Si on prétend faire du film de Dupontel LE film critique de la vie politique française autour d’une présidentialisation dont la France pourtant attachée aux grands hommes, ne sait plus comment se débarrasser depuis qu’elle s’est payé le trio fatal Sarkozy, Hollande, et Macron… c’est presque ça… Un brouhaha sans queue ni tête … Un candidat qui tel le phénix renait tout le temps de ses cendres, toujours tel qu’en lui-même le “système” le change…
Voir le candidat qui au nom du capitalisme libéral affronte l’extrême-droite qui ne sait parler que d’insécurité et d’immigration, subir tous les attentats possibles et imaginables alors que la campagne est de plus en plus soporifique et l’abstention au rendez-vous est incontestablement d’actualité.
Mais si l’on espère approfondir grâce à ce film ce qui en fait la chose des marchés financiers et des ennemis du genre humain, des abeilles et de la survie de la planète, c’est pas faux mais bâclé…
Le plus juste face à ce film est d’y retrouver les plaisirs du roman feuilleton du XIXe siècle avec ses développement improbables, ce que l’on définissait comme le rocambolesque agrémenté du high tech pour aboutir à l’anarchisme d’un Mocky. Pour nous dire qu’il ne croit plus à la politique et qu’il faut s’occuper de la planète alors que cette bande d’abrutis en est bien incapable et que s’il y en avait un seul de capable il serait exécuté, Dupontel choisit de copier les prouesses techniques du film Oppenheimer, forcer les gens à s’y intéresser (à l’extinction du gente humain) en utilisant un récit délirant à grand renfort d’effets de caméra et de lumière contrastée, en rester non pas à la littérature de gare mais à celle d’aéroport avec une grammaire d’autant plus déjantée qu’elle dit des banalités.
Tous les clichés y passent mais je retrouve avec plaisir ceux de ma génération, une culture disparue avec le goût des classiques, ceux qui ont célébré le crime de Médée… Michart et Lagarde, avec les pages illustrées du dictionnaire, le tout passé au filtre des révolutions et du jacobinisme… Ce bon élève comme moi, qui fait de gros clins d”oeil aux amateurs du stade, Mocky toujours, est prêt à tout pour le simple bonheur d’achever comme à Guignol l’abruti qui sévit sur LCI, imaginer une journaliste honnête qui y survivrait…
En fait, Dupontel est français, il en a l’imaginaire, la profondeur historique supposée mais l’étroitesse du moment… Il ne voit d’issue que dans un retour à la IIIe République, les grands commis de l’Etat, les gloires de l’Institut Pasteur et l’esprit de Jaurès rappelés par la patrie reconnaissante et l’hommage devant les stèles.
Excusez mon raccourci mais ce cinéma-là n’est pas coupable, il me parait en parfait harmonie avec le niveau général du politique : celui qui ose produire le rapport du parlement européen que nous publions par ailleurs sur l’avenir de la Russie. Celui que très légitimement Philippe le Belge résume de la manière suivante: Donc, après avoir gagné une guerre qu’ils ne peuvent pas gagner, ils veulent établir la “démocratie” ( avec Navalny comme président, j’imagine) avec ceux qui représentent 2 à 3% de la population, Russie Unie et le KPRF, au minimum, étant d’office exclus, voire interdits ! Ces gens regardent trop de séries dystopiques…
Le film de Dupontel qui est fasciné par la performance cinématographique d’Oppenheimer est englué dans un cocktail de Jaurès, d’anarchisme à la Mocky et du consensus hollywoodien… pas tout le monde est capable de se dépasser comme Renoir avec la règle du jeu… quand pour dire l’étrange défaite de 1939, Renoir qui par certain côtés demeurait tout aussi réactionnaire, savait donner à ce film l’aspect d’un vaste brouhaha, où personne ne s’entendait et, surtout, personne ne s’écoutait et nous menant vers le fascisme et la guerre.
Danielle Bleitrach
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