Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dans le monde, d’autres approches y compris du marxisme se développent …

Voici un texte hongrois, nous le publions ici pour que les Français mesurent à quel point le mouvement auquel nous assistons a une ampleur inédite, voici ce que dit en gros l’auteur de cet article, dont nous avons fait une traduction grâce à deepl. Elle a été facilitée par notre propre intérêt pour les travaux de Marx et Engels dont il est question ici, nous avons à plusieurs reprises noté l’intérêt de Marx et Engels non seulement pour le monde asiatique et la Russie mais dans un cadre plus théorique qui est celui du texte fondamental d’Engels : L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat. Dans ce travail inspiré des écrits de l’anthropologue Morgan, Marx à l’article de la mort a demandé à Engels d’écrire leur réflexions communes sur le sujet. Il ne s’agit pas seulement des origines de l’humanité mais également de comprendre en quoi les formes actuelles de communauté peuvent-elles offrir des voies propres au communisme. C’est par rapport à cette préoccupation que cet auteur hongrois voit un nouveau chemin eurasiatique.

« Le bolchevisme n’a jamais réussi à se débarrasser complètement du « trotskisme stratégique » qui regarde vers l’Occident et n’est pas arrivé à s’en détourner, ce handicap vers la fin de la guerre froide, a été complètement inversé en autoconditionnement et en assimilation à l’Occcident, pour y découvrir le sens de l’existence de la Russie. Ce qui a conduit à l’absorption complète? cela n’a pu avoir lieu que parce que le régime soviétique a essayé d’enterrer et de nier ce qui en lui relevait de ses racines et de la perspective des Asiatiques au lieu de le reconnaitre dans une identité complète.”  Tout l’article fait référence à l’idée que ce faisant le pouvoir soviétique a nié l’apport même de Marx qui lui en particulier dans la dernière partie de sa vie était passionné par le mode de production asiatique comme un développement depuis la communauté primitive sans développement de la propriété privée et des classes sociales. Oui mais l’article semble plus intéressé par le pouvoir despotique du mode de production asiatique, même avec ses “élites” au mérite que par la communauté primitive et la société sans classe, mais c’est le tout qui intéressait Marx. (1)

Depuis les années 1930, l’idéologie officielle de l’État soviétique a considéré avec méfiance les théories décrivant le mode de production asiatique. Ils craignaient que cela puisse fonder la critique théorique marxiste du système social soviétique en laissant entendre que l’exploitation était possible sur la base de la propriété de l’État. L’adoption officielle de cette analyse aurait pu fournir une base idéologique suffisante pour affronter la classe sociale des bureaucrates qui opéraient dans l’administration de l’État soviétique, en faisant référence au combat des classes qui devait être mené contre eux.

L’idéologie officielle soviétique donc, au lieu de mettre l’accent sur l’essence du mode de production asiatique fondamentalement différente du capitalisme, les parallèles qui auraient pu être politiquement exploités et historiquement nécessaires pour développer sur ses bases propres le système soviétique, l’effort a été fait à tout prix pour éviter de comparer le socialisme soviétique avec le mode de production asiatique.

L’idéologie soviétique, au lieu de s’intéresser au mode de production asiatique pour mieux comprendre les contradictions de l’économie du plan socialiste enfermée dans l’espace eurasien, a limité la connaissance de la théorie de Marx, ce qui est autrement pertinent dans l’œuvre au cours de la vie – interdisant essentiellement son étude.

Finalement, ces barrières et ces limites ont finalement enchaîné l’idéologie soviétique, empêchant son développement, entraînant une gérontocratie incompétente, corrompue et fermée sur le plan théorique.

Par conséquent, dans le cadre théorique du développement l’Union soviétique n’a cessé de se contempler dans le miroir des constats spécifiquement liés aux caractéristiques de l’Europe occidentale, et elle s’est mesurée à l’aune du développement de l’Europe de l’Ouest. L’idéologie soviétique (à l’exception de la courte période expérimentale caractérisant le début de la guerre froide) s’est essentiellement subordonnée et enchaînée au destin de l’Occident et dans l’image de son avenir, elle a tenté de découvrir le but de sa propre mission historique.

Ce qui n’était pas européen mais proche du mode asiatique (chinois, coréen, puis arabe, africain, etc. ) émergeant après la révolution russe. À l’ère du socialisme, ils ont reconnu la nécessité d’intégrer et de mettre en évidence les caractéristiques dictées par leurs propres définitions historiques et géographiques. L’idéologie soviétique a cependant toujours maintenu (et revendiqué) la catégorie « le vrai socialisme » ancrée dans le concept occidental de l’universalisme. Le bolchevisme n’a jamais réussi à se débarrasser complètement du “trotskisme méthodologique” qui se tourne vers l’Occident et qui s’en revendique le produit, cette tendance, à la fin de la guerre froide, étant allée jusqu’au bout, il fallait céder et s’assimiler à l’Occident, pour découvrir le sens de l’existence de la Russie.

