25 DÉCEMBRE 2023
Ce texte dit ce que fut notre naiveté à nous tous qui avons cru que le bien, le beau,la vie, pourrait mettre à bas le capitalisme et qui avons découvert dans le sang et les larmes, au Chili et partout à quel point ces ordures étaient capables à la fois de torturer les enfants devant leur mère pour forcer ces dernières à parler, à vendre leurs compagnons, et de proclamer le liberal libertaire en faisant du socialisme l’image de l’oppression… Aujourd’hui ce Noël est la célébration de l’hypocrisie universelle partout comme à Betléheme l’injustice parait avoir triomphé et la fraternité a déserté notre maison, tout reste à reconstruire mais il faut savoir tirer bilan de cette terrible expérience. (noteettraduction de danielle Bleitrach histoireetsociete=
PAR URARIANO MOTAF
D’après ce que j’ai déjà observé à propos de Noël – que c’était la date de l’hypocrisie universelle – quand les gens prétendent s’aimer. Le temps où les nantis font de la publicité et font croire que les différences entre les hommes sont révolues. Et ceux qui sont riches en biens matériels deviennent soudain spirituels et, l’estomac plein, éructent que le meilleur salut est celui de l’âme. À cela, je dois noter que les militants contre la dictature ont ajouté une raison théorique de critiquer la fraternité dans leurs propres maisons.
Nous lisions à la hâte L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État d’Engels, comme toutes nos lectures. Ce qu’il écrivait : « dans la famille, l’homme est le bourgeois, la femme représente le prolétaire ». Et donc, « la famille individuelle doit disparaître, être vaincue », nous sommes dits, et avec ces attitudes, nous sommes passés à autre chose. Notre angoisse face à la période de répression incluait la culpabilité d’êtres tout aussi opprimés, nos proches. Si Dieu existe, notre manque de compréhension à cette époque doit être pardonné. Mais nous avons aussi été punis pour la douleur que cela nous a donné de réprimer les sentiments de la mémoire domestique.
La chose naturelle à faire était donc de rechercher la fraternité entre camarades socialistes. Dans les bars, sur les plages, lors de réunions et lors de nos fêtes. La plupart du temps, nous l’avons trouvé. Et c’est ce qui s’est passé dans les pages que j’ai écrites dans le roman « La jeunesse sans fin », traduit par Peter Lownds :
Nous ne sommes absolument pas préparés à faire face au mal du monde. Nous nous parlons de vins merveilleux que nous n’avons jamais goûtés, de nectars ambrosiaux, de grands banquets auxquels nous n’assisterons pas. Nous voulions prendre d’assaut le château bourgeois comme des barbares, en utilisant le pont-levis pour franchir les douves. « Mettez la table. Vite, avant qu’ils ne nous jettent aux crocodiles ! Nous n’avons aucune idée du prix à payer pour l’acquisition du luxe des sens. En d’autres termes, à quel point nous devrions dévier du chemin étroit de la conscience. Nous n’avons pas passé le premier test de notre apprentissage de la pureté, bien que nous soyons conscients que le conformisme social récompense ceux qui s’attardent dans l’enchantement. Mais ce n’est pas la même chose que d’abandonner avant l’examen, ou l’épreuve. Il y a une ligne lumineuse, aussi ardente que la queue d’une comète, qui va traverser cette table en 1972 et voyager à la vitesse de la lumière jusqu’à la21e année du nouveau millénaire. Je suis sur le point de plonger dans la poussière de cette lumière.
Zacarelli se lève et lève son verre de bière comme s’il était plein de champagne : « Je vous propose de porter un toast à notre bonheur ». Nous nous levons sur une impulsion automatique, comme le public qui se lève d’un bond après un concert. « À notre plus grand bonheur ! Vers des jours meilleurs !’ crions-nous. Les gens assis autour de nous nous observent comme plus qu’étranges. Mais, cette fois, avec un air plus sympathique. Comme s’ils se disaient : « Ils sont fous, mais et alors ? Nous sommes tous assez fous. Nos verres tintent bruyamment. Nous nous asseyons et nous nous sourions. Nous nous parlons en silence : D’accord, quelle est la prochaine étape ? Quoi qu’il arrive, nous ferons avec. Alors il me vient à l’esprit de parler comme le diable qui se lève toujours quand on se sent bien : « A-t-on vraiment le droit d’être heureux ? »
« Il n’y a rien dans le marxisme qui interdise le bonheur », dit Alberto.
