Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’ouverture des BRICS : pourquoi nul ne peut ignorer ce qui s’y joue… un monde multipolaire ? Le socialisme ?

Un monde multipolaire ne signifie pas le remplacement d’un impérialisme (les Etats-Unis et les capitalistes occidentaux) en un autre impérialisme (la Chine et ses vassaux), c’est une autre logique qui se met en place et celle-ci reste à définir. Les BRICS,, y compris le pays hôte, l’Afrique du sud, tiennent bon sur la neutralité face à la logique des blocs et refusent de se positionner en concurrent de l’impérialisme occidenta, tout en tentant de dégager un mode de fonctionnement qui parte d’abord des besoins réels des pays du sud. Les BRICS sont nées dans de nouveaux rapports sud-sud dont la référence est celle des non alignés plutôt que la reprise d’une guerre froide. La réunion à johannesbourg n’est pas une compétition internationale, c’est un lieu où l’on peut tenter de résoudre les problèmes sans être embringué dans une coalition nuisible à vos intérêts réels et à ceux de la planète. Il s’agit non seulement de 40% déjà de la planète qui va probablement s’élargir encore, mais d’un monde productif confronté à un monde financiarisé, militarisé, il est à ce titre qualitativement différent. Nous sommes dans un processus dont la question principale est jusqu’où ira ce qualitativement différent ?

illustration : ce clin d’œil aux femmes n’est pas de l’ordre du gadget, la moitié de l’humanité a besoin impérativement de paix et de développement en prenant toute sa place dans les coopérations et la démocratie, le socialisme a toujours joué un rôle fondamental dans ce combat des femmes, ne l’a jamais gadgétisé ou marchandisé, l’émancipation à la Barbie n’est pas celle qu’il a impulsée …

Jusqu’où ira ce qualitativement différent ?

C’est encore une inconnue, ce qui est évident c’est que des pays du sud qui regroupent la production industrielle, les ressources matérielles et la classe ouvrière comme le monde paysan, tentent sans hostilité de se dégager d’un système qui organise sanctions, blocus, et les pille. Un impérialisme qui désormais tente de transférer la crise historique du dollar sur le reste de l’humanité, dirigé par le marché et un système militaro-financier sans régulation politique démocratique. Le choix suicidaire des conflits et désormais de l’affrontement nucléaire, comme celui de l’étranglement de l’économie planétaire par la hausse des taux de la FED sont la preuve de l’incapacité de ce système à se corriger. Son incapacité à offrir le moindre apport positif aux peuples, son appui sur une poignée de corrompus et la perspective du fascisme… Une logique imposée aux pays du sud depuis des décennies et qui touche désormais les plus proches alliés.

Ces pays des Brics tentent d’élaborer d’abord un espace économique et nécessairement politique où il serait possible d’échapper à cette catastrophe imminente. Mais il le font aussi sur le plan idéologique en ne se référant plus à la (post)modernité européenne, telles que la référence aux différentes “libertés individuelles”, les “guerres d’émancipation”, valeurs déclarées “universelles” ou les doctrines absurdes de “progression” socioculturelle, etc. Ces fixations sur des obsessions qui se combinent avec une destruction réelle de l’humanité et de la planète sont avant tout les symptômes de la civilisation occidentale et non celles qu’il prétend universelles. Par parenthèse si ces libertés individuelles veulent survivre à la vague conservatrice que porte en elle cette hégémonie occidentale, elles auraient intérêt à prendre conscience de cette recomposition qualitative planétaire.

Quelle est la relation qui existe entre ce monde multipolaire et le socialisme ?


