Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Chine : la démographie ne dit pas ce qu’on lui fait dire… qu’en est-il de la jeunesse ?

Han Feizi un “véteran” du secteur financier chinois, non sans humour, nous met en garde contre la manière dont les statistiques en général et celles concernant la jeunesse en particulier noircissent un tableau qui peut au contraire illustrer une évolution positive. L’augmentation des inscriptions à l’université et l’abondance de diplômés en STIM (sciences, technologie, engineering) en fait compense la baisse des taux de natalité et défie les prédictions démographiques apocalyptiques. Au titre des faits – non analysés ici – il faut également signaler un engouement des diplômés chinois pour la fonction publique. Il y a également un autre grand bouleversement qui lui aussi joue sur le retard dans la natalité c’est la formation massive des filles. L’excellence, les statistiques de l‘Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) placent Shanghai en première position mondiale en terme de qualité académique de ses élèves. Depuis 2009, Shanghai participe au programme PISA (Programme for International Student Assessment), qui évalue les compétences en lecture, mathématiques et sciences naturelles des élèves de 15 ans dans une soixantaine de pays. Les élèves sont évalués selon leur aptitude à résoudre des questions ou des situations pratiques, ainsi que sur leur capacité à mobiliser des compétences dans différents domaines. Les résultats sont édifiants : Shanghai arrive en tête de classement dans chacune des composantes du test. Dans le domaine des mathématiques en particulier, l’étude estime que les jeunes Shanghaïens auraient trois années scolaires d’avance sur leurs confrères éduqués dans d’autres pays. La France, quant à elle, n’arrive qu’en 25ème position en mathématiques, 26ème en sciences, et 21ème en lecture. Les scores du Royaume-Uni sont également médiocres : 26ème, 20ème et 23ème positions dans ces mêmes matières. Certes il est difficile de comparer les résultats de la capitale économique d’un pays à ceux de nations entières. Il n’en reste pas moins troublant que sur les six pays en tête du classement de l’épreuve de mathématiques, cinq sont des pays reliés culturellement à la « Grande Chine » : Hong Kong (#3), Macao (#6), Taiwan (#4), ou une cité-État peuplée à 75% de Chinois : Singapour (#2). La Chine ferait-elle école en matière d’éducation ? la pression est énorme et comme le dit l’article, le gouvernement chinois a pris des mesures au nom de la natalité pour la diminuer. Derrière ces chiffres il y a des mutations considérables dans les mentalités, la consultation de la télévision chinoise en français nous confronte à des documentaires qui apportent les aspects qualitatifs de ces mutations. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

Par HAN FEIZI 27 NOVEMBRE 2023

La tendance à l’obtention d’un diplôme universitaire en Chine est à la hausse. Crédit photo : Twitter

Ci-dessous, nous présentons les deux graphiques les plus déprimants sur la Chine. Il s’agit des deux séries de données les plus publiés par ceux qui sont les plus alarmistes sur la situation chinoise, à long terme et à court terme. Et effectivement ils sont détestables

Dans le premier graphique, nous voyons que les naissances en Chine ont été réduites de moitié depuis 2016. Bien qu’inférieur au taux de remplacement de 2,1, le taux de natalité de la Chine se situait à un niveau tolérable de 1,6 à 1,8 depuis des décennies. On peut toujours émettre des consolations ; il est plus élevé que celui du Japon (1,3), c’est sûrement ce que disent les démographes chinois les plus lénifiants concernant les résultats du socialisme.

Une telle confiance aurait dû s’évaporer au cours des cinq dernières années, alors que le taux de natalité a chuté à un niveau scandaleusement bas de 1,1 (toujours au-dessus de la Corée du Sud, a déclaré un démographe larbin).

Dans le deuxième graphique, le chômage des jeunes en Chine, une série de données introduite au début de 2018, n’a cessé de grimper en ce qui concerne l’adolescence à plus de 20 %. C’est devenu si embarrassant que la série a été « temporairement » suspendue en juillet parce que « l’économie et la société se développent et changent constamment. Le travail statistique a besoin d’une amélioration continue ». Cela s’est avéré encore plus embarrassant.

