Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le fils du héros de DNR Serguei Zakharchenko rejoint le KPRF

Si vous n’avez le temps aujourd’hui que de lire un seul article de notre blog, lisez celui-ci dont grâce à Marianne nous disposons de la traduction. Quelques-uns, trop peu nombreux savent qui était Alexandre Zakharchenko, ce pur héros premier dirigeant élu de la République de Donetsk. D’autres à cause de la censure qui frappe tout ce qui a trait au Donbass ignorent tout de lui et ne savent pas que les révoltés, les séparatistes ont été non seulement des russophiles mais souvent des soviétophiles, refusant la soumission à l’impérialisme, à l’OTAN, au coup d’Etat fomenté par ce dernier. Mais écoutez son fils qui explique tout cela et qui pour poursuivre la lutte de son père a choisi d’adhérer au KPRF. Et une fois de plus étonnez-vous que l’Humanité, le secteur international du PCF, la bande de vendus à l’OTAN ne publie pas ce genre de document et vous trahisse tous. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://kprf.ru/party-live/regnews/216878.html

Parmi les invités au concert de gala marquant le 30e anniversaire de la renaissance du KPRF figuraient le fils du premier dirigeant élu de la République populaire de Donetsk, héros de la DNR, tragiquement tué par les Ukronazis, Alexandre Vladimirovitch Zakharchenko, et sa mère Lioudmila Anatolievna.

Avant le concert, le 17 février, Serguei est devenu membre de la plus grande force d’opposition en Russie, le Parti communiste de la Fédération de Russie. Lui et plusieurs autres militaires du Donbass ont reçu leur carte de parti des mains du président du comité central du KPRF, Guennadi Ziouganov. Ce dernier a félicité les jeunes communistes pour avoir rejoint les rangs des combattants du socialisme à l’occasion du 30e anniversaire du KPRF.

Après le concert, Serguei s’est retrouvé dans un cercle dense de personnes, on lui a posé des questions sur Donetsk, où il vit et travaille, on lui a souhaité du bonheur…

J’ai profité de l’occasion pour lui demander une interview qui m’a été accordée quelques jours plus tard…

Zakharchenko Junior est un grand jeune homme brun, énergique, sympathique et serviable.

– J’ai 25 ans, dit Sergei. – Ma spécialité est l’étude des régions étrangères. Je l’ai obtenue à l’Académie russe d’économie nationale et d’administration publique. Je travaille pour la Confrérie des Combattants. Et à l’avenir, j’envisage de m’impliquer dans l’activité politique au sein de notre république. J’habite à Moscou, mais je me retrouve plus souvent à Donetsk. C’est ma ville natale, où je suis né, où j’ai grandi, où je suis allé à l’école et où j’ai fait dû affronter la guerre.

– Qu’est-ce que la Confrérie des Combattants ?

– C’est une association d’anciens combattants créée pour soutenir ceux qui ont défendu leur patrie et qui ont maintenant besoin d’aide. En même temps, à travers la Confrérie des Combattants, j’aide ma République. C’est l’un des ponts qui unissent la RPD à la Russie dans la cause commune de la protection des droits des anciens combattants. Quand il y a une guerre, il est important de savoir ce dont ont besoin les personnes qui ont perdu leur santé au combat.

– C’est une organisation qui regroupe les participants à la guerre du Donbass ?

– Pas seulement. Nous avons des personnes qui ont fait les guerres d’Afghanistan et de Tchétchénie et des participants à l’actuelle opération militaire spéciale (SVO). Les ‘Syriens’ sont maintenant activement recrutés dans notre organisation. Je découvre les problèmes des anciens combattants de première main, chacun devant recevoir l’aide dont il a besoin.

– Les ‘Syriens’ sont des soldats qui ont combattu l’ISIS en Syrie ?

– Oui, ils ont aidé le président Bachar el-Assad à défendre l’indépendance de la Syrie.

– Vous avez adhéré au KPRF. Pourquoi ? C’est un parti d’opposition, persécuté, c’est compliqué d’y militer….

– Vous savez, je n’ai pas vécu en Union soviétique moi-même. Mais j’en ai beaucoup entendu parler par mes grands-parents et mes parents. Je sais que le modèle soviétique n’était pas parfait, mais la base de la vie reposait sur des idées telles que l’égalité sociale, la justice, qui me sont très proches et que mon père soutenait. Il avait un sens aigu de la justice. Il a toujours essayé de soutenir la population la plus vulnérable de la DNR, de résoudre les problèmes sociaux des habitants de la République. C’est très clair pour moi, je ferais la même chose.

