30 OCTOBRE 2023
Partout ce qui se passe à Gaza soulève la colère y compris aux Etats-Unis. L’affirmation du droit d’Israël à se défendre est la goutte d’eau qui fait déborder le vase tant cette affirmation si on l’isole du contexte réel y compris de ce qui s’est passé le 7 octobre, le rôle réel du gouvernement Netanayoun et des Etats-Unis est interrogé : jusqu’où savaient-ils ? Des faits commencent à apparaître des mises en accusation… Personne de sensé n’approuve ce qui s’est passé le 7 octobre même pas les amis du peuple palestinien, et il y a un monde entre l’approbation du raid contre les civils israéliens et la nécessité de savoir pourquoi, de dénoncer la réponse contre des populations civiles, d’y voir une logique à l’œuvre et qui est intolérable comme un miroir qui se répète à l’infini. Il y a quelque chose de totalement stupéfiant dans cette réprobation universelle et le massacre qui se poursuit tandis que cet ambassadeur à l’ONU se croit autorisé à se parer de l’étoile jaune comme si tous les morts des camps de concentration étaient enrôlés malgré eux dans ce déni d’humanité et dans ce qu’il adviendra. J’irai cracher sur vos tombes vous à qui on en a refusé une dans ces jours de fête des morts, comment l’histoire a-t-elle des allures d’Halloween alors que pour arrêter il faut savoir sans que l’on nous manipule avec des symboles qui prostituent l’émotion … (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
PAR RALPH NADERFacebook (en anglais seulementGazouillerSur RedditMessagerie électronique
Image par Ehimetalor Akhere Unuabona.
Les médias de masse doivent approfondir le conflit entre Israël et Gaza
Au milieu d’une vaste couverture de la guerre à Gaza, il y a des questions que les médias de masse américains devraient aborder :
1. Comment le Hamas, avec la minuscule bande de Gaza entourée d’un blocus israélien de 17 ans, soumis à une surveillance électronique sans précédent, avec des espions et des informateurs, et renforcé par une présence militaire aérienne, maritime et terrestre écrasante, a-t-il réussi à obtenir ces armes et la technologie associée pour son raid surprise du 7 octobre ?
2. Quel est le lien entre l’échec stupéfiant du gouvernement israélien à protéger son peuple à la frontière et la politique de P.M. Netanyahou ? Rappelez-vous l’article du New York Times (22 octobre 2023) de l’éminent journaliste Roger Cohen : « Tous les moyens étaient bons pour défaire la notion d’État palestinien. En 2019, M. Netanyahu a déclaré lors d’une réunion de son parti de centre-droit, le Likoud : “Ceux qui veulent contrecarrer la possibilité d’un État palestinien devraient soutenir le renforcement du Hamas et le transfert d’argent au Hamas. Cela fait partie de notre stratégie”. (Note : Israël et les États-Unis ont favorisé la montée du Hamas islamique en 1987 pour contrer l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) laïque).
3. Pourquoi le Congrès s’apprête-t-il à allouer plus de 14 milliards de dollars à Israël sous forme d’aide militaire et autre sans aucune audience publique et sans qu’Israël n’ait démontré son besoin budgétaire, une superpuissance économique, technologique et militaire prospère dotée d’un filet de sécurité sociale supérieur à celui des États-Unis ? L’USDA vient d’annoncer que plus de 44 millions d’Américains luttent contre la faim en 2022. Et ce, en pleine crise des services de garde. Devrait-on s’attendre à ce que les contribuables américains paient pour l’effondrement colossal des services de renseignement et de l’armée de Netanyahou ?
4. Pourquoi les médias n’ont-ils pas rapporté la déclaration du président Biden selon laquelle le nombre de morts au ministère de la Santé de Gaza (maintenant plus de 7 000 morts) est exagéré ? Tout indique cependant qu’il s’agit d’un sous-dénombrement important de la part du Hamas pour minimiser son incapacité à protéger son peuple. Israël a tiré plus de 8 000 puissantes munitions de précision et bombes jusqu’à présent. Celles-ci ont frappé des milliers de bâtiments habités – des maisons, des immeubles d’appartements, plus de 120 établissements de santé, des ambulances, des marchés bondés, des réfugiés en fuite, des écoles, des systèmes d’eau et d’égouts et des réseaux électriques – mettant en œuvre les ordres militaires israéliens de couper toute nourriture, eau, carburant, médicaments et électricité dans cette zone déjà pauvre et densément peuplée de la taille de Philadelphie. Pour ceux qui ne sont pas directement tués, les dommages mortels causés par l’absence de nourriture, d’eau, de médicaments, d’installations médicales et de carburant entraîneront encore plus de morts et de blessés graves.