La démographie qui est le destin et l’avenir déprimant, mis à nu par les naissances annuelles, a sûrement provoqué des ruptures d’anévrismes à Pékin. Avec cette perspective sombre sur le long terme, il y a l’urgence du court terme. Il semble que le ralentissement pèse de plus en plus lourdement sur la jeunesse chinoise, le taux de chômage ayant atteint 21,3 % en juin, selon les dernières données disponibles. Selon ces deux graphiques, l’avenir et le présent de la Chine se fondent simultanément dans une spirale descendante.

Mais que se passe-t-il si ? Et si… Que se passe-t-il si on construit d’autres graphiques. Des graphiques qui abordent à la fois l’effondrement futur et présent mais en termes moins tendus. Des graphiques tout aussi révélateurs, mais qui présentent une histoire démographique différente, le court et le long terme liés mais peut-être, dans un destin tout à fait différent.

A été mis en regard de la baisse du taux de natalité, l’augmentation rapide des inscriptions à l’université en Chine. Au tournant du siècle, la Chine a produit un million de diplômés universitaires. Cela représentait 6 % de la cohorte d’âge, que nous calculons en divisant les diplômés par les naissances survenues 24 ans auparavant (l’âge moyen à l’obtention du diplôme universitaire est de 23,7 ans en Chine). Ce chiffre a considérablement augmenté pour atteindre 11,6 millions de diplômés pour la promotion 2023, soit 63 % de la cohorte d’âge.

Au cours de cette période, la part des diplômés de l’enseignement supérieur dans la population active est passée d’un faible pourcentage jusqu’à un chiffre à 25 %. Heureusement, les investissements ont été faits et, à moins d’un effondrement soudain du système éducatif, la main-d’œuvre en cols bleus de la Chine se transformera en cols blancs à mesure que les travailleurs migrants qui partent à la retraite seront remplacés par leurs enfants qui ont fait des études supérieures.

Les diplômés de l’enseignement supérieur devraient représenter plus de 70 % de la main-d’œuvre chinoise d’ici à 2050.

Il convient de noter que plus de 40 % des diplômés universitaires chinois sont des spécialisations en STIM (Officiellement, STIM est l’abréviation de sciences, technologies, ingénierie et mathématiques. Mais ne vous y méprenez pas – ces disciplines ne sont pas réservées qu’aux scientifiques. NDLT) … À titre de comparaison, ils sont 18 % aux États-Unis, 35 % en Allemagne et 26 % dans les pays de l’OCDE. Compte tenu de l’augmentation rapide du nombre de diplômés, ces filières en STIM ont permis à la Chine de passer d’un point de départ le plus bas à un classement en tête des indicateurs scientifiques et technologiques tels que l’indice de la nature, le top 1 % des articles cités, le top 10 % des articles cités et les brevets PCT de l’OMPI au cours des dernières années.

En termes réels, la main-d’œuvre techniquement compétente de la Chine lui a donné la production industrielle des États-Unis et de l’UE combinés. Des dizaines d’entreprises de véhicules électriques (VE) ont émergé de nulle part avec des cycles de production deux fois moins longs que les constructeurs automobiles établis.

La Chine a accaparé le marché des batteries, des panneaux solaires et des éoliennes. L’Administration spatiale nationale chinoise et l’industrie de la défense ont fait des bonds technologiques significatifs avec leurs légions d’ingénieurs au visage frais.

Cette tendance devrait se poursuivre encore 20 ans, date à laquelle la main-d’œuvre chinoise comptera plus de diplômés en STIM que le reste du monde réuni. Tout cela est plus ou moins gravé dans le marbre jusqu’en 2043. Les diplômés universitaires et les majors STEM dont la Chine a besoin à ce moment-là sont déjà nés.

