Mais que se passe-t-il dans la tête des communistes français?

Cet article de l’Humanité a été un choc non seulement à l’idée que ce journal sur lequel je ne me faisais pourtant pas beaucoup d’illusions puisse en être là… mais aussi face aux réactions des communistes eux-mêmes. Certes il n’y a eu personne pour défendre une telle parution mais je crois qu’il y a une sous-estimation de ce que représente ce genre de chose au moins sur quelques points essentiels et je voudrais justement vous exprimer ici ce que cela signifie à mes yeux sur l’état réel de ce parti. Sans aucune colère, ni insultes d’aucune sorte en étant même convaincue à quel point les communistes sont de braves gens. Mais il est temps de leur demander ce qu’ils entendent par leur choix d’être communistes. Mais d’abord avant toutes choses prenez connaissance de ce FAIT ci-dessous tel que le rapporte le Wall street journal et réfléchissons ensemble.

Illustration: ludique à la manière de Jean Cocteau la Galerie Jean-François Cazeau – installée à Paris dans le Marais depuis 2009 – présente, du 25 mai au 30 juin 2023, une exposition inédite dédiée à Pierre Jahan (1909-2003). Intitulée La fantaisie surréaliste, elle dévoile une nouvelle facette de l’œuvre du photographe humaniste de l’immédiat après-guerre, à travers un choix de monotypes, de photocollages et d’œuvres sur toile et sur papier. Cette fantaisie est une manière de détente jusque dans l’interpellation qui rappelle le temps où l’on croyait que les artistes et les intellectuels ouvraient des univers.

MAIS REVENONS EN AUX FAITS

Le Wall Street Journal rapporte que Kiev envoie des soldats non entraînés et nouvellement mobilisés dans le « bâtard de hachoir à viande » face aux pertes colossales pour les soldats. La plupart des recrues étaient des pauvres de villages de la région nord-est de Kharkiv – beaucoup d’entre eux étaient au chômage et occupaient des emplois occasionnels comme ouvriers ou travailleurs postés. Certaines recrues ont menacé d’écrire un refus officiel d’accomplir le travail, invoquant un manque de formation. Le commandement a répondu que “Bakhmout t’apprendra tout” Il me semble que Kiev n’a absolument aucun respect pour son peuple et les envoie à la mort en tant que “chair à canon”.

Je vous ai cité ce journal parmi d’autres qui dit clairement ce que l’on sait à savoir que le régime ukrainien non seulement depuis dix ans massacre son propre peuple dans le Donbass, à Odessa et qu’il interdit la plupart des partis, torture et enferme les communistes entre autres. La manière dont il force des pauvres gens des zones russes d’Ukraine (pas seulement russophones, tous les Ukrainiens parlent russe, mais les zones russophones ne parlent pas l’ukrainien qu’on leur impose militairement comme la révision de leur propre histoire). Je ne reviendrai pas sur tout cela… Mais sachez que par rapport à ces FAITS l’article de l’Humanité est un tissu de mensonges. Il ne s’agit pas d’un point de vue mais bien de désinformation et ce tissu de mensonge qui nous invite à la guerre, la glorifie intervient dans une période bien particulière où les Etats-Unis, l’OTAN ne masquent plus leur implication directe, avouent leur but, le démantèlement de la Russie, après l’URSS, voire l’assassinat de Poutine comme s’il s’agissait d’un quelconque Kadhafi. Nous sommes dans un temps où la débâcle du régime ukrainien fait songer à d’autres cas, le Vietnam, l’Afghanistan, et peut basculer soit dans une guerre directe de l’OTAN avec la Russie, soit sur le retrait qui laissera destruction et guerre civile. Zelensky et ses pareils préfèrent la première solution à la seconde et feront tout pour nous y conduire.

Je reprendrai ici certaines des remarques d’un lecteur de ce blog Michel Gourmel :

• La phrase de l’Huma, glissée de manière anodine, sur “Come Back Alive” « l’organisation est impliquée dans le Donbass depuis 2014 » dit l’Huma, ce qui signifie qu’il s’agit vraiment, explicitement des nazis qui sont allés combattre nos camarades communistes et les pro-russes qui se sont vu interdire leur langue maternelle par le coup d’état US/US/Nazis… et l’Huma trouve cela très bien. D’autre part, un sommet de la bêtise des journalistes est atteint lorsqu’ils prétendent qu’il y avait une « féroce concurrence » pour devenir soignant ? ! ? ! ? ! En cas de guerre, il y a pléthore de blessés en plus des accidents et des malades habituels, et on prend n’importe quel volontaire !

