Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le piège du radicalisme sous électoralisme et le moyen d’en sortir… par Danielle Bleitrach

Face à l’interpellation que croient pouvoir nous adresser certains sur un hypothétique soutien à Roussel, l’actuel secrétaire du PCF je voudrais en profiter pour marquer ce qui me parait fondamental aujourd’hui, en partant de ce qui saute aux yeux comme une crise profonde de la démocratie qui n’est plus représentative, la conscience de plus en plus forte que les élections, le nec plus ultra du modèle démocratique occidental ne sont pas susceptibles d’apporter les solutions aux maux dont souffre l’immense majorité de la population. L’idée qu’il y a des gens complètement hors sol. On peut considérer à ce niveau que le vote est pris entre le refus du pire et la tentative de sortir du vote qui ne change rien. Cela revient dans les deux cas à renforcer le piège de l’électoralisme social-démocrate qui est assez bien résumé ici et dans lequel à la dernière présidentielle, Mélenchon a voulu et partiellement pris le vote communiste, à savoir une pseudo-utilité du vote qui se traduit à la fin par tous les arrangements. Contribution à un débat en cours sur “le socialisme”, il s’agit de notes de lecture et apports d’une réflexion collective.

Peut être une image de texte

Face à cet amer constat dans lequel parait bloquée “la gauche radicale occidentale” il y a la fière proclamation de nos camarades communistes du Donbass et ce retour en force de la nostalgie du communisme impliquant en URSS une autre conception de la démocratie :

« Tout le monde vous dit : il n’y a pas le choix, pourquoi voter ? Regardons les choses en face. Il y a toujours un choix. Pour le Parti communiste ! Pour le socialisme ! Boris Litvinov, premier secrétaire de la branche régionale (républicaine) de Donetsk du Parti communiste de la Fédération de Russie, auteur de la loi et de la déclaration sur l’indépendance de la RPD » 

Avec Roussel revient l’idée que le vote communiste peut être utile

Ce à quoi j’ai apporté mon soutien dans la position de Roussel et du 38e congrès, c’est le fait que bec et ongles Roussel se bat pour la crédibilité du vote communiste, ce qui est une nouveauté non seulement depuis le temps des liquidateurs, Robert Hue et les suivants, mais depuis 1956, ou alors que le PCF était encore le premier parti de France, il a été choisi face à la guerre d’Algérie, le vote des pleins pouvoirs à Guy Mollet et face aux révélations de Khrouchtchev une stratégie d’effacement de vote utile en faveur du candidat socialiste. Roussel a retrouvé le choix de Georges Marchais, ne pas s’effacer mais alors que celui-ci était pris dans la gangue de l’eurocommunisme et de la contrerévolution libérale autoritaire dite libertaire, celle qui a abouti à la chute de l’URSS, il est possible désormais d’agir autrement et de dépasser les handicaps qu’a dû affronter Georges Marchais.

L’aspect positif de ce qui s’est passé au 38e congrès et qui n’a aucun équivalent même si par bien des traits cela fait penser à la prise en main du PCF par Maurice Thorez (1), c’est l’affirmation qu’il existe désormais une issue et un parti prêt à assumer l’État, le pouvoir et le faisant à partir de la classe ouvrière défendant l’intérêt général et la souveraineté nationale. Roussel représente cela et l’essentiel des coups qui sont portés contre lui le sont de la part de toutes les forces qui se liguent contre cette alternative. C’est pourquoi je ne peux pas, nous ne pouvons pas ici mêler nos voix aux leurs et faire ni du PCF, ni de Roussel notre adversaire.

Le crétinisme parlementaire

Il n’en demeure pas moins que dans ce domaine nous sommes au milieu du gué, s’il est juste de refuser d’être une simple force d’opposition et de jouer les radicaux gauchistes repoussoir, dans le même temps cette analyse-là, la social démocratie l’a faite : Faure, Ruffin et bien d’autres se bousculent au portillon de l’alternative limitée au capitalisme à visage humain et de la tradition “jaurésienne”, laissant aux verts et au chef déchu l’anticommunisme de l’atlantisme.