Le problème, c’est ce qui vient après que la cohorte post-2017 ait obtenu son diplôme universitaire. En l’absence d’un rebond des bébés ou, horreur du contraire, d’un déclin continu, l’avenir de la Chine commence à s’essouffler assez rapidement.

Le gouvernement a mis en place diverses politiques visant à augmenter les taux de natalité, qu’il s’agisse de réduire les pressions scolaires en éliminant l’industrie du tutorat, de réduire les prix de l’immobilier en mettant sur les rotules la spéculation immobilière ou de promouvoir le temps passé en famille en restreignant les jeux vidéo.

D’autres politiques natalistes sont à venir. Nous réservons notre jugement sur leur efficacité : « Nous le croirons quand nous le verrons. »

Deux anomalies laissent fortement présager un rebond des taux de natalité dans les années à venir. L’effet du Covid sur les naissances de 2020 à 2023 devrait être assez évident. Nous nous attendons à un pic de naissances à partir de fin 2023 de la part de couples qui ont reporté leur conception pendant la crise du Covid.

Un membre du personnel médical habille un nouveau-né dans un service d’isolement en gynécologie et obstétrique pour les femmes enceintes infectées par le coronavirus Covid-19 à l’hôpital Xiehe de Wuhan, dans la province centrale du Hubei, le 7 mars 2020. Photo : Asia Times Files / AFP

Le facteur moins évident est l’augmentation du nombre de diplômés universitaires à partir de 2022. C’est le résultat d’investissements intensifs dans l’expansion des universités au milieu des années 2010. Ces nouvelles places universitaires ont commencé à accueillir des étudiants en 2018, accueillant 1,7 million de jeunes supplémentaires pour la promotion 2022 et 2,5 millions pour la promotion 2023.

Alors que nous attendons les statistiques sur l’obtention du diplôme pour 2024 et au-delà, nous pensons que les récentes expansions universitaires ont permis d’inscrire 3 millions d’étudiants supplémentaires par an depuis 2017, les retirant à la fois du marché du travail et de la formation de familles jusqu’à l’obtention de leur diplôme. Il se trouve que cela coïncide à la fois avec la baisse soudaine des naissances et l’augmentation du chômage des jeunes.

Nous pensons que la formation d’une famille pour les personnes ayant fait des études universitaires est retardée au-delà de 23,7 ans, l’âge moyen à l’obtention du diplôme. Les jeunes instruits remettent souvent à plus tard le fait d’avoir des enfants pour des études supérieures, pour établir une carrière professionnelle, pour entrer dans la vie active, pour voyager, pour être jeunes et branchés en ville, etc. Et certains prolongent leur adolescence si longtemps qu’ils ignorent complètement l’impératif biologique.

Tout cela se résume au fait qu’une partie de l’effondrement des naissances peut être attribuée au retard dans la formation des familles dû à l’augmentation des inscriptions à l’université. Bien que nous nous attendions à ce que de nombreuses naissances retardées apparaissent dans les années à venir, elles se produiront sans doute progressivement avec certaines naissances perdues à jamais à cause du syndrome de Peter Pan, des applications de rencontres, de l’obsession de la salle de sport, des modes de vie de patronne et d’autres maux de la modernité qui détruisent la civilisation.

Si nous devions deviner, nous dirions que le taux de natalité de la Chine devrait partiellement se redresser à environ 1,5 dans cinq ans. Toute nouvelle augmentation devra provenir de politiques natalistes efficaces que nous laisserons au destin et aux pouvoirs en place.

La récente augmentation des inscriptions à l’université a fait passer le nombre de diplômés de 35 % de la cohorte d’âge de 2017 à 63 % en 2023, soit une augmentation de 28 points de pourcentage. Nous pensons qu’une augmentation d’une telle ampleur en si peu de temps confond complètement les données sur le « chômage des jeunes », qui n’ont commencé à être publiées qu’en 2018.