Très justement Michel Gourmel note que ce régime est coutumier du fait dans le Donbass mais aussi à Odessa et que déjà nos voix ont été étouffées, et dans des articles que nous publions aujourd’hui nous voyons que ce qui se passe en Ukraine est la reproduction d’un scénario qui dure depuis plusieurs années et face auquel l’Humanité, le secteur international du PCF n’ont cessé d’être complaisant et malheureusement les communistes des complices :

Cela rappelle aussi que lors du pogrom d’Odessa par les Nazis. Le 2 mai 2014, une soixantaine de personnes mouraient dans un incendie criminel à Odessa. Les victimes : des militants de gauche, communistes, syndicalistes ont été tués au lance-flamme, l’arme favorite des nazis (*), sauf la femme de ménage enceinte étranglée par le fil du téléphone. Les médias occidentaux ont couvert ce crime en parlant d’un incendie. L’Huma a mis un an presque jours pour jour avant d’en parler, se faisant complice des nazis pendant les longs mois où les médias faisaient de la pub pour la soi-disant révolution de Maïdan pour que cette intox rentre dans toutes les têtes. L’Huma a fait chorus.

On avait vu un article tout aussi nul à la gloire de l’ASL en Syrie, l’armée syrienne libre (commandée par un ingénieur en électronique Selim Idris promu par les occidentaux Brigadier général), qui ne connaissait rien à l’armée, mais faute de grive… il pouvait faire illusion. Depuis un an, l’ASL disparaissait des communiqués qui autrefois en parlait quasi quotidiennement, cela n’a pas empêché l’Huma, qui n’avait rien vu des changements, de faire un grand reportage à la gloire de l’ASL et de ses combattants. J’avais à l’époque supposé que les « combattants » en question étaient des agents secrets français ; mais cela pouvait être aussi des membres d’autres pays de l’OTAN, CIA ou autre, comme dans le cas présent.

Remarques auxquelles il faut ajouter

De surcroit de plus en plus on voit à quel point Zelensky sacrifie sur ordre des USA et de l’OTAN son propre peuple, parce qu’il s’avère incapable comme son régime corrompu et criminel de mener la contre-offensive que l’occident exige de lui, il s’est lancé dans des opérations terroristes contre les populations civiles et avoue clairement qu’il veut aller tuer les dirigeants russes. Le tout avec des gens connus pour leur adhésion aux thèses nazies. Je résume mais tous ces faits sont de notoriété publique. On ne peut pas se battre pour la paix et une solution diplomatique négociée et approuver ce pousse au crime.

Pourtant c’est ce que fait l’Humanité dans un reportage ignoble qui a visiblement été organisé par les renseignements ukrainiens et US (ce sont les mêmes). Ce reportage a été choisi pour faire la Une de l’Humanité alors même que la direction du PCF prend une position courageuse à l’Assemblée nationale et refuse de suivre l’OTAN en exigeant la paix. Il ne s’agit pas avec cette Une d’un article qui aurait échappé à l’attention des rédacteurs en chef et de la direction, il s’agit d’un choix que l’on affirme en espérant le faire passer pour du “pluralisme” après deux numéros plus près de la ligne officielle du PCF.

Certes je n’ai pas encore entendu une voix pour défendre cette article mais que cela vous suggère tout au plus une lettre de protestation de lecteur pas la moindre décision politique dans vos instances régulières, revient à dire qu’une fois de plus vous vous résignez à ce qu’on a fait de votre journal, comme vous vous êtes résignés au 39e congrès, à l’exécutif qui en est sorti.