Mais cette réflexion part de l’idée de l’échec du socialisme “réel”, celui du mouvement communiste du XXe siècle, ne tire aucun bilan de l’échec de la social démocratie, ni surtout du fait qu’il existe la nécessité du socialisme dans un contexte renouvelé qui est celui d’un monde multipolaire avec dans sa dynamique l’exigence de justice, de souveraineté à laquelle s’identifie de plus en plus la Chine. Cette nouvelle donne n’est absolument pas perçue non seulement par la gauche ni par l’actuelle direction du PCF. Si celle-ci comme nous venons de le voir s’est inscrite en rupture avec des années de liquidation du parti mais nous pensons qu’il faut remonter à 1956. Même si l’abandon de toute problématique marxiste, de toute formation des militants et de destruction de l’organisation est lié à la mutation de Robert Hue. Et il faut bien mesurer qu’avec Fabien Roussel et la plupart des jeunes, nous avons une génération qui n’a jamais reçu la moindre formation au marxisme et n’en ressent sans doute pas le besoin. Beaucoup d’entre eux ont reçu à la limite une formation trotskiste de diverses obédiences.

La nouvelle donne est mieux perçue par la classe capitaliste

On peut même noter que la droite, le monde du capital, tout ceux qui en garantissent l’accumulation, non pas les riches, mais la classe capitaliste a beaucoup plus conscience de la situation et parait de ce fait plus audacieuse parfois que les dirigeants de la gauche et du PCF.

Reprendre une analyse du capital dans un tel contexte c’est retourner à ces bases.

Il faut toujours insister sur la base objective d’un tel processus et celle-ci est constituée par une transformation des forces productives, ce qu’elles recèlent de danger sous le capitalisme (concurrence et guerre) mais aussi de potentialités sous les coopérations socialistes, ne pas en rester au politique limité à l’idéologique, voir que cette contradiction est à l’œuvre dans les relations nord – sud, l’impérialisme, mais aussi au plan interne dans chaque nation sous une forme spécifique.

Et surtout comme le recommande un petit livre tout à fait essentiel dont je vais faire un compte rendu plus complet dans un autre article. Un texte court (90 pages) devrait pouvoir remplacer les brochures du parti de jadis. Il dénonce une conception du capital qui se contenterait de l’indignation devant les “inégalités” et qui transformerait le capital dans “les riches”. Le capital deviendrait une simple répartition inégalitaire des richesses. Et le pendant de cette régression est justement le crétinisme parlementaire, c’est-à dire l’illusion qu’il suffirait d’une majorité au parlement qui lutterait contre les inégalités, et tout pourrait être amélioré tout en restant dans le cadre du capitalisme. C’est la réponse habituelle de la social démocratie à la crise du capital. (2) C’est là la base du crétinisme parlementaire.

Sur le fond depuis pas mal d’années, dans le contexte de l’eurocommunisme et de la chute de l’URSS, de l’évolution des conditions de l’accumulation du capital et en revenir à la contradiction : plus la bourgeoisie exploite et essouffle la nature et le travail humain, plus elle tarit ses propres sources de profit. En effet, le développement du capitalisme se traduit par l’épuisement des ressources naturelles et par l’élimination relative de la force de travail dans le processus de production, celle-ci étant tendanciellement remplacée par des machines pour accroître la productivité. Au fur et à mesure que l’accumulation du capital s’accroît, il devient de plus en plus difficile d’extraire de l’exploitation du travail et de la nature la quantité nécessaire de plus value permettant de la rentabiliser. Sur le long terme, cette équation est insoluble. (p.16)

On admirera le langage relativement aisé dans laquelle est résumée la baisse tendancielle du taux de profit mais l’avantage de ce petit livre c’est qu’il reprend pas mal de questionnements en les rapportant toujours à une élucidation des rapports de classe aujourd’hui.

C’est ce travers qui est à l’œuvre dans le PCF actuellement et cela se traduit à la fois par l’électoralisme et le refus de considérer la phase actuelle du capitalisme, les possibles offerts.