Il est à noter que plus des trois quarts de la population de Gaza sont des enfants et des femmes. Bientôt, des milliers de bébés naîtront pour mourir dans les décombres. D’autres Palestiniens mourront de maladies non traitées, de blessures, de déshydratation et d’eau contaminée. Avec des installations sanitaires en ruine, les médecins craignent une épidémie mortelle de choléra.
Israël a bombardé le point de passage de Rafah, à la frontière entre Gaza et l’Égypte. Israël n’y autorise plus qu’un petit nombre de camions à transporter de la nourriture et de l’eau. Le carburant pour les générateurs des hôpitaux reste toujours bloqué.
5. Pourquoi Biden ne peut-il même pas persuader Israël de laisser 600 Américains désespérés sortir de la tempête de feu de Gaza ?
6. Pourquoi les médias de masse ne font-ils pas un problème plus important des pratiques de longue date d’Israël consistant à empêcher les journalistes d’entrer à Gaza, y compris les journalistes européens, américains et israéliens ? Les seules équipes de télévision restantes sont des reporters d’Al Jazeera résidant à Gaza. Les bombes israéliennes ont déjà tué 26 journalistes dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Israël cible-t-il les familles des journalistes ? La famille du chef du bureau d’Al Jazeera à Gaza, Wael Al-Dahdouh, a été tuée dans une frappe aérienne israélienne mercredi.
7. Pourquoi les grands médias américains n’accordent-ils pas suffisamment d’espace et de voix aux groupes qui prônent un cessez-le-feu et une aide humanitaire ? Le message des solutions pacifiques des groupes pacifistes israéliens est noyé par l’addiction des médias aux interviews de tacticiens militaires. Beaucoup de temps et d’espace sont accordés aux faucons qui poussent à une guerre qui pourrait éclater à l’extérieur de Gaza. Des groupes tels que Jewish Voice for Peace, l’Institut arabo-américain, Veterans for Peace et des associations de membres du clergé ne devraient-ils pas voir leurs points de vue et leurs activités rapportés ?
8. Pourquoi la couverture médiatique de la guerre néglige-t-elle les Conventions de Genève, la Charte des Nations Unies et les nombreuses dispositions du droit international que toutes les parties, y compris les États-Unis, ont violées ? (Voir la lettre du 24 octobre 2023 au président Biden). En vertu du droit international, Biden a fait des États-Unis un « cobelligérant » actif de la démolition vocale par le gouvernement israélien des 2,3 millions d’habitants de Gaza, qui sont pour la plupart des descendants de réfugiés palestiniens chassés de leurs foyers en 1948. (Voir Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide).
9. Qu’en est-il des histoires d’intérêt humain qui seraient révélatrices ? Par exemple : Que pensent les pilotes de F-16 israéliens de leurs bombardements quotidiens de la population civile de Gaza complètement sans défense et de ses infrastructures vitales ? Que pensent et font les courageux défenseurs israéliens des droits de l’homme et des refuseniks dans un climat de grave répression de leurs opinions à la suite de l’effondrement de la défense de Netanyahou le 7 octobre ?
10. Où est l’attention des médias sur les déclarations des commentateurs militaires israéliens, qui, pendant des années, ont déclaré qu’Israël, soutenu par les États-Unis et doté de l’arme nucléaire, était plus sûr qu’à tout autre moment de son histoire ? Israël réaffirme sa domination militaire écrasante sur l’ensemble de la région, pleinement soutenue par le militarisme américain.
Les historiens nous rappellent que dans un conflit qui s’enlise dans le temps, il est de la responsabilité de la partie la plus puissante de montrer la voie à la paix.
La mise en place d’une solution à deux États a été soutenue par les Palestiniens. Tous les pays arabes, à commencer par la proposition de paix de la Ligue arabe en 2002, soutiennent également cette solution. C’est à Israël et aux États-Unis de décider, en supposant que l’annexion de ce qui reste de la Palestine n’est pas l’objectif d’Israël. (Voir l’article du New York Times du 29 mars 2002 : Mideast Turmoil ; Texte des propositions de paix soutenues par la Ligue arabe).
Il est plus que nécessaire d’accorder plus d’attention aux médias sur ce sujet.
Ralph Nader est un défenseur des consommateurs, un avocat et l’auteur de Only the Super-Rich Can Save Us !
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