J’ai toujours été intéressé par l’histoire, mon père s’y intéressait aussi de près. L’Union soviétique, c’est déjà de l’histoire ancienne. Mais, encore et encore, je reviens sur ce qu’était la vie dans ce pays socialiste. Je le compare à la façon dont la vie se déroule aujourd’hui dans les pays socialistes, par exemple en Chine. Peut-être devrions-nous adopter quelque chose de l’expérience étrangère dans la mise en œuvre de l’idée de justice sociale ? Marx a écrit que pour remplacer le capitalisme avec ses crises constantes, la société se tournerait vers le socialisme. Je pense que ce changement dans notre vie, dans notre Russie, est tout à fait réaliste.

– Poutine a dit que le capitalisme était dépassé. Donc la prochaine formation sera socialiste. Seulement, le capitalisme s’accroche à n’importe quoi pour prolonger son existence…

– Les auteurs de science-fiction ont prédit l’avènement d’une ère de corporatisme, où les grandes entreprises parviendraient à dominer le mondialisme. Aujourd’hui encore, elles s’ingèrent activement dans la politique de différents pays. Bien sûr, nous aimerions voir se réaliser le rêve séculaire des nations – de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins.

– C’est le principe de la société communiste.

– Les idées du communisme me tiennent à cœur. Elles sont défendues par le parti communiste.

– Et vous vous êtes adressé aux communistes en disant que vous vouliez rejoindre le KPRF ?

Je connais depuis longtemps Kazbek Kutsukovich Taisaev, un député de la Douma d’Etat du Parti communiste, qui représente également le Parti communiste dans la DNR et la LNR et qui est le premier vice-président de la commission de la Douma d’Etat sur les affaires de la CEI et les relations avec les compatriotes. C’est à lui que je me suis adressé pour adhérer au KPRF. Et j’ai été accepté en ces jours d’anniversaire du Parti, on m’a remis solennellement ma carte.

– Il est significatif que ce soit le 17 février, le jour où le concert de gala a eu lieu. “Sovetskaya Rossiya” vous félicite d’avoir rejoint le KPRF.

Je vous remercie. La coïncidence est très heureuse, je m’en souviendrai pour le reste de ma vie. En RPD, nous avons des difficultés avec les partis. Notre république est en cours de transition vers la législation russe, et les partis dans les nouveaux territoires commencent seulement à être enregistrés.

– D’autres partis vous ont-ils invité dans leurs rangs ?

Il y a eu une fois une conversation avec Russie Unie, ils n’étaient pas contre le fait que je les rejoigne. Cela s’est arrêté là. Je ne comprends pas quelles sont les idées de Russie Unie en général. J’étais initialement déterminé à aller au KPRF, dont je comprends les programmes. Et j’ai de nombreux amis parmi les communistes. Comme l’a dit Guennadi Andreevitch, le KPRF est un parti d’amis. Et je suis absolument d’accord avec lui. Les gens du KPRF sont amicaux, contrairement à d’autres organisations.

– Vous avez dit que votre père aurait rejoint le KPRF aussi, s’il avait vécu plus longtemps ?

Je pense qu’il l’aurait probablement fait. Le parti le plus proche pour lui était le KPRF, le seul parti qui allait au Donbass depuis 2014, apportant de l’aide aux gens. Le seul parti qui, dès les premiers jours, a insisté sur la reconnaissance de nos républiques et leur incorporation à la Fédération de Russie.

– Quelle impression vous a laissée ce concert ?

– Nostalgique. J’ai regardé beaucoup de documentaires historiques sur l’Union soviétique à différentes époques. Et c’était comme si j’y avais vécu. Il y avait une telle unité dans la salle, les interprètes, les intervenants, que je n’avais jamais vue auparavant. Cela a rendu le concert du KPRF différent de tous les autres concerts auxquels j’avais assisté auparavant. Cela m’a fasciné. À côté de moi se trouvaient nos militaires de Donetsk et de Lougansk, qui défendent le monde russe et la Russie depuis 2014, pour lesquels nous avons tous une grande considération et un grand respect. Malgré leurs blessures, certains d’entre eux sont venus en béquilles et se sont levés pour saluer les artistes, les dirigeants régionaux et les organisations proches du parti. Et à chaque fois, malgré leurs blessures, malgré leur douleur, ils se levaient. Ils se sentaient exaltés.