Sur le fond les Brics et c’est la cause de leur succès ne choisissent pas d’intervenir sur le mode de gouvernance de chaque pays souverain dans ce domaine comme dans celui de ses valeurs à l’inverse de l’impérialisme occidental. Mais le pari chinois est de proposer le modèle d’une modernisation qui économise le souffrances qu’a engendré la modernisation du capital. Il y a en effet pour les Brics la nécessité urgente de répondre aux défis auxquels les peuples sont confrontés, leur succès dépend de cette capacité à répondre à la colère qui partout fait monter des mouvements sociaux qui manquent de perspectives politiques. Il faut nécessairement pour cela qu’ils accordent un rôle plus important aux décisions qui privilégient l’utilité sociale, les êtres humains et leur environnement plutôt que la finance et le militarisme et pour cela le marché ne suffit pas, il faut un nouveau rôle de l’État. Le principe de “liberté” n’est plus la protection de l’individu contre les méfaits de la société mais de faciliter le développement général, les nouvelles formes de coopération, les communautés grâce à l’épanouissement de l’individu dans la somme de ses relations sociales. Ce n’est pas le pouvoir économique privé qui définit les priorités mais le pouvoir politique public conçu comme l’émanation de ces coopérations et communautés propre à chaque nation.

Nous sommes donc devant une nouvelle logique qui a besoin du socialisme mais qui ne s’y réfère pas et laisse à chaque nation le choix de son système et qui ne veut en aucun cas se poser en guerre contre le capitalisme tel que l’incarnent l’occident et le USA. Tout dépend de l’intervention populaire.

C’est en fonction de ce qui se met en place qualitativement à travers ce monde multipolaire qu’il est indispensable pour les partis communistes, les forces progressistes de dépasser eux-mêmes, dans leur propre fonctionnement, la situation créée par la contrerévolution qui a déferlé sur le monde et qui a entrainé leur propre affaiblissement. Ce que l’on désigne quelquefois sous le nom de néo-libéralisme, un nom qui désigne simplement la forme idéologique utopique “post moderne” qu’a pris l’impérialisme et qui a engendré une situation planétaire de concurrences, de divisions, d’anomie et de destruction de toutes formes collectives dont le mouvement ouvrier a été victime. Nous voyons émerger du sud productif, victime de cet impérialisme à ce stade de concurrence monopoliste financiarisé, le choix d’un nouveau mode de développement. Il est impossible de penser les luttes des couches populaires, celles de l’émancipation humaine y compris dans les pays occidentaux sans voir ce contexte.

Danielle Bleitrach

¨Post scriptum : je joins deux référence conceptuelle incontournables. Celles que nous avons publié dans ce site de Jean Claude delaunay :

je joins pour plus de clarté sur les concepts, cette excellente video dans laquelle Georges Gataud commente la question de l’Etat vu par les marxistes. On pourra d’ailleurs utilement se rapporter aux videos précédentes pour d’eutres définitions de concepts (impérialisme, fascisation, etc… ) le jour où il existera un parti qui rassemblera toutes les compétences encore existantes on s’apercevra peut-être un peu tard de l’autodestruction qui a été menée au sein du “mouvement ouvrier” alors même que comme le dit justement Xuan, l’impérialisme a créé son propre fossoyeur une gigantesque classe ouvrière qui se dresse devant lui…

A quoi sert et qui sert l’Etat ? Faut-il le supprimer ? Comment abattre le capitalisme et résister à la réaction ? Quelle est la conception marxiste de l’Etat ? Pour le savoir, regardez le 5ème épisode de notre série d’été !
https://youtu.be/JykLeCtit3M

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6 Commentaires

  • Xuan

    L’impérialisme a aussi engendré son opposé, une immense classe ouvrière et la nécessité du développement économique indépendant, qui se matérialise dans les BRICS.

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  • Xuan

    « Un monde multipolaire ne signifie pas le remplacement d’un impérialisme (les Etats-Unis et les capitalistes occidentaux) en un autre impérialisme (la Chine et ses vassaux), c’est une autre logique qui se met en place et celle-ci reste à définir. » 
     
    C’est une question majeure pour les communistes.
    Je crois que l’impérialisme a une histoire, une naissance et une fin. Ce n’est pas l’éternel retour.
    La domination mondiale de l’hégémonisme US n’a pas de succession. Aucun pays après les USA ne sera en mesure de prendre sa place de gendarme et de créancier mondial. Quant aux autres impérialismes, ils ne sont plus capables de reconstituer leurs empires. De sorte que l’impérialisme historique lui-même n’a pas de descendance.
     