Ce qui a conduit à sa disparition complète, c’est que le régime soviétique a essayé d’enterrer et de nier la responsabilité et la mission des Asiatiques au lieu de l’accepter comme une dimension essentielle.

Aujourd’hui l’élite russe, les Siloviki (2), semble non seulement écouter plus attentivement le sens du temps historique, mais aussi avoir appris sa leçon. A présent, elle assume ouvertement la mission eurasienne, qui est la dernière composante essentielle pour que la Russie puisse synthétiser chaque chapitre de son passé actuellement et prévoir l’avenir de son destin.

Globális Kihívások

(1) Il est vrai qu’il s’agisse de l’Afrique, de l’Asie mais aussi des grands empires amérindiens, partout on retrouve ce pouvoir despotique qui organise le lien entre des communautés. La classe capitaliste telle que nous la connaissons en occident a souvent été considérée comme peu heuristique pour comprendre les pays non européens, ou les Etats-Unis devenus un prolongement de l’Europe. C’est dans la correspondance de Marx et d’Engels que l’on trouve le plus de référence à la spécificité “asiatique”, et à ce mode de production mais on le trouve aussi dans des articles qu’ils consacrent à l’Inde, à la Chine. Plus encore d’ailleurs la Chine que l’Inde et également la Russie. Marx et Engels se sont beaucoup occupés des développements économiques et sociaux dans la Russie des tsars, ils ont même beaucoup écrit à ce sujet. Leur correspondance avec des révolutionnaires russes publiée (en russe) en Union soviétique constitue un volume de près de 300 pages. Vers la fin de sa vie, Karl Marx s’est particulièrement intéressé aux perspectives socialistes dans la Russie tsariste, économiquement arriérée. L’intérêt de Marx pour ces questions était si grand qu’il se mit à apprendre le russe à l’âge de 50 ans. Ses idées avaient stimulé bien des révolutionnaires russes de son époque et c’est par eux qu’a été assurée la première traduction et la première publication en 1872, en une autre langue que l’allemand, d’une édition du Capital. Ils demandèrent à Marx d’être leur représentant dans la Première Internationale. Une scission se produisit chez eux en 1879 et un groupe animé par Plekhanov s’en sépara, qui, dans les 3 à 4 années suivantes, s’affirma marxiste et défendit l’idée que la Russie passerait nécessairement par une phase de développement capitaliste, contrairement à l’idée populiste que la Russie pourrait passer au socialisme sans connaître une telle phase. Plekhanov soutient y compris que les Mir, formes ancestrales d’exploitations agricoles collectives, devraient nécessairement être détruites par la généralisation de la propriété privée. Contre toute attente, Marx soutint un point de vue proche de celui des populistes. La populiste Vera Zassoulitch écrit à Marx pour avoir son avis. Celui-ci lui répond en 1881 que son Capital n’avait pas abordé cette question, et qu’après avoir étudié le cas russe, il est « convaincu que cette commune est le point d’appui de la régénération sociale en Russie ; mais afin qu’elle puisse fonctionner comme tel, il faudrait d’abord éliminer les influences délétères qui l’assaillent de tous les côtés [révolution prolétarienne]. » Donc Marx qui hait le despotisme et qui n’a pas plus de sympathie pour les mouvements anarchistes de voyous, le lumpen s’intéresse à une évolution spécifique qui peut et doit connaitre un autre chemin que celui de l’Europe y compris face aux dominations coloniales celles de l’empire britannique en particulier.

(2) Un silovik (en russe : силовик ; siloviki, силовики au pluriel), ou silovarque (en russe : силоварх, mot-valise formé de silovik et de oligarque, олигарх), est un représentant d’organismes étatiques chargés de veiller à l’application de la loi, d’organismes de renseignements, des forces armées et autres structures auxquels l’État délègue son droit d’utiliser la force (ils sont généralement appelés ministère ou organisme d’application de la loi). Appliqué à la Russie, le concept est souvent étendu aux représentants des groupes politiques, mais également aux hommes d’affaires, associés aux structures du pouvoir en Russie ou dans le passé en URSS. C’est une expression qui est employée dans les ex-pays socialistes pour caractériser la nature du pouvoir russe qui selon eux conserve des traits semblables sous l’URSS et aujourd’hui. Dans le texte ci-dessus écrit par un Hongrois la connotation n’est pas nécessairement défavorable elle complète l’idée du mode de production asiatique tel que l’aurait défini Marx dans lequel les communautés paysannes (mir en Russie) comme le pouvoir a une nature collective sans apparition de classes sociales.