« Je le sais. Je me demande si nous avons le droit quand certains de nos compagnons sont malheureux.
« Bien sûr. Nous revigorons nos forces pour la lutte », répond Zacarelli.
« Mais comment pouvons-nous profiter de la vie quand la plupart des gens sont dans un état aussi terrible ? »
« Mec, les gens baisent, les gens boivent, les gens sont tellement ivres qu’ils titubent », dit Zacarelli.
« Suivons le peuple, camarade », dit Narinha en me faisant un clin d’œil.
Je me lève : « Au peuple ! Un toast au peuple ! Nous acceptons le droit au plaisir, ensemble, sans remords. Nous sommes émus de réciter les vers de Castro Alves[1], « drapeau d’or et vert de ma terre que la brise brésilienne embrasse et balance » Quand nous avons fini, nous nous embrassons. En formant un cercle de quatre, nous tournons et nous sautons sur une chanson différente de celle jouée sur le Wurlitzer, « Alone Again ».
Zacarelli se fait entendre au-dessus du vacarme : « Ce serait bien s’il y avait une samba mondiale, une samba fraternelle, mes amis, une nouvelle samba ».
C’était comme ça, mais ce n’est plus le cas. Ceux qui ont survécu à cette époque, maintenant matures, ne lisent plus L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État à la légère et superficiellement. Maintenant, ils embrassent les gens qu’ils aiment, dans leurs maisons et au-delà. Mais nous souhaitons tous un nouveau Noël de vraie fraternité. Qui viendra, ou devrait venir, Dieu seul sait quand.
Notes.
[1] Antonio Frederico de Castro Alves (1847-1871) était un poète romantique, à la manière de Keats ou du musicien/compositeur Noel Rosa (1910-1937), un compatriote brésilien, qui brilla dans le firmament socioculturel et artistique de son époque et mourut de la tuberculose à l’âge de 20 ans. Castro Alves est né à Bahia mais a étudié à Recife, à partir de l’âge de 14 ans. Manuel Bandeira l’a qualifié d’« enfant vraiment sublime dont la gloire est revigorée de nos jours par l’intention sociale de son travail ».Uriarano Moto est l’auteur du roman « Jeunesse sans fin ».
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Daniel Arias
Le Père Noël est parfois une ordure.
Sous le Sapin j’ai eut, une bouteille de Vodka française, et surtout l’ouvrage d’Annie Lacroix-Riz “Les origines du plan Marshall, le mythe de l’aide américaine” où dès le premier chapitre le ton et le contexte sont posés.
L’impérialisme américain détruisant successivement les deux rivaux: l’Empire Anglais puis Français.
Si les Anglais se sont pris avec un certain honneur une belle paire de claques, pour les élites françaises c’est plutôt le choix du camp de la défaite l’allier germanique ayant des faiblesses ils sont tombés dans les bras de la “plus grande démocratie of the World”.
Petite anecdote: celles qui m’ont offert ce joli cadeau l’ont acheté dans la librairie coopérative de la ville où un bénévole du Secours Populaire Français emballait les cadeaux, celui-ci a déclaré que c’était un excellent livre et commençait à expliquer un peu le thème et surtout les mésaventures universitaires récentes de notre camarade historienne. Visiblement il était bien informé.
L’info circule même distillée, le travail de résistance produit ses effets.
Sinon dans les effets de cette guerre nous est déjà annoncé l’effondrement de l’immobilier en France, le neuf est en panne, le coût du crédit augmenté de plus d’un tiers suite à l’augmentation des taux d’intérêts, les bailleurs HLM ne peuvent investir.
Les loyers flambent et le trou ** *** qui sert de Maire P.S dans la grande ville locale détruit les HLM par centaines, ce bien public. Pas besoin de bombes élisez un Maire P.S c’est tout aussi efficace.
Ce criminel invoque la création d’espaces verts quand à 50 mètres existe une immense coulée verte où, enfant, j’aimais me promener, ce quartier populaire est le plus vert de toute la ville. C’est justement là qu’il va détruire. Par contre dans la zone pavillonnaire qui jouxte ce quartier HLM il n’est pas question de détruire. Alors que chacune de ces cages à lapins que sont ces maisons individuelles bon marché libérerait un immense espace vert. Chaque immeuble avec 100 logements chacun occupe au sol l’espace de 4 à 6 de ces petites maisons individuelles, curieuse logique d’urbanisme pour ce Maire voulant se mettre au vert.