Ma mère a également aimé le concert. Nous échangions nos impressions, et elle a dit qu’elle avait chanté l’hymne à l’ancienne. J’ai répondu que j’avais chanté moi aussi les paroles soviétiques. Nous avons été impressionnés par l’intérieur de la Salle des Colonnes de la Maison des Syndicats, par tout ce que nous avons vu et entendu.

– C’était la fête. Mais sur les fronts de Donbass, c’était la dure réalité quotidienne. Quelle est la situation à Donetsk ? Vous êtes revenu dans votre ville natale le dimanche soir après les célébrations.

– Je viens toujours à Donetsk avec une grande joie, c’est ma ville natale. Bien sûr, elle est déchirée par la guerre. Dimanche, les nazis ukrainiens ont lourdement bombardé Donetsk. Onze personnes ont été blessées, une femme a été tuée. Un marché couvert a été bombardé, la Donbass Arena, où les enfants se promènent dans le parc. Il n’y a aucune pitié pour personne. C’est très triste. Au moins, les quartiers qui ont souffert des bombardements pendant 9 ans devraient connaître la chance de respirer un air frais et paisible et de sortir dans la rue sans craindre pour leur vie.

– Donetsk est en ce moment sous les bombes. Pourquoi a-t-il fallu tant de temps à nos forces pour entrer dans Avdeevka et Marinka ? Pourquoi est-il toujours impossible de liquider les fortifications des forces armées ukrainiennes ?

– Oui, nous sommes toujours incapables de mettre en œuvre les plans visant à repousser l’ennemi hors de ses positions. Il y a des plaintes. Mais je voudrais me faire l’avocat des gars qui sont en première ligne pour défendre nos lignes. Cette guerre moderne n’est pas la guerre de 41 à 45. Ce n’est pas la guerre d’Afghanistan ou de Tchétchénie… C’est la guerre des technologies. Et il n’est pas possible de déloger l’ennemi de ses positions par des attaques massives d’unités comme c’était le cas auparavant. Les unités de plus de mille hommes sont généralement repérées par les services de renseignement très en avance, et compte tenu de l’armement de haute précision, y compris l’artillerie, elles sont détruites instantanément. Il est dangereux d’exposer des forces vives à de tels tirs de riposte. Par conséquent, nos soldats doivent travailler en petits groupes et avancer petit à petit, avec une extrême prudence. Maintenant, ce n’est pas la vaillance des soldats qui décide de l’issue de la bataille, mais la précision des armes.

– Cela fait plusieurs mois que nous n’arrivons pas à prendre Artiomovsk. Je suis les nouvelles et me demande pourquoi nos troupes n’avancent pas dans la direction de Krasny Liman.

– La PMC Wagner opère maintenant près d’Artiomovsk. On les appelle les “musiciens”. Je peux dire que les “musiciens” sont bons, ils savent ce qu’ils font, quels objectifs ils poursuivent, et ils avancent régulièrement. Oui, il peut sembler à certains que le mouvement n’est pas assez rapide, mais ils travaillent efficacement. Artiomovsk peut être comparé à Stalingrad. Là aussi, pendant des jours et des semaines, on s’est battu pour une rue, pour une maison, parfois pour un étage. A Artiomovsk, c’est à peu près la même chose.

En tout cas, la victoire n’est pas loin. Artiomovsk sera prise et ils passeront à l’offensive dans d’autres directions.

Un autre argument en faveur de notre tactique. Ils avancent doucement, pour infliger le moins de dégâts possible aux habitations, pour épargner les civils. Pas comme les Américains quand ils ont bombardé Belgrade, l’Irak, n’épargnant rien ni personne.

Mais les choses sont rendues difficiles à cause de la tactique des Forces Armées Ukrainiennes, qui utilisent les civils comme bouclier humain. Donc nos combattants doivent se déplacer très prudemment.

Voici quelques exemples de l’attitude de nos combattants envers les civils. Nous sommes allés dans un centre d’hébergement temporaire où les gens de Soledar et d’Artiomovsk avaient été amenés. Une vieille dame nous a raconté comment un soldat de la PMC Wagner l’avait portée, quand elle n’a plus été capable de marcher, sur huit kilomètres. Et un grand-père a raconté qu’il s’était retrouvé sans chaussures, alors un soldat russe lui a donné ses chaussures et il a marché pieds nus sur le sol glacé. De telles histoires se produisent sur la ligne de front dans la DNR.

– Du côté ennemi, presque tout l’Occident se bat contre la Russie. Il y a non seulement le matériel, mais aussi les mercenaires de tous les pays européens, et bien sûr les Américains. Les nôtres captent aussi des conversations en polonais, britannique et allemand… Tous les pays bourgeois sont partis en guerre contre la Russie, et le Donbass, l’Ukraine, c’est un tremplin pour la confrontation ?