    Je ne suis pas en train de dire que les concurrences, les conflits, et même les guerres prendront fin avec l’hégémonisme US, mais qu’ils prendront probablement une autre forme. A l’heure actuelle, on ne peut pas l’anticiper, mais la cause principale de la plus grande partie des conflits est l’impérialisme et l’hégémonisme.
    Le conflit en Ukraine montre bien à quel point l’hégémonisme US et l’atlantisme de ses larbins sont à l’origine de ce carnage.
    Une autre des causes de ces conflits, y compris entre les pays émergents, est aussi l’impérialisme et l’hégémonisme. Un exemple récent nous est donné par la valse hésitation de la CEDEAO, poussée au feu par Macron et sa clique pour faire la guerre au Niger, mais qui est trop divisée pour constituer une force décisive, et déjà mondialement désavouée.
     
    Parce que nous sommes entrés dans l’ère des révolutions prolétariennes depuis 1917, le mouvement non aligné qui s’oppose – non pas aux pays riches et industrialisés – mais à leur domination devient une partie de la révolution prolétarienne mondiale.
    Et cela quel que soit le gouvernement à la tête de ces pays. Quelle que soient la volonté et l’ambition du général Abdourahamane Tiani, son opposition à la présence française relève du combat anti impérialiste. Mais qui plus est, le mouvement qui l’entoure dépasse son projet personnel et le cadre même du Niger.
    Les intérêts des membres des BRICS contre ceux des impérialismes sont pour la plupart des intérêts capitalistes, mais ils brisent la domination impérialiste et l’hégémonie du dollar.
     
    C’est un paradoxe que beaucoup de progressistes n’acceptent pas. Pour eux le progrès ou la réaction c’est l’étiquette que se collent les gens, comme le brevet de socialiste de Mohamed Bazoum ou celle que collent les USA comme la marque d’infamie du « totalitarisme », ce sont les critères woke de la social-démocratie.
    Mais les marxistes ne se paient pas de mots, ils sont matérialistes et s’appuient sur les faits : qui s’oppose dans ses actes à l’impérialisme et qui se couche. Ceci n’exclut pas l’arriération des formes sociales et de leur reflet culturel, mais c’est l’aspect principal.
     
    Un autre paradoxe est que la nouvelle ère de la mondialisation s’appuie sur l’essor national et régional, parce que cette mondialisation multipolaire s’oppose à celle unipolaire.
    Par contre, si la Chine Populaire est leader de l’opposition à l’hégémonisme à l’échelle mondiale, ce mouvement n’est pas dirigé nationalement par des partis communistes. C’est aux peuples de ces nations de faire le pas eux-mêmes, peut-être en s‘inspirant du parcours de la Chine, mais dans tous les cas en partant de leur passé et de leurs besoins propres.
     
    La révolution bolchévique a inspiré la création des partis communistes dans le monde entier. La révolution chinoise parle aux peuples dominés et à leur espoir d’émancipation. Quel chemin prendront-ils maintenant ? Les communistes des pays impérialistes ont d’abord pour devoir de les soutenir sans réserve.

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    • Daniel Arias
      Daniel Arias

      “La révolution bolchévique a inspiré la création des partis communistes dans le monde entier. La révolution chinoise parle aux peuples dominés et à leur espoir d’émancipation. Quel chemin prendront-ils maintenant ? Les communistes des pays impérialistes ont d’abord pour devoir de les soutenir sans réserve.”

      Tu as raison.

      Les communistes des pays impérialistes doivent également comprendre que la libération des pays dominés est une condition de leur libération mais que celle-ci ne va pas se passer en douceur.

      La France a exporté ses capitaux et abandonné de nombreux savoirs industriels pour se concentrer sur la finance et quelques niches de marchés dans une configuration de mondialisation bourgeoise, luxe, aviation, armement pour l’essentiel puis le tourisme.

      Cette baisse de qualification moyenne des producteurs en France nous pose déjà des problèmes visibles dans le recrutement d’enseignants et de médecins qui viennent de plus en plus travailler dans nos CHU.

