Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

A propos de la tribune dans le journal Le Monde, par Franck Marsal

Fabien Roussel, en tant que député du Nord et secrétaire national du PCF a signé une tribune dans le journal Le Monde, appelant à des négociations pour sortir de la guerre en Ukraine. Cette tribune soulève un certain nombre de questions en elle-même, par son contenu, mais il faut aller au-delà et envisager nos difficultés à élaborer collectivement sur les questions internationales et continentales.

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Le premier problème que nous avons a résoudre à mon sens, c’est que nous menons des discussions, tant en interne qu’en externe, sans utiliser sérieusement aucun des concepts clés du marxisme. Lors du dernier congrès, j’avais proposé un amendement, soutenu par ma section et, si mes souvenirs sont bons, par le congrès fédéral, qui introduisait dans le préambule une référence directe et explicite à la phrase de Marx selon laquelle “l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes”. Cet amendement a été retoqué au niveau national. En soi, ce n’est pas grave. Il y a eu des milliers d’amendements, beaucoup plus ont été refusés qu’acceptés, on voulait un préambule court etc etc …

Sauf que, dans le texte final, il y 74 occurrences du mot lutte(s), et seulement 3 contiennent “lutte de classe”, mais jamais pour poser la lutte de classe en elle-même, comme un concept central pour le parti. Par exemple, on dit vouloir un “féminisme de lutte de classe”, ou on reproche à l’extrême-droite “d’évincer la lutte de classe” etc. Mais, sans jamais avoir redéfini la question de la lutte des classes dans son actualité, encore moins comme le moteur de l’histoire. Comment un nouvel adhérent, ou un adhérent récent peut-il se positionner par rapport à un concept clé, mais qui n’est pas utilisé ni explicité ?

Et bien évidemment, c’est la même chose pour l’impérialisme. Ce terme est totalement absent non seulement du texte de la déclaration de Fabien, mais il est visiblement aussi absent de sa grille d’analyse. La position des camarades grecs est que s’affrontent en Ukraine deux impérialismes. C’est une position avec laquelle je ne suis pas d’accord, mais c’est une position qui s’appuie sur une analyse et des concepts marxistes. De plus, comme les camarades sont des marxistes conséquents, ils savent (selon le slogan de Karl Liebknecht) que l’ennemi principal est dans notre propre pays et ils luttent donc prioritairement contre l’impérialisme Otanien.

La racine “impérialis-” revient à huit reprises dans le texte du congrès. Mais ce terme n’est aucunement défini, ni posé comme un concept clé et il n’y a pas d’analyse de ce qu’est l’impérialisme. Donc, dans ce texte, chacun peut entendre un peu ce qu’il veut de ce qu’est l’impérialisme. On peut penser que l’impérialisme est un concept marxiste, on peut penser que la Russie est un pays impérialiste ou ne pas le penser. On peut même tout à fait penser que l’impérialisme est une forme de domination parmi d’autres, comme le patriarcat, le racisme et qu’il faut “lutter”, nous “humanistes sincères”, contre toutes les formes de domination. (NB : on peut s’amuser plus longuement à l’analyse du champ lexical du texte de congrès, par exemple, on trouve 4 fois l’occurrence de la racine “bourgeoi-“, aucune fois la racine “proléta-” mais 74 occurrences de la racine “démocrat-” … ).

Pour en terminer avec le congrès et rentrer en même temps dans le contenu de la déclaration, notons quelques points :

  1. La déclaration reprend quelques points adoptés par le congrès, comme la phrase “L’invasion de l’Ukraine est à la fois injustifiable et criminelle” est dans le texte de congrès. Personnellement ne me convient pas du tout, car cette formulation fait l’impasse sur les raisons du conflit et rentre dans une logique de coupable / victime. Notons néanmoins que, dans le texte du congrès, cette phrase est contextualisée par le rappel de la politique d’expansion vers l’Est de l’OTAN et celui de la non-application des accords de Minsk. Évoquer ces deux éléments, c’est déjà considérer qu’il y a des motifs qui ont pu conduire à la guerre. On aurait pu ajouter surtout les précédents de destruction de la Yougoslavie, de la Serbie et de la Libye par l’OTAN qui ont constitué des précédents qui ne pouvaient que légitimement inquiéter la Russie. Mais, la phrase est dans le texte de congrès.
  2. En revanche, plusieurs points clés posés par le congrès ne sont pas du tout mentionnés dans la déclaration.
    1. Le congrès appelle explicitement au “cessez-le-feu”, ce que la déclaration ne fait pas. Le cessez-le-feu est nécessairement la première étape. Admettre que la guerre n’est pas la solution, arrêter les combats, pour parvenir à ouvrir une négociation et non pas négocier tout en se combattant, pendant encore des mois et chacun espérant peser sur les négociations en sacrifiant encore des vies inutiles.
    2. La tribune ne fait aucune mention des positions du parti quant à la sortie et la dissolution de l’OTAN, ce qui est pourtant la position du congrès qui évoque deux fois la nécessaire sortie de la France de l’OTAN et appelle à “prendre l’initiative d’un nouveau système de sécurité collective européen et mondial qui permettra la dissolution de l’Otan”. Or, si la tribune fait effectivement mention d’un système de sécurité collective européen, comme, quelques lignes plus haut, elle fait mention de retour de l’OTAN dans ses bases de février 2022 (en échange du retrait des armes nucléaires russes de Biélorussie), on laisse ici penser que le “système pan-européen de sécurité collective” est en fait un retour à une sorte de guerre froide avec traité de désarmement, dans lequel l’OTAN non seulement perdure, mais garde la main haute sur la majeure partie de l’Europe.
  3. Il y a enfin un certain nombre de choses qui ne sont pas du tout évoquées dans la discussion de congrès : des positions sur les référendums qui seraient légitimes et ceux qui ne le seraient pas, ce que les uns et les autres devraient raisonnablement accepter et qui sont, disons le, empreintes d’une grande naïveté. Ainsi, il faudrait “l’évacuation immédiate et inconditionnelle des territoires que la Russie occupe depuis le 24 février 2022” et une “négociation d’un statut de neutralité pour l’Ukraine lui apportant toutes les garanties sur sa souveraineté et sa sécurité”. C’est une sorte de retour (illusoire) aux accords de Minsk. C’est demander à l’armée russe de se retirer en échange d’une négociation dont le succès n’est aucunement garanti, et – en outre – laisser sans protection les populations locales qui – qu’elles aient tort ou raison – ont été satisfaites de la présence russe et commencé à vivre dans ce nouvel état. Tout cela n’est pas dans les discussions de congrès, qui prudemment mais sûrement, appelle au cessez-le-feu, aux négociations, en laissant aux parties le soin de trouver les compromis nécessaires, ce qui est la position juste et réaliste.

