Nous sommes tout à fait d’accord avec l’affirmation de Youri Afonine quand il constate que la Chine socialiste a en fait proposé un plan pour un nouvel ordre mondial. En ce moment, la préoccupation principale des communistes et des progressistes, à partir certes du conflit ukrainien, mais la question va beaucoup plus loin, se pose la nécessité d’un mouvement de la paix, son organisation, ses buts. L’urgence de négociations et d’arrêter l’escalade ukrainienne ne saurait faire oublier que la situation va bien au-delà et c’est ce qui rend le plan chinois si important. Non seulement il donne un cadre pour passer de la guerre à la diplomatie mais il intègre la question de la paix dans celle du développement, d’une conception générale de la sécurité et de la réponse aux multiples défis auxquels l’humanité est confrontée. Il n’y aura sans doute pas de mouvement de la paix, de coordination de toutes les protestations populaires sans cette conscience globale et ce n’est pas un hasard si elle est portée par la Chine socialiste et approuvée ici par un communiste russe. On ne peut que réitérer l’appel au congrès du parti communiste français de s’emparer de ce questionnement, encore faudrait-il qu’il soit connu, discuté (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://kprf.ru/dep/gosduma/activities/217015.html
Le premier vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, Youri Afonine a participé à l’émission “60 minutes” sur la chaîne de télévision Russia-1.
Le premier sujet de discussion a été le document “Position de la Chine sur une solution politique à la crise ukrainienne” publié par la République populaire de Chine. Ce document est maintenant largement discuté dans le monde entier.
Youri Afonine a noté que la Chine socialiste a en fait proposé non seulement un plan pour résoudre le conflit en Ukraine, mais aussi un plan pour un nouvel ordre mondial.
La Chine souligne : la sécurité d’un État ne doit pas être assurée aux dépens d’autres États, et la sécurité de la région ne peut être assurée par l’expansion des blocs militaires. Les intérêts de tous les pays en matière de sécurité doivent être pris au sérieux et dûment considérés. En fait, c’est exactement ce que la Russie a dit à l’Occident quelques mois avant l’opération militaire spéciale. Mais l’Occident a alors complètement ignoré les préoccupations de la Russie. Aujourd’hui, la Chine dit tout cela, soutenant ainsi efficacement la position russe et soulignant les raisons qui ont contraint la Russie à lancer la SVO. C’est une indication claire de Pékin que le conflit ukrainien ne peut être résolu sans prendre en compte les intérêts de sécurité de la Russie, l’Ukraine ne devrait pas être membre de l’OTAN, il ne devrait pas y avoir d’infrastructure militaire de l’OTAN dans ce pays.
Pékin a également déclaré dans ce document que l’utilisation d’armes nucléaires, ou même la menace de les utiliser, est inacceptable. Il s’agit d’une réponse sans ambiguïté à la rhétorique des médias occidentaux qui, au cours des six derniers mois, n’ont cessé d’évoquer la guerre nucléaire comme un scénario possible. La Chine lance un avertissement : ne vous avisez pas de brandir une matraque nucléaire.
La Chine s’est également prononcée clairement dans son plan contre le développement d’armes chimiques et biologiques par tout pays et en toutes circonstances. Une allusion aux laboratoires biologiques du Pentagone, qui ont été déployés dans de nombreux pays, dont l’Ukraine.
De manière cruciale, la Chine s’est prononcée fermement contre toute sanction économique qui ne serait pas imposée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Nous parlons bien sûr de la guerre économique déclenchée par l’Occident contre la Russie. Pékin a condamné sans équivoque de telles méthodes de traitement des questions internationales.
Oui, certains commentateurs russes n’ont pas apprécié que le document chinois affirme que l’intégrité territoriale de tous les États doit être respectée. Cependant, nulle part dans le document il n’est dit que l’Ukraine devrait revenir aux frontières de 1991. Les habitants de la Crimée, de Sébastopol, de la DNR, de la LNR, de la région de Zaporojié et de Kherson ont clairement exprimé leur désir de faire partie de la Russie lors de référendums. Ces régions figurent dans la constitution russe comme faisant partie de notre État. Il s’agit d’une partie légitime du territoire de la Russie et, bien entendu, l’intégrité territoriale de notre État doit être inviolable.
Dans le même temps, a souligné Youri Afonine, le plan de règlement chinois indique clairement la nécessité d’exclure les doubles standards dans la question de l’intégrité territoriale. C’est un rappel direct à l’Occident du démembrement de la Yougoslavie, de la sécession du Kosovo sous le patronage de l’Occident. L’impérialisme occidental n’évoque le principe de l’intégrité territoriale que lorsqu’il en tire profit. Mais il est naïf de penser que le monde n’y prêtera pas attention.