– Le Donbass n’est pas le seul endroit où les grands pays se testent. La Syrie a beaucoup souffert. Je souhaite aussi la paix aux Syriens. Et il y a toujours eu des mercenaires, aucune guerre n’a été sans mercenaires. Les médias ont récemment rapporté que plus de pays sont déjà impliqués dans le conflit en Ukraine que dans la Seconde Guerre mondiale. Ce conflit peut donc être considéré soit comme une préparation, soit comme une répétition de la troisième guerre mondiale. Je le compare à la guerre de Crimée, lorsque la Russie a combattu l’Empire ottoman. Cette guerre a été appelée une répétition de la Première Guerre mondiale. Et elle a eu lieu. De nombreux pays étaient également intéressés par un conflit militaire à l’époque.

– Y a-t-il des étrangers de notre côté ?

Il y avait des volontaires biélorusses, mais Loukachenko a interdit à son peuple d’aller au Donbass, il prive de leur citoyenneté ceux qui violent l’interdiction. En même temps, il y a même des Américains dans nos unités. Il y a donc des gens en Amérique qui n’ont pas perdu tout bon sens.

Des journalistes du Royaume-Uni sont venus, ont filmé et ont ensuite dit la vérité sur ce qui se passait à Donetsk et à Lougansk. J’ai connu personnellement l’un de ces journalistes et nous avons eu l’occasion de lui parler. Mais c’était du vivant de mon père. Je ne sais pas comment ce Britannique se porte aujourd’hui.

– Oui, il y a des opinions différentes dans les différents pays maintenant. Mon grand regret est que retard de huit ans dans l’incorporation des républiques dans la Fédération de Russie. Cela a coûté de nombreuses vies, détruit des villes, des industries…

S’ils avaient accepté la décision de nos républiques en 2014, nous aurions atteint Lvov et nettoyé l’Ukraine des nazis. Nous aurions déjà atteint la frontière avec la Pologne. Parce que l’armée ukrainienne à cette époque n’était pas prête au combat. Même les vétérans qui combattent les agresseurs ukrainiens depuis 2014 disent que l’ennemi que nous affrontions début 2014 et celui que nous avons commencé à combattre en février 2022, lorsque l’opération spéciale a commencé, sont deux adversaires différents.

Maintenant, disent-ils, il est devenu difficile de combattre un adversaire qui est bien armé et instruit. Tout cela a été mis en place par les pays de l’Occident, l’OTAN. Ils ont eu le temps de le faire.

– Et les cerveaux des gens ont été reformatés pendant ce temps… Auparavant, les sentiments banderistes étaient forts dans l’ouest de l’Ukraine, mais maintenant, même à Kharkov, l’esprit du nationalisme a pris le dessus sur les esprits…

Bien que Kharkov ait toujours été aussi pro-russe que Donetsk et Lougansk. Et en Ukraine, même avant, il y avait une confrontation entre l’est et l’ouest, un choc de valeurs différentes. La partie occidentale gravitait vers les pays européens, tandis que l’est – vers la Russie, s’efforçant de réunifier les nations fraternelles.

– Que disent les habitants du Donbass ?

C’est très dur pour les gens, ils sont fatigués de la guerre. Et maintenant le bombardement de la ville a encore augmenté, avec beaucoup plus de victimes. Et un nouveau problème est apparu : les bons spécialistes quittent Donetsk. Nous avons récemment parlé à un médecin et il a dit que même si une nouvelle génération de médecins se forme, il n’y aura personne pour enseigner aux jeunes. L’une des raisons de ce départ, ce sont les enfants, le souci de leur éducation, de leur avenir. Il y a eu le covid – les écoliers, collégiens, lycéens ont dû étudier à distance pendant un an. Puis la phase active de la guerre a commencé, et à nouveau les élèves sont passés à l’enseignement à distance. Et ce n’est pas le niveau d’éducation qui est nécessaire aujourd’hui. Les enfants ont besoin d’une éducation normale. Les gens s’inquiètent pour leurs enfants.

Je voudrais certainement soulever cette question dans un avenir proche, avec le soutien du KPRF. Elle devrait être résolue de toute urgence.

– Serguei Alexandrovitch, merci beaucoup pour cette interview. J’espère que nous aurons encore l’occasion de parler. Il y a beaucoup de sujets et de problèmes à discuter.

– Bien sûr, je serai heureux de le faire.

Merci.

Interview réalisée par Galina Platova pour Sovetskaya Rossiya

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