Pour terminer cette courte analyse, je voudrais m’arrêter sur un passage clé tout à fait étonnant. La tribune dit :

“Nous sommes ainsi à la croisée des chemins. Soit nous comptons sur une victoire de l’Ukraine pour libérer ses territoires, hypothèse aujourd’hui jugée hautement incertaine, soit nous empruntons une autre voie, certes plus étroite, mais pouvant permettre d’éviter le pire, la recherche d’une solution politique et diplomatique.

Première question : Qui est le “nous”, sujet de ces deux phrases ? Qui est le sujet de l’histoire ? Si on s’arrête à la première détermination disponible dans ce passage, elle nous dit “si nous comptons sur une victoire de l’Ukraine …” Qui aujourd’hui compte sur une victoire de l’Ukraine ? Le gouvernement Zelenski, l’OTAN, Macron, Scholtz, Biden, Sunak etc etc. Nous – PCF – aussi ??? C’est “notre” nous ?

C’est précisément pour cela que j’ai commencé cette analyse en revenant aux concepts marxistes, et en particulier à la lutte de classes. Où est la lutte de classes dans tout cela ? Quelle classe sociale dirige l’Ukraine aujourd’hui ? Quel est l’intérêt du prolétariat d’Ukraine ? Est-ce que la priorité pour le prolétariat ukrainien est réellement de devenir la main d’œuvre ultra bon marché de l’industrie allemande et des multinationales de l’agro-alimentaire qui rêvent de s’approprier les riches terres fertiles du nord-est de l’Ukraine ? Le tout en vivant sous la menace permanente des affrontements “inter-ethniques” et des bataillons néo-nazis ? Pourquoi ne pose-t-on pas ces questions là ? Si nous, communistes, ne les posons pas, qui le fera ?

Il en est des affrontements nationalistes comme du racisme et des affrontements inter-ethniques. Il est facile partout de dresser les gens les uns contre les autres et des moyens considérables sont mis à l’œuvre pour le faire, car c’est la condition idéale de l’exploitation capitaliste. Nous devrions y être sensibles, nous qui percevons tous les jours désormais l’odieuse mécanique mise en place pour diviser le prolétariat français et opposer entre elles des communautés qui partagent peu ou prou les mêmes conditions de vie et de travail, qui ont montré tant de fois les liens fraternels qu’elles sont capables de tisser. Pendant 70 ans, les peuples ukrainiens et russes ont entretenu des liens fraternels et l’Ukraine n’a jamais été aussi heureuse et prospère que comme république socialiste de l’URSS. Si nous communistes ne le disons pas, qui le fera ?

Deuxième question : pourquoi la possibilité d’une victoire de la Russie sur l’OTAN (c’est bien cela qui est en jeu aujourd’hui) n’est-elle évoquée que sous la formulation évasive de “éviter le pire” ? Comme si c’était quelque chose d’impensable ? Est-ce que nos capacités d’analyse sont à ce point aveuglées qu’on ne peut envisager sérieusement que, dans un conflit militaire de cette ampleur, l’un comme l’autre camp peut sérieusement gagner ? Est-ce que l’on sous-entend (c’est ce que font les “nous” de l’OTAN, les Macron, Scholz, Biden, et leur grand ami Zelenski) que la victoire de la Russie est inenvisageable ? Que c’est effectivement le “pire”, le cataclysme ? C’est exactement ce raisonnement qui les mène à la conclusion inverse de Fabien : il faut poursuivre la guerre “quoi qu’il en coûté”, jusqu’au dernier obus, jusqu’au dernier dollar et jusqu’au dernier ukrainien ou russe … et jusqu’à Sébastopol. Si nous en restons là, nous ne voyons rien de la profondeur des courants qui s’affrontent. Nous ne voyons pas que ce qui se joue, c’est la structure du monde telle qu’elle s’est établie depuis la destruction de l’URSS, un monde d’une seule super-puissance, qui le réorganise en fonction de son seul intérêt. Ici, c’est d’avoir travaillé sérieusement la notion d’impérialisme qui nous manque et je renvoie aux débats que nous menons sur ce site à ce sujet.