La France est à la fois le pays de la lutte des classes (3) et celui du “crétinisme parlementaire” avec tous les opportunismes, les courte-vues de ceux qui ont coutume de parler au nom du peuple avec emphase mais en s’inclinant rapidement devant la force.

Il faut revenir non pas aux inégalités, ni même à la superstructure des institutions, des représentations. Il est impératif comme le fait ce petit livre si précieux de définir les capitalistes, la classe bourgeoise dans sa dimension de classe, son caractère organisé et la lutte qu’elle mène contre la classe des travailleurs.

On ne peut pas poser la question de la démocratie, celle des libertés hors des phases de la lutte des classes. Partir des rapports de production tels que nous venons de les définir mais aussi comprendre qu’ils se transforment. Ils sont travaillés par des contradictions internes qui les font évoluer et cela engendre des périodes de rupture historique ; ce que nous vivons en ce moment. Et qui demeure profondément étranger à la direction du PCF et à Fabien Roussel.

Resituer la démocratie et le socialisme à la française

Les Français sont épris de liberté et veulent un socialisme qui la garantisse. Le socialisme doit donc faire la preuve qu’il est le garant de toutes les libertés que le capitalisme sacrifie de plus en plus. Qu’il est non seulement le meilleur voire l’unique adversaire du fascisme mais qu’il refuse tout modèle de sacrifice de ces libertés. C’est ce que pense Roussel et ce n’est pas seulement par opportunisme électoral qu’il s’inscrit contre le gauchisme libertaire libéral, les pièges de la social démocratie, là encore il y a une approche qui revendique le pouvoir, mais il renouvelle sans cesse la même erreur de prétendre la poser par rapport seulement à “la République” et pas au socialisme donc à l’affrontement de classe.

Ne pas mesurer assez l’évolution populaire, en rester à ce qu’il entend dans sa permanence de député, et ne pas se donner les moyens d’avoir un parti communiste porteur du socialisme et d’une conception en acte de la démocratie. Ne pas travailler les dossiers internationaux comme il le fait pour ses dossiers de députés sur lesquels il réalise de vraies avancées, comme celui sur l’immigration. Roussel n’est que le symptôme de l’état du parti qui hérite d’une situation assez catastrophique de destruction idéologique, politique, organisationnelle, mais aussi d’une France rebelle qui est en train de s’abstenir ou d’aller vers l’extrême-droite et qui au plan international malgré son désir de paix n’a que le choix de la guerre, de l’atlantisme et du néocolonialisme.

Le thème essentiel de la démocratie et des libertés ne peut pas être posé dans l’abstrait

Donc si on revient à ce thème de la démocratie au nom duquel tant de crimes sont commis par le gouvernement français en France et dans le monde, il y a un combat à mener, d’abord il faut reconquérir une analyse en terme d’exploitation et pas seulement en terme d’injustice devant les inégalités.

La relation entre individu et collectif n’est plus alors un problème moral, il se pose comme condition de la lutte et il ne constitue pas un chapitre à part face à des enjeux comme l’UE, l’OTAN sans pour autant tomber dans un pseudo radicalisme gauchiste et il permet d’apprécier la phase du monde multipolaire par rapport à la phase dite néo-libérale, sans la confondre avec le socialisme.

Comme le soulignait Franck, à propos d’un article publié ici sur le monde multipolaire :


franck.marsal@free.fr
88.127.242.223
La notule n°13 sur les “droits de l’homme” et les différentes déclarations et interprétations mériterait presque d’être un article à elle seule. C’est une question clé puisque presque toutes les impasses auxquelles nous sommes confrontés viennent de l’adoption par tous les courants politiques (en France, mais aussi largement dans le monde) de la formulation individualiste et de l’interprétation réductrice des droits de l’homme portée par le libéralisme économique et politique. Or, comme le souligne l’auteur, l’humain ne peut pas se concevoir comme individu isolé. C’est une fiction et une utopie réactionnaire du libéralisme politique, à laquelle s’ajoute la négation du travail comme source de richesse par le libéralisme économique, qui ne voit dans l’être humain moderne qu’un pur consommateur, et, ce faisant, le voue à être lui-même entièrement consommé.

