SOURCE / GT VOICEGT Voice : La dé-dollarisation est inévitable alors que l’utilisation d’autres devises s’accélèrePar Global TimesPublié: Mar 30, 2023 10:08 PM
Illustration : Chen Xia/Global Times
La Chine et le Brésil ont conclu un accord pour échanger leurs devises, a rapporté l’AFP, citant mercredi le gouvernement brésilien.
L’accord permettra à la Chine et au Brésil d’effectuer des transactions commerciales et financières directement en yuan chinois ou en réal brésilien, au lieu d’utiliser le dollar américain comme intermédiaire. « On s’attend à ce que cela réduise les coûts… stimule encore plus le commerce bilatéral et facilite les investissements », a déclaré l’Agence brésilienne de promotion du commerce et des investissements (ApexBrasil) dans un communiqué.
La Chine étant le plus grand partenaire commercial du Brésil, enregistrant un commerce bilatéral record de 150,5 milliards de dollars en 2022, il va sans dire que l’accord provient de besoins liés à la forte dynamique du commerce bilatéral entre les deux pays.
Mais plus important encore, du point de vue du système monétaire mondial, cette décision pourrait marquer un développement significatif de la tendance à la dé-dollarisation à travers le monde, alors que les pays tentent de négocier des devises autres que le dollar et cherchent à diversifier leurs réserves de change.
Avec le système de Bretton Woods et le système des pétrodollars, le dollar est passé d’un véhicule dominant de paiement, de règlement et d’investissement à un outil de chantage politique et de coercition. En militarisant leur hégémonie du dollar, les États-Unis peuvent non seulement imposer arbitrairement des sanctions unilatérales à d’autres pays, mais aussi récolter la richesse mondiale et exporter leurs propres risques au reste du monde par des politiques monétaires irresponsables.
Mais chaque système monétaire hégémonique a son jour d’effondrement. Ce n’est pas la Russie, la Chine, l’Inde ou tout autre pays, mais les États-Unis eux-mêmes qui déclenchent la tendance inévitable de la fin de la domination du dollar, ce qui inquiète peut-être de nombreux stratèges et experts économiques américains.
Les sanctions américaines radicales contre la Russie à la suite de la crise russo-ukrainienne, qui ont non seulement gelé les avoirs à l’étranger des institutions financières russes, mais ont également coupé la connexion entre le système SWIFT et la plupart des banques russes, ont envoyé un avertissement au reste du monde sur les risques que les États-Unis utilisent le dollar comme outil de gain géopolitique. Plus les États-Unis adopteront des moyens hégémoniques pour atteindre leurs objectifs, plus la communauté internationale sera désireuse de se débarrasser de la dépendance excessive au dollar. Craignant le risque d’être entraînés dans des sanctions similaires à l’avenir par l’hégémonie du dollar, les pays du monde entier ont cherché à remplacer le système SWIFT pour éviter la coercition monétaire américaine, et l’élan est devenu de plus en plus évident et fort.
Par exemple, lors d’une réunion officielle de tous les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales de l’ASEAN qui a débuté mardi, les discussions visant à réduire la dépendance à l’égard du dollar américain, de l’euro, du yen et de la livre sterling pour les transactions financières et à passer à des règlements en monnaies locales figurent en tête de l’ordre du jour, selon le rapport de l’ASEAN.
En janvier, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, a déclaré dans une interview accordée à Sputnik que les BRICS voulaient trouver un moyen de contourner le dollar pour créer un système de paiement plus équitable qui ne serait pas biaisé en faveur des pays plus riches.
Le ministre saoudien des Finances, Mohammed Al-Jadaan, a également déclaré en janvier que son pays était ouvert à des discussions sur le règlement du commerce du pétrole dans des devises autres que le dollar américain.
En plus de ces signes de dé-dollarisation, l’Inde et la Russie ont fait un pas important vers les transactions autres que le dollar, ce qui peut être un encouragement pour les pays qui envisagent de déménager. Les clients indiens ont payé la plupart du pétrole russe dans des devises autres que le dollar, y compris le dirham des Émirats arabes unis et plus récemment le rouble russe, a rapporté Reuters en mars, citant plusieurs sources pétrolières et bancaires. Les transactions des trois derniers mois totalisent l’équivalent de plusieurs centaines de millions de dollars.