      Avec la stabilisation des pays d’origine ces population n’auront plus de motifs de venir nous soigner ou travailler pour nous dans les chantiers, le transport ou dans les champs.

      Le retour va être brutal en termes de capacités humaines réelles en personnel qualifié pour la production surtout si les ex pays socialistes réalisent qu’il vaut mieux travailler avec l’Est qu’avec la France et l’Allemagne en déclin. Pour l’instant ils sont encore sous le joug des yankees.

      Le retour va être encore plus brutal en terme de salaires réels quand il faudra faire face à la concurrence croissante de la Chine puis dans quelques décennies de l’Afrique, déjà un concurrent industriel dont on parle peu se modernise à marche forcée: la Turquie qui dans l’OTAN joue un jeu très habile y compris avec la Russie. C’est aussi rappelons le pour l’instant la seule route sécurisée du Gaz avec l’Algérie.

      L”opposition dans l’UE est de plus en plus dans les mains de l’extrême droite beuglant sans cesse son racisme imbécile dont les propos sont repris y compris dans une frange non négligeable de la gauche et la question des conditions de vie des immigrés vue par des lunettes déformantes de la réalité.

      Pour se permettre d’être raciste il faut être une puissance, ce que nous sommes de moins en moins.

      La direction que prend la France est la même que celle des USA plus personne ne pourra nous voir et pour l’instant je vois pas quelle personnalité politique y compris à gauche est en capacité de rendre la France respectable ne serais-ce que sur le plan des idées.

      Les communistes devraient se demander qu’aurons nous à échanger avec le monde ?

      La mondialisation pilotée par les USA meurt une autre va naître avec encore bien des années pour le capitalisme mondial qui sera dominé non pas politiquement mais matériellement par la Chine. La Chine ne veut être un modèle ni imposer un modèle mais matériellement l’efficacité de son économie va imposer un modèle probablement hybride pour encore de nombreuses années le “socialisme de marché”.

      Ce modèle va probablement plus ou moins rapidement développer les forces productives nouvelles par l’innovation et surtout par extension à tous les pays.

      En France il nous faudra bien tout revoir, notre positionnement dans cette nouvelle économie globalisée à moins de se résigner à vivre un effondrement économique. Cet effondrement se matérialise déjà dans nos services publics dont le gouvernement veut encore enlever des moyens en particuliers avec la lois sur la sécu en préparation, sur le plan industriel nous ne savons plus souder une cuve de centrale nucléaire, nos TGV ne s’exportent plus, Airbus va être concurrencé par la production chinoise et russe sur les avions de ligne, les PME stratégiques y compris certaines grosses entreprises sont menacées de fermeture par les fonds vautour.

      Nos propres industriels préfèrent quand ils font des opérations communes avec les Chinois produire en dehors de la France comme Renault qui choisi l’Espagne et la Chine pour les futurs véhicules produites avec le géant chinois Geely.

      Aujourd’hui culturellement et politiquement la France prétentieuse est très mal placée il faudra bien redevenir réaliste et aussi développer nos propres forces productives quand nous ne pourrons plus les voler à l’extérieur.

      Ceci passera par un changement culturel, une réhabilitation du monde ouvrier, les écoles professionnelles de haut niveau, des enseignants et des étudiants qui retrouvent goût aux études d’ingénieurs, de chercheurs, de santé,… Nous n’avons pas besoins de tant de communicants formés dans des écoles aussi nulles que science po ou des énièmes chefs cuisto ou encore du dernier développeur d’une application pour smartphone inutile.

      Cette 3ème guerre mondiale qui c’est intensifiée le 22 février 2022 est en train d’accélérer le cours de l’Histoire d’une manière fantastique; les communistes auraient dû être à l’avant garde dans l’adaptation à cet évènement s’ils n’avaient abandonné l’étude du marxisme du léninisme et les apports du Sud se libérant dont un des principaux penseurs est Fidel Castro.

      En un peu plus d’un demi siècle le monde c’est progressivement libéré du colonialisme ce processus se poursuit et résiste à la réaction de l’Empire dont nous sommes un des éléments périphériques.

