Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’Allemagne, de “locomotive économique” à “lanterne rouge” de l’Europe

“Nous, les perdants.” Ces dernières semaines, la peur d’un déclassement économique de l’Allemagne obsède la presse d’outre-Rhin. “Alors qu’hier encore l’Allemagne faisait figure de locomotive économique, elle est aujourd’hui la lanterne rouge des pays industrialisés, se désole Der Spiegel dans un long dossier sur le sujet. Notre prospérité est menacée et le gouvernement semble désemparé.” Toute la presse spécialisée fait écho à ce dossier et à la chute de la “locomotive” européenne mais dans un état de désorientation où l’on ne sait que répercuter, ce qui satisfait les marchés financiers alors que la solution serait de rompre avec cette logique en choisissant la paix et la dédollarisation. (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)


Der Spiegel est considéré comme un hebdomadaire de gauche, à la manière du Monde, du Guardian, El Pais, toute cette presse en fait qui a suivi une trajectoire libérale tout en affichant un positionnement idéologique “progressiste”, il est clair que son diagnostic reste dans cette logique, pas question de remettre en cause le rôle des Etats-Unis, les impératifs de la guerre en Ukraine depuis des sanctions contre la Russie qui se sont retournées contre l’Allemagne, les choix de la FED, l’économie la plus industrialisée la plus compétitive est la première sur la liste, les autres suivent.

L’hebdomadaire affiche sur sa Une de rentrée un graphique emblématique de l’inquiétude qui s’est emparée de la première économie européenne. On y voit les prévisions de croissance positive de plusieurs pays du Nord, comme l’Espagne, les États-Unis ou même la France.

À l’inverse, le PIB de l’Allemagne, représenté par une flèche rouge descendante, pourrait tomber à – 0,3 % en 2023. “Tous parviennent à faire croître leur économie, commente le journal de Hambourg. Sauf nous.” Face à ce phénomène, le Spiegel se propose d’étudier “pourquoi l’économie allemande dérape”. Les difficultés de son industrie, affaiblie par l’augmentation des coûts de l’énergie, sont pointées du doigt. Tout comme la dépendance de l’économie allemande aux exportations, le manque de main-d’œuvre qualifiée et les retards dans le domaine du numérique.

Le journal estime que des réformes structurelles sont nécessaires, pour réduire le poids de la bureaucratie, attirer les talents et réussir la transition énergétique.

Car la situation est grave : elle serait même “comparable à celle de l’Italie, de l’Espagne ou de la Grèce il y a quinze ans”, selon l’ancien directeur l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale Gabriel Felbermayr.

Mais la coalition d’Olaf Scholz – qui réunit les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux – semble peu décidée à révolutionner le modèle économique actuel. Au début des années 2000, les réformes du marché du travail avaient coûté au chancelier de l’époque, le social-démocrate Gerhard Schröder, sa réélection. Le gouvernement actuel devrait pourtant passer outre à ce “traumatisme de la réforme, estime l’hebdomadaire : Il est nécessaire de réformer à nouveau pour créer plus d’emplois et inciter les entreprises à réinvestir en Allemagne.”

Allemagne : plongeon à deux chiffres des commandes à l’industrie, pilier de l’économie

Article de Capital avec AFP •4hLES MARCHÉS AUJOURD’HUIPX1▼‎-0,79%‎PX4▼‎-0,77%‎PAX▼‎-0,82%‎Allemagne : plongeon à deux chiffres des commandes à l’industrie, pilier de l’économie© Gerd Altmann de Pixabay

L’institut national des statistiques Destatis a publié ce mercredi 6 septembre son rapport sur l’industrie allemande. Pilier de l’économie du pays, le secteur subit une forte baisse des commandes.

Patatras. Les commandes à l’industrie allemande sont nettement reparties en baisse en juillet, après un mois de juin gonflé par un très gros contrat dans l’aéronautique, soulignant le marasme actuel dans la première économie européenne. Cet indicateur clef pour le secteur manufacturier, pilier de l’économie allemande, a reculé de 11,7% sur un mois, après un bond de 7,6% en juin, corrigé en hausse, selon les chiffres publiés ce mercredi 6 septembre par l’institut national des statistiques Destatis. Les analystes sondés par Factset tablaient sur un recul plus modéré de 3,5% sur un mois.

La forte baisse des nouvelles commandes en juillet 2023 est due en grande partie à une très importante commande dans l’aéronautique en juin 2023, explique Destatis, sans en préciser le montant. Le repli constaté s’avère plus élevé qu’en mars (-10,9%), qui marquait la plus forte baisse mensuelle depuis le pic de la pandémie de Covid-19 en avril 2020.

Vidéo associée: Comment l’Allemagne arrange les chiffres de sa dette (Dailymotion)https://geo.dailymotion.com/player/x8v0l.html?video=x8nqt5s&mute=true&loop=falseÀ lire aussiCAC 40 : la Bourse attend au tournant l’inflation en zone euro, l’Allemagne déçoit

Reprise grâce à l’export ?