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2 Commentaires

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    L’exploitation existe dès lors qu’il y a une différence de revenu horaire dans un collectif de travail. Que ce collectif soit une entreprise publique ou privée, une administration, une nation, une classe sociale.

    Si l’on laisse de côté l’exploitation bourgeoise largement documentée et approuvée par les communistes il en existe d’autres formes.

    Au sein d’une entreprise les cadres salariés ou les salariés en fonction de leur ancienneté ou de leur poste ou grade ont un revenu inégal quand c’est l’ensemble du collectif qui participe aux revenus de l’entreprise chacun y occupant une fonction qui en principe devrait être indispensable. En comptabilité le chiffre d’affaire n’est pas divisé en fonction des postes occupés dans l’entreprise.

    Dans un groupement d’entreprise ou dans une chaîne de sous traitance chaque personne morale (entreprise) à son tour exploite les sous traitants, la maison mère payant parfois mieux ses employés que les sous-traitants qui participent pourtant à la production.

    Dans les fonctions d’État ou assimilées il semble normal pour quasi tout le monde de mieux rémunérer un médecin ou un enseignant. Les revenus de l’État, son budget, est le résultat de l’activité collective de l’ensemble des agents économiques dans un pays. La répartition de ce revenu collectif est ici inégale et déterminée en France par la lois de finance qui traduit l’affectation budgétaire des recettes fiscales et sociales qui elles sont indifférenciées (principe de non affectation budgétaire des impôts).

    La sous-traitance passe également les frontières où un collectif national en exploite un autre.

    Les répartitions des revenus sont décrétées non pas démocratiquement mais par ceux qui sont au pouvoir qu’ils soient bourgeois, fonctionnaires ou ministres, selon des critères qui sont souvent propres à leur classe sociale et justifient aux yeux de tous les inégalités salariales.

    Chez nous c’est le mérite souvent adossé encore à l’entrepreneur intrépide ou au diplôme où les études supérieures sont récompensées plus que les études de l’ouvrier apprenti ou de son travail.

    Avec le mérite vit son compagnon “démocratique”: l’égalité des chances offerte par l’éducation nationale qui “met” tout le monde sur “la même ligne de départ” mais sur le podium il n’y a jamais que 3 places. Quel que soit votre mérite il faudra toujours moins de cadres que d’encadrés, moins d’administrateurs que de producteurs.

    “Qui a le plus de mérite ?” n’est qu’une question de valeurs et les inégalités de salaires permettent d’orienter les individus vers des activités choisies par la classe dirigeante.

    L’argument de rentabilité de tel ou tel poste est bien souvent artificielle et un tour de passe passe comptable et juridique.

    Faut-il pour autant supprimer au nom de l’exploitation toute différence salariale ?

    En URSS les dockers étaient parmi les mieux payés; travail dangereux et pénible dont l’espérance de vie du travailleur pouvait être fortement réduite comme nous le constatons chez nous dans la classe des ouvriers. Certains métiers sont plus ingrats, difficiles ou dangereux et nécessiteront probablement des formes d’encouragement et d’inégalité.

    Ces ouvriers qui produisent et sacrifient leur santé sont ils pour autant les mieux payés ?

    Visiblement avec la Perestroïka, aboutissement du pourrissement bureaucratique des élites intellectuelles, aucun ouvrier n’est mentionné dans le coup d’État anti soviétique, les élites de l’Intelligentsia n’ont plus supporté que des ouvriers gagnent plus que des intellectuels, leur position centrale dans l’administration leur à donné les clefs pour réparer cette injustice et enfin récompenser grassement les “méritants” par le renversement du “totalitarisme” et la restauration de la “démocratie” et d’une “économie de marché efficace”; ces “méritants” maîtrisant la communication, la manipulation et les moyens de l’État.

    La restauration des privilèges et l’idéologie qui justifie l’exploitation, hier le choix Divin, aujourd’hui celui de la Raison.

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    • LEMOINE Michel
      LEMOINE Michel

      Peut-être que je n’est pas bien compris mais il me semble que l’exploitation existe potentiellement dès qu’apparaît un surplus social.
      Si ce surplus social est le ferment d’un progrès de la civilisation (par exemple avec l’apparition d’une classe d’artisans d’art) l’exploitation s’annule elle-même.
      Sinon, si le surplus social est accaparé par une classe parasitaire qui le dilapide en réalisations inutiles et dispendieuses les travailleurs sont exploités.
      L’exploitation n’a attendu le salariat et le capitalisme pour exister, elle est apparue avec les premières chefferies. Ce qui fait la particularité du capitalisme c’est que le surplus social est stérilisé sous la forme d’une énorme accumulation du capital.
      Peut-être avons-nous avec le mode production asiatique l’exemple d’une société où l’exploitation est minimale. Elle est maximale avec le capitalisme financiarisé.

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