Fondamentalement, sans outils de pensée marxistes partagés, comment un parti communiste peut-il s’y retrouver dans une situation aussi complexe que celle que nous vivons ? Comment notre navire peut-il éviter d’être le jouet de la tempête si nous ne voyons que les vagues en surface et non les puissants courants de profondeur ? Ce travail est pour moi le travail prioritaire aujourd’hui pour notre parti. Ce blog est un des meilleurs outils dont nous disposons pour le mener et il est grand temps que le parti le reconnaisse officiellement.








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16 Commentaires

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Je ne lis pas “Le Monde”. J’avoue que je ne m’en porte pas plus mal. Aujourd’hui, grâce à D.Arias, j’ai le contenu de l’Appel à la Paix de F.Roussel. Quel est mon ressenti? Sous couvert d’ Appel à la Paix, sous couvert d’équilibre entre les 2 parties, c’est la capitulation de la Russie que demande F.Roussel. Ayant un a-priori contre Roussel peut-être que mon analyse est faussée. Et pourtant, j’ai du mal à croire à la malhonnêteté de ce personnage.
    Les responsabilités USA/UE/OTAN sont à peine évoquées. A le lire, il ne s’est rien passé depuis 2014 en Ukraine et le coup d’état du Maïdan. Les accords de Minsk bafoués de l’aveu même de Mme Merkel et F.Hollande, tout cela oublié! etc…etc..
    F.Marsal insiste sur la “Lutte de classes”. Il a mille fois raison. J’ai l’impression que le PCF ne sait plus ce que c’est.

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  • Martine Garcin
    Martine Garcin

    Quiconque a tenté de réfléchir sur les causes de la guerre de 1914-1918 a pu reconnaître, dès le début, la nature impérialiste de l’intervention de l’OTAN en Ukraine, les motivations de la Russie étant plus diverses.
    En 1914, Sarajevo, la Bosnie, les Balkans étaient au point de rencontre des 3 empires ottoman, austro-hongrois, russe. L’enjeu pour chacun était de s’accaparer un petit territoire supplémentaire, ses richesses. Alliances, engrenages, escalades ont abouti à l’infâme boucherie mondiale.
    Comment après cela voter, comme en 1914, l’Union sacrée, la résolution 390 ? Et se placer résolument du côté de l’OTAN ?
    L’OTAN n’est rien d’autre que l’outil militaire et politique de défense de l’hégémonie des USA. L’OTAN a fomenté des guerres partout dans le monde, n’en a gagné aucune, ce n’est pas son objectif. Son but est de défendre les intérêts de l’hégémonie américaine, son économie (armement, énergie, technologies…), au détriment de ses vassaux. Pas de paix sans la sortie de l’OTAN, sans défense d’une souveraineté française et éventuellement européenne.

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    • etoilerouge
      etoilerouge

      Ou par la défaite nécessaire de l’OTAN ?

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    “Où est la lutte de classes dans tous cela ?”

    En ce qui concerne les communistes français cette lutte des classes est menée déjà depuis de longues années au sein même du Parti et les prolétaires sont soigneusement évincés des centres de décision du Parti par ceux qui servent en premier lieu les élus dont la stratégie n’est jamais discutée.

    Quels ont été les résultats de la stratégie électorale du PCF sur le renforcement idéologique et quantitatif, dans l’organisation des travailleurs pour prendre conscience et mener activement la lutte des classes ?

    Pour l’instant depuis de nombreuses années l’unité du Parti semble une priorité ? Pourquoi pas mais a t on analysé sérieusement cette unité ? Entre quelles positions idéologiques, entre quelles classes en interne ? Qui profite dans le Parti et en dehors le plus de cette unité ?

    Comment et avec qui la démocratie revendiquée à raison sera t elle possible ? Sans gagner l’indépendance relative c’est à dire sans que la France puisse choisir ses alliés.

    Quelles sont les contraintes réelles que subit la France pour entraver sa volonté d’indépendance que les incantations de Macron ne pourrons détruire ?

    Il faut partir de la réalité industrielle, économique de la France, de l’état et des perspectives de la population et de l’état réel des forces qui peuvent participer à cette émancipation: PCF et CGT en premier lieu et la gauche plus généralement.

    Sans oublier le double combat que mène notre bourgeoisie nationale en interne contre le prolétariat et en externe contre ses partenaires de l’OTAN.

    Sur l’article lui même Fabien Roussel minimise le rôle majeur de l’OTAN et de son centre Washington. Tout l’OTAN actuellement applique de facto l’article 5 de la charte de l’OTAN pour aider l’Ukraine par une aide de tous les membres en matériel vétuste envoyant à une mort certaine les civils Ukrainiens enrôlés de force par les nazis. Les soldats envoyés dans des véhicules aussi pourris comme les AMX 10RC, les M113 ou les Bradley vont à une mort certaine en connaissance de cause des officiers qui conseillent les gouvernements de l’OTAN. C’est un crime dont nos gouvernements sont les seuls responsables.

    L’implication de la Grande Bretagne qui n’est pas une surprise est criminelle: obus anti chars à uranium appauvri, bombes à fragmentation fournies par leurs cousins d’Amérique, missiles longue portée Storm Shadow ou SCALP, se sont les mêmes; et dernièrement pour le pont de Crimée l’utilisation probable de drones civils sous marin REMUS 600 ce qui a provoqué l’intervention diplomatique de la Russie vis à vis de la Grande Bretagne.

    Revenir à la situation de 2022 avec cette association de menteurs et de voleurs ? Soyons sérieux!

    Régis de Castelnau rappelle avec justesse le discours de Munich de 2007, puis le discours de 2014 et surtout les dernières interventions de Xi Jingping.

