Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Quand l’armée américaine formait des parachutistes équipés de “sac à dos bombes nucléaires”

Une bombe atomique de la taille d’un sac à dos : c’est une des armes les plus folles jamais développées durant la guerre froide. Ces petites “munitions spéciales atomiques de démolition” (SADM), que décrit un article de The Drive, étaient prévues pour démolir des infrastructures ennemies, à l’aide d’un parachutiste… accroché à la bombe. Comme le disent la plupart des militants pour la paix aux Etats-Unis : jamais les journaux ne dénoncent les crimes vrais ou supposés des Etats-Unis, longtemps après on découvre ce dont ces dirigeants criminels ont été capables, étant bien affirmé que ceux d’aujourd’hui valent mieux. Il en est ainsi de la “bombe” dont nous serions menacés par Poutine, voire les Chinois alors que ceux-ci tentent désespérément de retrouver la “dissuasion” qui les a arrêtés. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et societe)

article de Benjamin Laurent

Un projet secret

Après Hiroshima et Nagasaki, puis le développement par l’URSS de l’arme atomique en 1949, américains comme soviétiques avaient conscience de l’intérêt stratégique de bombes capables de raser des villes entières. Mais l’utilisation d’armes atomiques moins puissantes pouvait remplir des objectifs tactiques : la destruction de ponts, tunnels…

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Un projet d’arme atomique portative vit donc le jour sous l’administration de Dwight Eisenhower, dans les années 1950. Ces SADM devaient viser des cibles terrestres ou sous-marines, à l’origine pour créer à l’aide du souffle des obstacles aux forces ennemies. Après le développement de bombes mobiles mais trop lourdes pour être transportées facilement par une petite équipe, le modèle W-54 SADM entre en production dans les années 60. Quand l’armée américaine formait des parachutistes équipés de “sac à dos bombes nucléaires”© Fournis par GEOUn SADM, très compact mais terriblement puissant. Wikimedia Commons

Ce modèle utilisant la tête nucléaire W-54 développée en 1959 pouvait causer une explosion allant de 0,01 kilotonne à 1 kilotonne. Par comparaison, Little Boy, la bombe lâchée sur Hiroshima, a émis une explosion équivalant à 15 kilotonnes. On parle donc d’un explosif bien moins puissant, mais suffisant pour causer un cratère conséquent.

L’intérêt du W-54 reposait en son petit gabarit, aisée à déployer derrière les lignes ennemies en Europe de l’Est. L’armée américaine finit par construire ainsi plusieurs centaines de ces bombes remarquablement compactes, avec un poids de 90 kilos pour 60 sur 40 centimètres.

Une arme secrète contre l’URSS

L’utilisation de ces engins est à relier à la situation en Europe : en cas d’attaque soviétique contre les forces de l’OTAN, les forces spéciales américaines auraient dû mener avec ces bombes une campagne de harcèlement derrière les lignes ennemies.

Des équipes de deux, dont l’un transportant l’arme désassemblée, devaient être parachutées près de la cible puis installer l’arme. Chacun devait ensuite entrer l’un des codes nucléaires nécessaires au déclenchement de l’arme.

Les membres des “Green Light”, unités surentraînées tirées des forces spéciales ou des Marines, subissaient une formation conséquente, notamment autour du parachutage. “Il fallait sauter rapidement – on ne peut pas se permettre d’être séparés les uns des autres une fois au sol”, explique dans l’ouvrage d’Annie Jacobsen, un ancien membre de ces unités.

Surprise, Kill, Vanish: The Secret History of CIA Paramilitary Armies, Operators, and Assassins 

Après avoir installé l’arme, le personnel devait se retirer dans une position isolée des dangers de l’explosion, alors même que les minuteurs des explosifs n’étaient pas fiables, rendant possible le risque d’une explosion prématurée. Les Green Lights étaient censés fuir le territoire ennemi après l’explosion, rendant cette mission presque suicidaire peu importe l’issue. Mais cette opération à haut risque n’a jamais été réalisée jusqu’à la chute de l’URSS, et les armes SADM ont fini par être démantelées avec la fin de la Guerre Froide.

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