Il sera certainement réélu avec l’aide de nos camarades locaux pour soutenir cette gauche.
Une autre expérience de notre destinée dans cette civilisation de la libre concurrence a eut lieu le jour de Noël.
Après 3 heures de route pour Noël nous avons rencontré ma belle mère effondrée dans une tristesse infinie, seule, séparée de son époux après 57 ans de vie commune, il est dans une clinique privée, mal en point, amaigri et seul, il ne rentrera plus à la maison; elle, livrée à elle même.
Nous appelons le 15 en la voyant dans l’état. 2 heures plus tard un jeune médecin très aimable nous rassure sur son état (noir, précision pour les stupides racistes). Diagnostic: grande solitude, détresse émotionnelle, remède: voir du monde et un peu de kiné. Le brave docteur nous souhaite un bon repas de Noël et facture 56 euros.
Nous vivons à 6 heures de route aller retour, quelques années avant ils se sont fâchés pour une connerie avec leur seule fille restant sur place (gestion d’une donation aux petits enfants que le beau frère a investit dans l’immobilier et que mon beau père à compris comme un vol des ses petites filles, les mots on été dis.).
Avec le repas le moral remonte doucement, nous partons sans elle visiter son époux, alité il s’exprime avec de longs et pénibles efforts que lui impose la maladie.
Depuis le mois d’août il attend une place en EPHAD qui ne vient pas, le groupe national de clinique (plus d’une centaine) leur ponctionne 49 euros par jour pour aucun service supplémentaire, même pas de télé pour le distraire, pas de radio, pas de journaux, pas de personnel en bonus, nada !
Une petite jeune très gentille (typée maghreb), lui apporte un petit gobelet carton de jus de fruit et une petite crème dessert pour le goûter, puis part aussitôt pour la chambre voisine, derrière passe tout aussi rapidement un tout aussi jeune homme souriant “Mohammed, Infirmier”, demi tour, disparaît comme il est apparut, pas même le temps de lui demander l’état de santé du beau père.
Nous passons un peu de temps, il fatigue puis repartons dire au revoir à ma belle mère que nous allons laisser seule, elle n’avait plus la force cette semaine de visiter son époux. Seuls nous quatre le visiterons ce Noël. Peut être a-t-il plus de chance que sa voisine qui nous interpelle en espagnol “¡Donde estáis! ¡Os oigo! ¡Venir aquí!”, nous avons pas le temps, ma fille passe vite lui faire un sourire et un au revoir de la main. Seule elle aussi, elle parlait sa lointaine langue maternelle. Avait elle eût de la visite ?
Chaque visite coûte 60 euros de taxi à ma belle mère, elle a peur de tomber dans le bus, la ville ne propose pas de transport à la demande, ou en tout cas ni la très chère clinique privée ni l’assistante sociale qui y est rattachée ne lui propose une solution de transport abordable. Ils pompent une petite part des économies d’une vie de labeur.
Elle reste démunie et seule, un couple, un ouvrier et une employée des PTT, économes avec de belles économies de côtés et une retraite “convenable” , lui ancien militaire.
Devant la maladie et la vieillesse ils se retrouvent seuls encore plus démunis car ils n’ont jamais eut besoin d’aide. Dans le couple les tâches étaient partagées elle doit assumer seule la grande maison vide.
Un quartier de maisons sans réelle valeur, que la Mairie préhende.
Les voisins quittent le quartier les uns après les autres, certains vers l’au-delà, d’autres vers l’EPHAD, il ne leur reste plus de voisins connus, dans un quartier sans animation, sans lieu de convivialité.
Maison, avec un trop grand jardin pour elle qu’elle ne peut plus entretenir et qui se transforme en fardeau de la propriétaire en plus des soucis que leur impose la biologie.
Elle me supplie en partant de lui trouver quelqu’un a qui parler pour rompre sa solitude, de la compagnie, de la convivialité.
Pas facile de trouver de l’aide seule dans la détresse, sans internet.
Ma quette de ce matin me fait parcourir des dizaines de sites avant de trouver un annuaire gouvernemental pour l’aide aux seniors.