L’industrie allemande souffre des prix élevés dans l’énergie et de la hausse des taux d’intérêts provoquant une baisse de la demande. L’ancienne locomotive de l’UE devrait être d’ailleurs être le seul grand pays industriel à connaître une récession en 2023, selon le FMI. En comparant la période mai à juillet, par rapport aux trois mois précédents, les commandes industrielles progressent certes de 3,1%, selon Destatis.

La tendance à long terme reste “stagnante depuis un certain temps” avec des commandes qui n’ont toujours pas retrouvé leur niveau d’avant le coronavirus, commente Jens Oliver Niklash, analyste pour LBBW. Les secteurs clés – biens d’équipement, automobile, construction mécanique et autres produits électroniques – affichent des baisses sensibles en juillet. Les commandes venues de l’étranger baissent, mais dans une moindre mesure que celles nationales. “La reprise économique devrait une fois de plus venir du côté des exportations”, anticipe M. Niklash.À lire aussiOr : les investissements en pièces et lingots s’effondrent en Allemagne, les taux en cause

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1 Commentaire

  • Rastapopulo
    Rastapopulo

    Bien entendu, on évitera soigneusement de souligner l’impact immense et incalculable de l’explosion de 3 des 4 lignes des NordStream 1&2.
    Bien sûr, il est interdit de même soupçonner que les E.U en aient été non seulement les commanditaires, mais les exécutants.
    Quiconque ayant des doutes à ce sujet est prié de croire à l’histoire du petit commando ukrainien opérant depuis un petit yacht, plutôt qu’à la possibilité que les exercices Baltops de l’OTAN aient pu servir de camouflage à la dépose des charges par des unités disposant de tout le matériel, les capacités et le soutien logistique idoines.
    Les plus fervents continueront carrément à soutenir que “c’est les russes ! ” et quiconque a à cœur la défense de “nos valeurs” est cordialement convié à ne surtout pas lire, et encore moins croire, les fables du fameux complotiste Seymour Hersh !

    Trêve de bonnes blagues :
    La guerre en Ukraine a bon dos pour expliquer la crise de l’énergie qui frappe l’Europe. (Idem pour l’inflation.)
    La réalité c’est qu’il n’y a plus qu’UN seul haut fourneau en territoire UE ! en Slovaquie.
    Maintenant soyons clairs :
    Quelle industrie, pensons-nous, peut fonctionner sans acier ?! … (vous avez quatre heures)

    Quel moteur allemand de l’économie européenne peut “produire de la croissance”(conformément aux évangiles) dans ces conditions?
    Qui mesure ce que signifie une communication du groupe Volkswagen qui déclarait envisager le déménagement de sa principale usine (qui à mon avis doit simplement être l’une des plus grande du continent) au Texas ?!
    Qui comprend que lorsque ArcelorMittal ferme des hauts fourneaux en Europe et en construit un au Texas, elle ne mise pas plus sur un retour prochain que sur les Démocrates étasuniens ?!

    Qui au Spiegel mentionne que l’Allemagne a dépensé 600 Milliards pour espérer produire de l’énergie avec des éoliennes et du photovoltaïque, avant de se dire que finalement, la lignite c’est quand même vachement plus pratique pour pouvoir piloter sa production ?!

    En observant les performances et les déclarations hallucinées de Mme Baerbock à la tête de la diplomatie allemande, on mesure par ailleurs assez bien les immenses qualités de gouvernants des idéologues Verts, non ?

    Bref, oui la locomotive allemande est gravement en panne.
    Moi, dans tout cela, je ne m’explique pas pourquoi pour consoler nos chers voisins, nous nous plions à une règle inique ( un énième diktat de la Kommission !) qui nous fait payer notre électricité 3,5X son coût normal !
    Comment supportons encore les apparitions d’un Ministre de l’économie chantre de la “concurrence libre et non faussée” qui use du cynisme et de l’inversion avec un tel sang froid apparent en dépit de sa lâcheté proprement insondable ?!

    Il me semble que certaines réalités économiques sont simples à expliquer, et qu’il ne faut pas attendre du Spiegel ni du Monde ni de quiconque dispose de moyens de diffusion de masse, de le faire.
    Parce que tout organe qui ne reconnaît pas les attentats du 22 septembre 2022 comme l’acte de guerre le plus important sur le territoire européen depuis la seconde guerre mondiale, en ne comprend ni n’explique les réalités géopolitiques et géostratégiques qui en ressortent, est simplement un instrument de la propagande impériale qui accepte de facto notre position de colonie soumise.

    L’atlantisme est déjà notre tombeau : l’inertie du temps politique nous situe dans un espace où il est déjà trop tard pour s’en extraire. L’UE est une camisole mortelle.
    Mais parlons plutôt de l’abaya, mmm?

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