Ce à quoi Xuan lui répond : cette note m’a intéressé aussi. J’ajouterais que la conception bourgeoise abstraite des droits de l’homme ignore les droits des peuples. De fait elle s’y oppose.

Y a-t-il la possibilité d’une justice sociale qui accepte un pouvoir et un Etat soumis à la dictature de la bourgeoisie ? Cette question se pose pour les sociétés capitalistes, mais la Chine la pose comme une des conditions d’accès à la modernité, au développement qui ne soit pas l’horreur capitaliste.

De ce point de vue les analyses de Jean-Claude Delaunay sont très précieuses, et il faut y retourner si l’on veut réellement comprendre les enjeux auxquels la Chine, comme tous les partis communistes ne peut faire abstraction sauf en imagination. Il ne s’agit pas d’un économisme, mais il faut mesurer que le pouvoir d’une classe sociale a aussi une dimension anthropologique contenue dans la critique de l’économie politique de Marx.


A plusieurs reprises la Chine Populaire a mis l’accent sur une conception matérialiste des droits de peuples.

La Syrie subit un désastre humanitaire dû à l’intervention des Etats-Unis et de l’Europe, ce qui rend les concepts des droits de l’homme occidentaux peu convaincants. Les gens des pays du Tiers-Monde ont fortement l’impression que l’Occident ne se soucie que des droits de ceux qui s’opposent au gouvernement et que les droits de l’homme tant vantés de l’Occident ne répondent pas aux besoins des gens ordinaires […] La compréhension des droits de l’homme par les Chinois est beaucoup plus large que celle de l’Occident. Une vie prospère, l’équité sociale, des toilettes publiques propres, le loisir de voyager et de ne pas être sensible aux sentiments d’infériorité causés par la pauvreté sont des droits humains tangibles“.[Les États-Unis n’ont aucune raison de juger les droits de l’homme – Global Times 23/04/2018]

Également :
“…Tous les pays devraient efficacement mettre en place l’agenda de développement durable 2030 et atteindre un développement durable dans les aspects économiques, sociaux et environnementaux, et ne laisser personne derrière”, a-t-il souligné.

Adhérer à une approche centrée sur le peuple revient à respecter la dignité et les droits des peuples, renforcer le sens du gain, la joie et la sécurité, améliorer le bien-être et les conditions de vie, et rendre le développement plus équitable, a insisté M. Yu.

Tous les pays devraient s’efforcer d’éliminer la pauvreté et les inégalités, accroître l’emploi, augmenter les revenus, fournir une éducation et des services médicaux de qualité, renforcer la création d’un système de sécurité sociale, promouvoir la justice sociale et garantir pleinement les droits des femmes, des enfants, des personnes handicapées, des personnes âgées et des groupes ethniques minoritaires, a-t-il poursuivi”...
[Droits de l’homme : les gouvernements devraient adhérer à une approche centrée sur le peuple – Déclaration de Yu Jianhua, chef de la Mission chinoise auprès des Nations Unies à Genève le 02/07/2018].

Nous sommes ici au cœur d’un débat qui ne devrait pas être limité à Histoireetsociete et j’ai quelques raisons de penser qu’il ne le sera pas.

Danielle Bleitrach

(1) ou plutôt au temps de confusion qui l’a précédé et où a coexisté le parti de Jacques Duclos, Gabriel Péri, celui de la classe ouvrière et celui de la petite bourgeoisie de Frossard. Notez que la clarification s’est faite sur la dimension de classe mais aussi le refus du colonialisme.

(2) Tout leur reprendre par Remi Castay et Tibor Sarcey préfacé par Olivier Mateu, qui est l’illustration d’une stratégie offensive, il vient de paraitre chez Delga et il se lit en 2 heures. Il fait 90 pages. A mettre dans le panier de la fête de l’Humanité.