De multiples propositions de services à la personne, d’ailleurs souvent par le CCAS ou le Conseil Départemental: courses, ménages, repas, bricolage, relativement complet.
Mais aussi des lieux de convivialité où il faut pouvoir se déplacer. Je ne trouve pas de gens disponibles pour rendre visite à domicile, du moins pas facilement.
Des associations d’écoute existent mais souvent ne proposent que le lien téléphonique, la Croix Rouge propose une assistance plus complète, globale.
Les offres restent surtout sur le “technique”, maintenir la personne à domicile, mais bon sang et ce lien si vital, si humain, l’écoute, l’amitié semble secondaire dans l’offre.
La chance ! Sa ville propose des visiteurs hebdomadaires, mais ce sont des jeunes en service civique, dont ils changeront et ne permettrons pas un lien durable, tisser si ce n’est une amitié, une relation de confiance. Pas facile de confier ses angoisses à un jeune même si en soi l’expérience de l’échange peut être bénéfique entre générations. Comment parler à un jeune de la peur de perdre quelqu’un ?
Quelques associations catholiques proposent un lien plus durable par des visiteurs bénévoles et semblent être les seules à proposer un accompagnement capable de combler ce vide de la séparation qu’impose la maladie, l’hospitalisation de l’être aimé. Dans leurs communications, elles semblent être les seules capables de répondre à ces épreuves où la science semble muette.
Elle encore a un peu de chance, même a distance nous l’aidons comme nous pouvons.
À chaque fois 6 heures de route aller retour, un TGV nous mettrait à peine à une heure, mais il n’existe pas et n’est même pas planifié, pas de projets pour la Diagonale du Vide. Même entre deux villes de plus de 130 000 habitants séparées de 230 km.
Dans nos sociétés rendues si individualistes il n’y a rien pour répondre dans l’urgence à la détresse émotionnelle, affective si vous n’avez plus d’amis, plus de famille.
C’était une maison où nous avons passé tant de Joyeux Noëls, eux, nous, leurs 4 petites filles.
Ils ont survécu à leurs collègues et leurs amis et sont désormais seuls, eux nés pendant la guerre, dont la vie n’a été qu’accompagnement du progrès technique et du bien être matériel.
Mais voilà qu’au crépuscule s’est la misère de la pire espèce, non pas celle qui peut se combattre par la bataille de la production, mais la misère morale profonde des liens familiaux brisés par la stupidité ou l’éloignement des enfants.
Misère spirituelle dans cette illusion d’abondance toutes deux vivantes dans cette matrice capitaliste incapable de tisser des liens, d’accompagner.
Combien sont ils dans ces hôpitaux, EPHAD, sans visites ou seuls sans activités sociales ?
Productivité, budget, qui font que le facteur court, que l’infirmière et l’aide soignante court.
Plaisirs futiles, caprices, et héritages qui détruisent tant de familles où même les liens parentaux sont atteints, pourtant sans père ni mère tu ne serais pas là. Bon c’est vrai le facteur peut s’arrêter discuter un peu pour la modique somme de 22 euros par mois ouvrant droit à déduction d’impôt, le gars qui a pensé à ce service a eut une augmentation probablement.
Élus qui promettent depuis plus de trente ans des politiques du grand âge pour capter les voix des électeurs, promesses sans réalisations, pire dans la dégradation des soins, la rareté des lieux où un vieux couple puisse poursuivre sa vie en accompagnant le plus faible, pas de transports adaptés et accessibles, pas de prévention, ni d’information pour faire face aux situations de détresse, pas de procédure automatique de soutien au conjoint restant.
Quel est ce pays de haute technologie ? Capable d’accompagner des maladies terribles comme les cancers mais qui laisse de côté l’humanité du patient et des proches livrés au cercle familial quand il existe encore, aux amis quand ils ont encore la chance d’en avoir. Soins du corps déshumanisés.
Pays dont Fraternité est une de ses devises incapable d’apporter cette chaleur humaine autrement que par quelques rares associations catholiques.
Noël amer, soulagement de la voir retrouver un peu de vie, mais inquiétude de la savoir seule dans une maison qui lui deviendra fatalement inadaptée dans les prochaines années.
Bon sang ! Est-ce Normal de vieillir ainsi ? Ça ne devrait pas.