    En résumé:

    “Nous mènerons ensemble les transformations pour assurer le développement des pays en voie de développement” et “quand nous aideront réellement (militairement) la Russie que Dieu vous garde.”

    Effectivement la question du “Nous” est importante: est-ce le même nous pour les travailleurs et les dirigeants du PCF ? Il serait souhaitable que ce soit le cas faudrait il qu’en interne les décisions ne soient plus prises dans des cabinets obscurs à l’écart des débats des militants.

    Comment un secrétaire national du PCF peut proposer d’arrêter le cours de l’Histoire et ignorer à ce point les changements d’équilibre dans les forces productives mondiales ?

    Régis de Castelnau – Vu du droit
    LA GUERRE EN UKRAINE VIDEO N° 47
    https://youtu.be/Gv1wObEx_64

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  • trannoy Bernard
    trannoy Bernard

    Je partage totalement, et en Gironde nous serons un certain nombre.

    Mais encore nous faut-il prendre en compte la tectonique des plaques en cours ?

    Au delà de l’Ukraine, c’est à un affrontement global entre ce qu’on appelle “l’Occident collectif” et le “Sud global” qu’il est à l’œuvre

    Une remarque d’Alain Juillet (gaulliste historique) ancien directeur de la DGSE qui ne manque pas de pertinence, (lui voit, pas Fabien) : “La parenthèse de colonisation du monde par l’occident ouverte en 1492 par Christophe Colomb est en voie de fermeture et rien ne pourra l’empêcher. Cela à moi occidental ne me fait pas plaisir, mais c’est un fait“.

    J’ajouterai que la sortie de l’UE est tout aussi indispensable. L’UE n’étant qu’une des déclinaisons politiques de l’OTAN. Il faut sortir de l’un et l’autre ce serait être conséquent. Allons plutôt vers les BRICS. U.E qui n’est que la collection des vassaux des Etats-Unis. Des états en total état de servitude volontaire.

    Cet affrontement étant une des dimensions de la lutte des classes.

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  • Xuan

    Naturellement je partage tout ce que dit Frank sur l’impérialisme parvenu au stade hégémonique, et ses conséquences. Je voudrais revenir sur sa question concernant la lutte des classes et les principes.

    Lorsque le programme des jours heureux a été présenté, notre camarade Jean Claude Delaunay n’avait pas dissimulé ses critiques.
    Il y avait d’une part la nécessité de sauver le PCF de la liquidation pure et simple, et d’autre part le prolongement d’une tradition déjà ancrée bien avant Robert Hue, d’un parti de gouvernement, tradition issue de la théorie du passage pacifique au socialisme de Khrouchtchev.
    Clouscard avait attiré l’attention des communistes sur le lien entre l’idéologie libertaire et le libéralisme, un peu moins sur le lien entre révisionnisme ou opportunisme de droite, et libéralisme. Pourtant c’est un cagoulard qui a été porté et maintenu au gouvernement, et avec l’appui de nombreux gauchistes d’ailleurs.

    C’est donc un mal ancien. Mao Zedong dénonçait dans le rejet de Staline l’abandon d’une épée, épée aussitôt saisie par les impérialistes pour nous frapper. Et il ajoutait que l’épée de Lénine avait déjà suivi le même chemin … « A mon avis, elle l’a été dans une assez large mesure. La Révolution d’Octobre est-elle toujours valable? Peut-elle encore servir d’exemple aux différents pays ? Le rapport de Khrouchtchev au XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique dit qu’il est possible de parvenir au pouvoir par la voie parlementaire; cela signifie que les autres pays n’auraient plus besoin de suivre l’exemple de la Révolution d’Octobre. Une fois cette porte grande ouverte, le léninisme est pratiquement rejeté… »[1]

     

    Restait l’épée du marxisme. On lit dans « Erreur ou trahison » le travail de sape d’A. Tsipko utilisant l’abandon de Staline pour éliminer le marxisme lui-même [p 349 – 350] :

    A. Tsipko s’insurgeait contre l’idée séductrice d’une opposition simpliste par sa conception entre Staline et ses prédécesseurs et opposants politiques au sein du Parti: ” La tentation est grande de comparer la victoire de Staline sur tous ses opposants au Politburo du Comité central du PC(b)US au Thermidor de Napoléon, de la présenter comme un coup d’Etat contre-révolutionnaire, en rupture totale avec l’idéologie et les idéaux des prolétaires de Russie. Une fois que l’on est d’accord avec cette pensée séduisante, tous les problèmes sont résolus en un instant: Staline est condamné, la foi dans l’idéal est préservée, la “pureté” de la théorie est restaurée.”

    L’une des idées les plus importantes de cet article était la suivante : le « stalinisme » est « une sorte d’extrémisme de gauche*», « les origines du stalinisme sont à rechercher dans les traditions du radicalisme de gauche russe », caractéristique de tout le mouvement révolutionnaire en Russie. Et bien qu’A. Tsipko ne l’ait pas écrit directement, il ressort de son article qu’il n’y avait pas de différence fondamentale entre Staline et Lénine.

    En même temps, l’auteur abordait un autre problème: « Nous avons le droit et même le devoir de nous demander: qu’est-ce qui, dans la théorie de Marx, a été confirmé et que nous devons suivre ? Qu’est-ce qui, dans sa doctrine, n’était vrai que pour son époque, pour le XIXe siècle ? En quoi Marx et Engels se sont-ils trompés ? » Se demandait-il.

