Nous reprenons in extenso cet article de Reuters dont nous ne partageons pas l’analyse et le fait qu’elle semble totalement ignorer la provocation permanente de l’OTAN face à la Russie et toute l’histoire qui a conduit à l’intervention, malgré les accords de Minsk jamais appliqués, puis le torpillage des négociations, etc… Mais même si l’on admet le narratif occidental cet article a l’intérêt de nous montrer qui sont aujourd’hui les maîtres d’œuvre des livraisons d’armes à un État en faillite incapable de les payer, pas plus que son armée n’est en état de se battre. Bref “l’économie de guerre” c’est quatre trusts de l’armement Nammo (norvégien finlandais), l’allemand Rheinmetall, le français Nexter et le britannique BAE Systems. Le fond de cette émulation “patriotique” c’est que l’OTAN COMMANDE 220.000 OBUS D’ARTILLERIE D’UNE VALEUR DE 1,2 MILLIARD D’EUROS POUR L’UKRAINE (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Incandescents, les blocs d’acier passent d’une machine à l’autre, manipulés par des bras articulés, jusqu’à prendre la forme voulue. Dans cette usine reculée de Norvège, on fait les 3×8 pour fabriquer les obus d’artillerie qui font défaut à l’Ukraine. Membres de l’Otan – ou sur le point de l’être concernant la Suède -, les pays nordiques mettent les bouchées doubles pour participer à l’effort de guerre.
L’offensive lancée le 24 février 2022 par la Russie sur le territoire ukrainien leur a brutalement rappelé qu’eux aussi partagent des frontières avec un État qui n’hésite pas à envahir ses voisins. Contrôlé par les Etats norvégien et finlandais, Nammo est avec l’allemand Rheinmetall, le français Nexter et le britannique BAE Systems l’un des principaux fabricants européens d’obus de 155 mm dont l’armée ukrainienne est gourmande.
A Raufoss, à une centaine de kilomètres au nord d’Oslo, le groupe produit désormais non-stop des corps d’obus, les cônes qui seront ensuite remplis d’explosif ailleurs.”Tant qu’on a les bonnes machines et les bons opérateurs, il n’y a pas de limites aux spécifications qu’on peut satisfaire”, explique l’ingénieur procédés Sigbjørn Øverbøe. “La précision peut aller jusqu’au micron (un millionième de mètre, NDLR)”.
Avec ses différentes étapes (emboutissage, ébauchage, trempe, finissage, vérification), le processus est relativement lent. Trop pour tenir le rythme de consommation sur le champ de bataille ukrainien.
Nouvelle ligne de production
Pour accélérer les cadences, la Norvège a annoncé la semaine dernière qu’elle consacrerait deux milliards de couronnes (175 millions d’euros) supplémentaires au renforcement de ses capacités de production de munitions et de missiles.
“Il est absolument crucial d’augmenter la production européenne”, a déclaré le Premier ministre Jonas Gahr Støre. “Pendant de nombreuses années, on a réduit la voilure de l’industrie européenne de l’armement. La guerre en Ukraine nous a rappelé qu’il fallait renverser la vapeur”.
La moitié de l’enveloppe ira à l’achat d’une nouvelle presse et de nouvelles machines-outils pour que Nammo puisse ouvrir une ligne supplémentaire de production d’obus. “Avec ça, on va quintupler notre capacité de production dans l’artillerie”, a expliqué à l’AFP le directeur général du groupe, Morten Brandtzaeg.”On préfère ne pas préciser les volumes car il y a des oreilles indiscrètes mais, sous peu, on produira davantage”. La Finlande et la Suède ont elles aussi mis la main au portefeuille pour doper l’activité des sites Nammo sur leur territoire.
Les besoins sont énormes tant pour fournir l’Ukraine que pour regarnir les stocks des armées occidentales. Selon des experts, la consommation ukrainienne sur le champ de bataille est d’environ 200.000 obus par mois.
Si l’UE s’est donné pour objectif de fournir à l’Ukraine un million de munitions avant la fin mars, seuls 300.000 obus ont officiellement été livrés à ce jour. “On n’y est pas en Europe, on a 50% de retard”, décrypte le consultant en risques internationaux Stéphane Audrand. “Et l’aide américaine devient très incertaine…””Il y a un effort et des annonces ces dernières semaines, mais aussi beaucoup de concurrence entre industriels sur les fournitures et les matériaux comme le linter de coton pour les charges propulsives”, souligne-t-il.
Outre des goulots d’étranglement sur les composants, la production de munitions peut se heurter des difficultés insoupçonnées, comme l’accès à l’énergie. L’an dernier, M. Brandtzaeg a sonné l’alarme : l’expansion prévue de l’usine de Raufoss nécessiterait un volume d’électricité déjà promis à un centre de données en construction au profit de l’application chinoise de vidéos TikTok. “On table sur le fait qu’on aura suffisamment d’électricité”, dit-il aujourd’hui. “Et si on veut aussi (consacrer de l’énergie, NDLR) à des vidéos de chats, ainsi soit-il…”.
Il faudra toutefois attendre encore un peu, environ deux ans, avant que l’argent investi à Raufoss ne se traduise par un surcroît de munitions sur le théâtre ukrainien. “C’est très important pour l’Ukraine de savoir qu’à l’avenir, ils auront un approvisionnement accru”, dit un responsable norvégien sous couvert d’anonymat. “Mais d’ici là, il est clair que ce seront encore les stocks de munitions américains qui contribueront le plus à alimenter la machine”.
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