Youri Viatcheslavovitch a noté que la participation du représentant chinois Wang Yi à la Conférence de Munich sur la sécurité était un acte fort. Lors de cette conférence, les États occidentaux discutaient avec passion : comment infliger une défaite militaire à la Russie ? Mais Wang Yi est arrivé et a présenté le plan chinois de résolution du conflit. Dans ce contexte, il est immédiatement devenu évident que la rhétorique occidentale est agressive et inadéquate.
Le premier vice-président du comité central du KPRF a déclaré : oui, l’Occident, représenté par ses hauts fonctionnaires – Austen, Stoltenberg et Sullivan – a rejeté à la hâte le document chinois. Mais nous pouvons être sûrs que si ce plan de règlement était connu de tous les habitants de la planète, la majorité de la population mondiale le soutiendrait, car il s’agit d’un plan de paix, d’un plan de stabilité, d’un plan pour un ordre mondial juste sans la domination d’un État ou d’un groupe d’États. Aujourd’hui, les médias occidentaux font de leur mieux pour taire ou déformer l’essence des propositions chinoises. Mais le monde saura la vérité. La présentation de ce plan est une nouvel effort de la Chine pour prendre le leadership dans le nouveau système de relations internationales. Il s’agit également d’une sérieuse démarcation en faveur de la Russie. On peut être sûr que les liens entre la Russie et la Chine dans tous les domaines seront renforcés ; l’Occident ne parviendra pas à rompre ces liens.
Youri Afonine a également commenté l’action de l’Ukraine visant à installer des chars russes trophées à côté des ambassades russes dans plusieurs capitales (à Berlin, Riga et Vilnius). Mais les choses ne se sont pas passées comme Kiev le souhaitait. Des manifestations massives ont eu lieu à Berlin contre les livraisons d’armes au régime de Kiev. Les manifestants ont recouvert un char russe d’un véritable tapis de fleurs. Des fleurs ont également été apportées au char russe à Riga, bien que dans les États quasi-fascistes de la Baltique, cela relève de l’exploit, la police lettone ayant déjà déclaré qu’elle recherchait les auteurs de cet acte.
Selon Youri Afonine, les organisateurs de l’action espéraient clairement que la puissante machine de propagande occidentale ferait en sorte que les citoyens européens perçoivent leur action de la manière dont Kiev en avait besoin. Mais ils ont fait un mauvais calcul. En Europe, et notamment en Allemagne, les sentiments antifascistes sont encore forts. En fait, ils ont toujours été forts. Avant 1933, les communistes et les sociaux-démocrates ont opposé une forte résistance aux nazis en Allemagne, et seule une terreur massive a poussé l’antifascisme dans la clandestinité. Et après la guerre, un grand nombre d’Allemands ont acquis la conviction que le fascisme n’avait plus sa place sur terre, que ce soit en Allemagne ou ailleurs. Ces Allemands portent maintenant des fleurs à un char russe, parce qu’ils comprennent que la Russie combat le nouveau nazisme. Un tel mouvement – pour la paix et contre la fourniture d’armes au régime de Kiev – ne fera que croître en Europe. Cela est également dû au fait que le conflit prolongé en Ukraine met l’économie européenne en difficulté, ce qui laisse des problèmes sociaux urgents sans solution. Cependant, selon Youri Afonine, le principal coup porté au fascisme moderne devra encore venir de nous – par notre victoire sur le champ de bataille.
Le premier vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie a noté qu’il aimait la proposition faite sur Internet par les militaires russes participant à la SVO : en réponse à l’action ukrainienne, installer des échantillons de matériel militaire occidental abattu en Ukraine près des ambassades occidentales à Moscou. Si le véhicule blindé de transport de troupes incendié est allemand, qu’il soit installé à l’ambassade d’Allemagne. Si l’obusier touché est français, qu’il se trouve à l’ambassade de France. Cela devrait faire comprendre aux politiciens et diplomates occidentaux que vous fournissez des armes pour tuer des soldats russes, que vous devenez en fait une partie au conflit. Et en faisant cela, vous agissez comme des satellites américains, presque comme des marionnettes au même titre que l’Ukraine ou les pays baltes. La Russie ne répond pas de la même manière : nous n’envoyons pas notre matériel pour tuer des Allemands et des Français. Mais nous broyons votre équipement en Ukraine. Et nous les détruirons tous, quelle que soit la quantité que vous y envoyez.
Youri Afonine a dit en résumé : il est évident qu’aujourd’hui l’élite occidentale a fait le pari de la destruction de notre pays. Nous y répondrons comme il se doit.
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