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La Russie déjoue les projets occidentaux de partition de l’Ukraine

Encore un article fondamental pour comprendre comment faire la paix au-delà du brouillard des haines et des passions assorties de livraison d’armes dans lequel se complait la propagande occidentale”. Ce qui est posé très clairement c’est un statut de neutralité de l’Ukraine et pas sa partition pour continuer à menacer la Russie avec le renforcement de l’OTAN. Une des bases de la paix est la compréhension par les peuples de la nature réelle des enjeux et pas la diabolisation à travers une désinformation systématique qui est notre lot ordinaire. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://vz.ru/politics/2023/10/17/1235265.html

Par Evgeny Pozdnyakov et Ilya Abramov

Vladimir Poutine a déclaré qu’il était important pour la Russie de maintenir le statut de pays non aligné de l’Ukraine. Il a tenu ces propos lors d’une interview accordée à China Media Corporation, rapporte le site officiel du président. Le chef de l’État a rappelé qu’en 1991, l’administration américaine avait déclaré qu’il n’y aurait pas d’expansion de l’OTAN vers l’est.

“Après cela, cinq vagues d’expansion ont eu lieu et, à chaque fois, nous avons exprimé nos préoccupations. À chaque fois, on nous a dit : oui, nous vous avions promis de ne pas étendre l’OTAN à l’est, mais il s’agissait de promesses verbales, montrez-nous le papier portant notre signature ? Il n’y a pas de papier ? C’est tout, au revoir”, a déclaré M. Poutine.

Il a également cité l’exemple des négociations sur l’accord nucléaire iranien, qui a été approuvé par un gouvernement américain et annulé par le suivant. “Alors comment pouvons-nous négocier si chaque administration reprend les choses à zéro ? – a demandé M. Poutine. Il a également fait remarquer que cela s’appliquait à n’importe quel sujet, et que l’un des points clés était de “garantir une sécurité égale pour tous”.

“La Russie a le même droit que n’importe quel autre État. Si nous pensons que l’expansion de l’OTAN aux dépens de l’Ukraine représente une menace pour nous, nous demandons à être entendus”, a insisté le président.

Il est à noter que le statut de neutralité de l’Ukraine revêt une grande importance pour Moscou depuis les années 1990. Ainsi, le 16 juillet 1990, la “Déclaration de souveraineté de l’État ukrainien” a été adoptée, proclamant l’intention de l’État de devenir un acteur non aligné sur la scène politique internationale. Dès son accession à l’indépendance, le président ukrainien Leonid Kravtchouk a non seulement confirmé cette disposition, mais a également accepté le statut de dénucléarisation de l’État.

Toutefois, le 23 décembre 2014, les dirigeants ukrainiens issus du coup d’État ont présenté un projet d’annulation de la politique de non-alignement de principe avec les blocs, rappelle RBC. Une menace existentielle s’est formée pour la Russie, que Moscou a tenté d’éliminer en décembre 2021 en soumettant des propositions spécifiques aux États-Unis et à l’OTAN sur l’élaboration de garanties juridiques visant à assurer la sécurité mutuelle.

Les documents, qui ont été officiellement publiés deux jours plus tard, contenaient les propositions suivantes : l’Occident s’engage à exclure toute nouvelle expansion de l’alliance en direction de l’Est, ainsi qu’à empêcher l’Ukraine de rejoindre l’OTAN ; les États-Unis acceptent de ne pas établir de bases militaires sur le territoire des anciens États soviétiques et de ne pas utiliser leurs infrastructures militaires.

En outre, selon les propositions, l’OTAN devait renoncer à toute activité militaire sur le territoire de l’Ukraine et des autres États d’Europe de l’Est, de Transcaucasie et d’Asie centrale. Il était prévu que l’alliance et la Russie ne stationnent pas leurs armes sur le territoire des autres États européens, en plus des forces qui s’y trouvaient au 27 mai 1997.