      Dans ces conditions ces peuples vont progressivement devenir nos égaux avec des concurrences plus ou moins fortes dans de nombreux domaines.

      Ce sont nos conditions matérielles d’existence qui sont menacées, des pays développés comme la RDA, la Roumanie, la Pologne et dans une grande mesure l’URSS, dont la riche Ukraine Socialiste ont été détruites en moins d’une année.

      Les communistes sont il prêts à un effondrement en une année ?

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      • marsal
        marsal

        Ce qui disparait avec l’impérialisme, c’est la prééminence de l’extérieur sur l’intérieur, de la grande bourgeoisie nord-américaine (et ses annexes) sur le monde, via sa puissance politique, financière et militaire. Il n’y a pas que la Chine qui est en train de mettre fin à l’hégémonie US, l’Iran aussi a su se développer de manière impressionnante malgré l’embargo, le Vietnam s’est libéré de l’occupation et a également trouvé la voie de son développement; Cuba tient tête, mais si sa position d’île au large de la Floride n’est pas très favorable et pose un grave problème notamment en approvisionnement énergétique.
        L’Afrique actuelle est en train de faire son chemin. L’autonomie stratégique a un prix, mais il devient moins élevé que celui de la soumission, c’est ce que sont en train de dire le Mali, le Burkina, la Guinée, le Niger …

        Les écarts majeurs de développement et de productivité sont derrière nous. Les grands déséquilibres démographiques aussi. La Chine ne souhaite pas exercer d’hégémonie mondiale, car elle sait que c’est inutile, nuisible et impossible.

        Ce qui est fondamental, c’est qu’avec cette domination impérialiste, disparaît aussi le principal obstacle vers la transition socialiste. Chaque pays retrouve la liberté de choisir sa voie vers le socialiisme qui est pour tous une nécessité. Depuis le début des années 70, ceci était plus ou moins interdit et tous les pays qui ont essayé ont payé un prix très élevé.

        Alors, quid pour la France avec la fin de sa position impérialiste ? Opportunité ou calamité ?

        A mon sens, tant que nous nous laisserons gouverner par la clique grand-bourgeoise liée à l’impérialisme US, ce sera une calamité, car ils feront tout ce qu’ils peuvent pour maintenir leur position, leurs privilèges, quitte à saboter l’avenir du pays. Ils ont déjà commencé.

        Mais si on se débarrassait de ces parasites et qu’on l’on formulait une perspective de développement socialiste auto-centré, avec des échanges équilibrés avec le reste du monde. que se passerait-il ?

        A mon sens, la première étape serait une chute brutale de la monnaie (euro ou franc retrouvé), ce qui rendrait les importations beaucoup plus coûteuses, notamment en pétrole, mais rendrait la production locale à sa véritable compétitivité. Il y aurait une forte chute du PIB en temes monétaires, moindre en termes de parité de pouvoir d’achat. L’énergie serait probablement le facteur limitant de la production, le temps (au moins une décennie probablement) de développer une production autonome (ce dont nous avons les moyens à moyen terme grâce à la maîtrise – encore – d’un certain nombre de technologies clés, dont bien sûr le nucléaire).

        Serions-nous malheureux d’avoir perdu des sources de jouissance matérielle (fini les voyages dans les îles et les voitures de luxe, mais qui en profite ?) mais nous y gagnerions la dignité, la fierté, le sens du travail et de la vie, le retour d’un collectif incarné et une réduction substantielle de la pire misère qui n’est pas liée à la pauvreté de notre pays mais aux profondes inégalités. Si nous nous y prenons bien, ce pourrait être déjà des “jours heureux” …