    Sans donner une réponse exhaustive à ces questions, A. Tsipko indiquait à ses lecteurs que l’une des principales erreurs de K. Marx et F. Engels était l’idée de la possibilité de créer une société socialiste non marchande. V.I. Lénine fut convaincu du principe de l’impossibilité de combiner le marché et le socialisme jusqu’au début des années 1920. Cette idée était à la base du socialisme qui a été créé dans notre pays sous la direction de Staline.

    En conséquence, l’auteur formulait la conclusion suivante : « Staline en tant que personne a été formé dans un environnement marxiste, il a assimilé comme il l’a pu en vertu de ses capacités et de sa formation l’héritage des classiques » ; en définitive, il « n’est jamais allé au-delà des vérités de l’ABC du marxisme », et par conséquent « la pensée de Staline et ses idées sur le socialisme étaient typiques des marxistes de l’époque ».

    En effet, Staline était marxiste, et au fond c’est à ce titre qu’il a été déboulonné. Il ne restait plus alors à Robert Hue qu’à geindre et battre sa coulpe à « la Marche du Siècle »

    Je reviens donc sur la lutte des classes dont parle Frank. Toujours dans le cadre strictement parlementaire, la lutte des classes a été balayée par la lutte entre « droite et gauche », entre un « peuple de droite » et un « peuple de gauche ». Et nous voici bien embarrassés pour retomber sur nos pieds après tant de trahisons.

    Les idéologues de la bourgeoisie se sont saisi de cet autre abandon pour remplacer la lutte des classes par celle des « citoyens » opposés aux « élites et au capitalisme mondialisé ».

    Pour ajouter la confusion à la confusion, on voit même certain « marxiste » remplacer la lutte de classe contre la bourgeoisie monopoliste par celle contre « oligarques et apatrides dont la recherche de leur intérêt et du profit se fait en dehors des frontières nationales » mais aussi « toutes les nouvelles couches moyennes supérieures plutôt hautes et souvent urbaines » et pour finir « tout ce qui relève de ce lumpen proletariat que je définis comme l’économie parallèle des racailles du bas et d’en haut. »

    Face à cet « ennemi principal », la « lutte de libération nationale doit être conduite avec tous ceux qui ont envie de sortir du joug qui pèse sur nous à l’heure actuelle », et il s’affiche avec Dupont Aignan .

    Sur ce terrain-là aussi la confusion est la plus extrême.

    Il n’est pas nécessaire de s’étriper des jours durant sur la définition du prolétariat pour savoir qui sont les amis et qui sont les ennemis de la révolution. La meilleure solution consiste à partir de la réalité sociale, enquêter sur place sur la situation matérielle et les besoins matériels des masses, observer simplement lors des conflits sociaux qui se bat réellement contre le capital, qui hésite, et qui le soutient. Les cellules d’entreprise seraient sûrement un excellent outil pour ce faire, et c’est un acquis du dernier congrès, s’il est bien utilisé.

    Un des principaux outils du marxisme c’est de partir des intérêts du peuple, et partir des faits.

    [1] Mao Tsé-toung – « deux épées » discours à la deuxième session plénière du Comité Central issu du VIIIe Congrès du Parti Communiste Chinois – 15 novembre 1956

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    • admin5319
      admin5319

      e texte sera publié demain dans le cadre de notre discussion collective autour d’erreur et trahison et des textes de jean claude Delaunay. Il marque en effet grace au travail de Franck un seuil dans cette réflexion.
      Une information complémentaire : savez vous quels sont les grandes vedettes de l’Université d’été : Francis Wurtz et Hubert Vedrine..

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    La confusion ceux ci en payent les conséquences au prix fort, comme hier ceux envoyés au STO en France quand les élites de droite et gauche temporisaient renforçant ainsi l’Allemagne Nazie.

    L’ensemble des députés en France portent cette responsabilité, lesquels oseront reconnaître leurs torts ? Où bien l’image et la carrière sont elles plus importantes que ceux qui sont sacrifiés sous leurs pieds ?

    Ces images de résistance sont de plus en plus nombreuses:
    https://youtu.be/uy1j6XxgLfw

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    • admin5319
      admin5319

      Deux ou trois principes liés à l’expérience…
      Quand la situation est urgente il faut avoir encore plus de patience et se donner le temps de voir le fruit murir… vu que l’urgence est en soi une maturation…Nous sommes dans un processus, de ceux qui transforment une vie en “destin” et consacrent ou détruisent une force politique. N’anticipons pas tout en étant lucides. Conservons l’essentiel: la recherche d’une issue de paix, de souveraineté et de développement potentiel pour la classe ouvrière et ce qu’on désigne par les “gens”…

      La patience s’accompagne d’un retour au fondamentaux que l’évenement nous masque le plus souvent. C’est pourquoi une réflexion théorique est indispensable, cela élargit le champ de vision tout en le précisant . Le point précis mis en évidence par Franck Marsal à savoir quid de la lutte des classes est un vrai apport théorique parce qu’il concerne la pratique transformatrice.

      Il ne faut jamais faire ce que veut l’adversaire et créer les conditions de la division entre ceux qui devraient s’unir est le but recherché… La patience et le retour au théorique est un adjuvant qui nous donne le temps de trouver le point faible et celui d’appui.
      Entre temps il y a des lignes rouges à ne pas franchir parce qu’elles sont celles qui rendent une prise de position ireversible.
      Je suis frappée par le fait que ceux qui ont compris la situation de basculement historique dans laquelle nous avançons, le détroit que nous franchissons entre Charybe et Scylla sont ceux qui ont cette patience.