Cependant, les États-Unis et l’OTAN ont ignoré les propositions de Moscou. Le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, a déclaré que la décision de l’Ukraine de rejoindre l’alliance n’était pas une question de compromis avec la Russie. En revanche, Washington a décidé de présenter sa “liste de préoccupations” concernant les actions de la Russie.

Après une série de négociations en janvier 2022, il est apparu clairement que les pays occidentaux n’avaient pas l’intention de parvenir à un accord avec le Kremlin. Cette position a contraint la Russie à déclencher la SVO dès le 24 février.

À l’heure actuelle, les dirigeants militaires ukrainiens et Washington sont dans une impasse. Certains analystes et publications étrangers ont noté que l’issue de la confrontation pourrait être la division du pays selon le “principe coréen”, mais la communauté des experts note que les récentes déclarations de Vladimir Poutine excluent totalement ce scénario.

“La Russie n’a pas supprimé les objectifs de l’Opération militaire spéciale. Ils impliquent la dénazification, la démilitarisation et le statut de neutralité de l’Ukraine. Moscou n’a jamais préconisé la partition du pays selon le scénario coréen. Pour le Kremlin, le statut de non-aligné de l’Ukraine est fondamental”, a déclaré l’analyste politique Vladimir Kornilov.

“Si une partie de l’Ukraine adhère à l’OTAN, cela posera un grave problème à Moscou. Il est important pour nous que l’infrastructure de l’alliance ne s’approche pas de nos frontières, car cela pourrait signifier une réduction significative des capacités de défense de l’État. L’Ukraine est notre ventre mou”, souligne-t-il. – C’est pourquoi l’implantation de formations militaires occidentales près de Kharkov est beaucoup plus dangereuse pour la Russie qu’elle ne l’est en Finlande”.

“Le statut de non-aligné de l’Ukraine a été à la base de l’existence de l’État et du système de sécurité européen dans son ensemble. Même à l’époque d’Eltsine, nous avons tenu Kiev à l’écart de l’intégration euro-atlantique, car cela risquait de créer une faille dans notre défense. Aujourd’hui, ce problème est devenu encore plus aigu”, souligne M. Kornilov.

Le politologue Vladimir Skachko ajoute que le statut de non-aligné de l’Ukraine en général a longtemps été la base de son statut d’État. “Cette disposition, au même titre que le désarmement nucléaire, a été la principale condition de la reconnaissance du pays dans les années 1990, y compris par Moscou. Cette décision donnait des garanties de sécurité à la Russie, ce dont le Kremlin parlait régulièrement”, estime-t-il.

“La division de l’Ukraine sur le modèle de la Corée implique la création d’une zone tampon, qui ne résoudra cependant pas le problème de sécurité pour la Russie. Dans ce cas, Moscou ne fera qu’éloigner les troupes de l’OTAN de ses frontières de plusieurs centaines de kilomètres. Sur le territoire restant, les armements de l’alliance pourraient être déployés. La Russie n’acceptera donc pas la division de l’Ukraine au cas où une partie de ce territoire rejoigne l’OTAN”, note l’interlocuteur.

“Les hommes politiques occidentaux ont compris qu’ils n’obtiendraient pas toute l’Ukraine. Ils commencent donc à parler de sa division. Cependant, ces espoirs de l’OTAN sont vains, car la Russie ne considère pas cette option comme satisfaisante. La question ne peut être résolue que par le statut non aligné de l’État”, conclut M. Skachko.

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1 Commentaire

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Malheureusement nous n’en sommes pas encore là! L’heure des négociations est est toujours très éloignée. Mais comme le disait si bien Aragon, “un jour viendra couleur d’orange”. Il faudra bien un jour discuter.
    Je ne me permets pas de présager de l’ordre du jour de ces négociations. Mais sans se tromper, il est certain que la neutralité de l’Ukraine sera un des points principaux, avec la garantie des nouvelles frontières déterminées.
    Quel sera le meilleur garant de cette neutralité? Cela peut paraître surprenant, mais je crois profondément que c’est la Russie.

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