Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

PERQUISITION DANS LES BANQUES “FRANÇAISES”

IL ne s’agit pas d’une fraude fiscale exceptionnelle mais bien d’une pratique financière dont le coût est sans commune mesure avec ce que peut rapporter la réforme des retraites. Arrêtons d’imaginer qu’il s’agit de “fraude”, de pratiques déviantes liées à l’évasion fiscale, non c’est le système qui est du pur banditisme.

illustration: les victimes, Maroc

Ce mardi 28 mars alors que le peuple français disait NON à la réforme que Macron et les siens s’obstinaient à juger indispensable, un scandale témoignait une fois de plus à qui il était largement possible de demander la somme exigée des travailleurs français. Des perquisitions initiés par les services financiers du pays ont eu lieu dans les locaux de plusieurs grandes banques françaises. BNP Paribas, HSBC, la Société générale ou encore Natixis. Ces banques sont suspectées de s’être livrées à du blanchiment de fraude fiscale aggravée. Au cœur des soupçons : la pratique du “CumCum” qui a coûté 33 milliards d’euros en 20 ans à l’État français. C’est-à-dire beaucoup plus le triple de ce qu’est dit rapporter la réforme des retraites.

La perquisition est une opération d’ampleur qui a mobilisé 16 magistrats du parquet national financier, 150 enquêteurs du service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF), ainsi que six procureurs allemands du parquet de Cologne. Que nous vaut ces six procureurs allemands ? En 2018, le chancelier allemand Olaf Scholz aurait été impliqué et avait dû témoigner. Vous pouvez lire un article à ce sujet dans Le Point ici. Mais on sait que plus récemment la Deutsche Bank, la plus grosse banque allemande a connu des turbulences inquiétantes. Ce qui a déclenché la liquidation de la Deutsche Bank (ETR : DBKGn) vendredi dernier serait également une opération spéculative de 5 millions d’euros sur les swaps de défaut de crédit de la banque, selon une rumeur d’abord rapportée par Bloomberg. Les CDS sont des contrats d’assurance très peu liquides qui protègent l’investisseur contre les risques potentiels liés aux obligations de l’émetteur. Ils peuvent être achetés sans détenir l’actif sous-jacent, ce qui entraîne, dans le cas d’opérations à découvert ou d’autres opérations spéculatives, un effet domino potentiel sur la perception du risque de l’entreprise et des instruments financiers émis. C’est ce qui se serait produit à la fin de la semaine dernière. Étant donné que l’ordre de 5 millions d’euros de la Deutsche Bank a entraîné une perte de 1,6 milliard d’euros sur le marché, les régulateurs financiers auraient lancé une enquête pour retracer l’origine de la transaction et déterminer qui a déclenché l’ordre qui a semé la panique sur tous les marchés européens.

Au cœur des investigations : la pratique du “CumCum”, responsable de 33 milliards d’euros de manque à gagner pour l’État français sur les 20 dernières années.

Pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette pratique, prenons un exemple: imaginons qu’un capitaliste des Etats-Unis possède des actions dans une entreprise cotée en France. À l’instar de tous les actionnaires, il touchera des dividendes une fois par an. Mais en tant qu’investisseur étranger, il doit payer un prélèvement à la source qui s’établit entre 15 et 30% du dividende. Or, pour y échapper, ce citoyen des Etats-Unis peut décider de prêter ses actions à une banque française – qui paie peu voire pas de taxe – juste avant de percevoir ces dividendes. Une fois leur versement terminé, la banque peut alors lui rendre ses actions et partager avec lui le gain fiscal tiré de l’opération. Une manœuvre, baptisée en latin “CumCum”, sous-entendu “gagnant-gagnant” pour la banque et l’investisseur.

Mais le jeu – comme d’autres en matière de traites de cavalerie – peut aisément passer de l’optimisation fiscale à la fraude fiscale pure et simple. L’investisseur s’expose alors à des sanctions du fisc, voire à des poursuites judiciaires, tout comme la banque si la fraude est avérée et il semble que dans ce cas elle le soit et à une échelle telle que quatre grande banques “françaises” en fassent leur ordinaire.

Dans le cadre de ce qui se passe non seulement aux Etats-Unis mais en Europe, avec le Credit suisse mais aussi la Deutsch Bank, c’est-à-dire des Banques considérée comme des banques systémiques, c’est-à-dire les banques dont dépend la stabilité du système bancaire mondial, on peut soulever un coin du voile mais un coin seulement sur les liens entre la finance et les gouvernants prêts à sauver les banques aux pratiques douteuses sous prétexte de “sauver l’économie”.

Ce qui est sûr c’est que l’on ne découvre pas ce qu’est le système bancaire, ainsi avec le Crédit Suisse on savait que non seulement cette banque était plus que fragile et le monstre bancaire qui est né de sa fusion avec USB l’est tout autant. “Pour mémoire, voilà depuis une quinzaine d’années que le Credit Suisse paie des centaines de millions d’euros et de dollars d’amendes: près de 3 milliards de dollars pour évasion fiscale aux États-Unis depuis 2014, 5,5 milliards en 2021 pour exposition trop risquée au fond Archegos, 10 milliards en 2021 avec l’effondrement d’un autre produit appelé Greenville, non sans avoir plaidé coupable en 2022 pour avoir fraudé des investisseurs sur un prêt de 850 millions de dollars…”, énumère Michel Santi l’économiste franco-suisse.

En fait l’essentiel à comprendre c’est qu’il ne s’agit pas seulement de pratiques frauduleuses exceptionnelles sur lesquelles des “perquisitions” interviennent en prouvant qu’il existerait des “incorruptibles” mettant hors d’état de nuire les contrevenants. Nous avons déjà dit la fragilité du sauvetage bancaire auquel se sont résignés les Etats et dont les citoyens font doublement les frais, à travers l’inflation que cela génère et en tant que contribuables. Avec en toile de fond bien sûr la montée des taux d’intérêt qui prétend limiter l’inflation mais organise de fait la récession en pesant sur l’économie réelle au profit des spéculations financières. L’erreur c’est de croire d’abord que l’inflation est due à une masse monétaire excessive en particulier des travailleurs consommateurs, et quand on a déjà conscience que ce n’est pas le cas on cherche “la fraude” comme s’il s’agissait simplement d’un capitalisme qui frauderait exceptionnellement… C’est pire que ça nous sommes dans un système de banditisme qui est la norme… Une puissance financière mafieuse mais aux abois qui cherchent à jouer sur le fait qu’il y a de telles réserves de dollars dans le monde qu’ils auront encore des complices y compris pour leurs guerres…

Il est absolument impossible d’éponger la masse monétaire en dollar et en euro actuellement sur le marché, la dette est devenue abyssale et aucune des mesures que l’on prétend nous imposer ne peut avoir un effet positif si l’on ne rompt pas avec cette logique de cancer financier.

Voici l’interview d’un économiste marxiste du Canada qui nous explique que le problème est celui d’un système de banditisme.

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 101

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.