        A mon sens, il y a deux conditions pour réussir ce scénario :
        1. Une véritable rupture par rapport à l’impérialisme, afin de pouvoir établir un vrai et sincère partenariat gagnant – gagnant avec les pays en développement. Il y a une vrai possibilité d’échange équilibré avec l’Afrique en terme d’échanges “ressources contre technologie”. Sur ce plan, le parti a un rôle très important à jouer et doit s’affirmer sans ambages contre le néo-impérialisme actuel, en solidarité sans limite avec le Sud global, les Brics, et les pays qui ont le courage de choisir la voie de la dignité, Cuba, et les pays comme le Mali, le Burkina …
        2. Il faudra un certain niveau de “dictature du prolétariat”, pour que la politique de la nation soit centrée sur l’intérêt du plus grand nombre et non sur les privilèges (nombreux des diverses couches bourgeoises et petite-bourgeoises. En particulier, comme les ressources monétaires et énergétiques seront un facteur limitant du nouveau développement, il ne sera pas question de laisser une petite minorité les accaparer et les gaspiller …Cela suppose de renoncer à l’Union pour l’Union qui aboutit toujours à mettre les classes populaires à la remorque de la petite-bourgeoisie et de privilégier l’unité derrière les classes populaires. La classe ouvrière, les travailleurs essentiels doivent retrouver leur rôle dirigeant, être la boussole du mouvement collectif et là aussi le parti communiste a un rôle crucial à jouer;

        La campagne électorale présidentielle a montré un réel potentiel pour notre parti. Il y a des atouts et néanmoins, des difficultés.

        Le positionnement social, autour du slogan des “Jours heureux”, et de la manière dont nous l’avons décliné en thèmes fort, autour du travail, autour des droits nouveaux pour les salariés, dans une ambition positive et fédératrice pour le pays, pour la réindustrialisation ..

        Le slogan des jours heureux permet de recentrer l’objectif sur la vie, dans sa complexité. Etre heureux dans sa vie, être heureux dans sa famille, être heureux au travail, être heureux ensemble et non plus individuellement, c’est d’emblée sortir de faux objectifs (l’argent, la consommation, la mise en scène d’une vie “de rève”, c’est très loin du bonheur). Lutter collectivement, construire ensemble avec patience, et voir le résultat de son effort est une forme plus approfondie du bonheur.

        La limite principale, les difficultés, c’est : “sommes-nous prêt à franchir le pas de la rupture avec cette vieille société et ses fétiches ?”. Sommes nous prêts à affronter les questions qui fâchent ? A suivre l’exemple de nos aieulx qui militaient contre l’occupation de la Rhuh par l’armée française, contre la guerre du Rif, puis contre les guerre coloniale ; qui présentaient aux élections ceux qui étaient privés du droit de vote ; qui défendaient bec et ongle l’URSS. En affrontant la bourgeoisie sur les questions sur lesquelles elle supportait le moins la contradiction, les communistes ont peut-être perdu au début des soutiens mais ils ont gagné à terme l’estime et la confiance de larges couches populaires.

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      • Xuan

        Daniel, je relève cette phrase dans ton texte, qui appelle une réflexion sur l’avenir du racisme :
        Pour se permettre d’être raciste il faut être une puissance, ce que nous sommes de moins en moins.”

        Cela signifie que, si la concurrence entre les peuples peut encore servir de prétexte au racisme, le bouleversement auquel nous assistons brise ses racines coloniales et impérialistes.
        Ou bien notre pays se replie sur lui-même et se prive de ressources nécessaires et de débouchés commerciaux, ou bien il accepte de se confronter à une nouvelle sorte de mondialisation où le racisme colonial n’a plus cours.
        C’est un bouleversement idéologique, et je suis convaincu que l’extrême droite n’y a pas d’avenir.

        Elle n’a pas d’avenir non plus dans la référence au nazisme dont le rejeton est battu en Ukraine. Il est d’ailleurs remarquable qu’à l’échelle de la France comme de l’Europe, cette extrême droite est coupée en deux sur ce sujet, qu’une partie d’entre elle s’oppose aux néo nazis ukrainiens manipulés par “l’Empire”, et qu’elle se retrouve ainsi à contre emploi. Il faudra qu’elle reconsidère son logiciel.

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        • admin5319
          admin5319

          L’objectif énoncé par Ibrahim Traoré au Burkina Faso, c’est de faire en sorte que les africains n’aient plus besoin de venir en Europe, mais s’investissent dans le développement de l’Afrique. Grâce notamment aux investissements chinois, c’est déjà en marche. Et cela va changer complètement la donne ici,

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