale pour la paix, sous l’égide des Nations unies, où il sera convenu de mettre fin au conflit israélo-arabe de manière définitive, conformément aux résolutions de la légalité internationale, et de mettre en œuvre la solution à deux Etats « sous la surveillance rigoureuse, le suivi étroit et la garantie sûre » de la communauté internationale.

« Ce qui se passe, aujourd’hui à Ghaza nous interpelle plus que jamais quant à l’impératif d’accélérer le traitement de l’essence de ce conflit, à travers le renouvellement et l’activation de notre engagement collectif en faveur de la solution à deux Etats, appuyée par la communauté internationale comme règlement juste, viable et définitif », a affirmé M. Attaf.

Le chef de la diplomatie russe, Sergei Lavrov, a affirmé, quant à lui, que cette réunion « intervient à un moment véritablement dramatique. Si des considérations politiques et humanitaires imposent d’agir urgemment pour mettre un terme aux souffrances du peuple palestinien, des mesures sont également nécessaires pour empêcher la déstabilisation d’autres régions du Moyen Orient ».

Selon le responsable russe, le Conseil de sécurité doit d’abord obtenir un cessez-le-feu. « En l’absence d’une telle garantie et de la création d’un Etat palestinien, parler de demain est non seulement prématuré, mais également inutile. Les Palestiniens doivent décider eux-mêmes de leur sort. »

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