Nous ne connaissons pas la méthodologie précise utilisée par le Bureau national des statistiques pour calculer le chômage éphémère des jeunes en Chine, mais il s’agit d’une tendance à la hausse continue de 10 % à plus de 20 %, superposée à des fluctuations saisonnières massives et complètement en contradiction avec le chômage global qui a rarement dépassé une fourchette étroite de 5 % à 6 % depuis 2018.

Comme les naissances, nous pensons que le chômage des jeunes a été bouleversé par l’augmentation des inscriptions à l’université. Depuis 2017, nous calculons que les jeunes aptes au travail (16 à 24 ans non scolarisés) ont chuté de 43 % – passant de 65 % de la cohorte d’âge à 37 % – en raison de l’augmentation des inscriptions à l’université. Nous pensons qu’une proportion – disons 5 % – de ces jeunes n’est ni employable ni éducable dans leur abandon juvénile.

Ce sont les fainéants, les imbéciles, les décrocheurs, les rêveurs, les accros aux jeux, les musiciens aux talents marginaux, etc. Ils ne sont pas scolarisés et contribuent au taux de chômage par leur attitude nonchalante à l’égard de la recherche et/ou du maintien d’un emploi.

Bien que ce numérateur de jeunes fainéants puisse rester en grande partie constant, le dénominateur des jeunes employables a été considérablement réduit en raison de l’inscription à l’université de leurs pairs plus consciencieux, ce qui a fait grimper le taux de chômage des jeunes. Nous calculons que cela pourrait représenter 6 points de pourcentage d’une augmentation d’environ 10 points de pourcentage du chômage des jeunes depuis 2018.

De plus en plus de jeunes Chinois préféreraient « rester à plat » (躺平) plutôt que de travailler. Crédit photo : Twitter

Bien que cela soit très suspect pour certains, nous ne doutons pas que « l’économie et la société se développent et changent constamment » et que « le travail statistique doit être amélioré en permanence » compte tenu de l’augmentation des inscriptions à l’université. D’après nos calculs, 60 % de l’augmentation du chômage des jeunes depuis 2018 est simplement un artefact de données résultant de cette augmentation.

Nous nous demandons si une grande partie du discours entourant le chômage des jeunes n’est pas une concoction médiatique basée sur un artefact de données. Les médias, tant nationaux qu’étrangers, sont remplis d’histoires d’étudiants diplômés sur un marché du travail sans espoir.

Bien que cela puisse être vrai pour certains, ou même pour beaucoup, cela ne devrait pas être l’un des principaux facteurs du chômage chez les jeunes, étant donné que l’âge limite de 24 ans pour les jeunes est légèrement plus élevé que l’âge moyen à l’obtention du diplôme, qui est de 23,7 ans.

Si les nouveaux diplômés sont effectivement au chômage à des taux très élevés, cela devrait peser davantage sur le chômage global que sur le chiffre des jeunes, ce qui ne semble pas être le cas.

De même, nous nous demandons dans quelle mesure la détérioration de la situation démographique de la Chine est en fait un artefact d’une histoire démographique beaucoup plus prometteuse. Une main-d’œuvre plus instruite a toujours été la clé pour compenser la baisse des taux de natalité.

Cependant, une augmentation soudaine des inscriptions à l’université peut avoir entraîné l’illusion statistique temporaire d’un effondrement des taux de natalité.

Han Feizi est un vétéran de l’industrie financière basé à Pékin.