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3 Commentaires

  • Philippe Maslonka
    Philippe Maslonka

    De bons éléments analyse de réflexion mais mais rien sur l’état réel politique industriel commercial et même intellectuel Rien sur l’UE l’euro la BCE Maastricht Lisbonne oui on y reste non on s en retire Mon mari me bat mais je reste avec lui sur que j’ai gagné mon divorce référence au référendum de 2005 oublié par le PCF

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    La meilleure façon de contourner ce débat qui perdure autour des secrétaires généraux du PCF et de son orientation politique et de revenir aux conditions matérielles: les conditions même de la production de l’existence de chacun de nous et de notre collectif: la société; les deux étant indissociables.

    D’abord sur l’état du PCF le livre d’Alexandre Ostrovski “Erreur ou trahison” est une lecture indispensable à tout communiste qui lutte en interne. S’il n’explique pas suffisamment les conditions dans lesquels ont pu se développer les éléments anti communiste, il décrit avec une précision suffisante la chronologie et les moyens mis en œuvre pour que les protagonistes minoritaires arrivent à leurs fins.

    Quel rapport entre URSS, PCF et Perestroïka ? Comme pour les pays socialistes de l’Est le rôle du centre contre révolutionnaire soviétique a été déterminant et en particulier le KGB et les responsables des relations extérieures soviétiques. Leur motivation était de détruire tout soutient au socialisme pour permettre à quelques truands de voler le Bien Commun socialiste.

    Le rôle de Mitterrand dans le soutien à la “Maison Commune” à une Europe capitaliste de Lisbonne à Vladivostok accompagne l’idéologie de la coexistence pacifique entre le socialisme et le capitalisme, même la revendication de la fusion impossible des antagonistes.

    En France ceci se traduira par l’abandon de la voie révolutionnaire.

    Quel a été le poids de E.Primakov sur la déviation du PCF ? Le centre soviétique a poussé partout à l’abandon du socialisme dans leurs pays satellites en cooptant des dirigeants libéraux et en changeant les noms des Partis Ouvriers devenus Partis Socialstes pour mieux effacer la lutte des classe quand les idéologues combattait non pas les défauts du socialisme comme promis à l’arrivée au pouvoir ds liquidateurs mais directement le marxisme léninisme et la lutte des classes.

    Il fallait aussi pour ces transformation créer les moyens matériels de la contre révolution par la légalisation de l’économie de marché capitaliste dont les prémices ont été la suppression du plafond de rémunération au sein même des entreprises soviétiques d’état. L’exploitation n’est pas uniquement le fait du propriétaire capitaliste mais aussi de la part des cadres d’entreprise, il faudrait revenir sur cette réalité plus longuement.

    Laissons les affaires internes du PCF aux militants.

    Les points d’appuis des communistes les plus incontestables doivent partir des conditions de vie réelles de ceux à qui les communistes demandent leur soutien.

    Les motivations sont exprimées y compris dans les média bourgeois: pouvoir d’achat, santé, sécurité, environnement, déclassement et plus éloigné des préoccupations populaires mais fortement lié notre positionnement à l’international.

    Dans chacun des ces domaines il y a suffisamment de matière pour asseoir les propositions communistes.

    Ce matin sur télé matin, France 2, un expert de l’énergie nous expliquait le prix des carburants pour conclure que l’État pouvait agir sur le prix.

    Cet escroc après avoir nommé trois acteurs les pétroliers, les distributeurs et l’État en arrive à culpabiliser l’État et aussi le vilain Monde qui demande plus de carburant; en fait le développement des pays du “Sud Global”.

    Une analyse communiste de ce sujet devrait être plus complète quand l’escroc met du pétrole brut dans sa voiture les vrais consommateurs mettent de l’essence et du gasoil.

    Les marges de raffinage, donc ici de Total, ont explosé et ceci n’a pas de rapport avec le cours du pétrole puisque qu’il s’agit d’une marge. Autre acteur passé à la trappe par notre propagandiste de plateau: le Dollar dont l’inflation se répercute forcément sur nos prix y compris via la guerre monétaire et les montées des taux directeurs des banques centrales. Les marges des distributeurs sont aussi passées sous silence, tout comme la possibilité de subventionner l’énergie et de nationaliser la totalité du secteur dans une entreprise publique de l’énergie: un EDF/GDF++. La réduction du coût du capital sur l’ensemble de la société passe par les nationalisations et la direction sans partage des communistes.