      Le plus sur est de rester sur la mise en évidence de qui fait quoi et au profit de qui…

      En tant qu’adhérent du PCFFranck Marsal me parait avoir trouvé le ton juste, et la plupart des intervenant de ce blog également y compris dans les limites actuelles d’un électeur potentiel à la recherche des raisons pour voter, rien de plus que ce qui débouche sur une pratique politique concrète… il ne faut surtout pas tomber dans les procès groupusculaires qui cherchent les raisons de justifier une oppoisiton plutôt que de contribuer à un effort collectif y compris sur des points prcis et limités.
      danielle Bleitrach

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      • Michel DECHAMPS

        Ce qui anque au Parti c’ est la base d’un parti communiste – L’ORGANISATION., Et pour commencer les cellules . Sans cellules il y a aucune communication avec le peuple ,il n y a pas d,aller retour et l’activité du parti est nul,Les communistes deviennent invisibles.Comment faire connaître la politique du parti sans une organisation qui avait fait ses preuves.”ils” ont détruis le Parti en détruisant sont Oganisation.Il est nécessaire de reconstruire l’organisation pour avoir un vrai Parti communiste.

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      • Daniel Arias
        Daniel Arias

        Je suis bien d’accord avec la nécessité d’unité c’est la raison pour laquelle je dénonce l’opportunisme qui lui est l’élément aujourd’hui actif qui me semble être le plus destructeur de cette unité.

        Ce débat est peut être prématuré, ce qui est certains c’est qu’il est délicat.

        Il faut avant tout qualifier l’unité que les communistes doivent construire.

        Une unité interne de ceux qui ont conscience de la nécessité impérieuse du socialisme et qui souhaitent avancer dans cette voie; dans ce groupe j’admets sans aucun problème ceux qui proposent des solutions diverses permettant ce progrès.

        Il faut également une unité avec les forces externes au PCF qui sont les nombreux communistes qui ont quitté le PCF mais aussi toute personne de bonne volonté qui aspire à plus de justice sociale à de meilleures condition de travail et de vie, à la paix et à la préservation et l’amélioration de leur environnement.

        Mais l’unité pour être réalisée nécessite parfois la fracture quand les divergences deviennent antagoniques. Maintenir les liquidateurs au sein et à la direction du Parti n’est il pas aussi ce que souhaite l’adversaire ne les y encourage t il pas d’ailleurs financièrement et par des opportunités à divers postes ?

        Au PCF il ne s’agit plus de savoir si l’on veut atteindre le socialisme par les urnes ou par la révolution mais le point de divergence est socialisme ou pas, ce qui remet en cause l’essence même d’un parti communiste.

        Le socialisme ne serait pas atteignable par les urnes peut se discuter: le Kerala État indien le plus développé de l’Inde est dirigé par des communistes élus, il me semble que le Népal l’a été également, même si un peu aidé dans la rue.

        Engels lui même constatait les progrès du socialisme dans les urnes dans une préface polonaise au Manifeste du Parti Communiste et déjà pressentait que l’État bourgeois devrait s’il voulait survivre agir illégalement pour conserver son pouvoir, coup d’État, État d’urgence, guerres provoquées,…

        Le PCF en France a été une force réelle tant qu’elle a conserver une ligne intransigeante avec la bourgeoisie dans une société ou une plus grande part de la population constituait la petite bourgeoisie comme soutient des maîtres.

        Le PCF a vu l’accélération de la diminution de son influence avec l’Union de la Gauche et le soutien à Mitterrand, ce soutien à ce véritable parti de droite qu’est le PS n’a jamais cessé parmi une part non négligeable des élus communistes et d’une partie des militants avec plus ou moins d’adhésion.

        Cette alliance est vendue aux camarade comme une nécessité pour peser sur les décisions politiques dans les assemblées élues. Il est vrai que des résultats positifs sur certains points sont obtenus, comme chez moi en empêchant la privatisation de la distribution de l’eau, mais sans influencer la tendance générale à l’intensification de l’exploitation capitaliste.

        Le PCF en renonçant au socialisme est devenu à quelques détails prêts proche de la politique du PS un parti social libéral: laissant de grands secteurs économiques au grand capital et promettant des pôles publics renforcés mais pas monopolistes. EDF, l’hôpital public à coté des grands groupes privés qui poursuivront tranquillement le pillage du travail.

        Certes le 38ème congrès affiche une volonté d’aller vers les entreprises ce qui est une bonne chose, mais dans le même temps la direction ne cesse de désorienter les militants.

        Cette direction qui pour résultat a vu fondre le nombre de cartes semble immuable.

        Les départs des nombreux communistes ne constituent pas à mes yeux une condition de l’unité qui n’est que de façade, en fait cette unité, ce statu quo fait que les militants se taisent et quittent le parti se sentant impuissants à changer son orientation.

        Peut être que mon analyse et fausse mais elle mérite peut être d’être débattue et certainement corrigée ?

        Peut-on encore inverser la situation et unir à nouveau les partisans du socialisme ?
        Seuls ceux qui sont encore adhérents ont la réponse et peuvent tenter l’organisation de la lutte interne.

        Je ne vois pas comment une crise d’une telle ampleur ne peut se terminer soit par une rupture franche avec les éléments anti communistes soit par la disparition du PCF ou en tout cas de son essence comme organisation avec une visée socialiste.

        Je suis bien conscient qu’il faut attendre les rapports de force favorables pour de tels changements.

        Cette rupture est elle souhaitable ?

        Les groupuscules ne réussissent pas plus à conquérir des adhérents; ont il une stratégie ou se bornent ils à leur apport théorique, même s’il est parfois d’excellente qualité ?