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4 Commentaires

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Comme beaucoup, je pense, j’avoue avoir été marqué par les “prédictions” d’Emmanuel Todd sur l’effondrement de l’URSS, à partir des données démographiques. Celles-ci, si elles peuvent être prises en compte, n’expliquent pas tout sur les véritables raisons de cet effondrement. Sur ce blog “Histoire et Société”, nous avons souvent débattu de la trahison d’une certaine élite soviétique. Elle traduit à mon sens beaucoup plus la vérité que la démographie. Ce qui ne veut pas dire qu’Emmanuel Todd avait tort.
    La baisse de la natalité en Chine, alors que ce pays est en plein essor, peut aussi nous inquiéter. Cet article, sans effacer complètement les craintes, rassure. La participation en augmentation, aux études universitaires, contrebalancent le déficit démographique. Il n’y a pas si loin, les travailleurs chinois étaient utilisés par les industriels occidentaux comme “petite main” à des travaux de montage. Nous n’en sommes plus là. La Chine leur répond: nous n’en sommes plus là. Nous aussi nous avons les cerveaux, nous avons aussi les nouvelles technologies. C’est un saut qualitatif énorme.

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    • poggiale avidor berthe
      poggiale avidor berthe

      Répondre à Michel Beyer

      “prédictions” d’Emmanuel Todd sur l’effondrement de l’URSS, à partir des données démographiques.

      Cher Camarade et ami il ne faut pas perdre de vu qu’avec le retour de la peste capitaliste en Russie, après 74 années d’économie socialiste au service des populations, que, dès 1994, la natalité avait chuté de 16,3 à 9,6 pour mille et la mortalité avait grimpé de 11,3 à 15,6

      Ce renversement démographique rarement observé dans l’Histoire , ( un génocide de plus pour le Capital ) est normal, car lorsqu’un pays passe des soins gratuits pour tous, aux cliniques privées cinq étoiles pour oligarques a $1000 de l’heure, ça décime dur chez les prolos…

      Bien évidemment ce renversement démographique, n’explique pas du tout les véritables raisons de l’effondrement de l’URSS bolchévik.

      Il s’avère qu’une analyse rigoureuse et chronologique des faits de L’Histoire de l’URSS démontre que «  La restauration du capitalisme en URSS » a commencé dès 1953 après la mort de Staline et la prise du pouvoir par le renégat khrouchtchév et ses complices mafieux. Ce fut une véritable contre révolution politique qui ouvrit la période de transition du socialisme au capitalisme qui s’acheva, avec Gorbatechev de 1985 à 1991, par le retour à la forme « classique » du capitalisme avec la fin de l’URSS, retour du capitalisme qui a plongé les millions de Soviétiques dans une misère noire.

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Mais qui va cueillir les légumes ?

    L’augmentation du nombre de diplômés semble être une constante mondiale.
    Dans nos pays de l’UE cette explosion est déjà une réalité et même les formations dites non supérieures, la formation professionnelle a changé de qualité pour suivre les évolutions technologiques en particulier l’intrusion de l’informatique dans tous les domaines professionnels y compris chez la vendeuse en boulangerie.

    Si on peut saluer l’augmentation du nombre de diplômés que ce soit dans les STIM ou d’autres domaines, chez nous cette explosion s’accompagne d’un sous emplois de ces compétences acquises.

    Dans mon domaine professionnel, déjà dans les années 1990, 2000 le niveau minimum d’entrée était le BAC+2, les DUT étaient bien cotés, puis rapidement remplacés par des licences informatiques et des écoles d’ingénieur (bas de gamme) qui cohabitaient avec les promotions des étudiants qui eux avaient une promotion quasi garantie sortant des écoles classiques X, Centrale, les Mines ou l’INSA. Pour le reste leur avenir était d’exécuter des tâches de programmation identiques à celles des premiers échelons.

    La course au diplôme pour faire la même chose et parfois moins bien permettait aussi d’argumenter commercialement: l’entreprise vendant ses milliers d’ingénieurs dont certains que je formais en interne aux technologies IBM grand système, titulaire d’un simple BAC D je formais ces ingénieurs et leur servait de support technique pendants les premières années.

    Certains étaient brillants mais une grande majorité vivaient leur métier comme un gagne pain et ne faisait preuve d’aucune créativité dans la résolution de problèmes. Sans passion pour leur métier ils bénéficiaient cependant des conventions collectives leur garantissant un salaire minimum en fonction de la qualification.