    Autre point qui pèse extrêmement lourd sur nous le prix du foncier capitaliste qui se traduit sous forme de loyers payés par les particuliers y compris indirectement ceux acquittés par les entreprises.

    Qui en France peut justifier le prix et le vol que sont les loyers ? Ce thème devrait pouvoir facilement devenir populaire pour peu qu’il soit porté.

    Sur des sujets du quotidien nous touchons tous les aspects du capitalisme: la forme de propriété, les divers mécanismes d’exploitation et les conséquences sur le quotidien des individus et leur collectif.

    Les infirmières sont épuisées et certaines démissionnent quand dans le même temps les groupes privés médicaux se concentrent et derrière eux en embuscade se tiennent les grands groupes mondiaux d’assurance, là encore la finance au service du profit maximal, éphémère que la bête doit toujours renouveler. La solution est le monopôle de la Sécurité Sociale dans le système de soin et l’interdiction des tarifications libres en lien avec la formation des nouveaux médecins en nombre ce qui exclus l’anarchie du marché et en appelle à la planification centralisée.

    Les nouvelles forces productives doivent aussi être vue avec une position de classe les dernières phases de la numérisation de l’économie portée par les ingénieurs et techniciens a engendré la classe antagonique à la bourgeoisie sous la forme d’un population “auto exploitée” dépendante de l’existence des plateformes qui sont essentiellement américaines, sur technologies américaines et qui interroge notre soumission objective à l’impérialisme. La classe des “ubérisés” est la classe montante qui a le plus intérêt à se libéré, bien plus que celle des cadres et techniciens même si eux aussi peuvent trouver intérêt à une souveraineté socialiste de la France.

    Les modifications des forces productives traditionnellement amicales avec les communistes: les ouvriers sont expliquées par les progrès de l’automatisation, oui mais il ne faut pas oublier le phénomène majeur et qui perdure qui sont les externalisations et les délocalisations, deux phénomènes qui ont impacté le collectif de production: lieu de militantisme.

    Dans le tertiaire largement dominant en France et en particulier dans l’aide à la personne ou le tourisme et dans nos administrations publiques se concentrent les précaires, les mal payés et souvent une immense partie des emplois utiles, ceux du front épidémique; là les progrès techniques et l’automatisation ont un effet nul ou marginal.

    Dans nos conditions même d’existence nous avons parfois tendance à ne pas percevoir l’Impérialisme comme non pas seulement un pays colonisateur, ce que nous sommes de moins en moins, mais comme un pays colonisé. Il suffit d’écouter la télévision publique pour observer qu’il ne se passe pas un seul jour sans une information, souvent anodine, sur les USA ou la Grande Bretagne, pourquoi donner tant de priorité à ces deux pays si ce n’est pour cultiver un lien émotionnel artificiel ? De même pour la musique à la radio c’est 25% de France et 75% d’anglo saxon, pour les autres pays c’est imperceptible alors que nous avons une importante population originaire du Maghreb et du Portugal combien de fois entendez vous de la musique avec les mêmes origines, quand aux Russes, Africains ou Asiatiques: inconnus sur les ondes.
    Pour la littérature jeunesse c’est une déferlante d’auteurs Anglo Saxon qui les enferment dans une littérature “fantastique” de fuite des réalités, une forme parmi d’autre de fuir l’affrontement.

    La crise démocratique en France n’est pas une nouveauté, je ne suis pas sûr qu’à la Libération la France était beaucoup plus démocratique mais aujourd’hui l’autoritarisme tombe son masque et à la crise des Gilets Jaunes il faut apporter une analyse sérieuse de nos institutions politiques et démontrer en quoi le système électoral en France est anti démocratique: presse, législatives, communautés de communes, présidentielle, mode de scrutin uninominal, impossibilité de révocation, possibilité de contourner le parlement, impunité,…

    Sans compter la manipulation des débats où nous voyons déjà trois ans avant se lancer la bataille pour la présidentielle sur des thèmes qui sentent le pourris: immigration, racisme avec comme repoussoir une poignée minoritaire consciente ou non bien utile à la diversion.