Alors je vais vous dire ce que cela me fait craindre:

1. vous ne savez rien de l’adversaire, vous ne savez pas ce dont il est capable. Avoir pareils journalistes qui se conduisent – avec l’approbation de la direction du journal – comme des agents de la CIA, cela revient à mettre en danger des vies. Ces mœurs de compromis ne datent pas d’aujourd’hui, y compris chez les moins pires, récemment un journaliste de l’Humanité s’est rendu à Samara sur la Volga et il a feint de partager les opinions des communistes qui le recevaient et a littéralement inventé un positionnement du journal qui ne correspond pas à ce qui s’y écrit (1). De telles pratiques relèvent de quoi ? Est-ce qu’un communiste ou qui se présente comme tel peut abuser ses interlocuteurs à ce point ? Tout cela manifeste une absence totale de compréhension des risques que l’on a à combattre le capital et l’impérialisme, le fait que cela peut aboutir à la prison et à la mort. Ici déjà on voit la manière dont les truands du patronat en usent avec les grévistes, il y a des pays où ces truands assassinent en toute impunité celui qui ose dire ce que nous écrivons ici alors qu’en France on se contente avec l’aide du PCF d’organiser leur censure, mais rien ne dit que cela va continuer sur ce mode, la situation évolue. Et on sait combien déjà les ambassades de certains pays en usent avec leurs “immigrés” en garantissant la paix sociale aux employeurs, mais sachez que par rapport à ce dont est capable la CIA ce n’est rien encore. Il y a une responsabilité à être un journaliste de l’Humanité, sinon communiste, aucun parti communiste, aucune force progressiste ne peut et ne doit leur faire confiance.
2. dans un registre moins dramatique mais tout aussi préoccupant, il y a une étrange conception de la démocratie à l’œuvre dans le parti. La démocratie ce serait que le parti soit comparable à l’ensemble de la population française, que l’on y trouve y compris des opinions qui relèvent de l’anticommunisme le plus manifeste (je pense au vote à 51% au congrès sur le pseudo génocide Ouïghour et la justification entendue: comme ça les gens verront que nous ne sommes pas d’accord sur tout avec le PC chinois). Mais la démocratie ce n’est vraiment pas qu’il n’existe plus de communistes capables d’avoir une vision propre et de la défendre, qu’il y ait au sein du parti le droit à défendre la guerre et l’assassinat, la torture de communistes sous des formes de “gauche” dite “social-démocrate”, ils ont déjà à leur disposition la quasi totalité des médias, des forces politiques et vous voulez leur offrir le petit espace de liberté que nos pères ont conquis et que vous bradez? Je ne comprends pas de tels arguments. C’est de cet espace de liberté que l’on manque, et pas d’avoir à l’intérieur du parti le consensus de la classe dominante et des médias en train de rejouer le congrès au lieu d’agir. La démocratie c’est d’avoir son opinion et de la défendre en action, c’est pour cela que l’on a besoin d’une organisation collective, pas pour avoir à demeure l’opinion de l’adversaire et être frappé d’inertie.
3. La démocratie c’est d’avoir une information de classe qui démonte les mensonges et les manipulations et permet d’agir en fonction de ce que nous voulons, comme but et moyen. En fait sans doute la question principale tient à la clarté de ces buts et moyens pour les militants communistes et le fait que le parti n’est pas seulement un lieu de discussion, il l’est sur la base d’une information qui lui permette d’agir et de réaliser ses convictions dans un collectif.
4. la question de l’Humanité de son financement, de qui en a la propriété est essentielle, comme on dit quand tu veux savoir ce qu’est un journal demande-toi qui paye l’encre et le papier…

Souvenez-vous au moins de ce que nous avons été et à quoi est-ce que certains d’entre vous ont cru adhérer ? Mon mari qui avait déclenché la révolte de la centrale d’Eysse, été torturé par la Gestapo sans avoir parlé et qui avait été déporté à Dachau disait au jeune adhérent pour l’accueillir au parti communiste: ‘Tu as fait là un des actes les plus importants de ta vie, il pourra te conduire à la torture, à la mort mais il t’apportera aussi le sens d’une vie dans laquelle survivre c’est s’oublier pour penser aux autres”.

Souvenez-vous encore de Maiakovski

Où que je meure je mourrai en chantant, dans quelque bouge que je tombe, je sais je suis digne de reposer avec ceux qui reposent sous le drapeau rouge.

Qu’est ce que vous partagez encore de tout cela ?

Danielle Bleitrach

(1) voici l’article dans lequel nous avons relaté cette étrange conception du journalisme : https://histoireetsociete.com/2023/03/12/lhumanite-sagit-il-bien-du-meme-journal/