    L’entreprise vendait ses recrues diplômées plus cher.

    Lors de mon stage de reconversion vers les nouvelles technologies en 2010 j’ai côtoyé en stage en entreprise (avec 20 ans d’expérience professionnelle) un jeune étudiant en licence informatique qui me disait avoir 16 de moyenne en L3 et qui en fin de stage a laissé l’entreprise sans fichier client. Application non testée, requêtes SQL pourries, ce qui pourtant est le B.A. BA de l’informaticien. Pas grave il a certainement eût son diplôme est doit sévir dans quelques entreprise.

    Ces diplômés se retrouvent parfois chefs de projets il y en a d’excellents comme ces jeunes ingénieurs qui m’ont encadré issus de l’INSA ou des Mines et d’autres aux mêmes postes, lamentables, pourtant diplômes en poche, incapables d’innover ou même de comprendre les technologies en cours et parfois même de vrais dangers comme ceux qui voulaient a tout prix déployer une application non testée pour l’approvisionnement d’usines.

    Cette créativité manquante manquait également chez la plupart de ceux aux échelons du bas.

    Mais une constante était en marche le remplacement systématique des développeurs expérimentés par des jeunes diplômés.

    Trouvez vous que les systèmes informatiques d’aujourd’hui sont plus fiables ?

    Pas sûr alors même que le développement informatique aujourd’hui demande moins de compétences qu’aux premières heures où les outils d’aide au développement étaient quasiment inexistants.

    Mais nous avions appris à faire simple et efficace, à profiter de l’expérience des plus anciens et surtout nous avions le temps de tester, la qualité étant exigée par nos clients qui eux aussi avaient des compétences informatiques parfois très poussées.

    Le diplôme semble, en tout cas chez nous, primer sur la formation continue, l’expérience et la passion, ou du moins l’intérêt pour le métier. Une fois le diplôme en poche l’effort est terminé.

    En France il n’est pas rare d’occuper des postes “sous qualifiés” par rapport au diplôme, en particulier dans la fonction publique territoriale.

    Selon l’OIT 20% des travailleurs on un niveau d’étude supérieur à celui requis par leur emploi.

    Selon le CEREQ le nombre de BAC+3 a augmenté de de 16% entre 1994 et 2016 contre 7% pour les emplois correspondants à cette qualification.

    Le diplôme ne crée par l’emploi.

    Si l’on peut se réjouir de l’augmentation générale et mondiale du niveau d’éducation il me semble absurde au regard de l’évolution de la productivité d’imaginer un emploi correspondant à chaque diplômé ni même la disparition des métiers demandant moins d’études académiques.

    N’oublions pas la mise en lumière de la pandémie sur les métiers essentiels et pourtant ne nécessitant pas de grands diplômes.

    Rien n’interdit d’être cultivé et livreur ou aide soignante; métiers tout aussi nobles que celui de chercheur.

    Nos enfants ne deviendront pas tous des ingénieurs de génie révolutionnant le monde, c’est un travail collectif, du cueilleur de légumes aux grands découvreurs.

    Peut être qu’un des défis pour l’humanité sera de concevoir le développement intellectuel aussi en dehors du simple point de vue de la production.

    Je suis convaincu que la plupart des ouvriers communistes ont souhaité de brillantes études pour leurs enfants et étrangement qu’ils quittent leur condition d’ouvrier reniant finalement chez leurs enfants ce qu’ils étaient eux même et pourtant tirant leur fierté de leur condition d’ouvrier, de bâtisseurs.

    Méthode coué pour jeune chômeur diplômés en surnombre.

    https://www.apec.fr/candidat/etre-accompagne-dans-votre-recherche-demploi/1er-emploi/fiches-avis/jeunes-diplomes–devez-vous-accepter-un-emploi-sous-qualifie.html

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    • Etoilerouge
      Etoilerouge

      Là aussi une planification est nécessaire semble t il mais impossible sans commencer par le commencement : la révolution pour le socialisme

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