        Dans mon esprit la rupture est nécessaire non pas pour constituer un nouveau groupuscule et accroître la concurrence entre des organisations qui revendiquent le même objectif mais pour éjecter du parti la faction qui œuvre très activement à en entraver le fonctionnement, le développement théorique et pratique. Cette faction est bien réelle pro OTAN et pro UE et tout à fait compatible avec le pire du spectre politique le PS parti qui a le plus contribué à la confusion dans l’électorat et parmi certains communistes.

        Comment va t on retrouver le chemin de la lutte des classes avec une partie de la direction qui soutient consciemment ou non l’Impérialisme ? Dans les deux hypothèses il faudrait soit se séparer des éléments conscients soit dégrader ceux qui montrent de l’incompétence à des postes de direction.

        Maintenant avec les effectifs affaiblis suite à de longues années de tolérance envers les liquidateurs le Parti a t il encore les ressources nécessaires pour se remettre sur la voie du socialisme en proposant de nouveaux cadres ?

        Et la question qui va avec: le statu quo est il favorable à la reconquête, à la stabilité des effectifs, à leur évolution positive vers le socialisme, aux retour vers les fondamentaux ?

        À la tête du PCF une autre unité est tenté par une fraction des dirigeants un congrès de Tours à l’envers, une large union de la gauche dont la NUPES a été un essais et confirmée par les invitations et des mains tendues à des personnalités du PS.

        C’est avant l’unité de la gauche que le PCF a montré sa plus grande efficacité, qu’il a produit le meilleur de sa théorie et de sa pratique avec une autonomie de décision et de réflexion des intellectuels élevant à un haut niveau de conscience des communistes comme Thorez, Croizat et tant d’autres anonymes formés au marxisme dans les écoles fédérales pour construire une vision et un but commun la construction du socialisme.

        Cette unité des élus est aujourd’hui mise à l’épreuve en Espagne et partout mène à la catastrophe.

        Contrairement à ce que pourrait parfois faire penser mes interventions, peut être maladroites, je suis partisan de l’unité mais celle revendiquée par les communistes, l’unité des travailleurs du prolétariat et des intellectuels communistes, celle que mon secrétaire fédéral avait souvent à la bouche dans les réunions mais qui n’était jamais mise en pratique dans l’agenda des actions des communistes contrairement à l’intense activité électorale et les négociations avec le PS dominant localement.

        Espérons que le fruit mûrisse bien. Je suis tout à fait d’accord sur la nécessité du retour aux fondamentaux et la confrontation avec le réel qui peuvent être de solides bases pour une unité réelle et écarter l’influence des liquidateurs qui eux agissent dans le PCF et en divisent effectivement les militants.

        Espérons que des relais au travail des éditions Delga et de ce blog se renforceront au sein du PCF. Nous avons encore la chance en France d’avoir de tels lieus de résistance y compris encore au sein du PCF.

        J’ai bien conscience que ça prendra du temps sauf accélération brutale de l’Histoire.

        Si tous les boulets pouvaient partir ce serait un bon débarras et donnerait de l’air pour travailler efficacement les fondamentaux.

        —–
        Évolution des effectifs du PCF (c’est un des seule source qui me semble relativement complète, si vous avez mieux je suis preneur).

        https://gabrielperi.fr/centenaire/les-effectifs-du-pcf-de-1920-2009/

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        • admin5319
          admin5319

          je suis bien d’accord sur la nécessité d’être clair et c’est ce que redoutent les forces du capital, la confusion reste leur arme ce qui leur permet à la fois d’isoler, de diviser dans la réalité tout en bloquant avec un discours unitaire. Donc ce que je propose c’est que nous ayons des analyses en relation avec nos possibilités réelles, ce qui nous donne non seulement le droit d’intervenir mais l’efficacité à le faire…
          Ensuite, il faut préciser avec qui il est indspensable de faire l’unité et en quoi les manoeuvres politiciennes qui prétendent à “l’unité”, celle des “coalitions, celles du “boulet”, là je suis bien d’accord ces gens-là sont la division et l’inertie incarnée… mais on ne peut prétendre les écarter que si on est entendu… il faut donc partir d’une situation réelle et pas d’un “idéal” que l’on représenterait.
          Enfin, dans le fond je pense que l’on perd son temps, pour être clair si les membres du PCF, voir les Français par rapport à leurs dirigeants, sont capables de virer ces gens là, c’est parfait donc on attend et on fait le peu que l’on peut faire…

          Mais me battre avec les crétins que l’on trouve sur les réseaux sociaux à coup de posts et de citations tronquées, se faire insulter par des cons paranoïaques, se faire traiter de stalinienne archaïque par un débile qui visiblement n’a lu que la première page du manifeste et au plan politique en est resté à Robert Hue, trop c’est trop. Il n’y a pas une telle potentialité dans ce parti et ses extraordinaires dirigeants que l’on soit obligé pour la “cause” d’avaler tant de “boas.. j’ai donné et je propose de laisser ceux qui peuvent faire le ménage le faire et que l’on poursuive ce qu’on a tout de même réussi à savoir commencer à avoir un langage commun…

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        • Xuan

          Juste un mot sur la question de la violence, parce qu’en effet l’objectif du socialisme est l’essentiel :
          ce n’est pas une question de principe mais de réalisme.
          Dans quelles conditions une prise du pouvoir est-elle possible pacifiquement ?
          Par exemple qu’est-ce qui a permis la prise du pouvoir au Kerala pacifiquement ?
          S’agit-il d’un pays socialiste ou d’un type de démocratie nouvelle, anti colonial et anti féodal ? Quelles réformes ont été mises en œuvre ?
          Ce sont des questions pratiques, qu’on ne peut résoudre qu’en étudiant l’histoire des différents pays.