Un autre signe important des efforts de dédollarisation accélérés est que les pays, y compris certains alliés des États-Unis, ont réduit leurs avoirs en dette américaine pour diversifier leurs réserves de change. Le poids du dollar dans les réserves de change est tombé à environ 60%, un niveau relativement bas au cours des dernières décennies, selon les données du FMI sur la composition en devises des réserves de change pour le troisième trimestre de 2022.
Bien que le fait que le dollar reste la monnaie la plus fréquemment utilisée dans le monde ne changera pas dans un avenir prévisible, la tendance selon laquelle de plus en plus de pays envisageront et piloteront le commerce de devises autres que le dollar est également immuable. L’histoire nous dit que le déclin de l’hégémonie commence souvent par sa monnaie.
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Jean-Claude Delaunay
Je suis désolé de manquer totalement de modestie, mais je renvoie au texte que H et S a publié sur la monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Je pense avoir mieux compris les choses depuis, mais quand même, je n’avais pas dit que des bêtises. Et maintenant, j’exprime simplement ce que je crois.
Un système monétaire tel que celui reposant sur le dollar ne pourra pas être remplacé uniquement parce que d’autres monnaies que le dollar US sont ou seront utilisées dans la circulation mondiale des marchandises. Certes, il y a un lien. Mais ce n’est pas suffisant. La monnaie est un rapport social de circulation et de production.
C’est donc lorsque la Chine (car seule la Chine socialiste est en mesure de promouvoir un tel système) avec la collaboration et sous l’impulsion des autres pays membres des BRICS et de l’OCS, auront réussi à définir les règles et à construire les institutions nécessaires au développement économique, c’est-à-dire aussi à l’usage de la monnaie comme rapport social de production pour le développement économique, que la boucle sera bouclée et que le système adverse, celui du dollar monopoliste de l’impérialisme global (je ne dis pas de l’impérialisme sans conflits et sans contradictions, je dis de «l’impérialisme global») sera mis sur le flan et battu.
Pour l’instant, le «dollar system» repose sur ce qui reste de puissance à l’impérialisme, sur la force et le poids des habitudes, sur les engagements du passé, et sur le fait qu’il n’y a rien en face. Il repose aussi sur une définition incomplète des objectifs recherchés. Ce qui est visé n’est pas la disparition du dollar en tant que monnaie des États-Unis, c’est la disparition du dollar en tant que monnaie de l’impérialisme global et de la guerre que ce système porte en lui, comme la nuée porte en elle l’orage, la pluie et la grêle.
Je vais terminer ce bref texte à l’aide deux commentaires. Le premier concerne l’histoire de l’impérialisme américain. A l’époque où le super-impérialisme fut mis en place (Bretton-Woods), les dirigeants politique de ce système ont fa pour euxit l’expérience que la guerre était bienfaisante, non seulement parce qu’elle stimulait la production et les activités du complexe militaro-industriel, mais encore parce qu’elle détruisait, sur une grande échelle, du capital en excédent, tout en laissant intact le centre géographique et politique de l’impérialisme. La guerre est devenue un moyen régulier du fonctionnement économique capitaliste. L’essentiel étant qu’elle se passe ailleurs que chez soi. Parce que s’il en était autrement, il serait plus difficile d’avoir Bill Sanders dans son camp. Je pense que ce passé proche hante la vision des impérialistes américains d’aujourd’hui.
Mon deuxième commentaire vient de la sagesse chinoise, une sagesse un peu pessimiste comme peut l’être parfois la sagesse populaire, car le peuple peut ne pas avoir d’illusions sur le comportement du monde. Le proverbe que je vais citer s’énonce ainsi : «Tant qu’on ne voit pas les cercueils, il n’y a pas de larmes». 不见棺材 不落泪。 Bu jian guancai (prononcer guantsai) bu luo lei. C’est quand les cercueils sont devenus un peu plus fréquents que les américains ont commencé à réfléchir à ce que leur apportait la guerre qu’ils menaient contre les vietnamiens. Faudra-t-il que les cercueils se fassent plus nombreux pour que la conscience majoritaire dans les pays développés de l’impérialisme devienne une exigence de paix?
Nous ne le savons pas. Ce que nous savons en revanche, nous, communistes, c’est ce que notre compréhension du mouvement du monde nous permet d’affirmer avec certitude.
Nous proposons notamment, à toutes celles et à tous ceux qui veulent entrendre notre voix, de lutter pour le développement économique du monde à commencer par celui des pays les plus démunis de la planète, et que règnent partout des rapports sociaux de paix.
Développement, Paix, Liberté,
tel pourrait être notre mot d’ordre.