    Comment le racisme peut il nous aider à nous positionner dans le nouveau monde des BRICS ? Voilà une question importante qui nous fera ouvrir les yeux sur les réalités asiatiques et africaine et notre intégration et coopération dans ce monde.

    C’est un peu brouillon mais les bases matérielles de luttes sont là et n’attendent qu’une organisation pour intervenir et guider la colère et l’action.

    Ce qui implique un retour à l’organisation du PCF où la censure empêche encore le vrai débat.
    Peut être faudrait il s’inspirer des GDI Groupes Démocratiques Indépendants composés des salopards liquidateurs de l’URSS, ils ont rompus leur isolement par la mise en place de liaisons interrégionales dépassant les structures existantes qui ne leur permettaient pas d’agir “librement” et ne pas affronter la censure; c’est probablement la même stratégie qui a été appliquée chez nous en France par les liquidateurs.

    Pourquoi se priver de ses méthodes pour reconstruire ? Pourquoi se priver pour défendre le socialisme de la même détermination des anti communistes à défendre le Capital ? C’est aux militants de trouver les réponses.

    Lisez Ostrovski même si les communistes sont toujours sur leur garde on se surprend à la lecture d’avoir été parfois un peu naïf, pour ma part essentiellement sur le rôle du KGB qui semble central et qui nous interroge sur le rôle d’Andropov.

    Une des leçons de ce livre est de toujours prendre en compte la lutte des classes dans toutes ces dimensions y compris dans la forme qu’elle prend dans les partis ouvriers ou les syndicats et qu’elle peut aboutir à des transformations radicales pour peu que l’organisation soit solide; la bonne nouvelle de ce livre est qu’elle montre que ces transformations sont possibles donc également possibles pour reconstruire le socialisme.

    “Là où il y a la volonté, il y a un chemin”

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  • Chabian
    Chabian

    Sur le début du billet (la nécessité d’union molle contre le repoussoir d’en face), il faut souligner que le système électoral “le vainqueur élimine les autres” (The winner take all) en est la cause principale. Ce système fonctionne par le découpage du territoire électoral pour attribuer un siège à un seul représentant. Par comparaison, (plusieurs représentants sont à désigner pour un plus vaste territoire, et donc plusieurs forces peuvent avoir leur place) le système proportionnel a le défaut de disperser ou atomiser les forces (il est souvent compensé par un plancher (sous les 5% des voix, aucun élu) ou par une prime aux plus grands partis par rapport aux petits (le premier élu demande beaucoup de voix, ensuite c’est moins pour les sièges supplémentaires). Enfin, le système proportionnel pousse à des gouvernements de coalition ou soutenus par une alliance (cfr le débat en Espagne aujourd’hui) alors que le système “à un siège” favorise un pouvoir à majorité outrançière, insatisfaisante.
    Le premier système force à l’union pour le dernier tour (Aux USA il y a d’autres candidats mais ils sont laminés, et les “grands électeurs” constituent le “2e tour”.). Il faut donc soit un arrangements entre partis avant la campagne, soit une “primaire” pour mesurer les forces et les répartir ; mais il faudrait l’organiser dans chaque circonscription ! Bref, c’est une “proportionnelle” préalable, libre et souvent faussée. Il ne faut donc pas écarter des arrangements entre partis, s’ils sont clairs, avec répartition juste et respectée, si possible pluraliste (des “tickets”, des équipes pluralistes).
    Je développe cela par rapport à cette question de l’injonction à “l’union” (ou pas) pour les européennes, qui se discute à la NUPES actuellement.
    La suite du billet est sur la sauvegarde de la radicalité (ou sa redéfinition, pour ces jeunes sans formation ancienne…).

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