          D’abord nous sommes contre la violence, parce qu’elle frappe en priorité le peuple. Ensuite elle ne dépend pas fondamentalement de nous mais de la contre-révolution.

          Ce qui est dangereux c’est de poser la possibilité d’une prise de pouvoir pacifique comme un objectif stratégique et exclusif, de sorte que le parti communiste s’interdit par avance tout autre scenario, s’interdit toute forme d’action illégale, toute forme d’organisation clandestine.
          Finalement face à une répression violente il se retrouve entièrement nu et impuissant, il expose ses membres, ses sympathisants et toutes les masses qui l’ont suivi à une violence imprévue. Et cette violence n’est pas réservée à l’Indonésie ou au Chili.

          Deuxièmement et dans notre cadre institutionnel, la voie pacifique implique une alliance électorale. Et pratiquement dans notre pays une telle alliance implique à son tour l’abandon du socialisme.
          Cela veut dire qu’une stratégie réaliste pour instaurer le socialisme devrait commencer par l’organisation de larges couches du peuple dans des organisations de masse et leur préparation à toutes les éventualités.

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          • Daniel Arias
            Daniel Arias

            Effectivement il ne faut pas négliger les options possibles notre histoire montre à quel point les communistes peuvent être réprimés par les polices y compris républicaines.

            Je te rejoins à 100% sur la nécessité d’organiser largement la population et surtout de la tenir informée ainsi que de lui rafraîchir la mémoire. Il faut faire la propagande active du socialisme en démontrant les réussites, la nécessité mais aussi que les erreurs commises par les gouvernements communistes sont très souvent corrigées et leur participation sont tout le temps un progrès par rapport aux situations antérieures.

            À chaque prise de pouvoir même partiel des communistes la vie s’améliore que ce soit dans les communes comme au niveau national ou dans l’aide à l’émancipation internationale.

            De plus il ne devrait pas être bien difficile de démontrer les propositions pour chaque problème qui empoisonne le quotidien de chacun.

            Peut-on rêver d’une masse critique en France suffisamment forte pour remettre en cause cette arnaque qu’est le découpage des circonscriptions pour l’élection des députés ?

            De toutes manières sans imposer un rapport de force dans la rue il sera difficile d’avancer, chez nous il faudra jouer les masses des villes contre les campagnes.
            Ici le rôle de la CGT sera d’une grande importance.

            Nous retombons toujours sur le même problème le retour à la proximité avec ceux qui ont le plus intérêt à élire des communistes. Chaque moment de confusion sera utilisé contre nous.

            Pour un travail de masse il faut une presse communiste en accord avec la communication du Parti.

            Des propositions de rupture, cohérentes voilà ce que probablement une bonne partie des électeurs souhaite et malheureusement s’exprime en négatif dans les urnes.

            À part certains secteurs professionnels bien particuliers je ne suis pas sûr que la cellule d’entreprise soit le meilleur endroit, précarité et externalisation ne permettent plus de regrouper des collectifs de travail stable comme hier dans les usines, les cellules de quartier sont plus stables et permettent de toucher les plus précaires.

            Il faut par contre un travail régulier sur la durée, gagner la sympathie des gens, encourager la solidarité et pas des moments de frénésie électorale, ce qui était le cas dans ma fédération où le travail de fond, d’approfondissement et de renforcement était négligé.

            Jean Renoir nous a bien illustré la lutte des classes ce film pourrait encore inspirer bien des communistes.

            “La vie est à nous”

            https://parcours.cinearchives.org/les-films-vie-est-a-nous-la-565-16-0-1.html?

          • Xuan

            la cellule d’entreprise est au coeur de la lutte des classes, c’est elle qui fait circuler comme un sang neuf la conscience de classe du prolétariat dans le parti communiste.
            Il devrait exister (comme sur le terrain syndical) des cellules de site ou inter entrprises, reliant les salariés du donneur d’ordre et ceux des sous traitants, particulièrement exploités.

            Mais la cellule par elle-même ne sert à rien si la ligne du parti est erronée. Va-t-elle coller des affiches pour Cazeneuve ?

            La formation au marxisme et au léninisme, à l’histoire des partis communistes, au matérialisme dialectique, est essentielle pour les militants ouvriers, pour en faire des cadres et des dirigeants.

            A contrario j’invite à lire la page 98 d’ “Erreur ou trahison”, qui en dit long sur l’effet de la propagande et sur l’abandon de la formation.
            On peut en déduire que le triomphe d’une contre révolution, mais aussi d’une révolution, dépend certainement d’une transformation des idées, liant la théorie, la politique et la philosophie révolutionnaires à la colère populaire.
            C’était ce qu’on avait pu observer lors de la révolution anti féodale de la bourgeoisie.
            Nous avons besoin de nouvelles Lumières pour le siècle qui commence, les Lumieres du marxisme.

          • LAGIER

            Ne pas faire de théorie , ne pas faire la démarche d’abstraction nécessaire pour comprendre ce qu’est le Capitalisme et pourquoi le Capitalisme entre en crise , ça met finalement les gens de tous les jours et ça les met tous les jours dans une situation difficile
            Marx a dit ” on peut rester 50 ans devant une machine sans se rendre compte de ce qu’est le Capitalisme , qui est un rapport social , entre ceux qui possèdent les moyens de production et ceux qui n’ont rien .

            (( Citation d’Annie Lacroix-Riz))

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