Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le débat sur la paix et le congrès du PCF se poursuit, aujourd’hui Gilbert Rodrigue

Je signale aux camarades que nous avons plusieurs textes en attente et nous privilégions ceux qui participent aux débats en tant qu’adhérents du PCF. Il parait en effet évident que tout est fait pour ne pas parler des questions internationales dans le congrès, il semble d’ailleurs que prenant prétexte du mouvement des retraites la stratégie des “liquidateurs” soit d’éviter de parler du congrès, et parmi les questions non abordées il y a bien sûr les questions internationales, ce qui confirme l’hypothèse d’un deal qui maintiendrait en place ceux qui depuis des décennies font du PCF le meilleur relais de l’OTAN et de ses expéditions, le lieu de l’anticommunisme militant, celui où atterrissent les subsides européens, celles des fondations allemandes en particulier. Il ne s’agit pas d’idéologie simplement mais bien d’une fraction financée et organisée. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

SENS de la proposition : sans illusion sur les conditions du progrès des consciences.
Il s’agit de formuler des réflexions dans le but d’amender le texte de la base commune, d’abord en suscitant le débat, la réflexion en vue de donner une base  solide à l’intervention des communistes sur le terrain de la paix et du refus de l’escalade;
On voit bien dans la réponse de Roussel sur cette question en Moselle qu’au plus haut niveau de responsabilité la confusion et la faiblesse demeurent. Mais justement il s’agit de bousculer ce positionnement en s’appuyant sur ce qui a déjà bougé par rapport aux positions initiales et qui est déjà porté par un certain nombre de militants et de structures.
Sans attendre que murissent “spontanément” ? les conditions d’une évolution positive.
En résumé il s’agit de fourbir les arguments pour mener le combat interne à l’occasion du depôt des amendements contre les positions actuelles de la direction du PCF en s’appuyant sur les militants.
En conscience le fait que cette question est une question majeure pour une réorientation anti-impérialiste conséquente du PCF (note d’introduction à la contribution de Gilbert Rodrigue)
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RÉFLEXIONS sur la lutte pour la PAIX et le rôle des communistes dans ce combat!

La lutte pour la PAIX est au fondement de la démarche communiste et de son histoire même avec la révolution bolchevique et la constitution des partis communistes après la seconde guerre mondiale en rejet de la “grande boucherie” et de la trahison des dirigeants de la deuxième internationale.
Dans le moment présent le combat pour la paix est articulé principalement et de manière aigüe au conflit ukrainien.

La qualification de ce conflit divise les forces progressistes et les communistes eux-mêmes, parvenus cependant  à une entente lors de la rencontre des partis communistes à La Havane en octobre dernier mettant explicitement en cause la responsabilité de l’OTAN. Position qu’il s’agit de porter à la connaissance des communistes et de rendre opérationnelle dans nos interventions publiques.

L’urgence de la situation, l’ampleur des souffrances humaines sur le terrain des combats, et les dangers réels qui en résultent d’extension et d’aggravation du conflit, d’extermination de masse déterminent les points d’accord du rassemblement qui tiennent compte de la diversité des approches :

– refus de l’engagement dans un processus risquant de devenir incontrôlable
– refus de l’engrenage guerrier
– refus de la fourniture d’armes aux belligérants et par conséquent au régime de Kiev
– initiatives diplomatiques ayant pour objectif un cessez le feu, l’ouverture de négociations et dans un temps plus long la conclusion d’un accord de sécurité collective et de garanties pour TOUS les peuples et TOUS les états de la région.

En ce sens les appels du Bureau International de la Paix et du mouvement de la Paix français constituent un point d’appui sérieux comme le souligne Franck MARSAL.
La participation aux manifestations internationales prévues  du 23 au 25 février prochain étant un objectif mobilisateur.
D’autres initiatives comme en Italie ou en Allemagne avec des manifestations importantes déjà à Munich et le “manifeste pour la paix” de Sara Wagenknecht qui a recueilli plus de 500.000 signatures en quelques jours témoignent d’une résistance minoritaire certes mais qui prend de l’ampleur.
Comme les positions personnelles dans leur diversité en France de personnalités comme Arno Klarsfeld, Pierre de Gaulle, Ségolène Royal, Henri Guaino ou Luc Ferry …

On l’a dit, l’appréciation de la nature du conflit divise les forces progressistes.
Cette situation n’empêche pas les convergences, les initiatives et l’intervention commune arcboutée au désir profond de paix dans le peuple et à l’inquiétude du débouché sur une guerre mondiale.

Mais contrairement à des situations passées où les responsabilités de l’agresseur impérialiste étaient parfaitement identifiables par tous comme contre la guerre du Vietnam ou l’intervention des USA en Irak la perception de la complexité de la situation nuit au rassemblement.
Tandis que le matraquage médiatique du récit occidental centré prioritairement sur l’intervention militaire russe du 24 janvier 2022 conduit soit à l’attentisme soit à l’approbation du soutien sans limites au régime de Kiev jusqu’à sa victoire ardemment souhaitée.
Donc à l’aggravation du conflit.

Pour les communistes d’abord la construction d’une appréciation commune sur ces enjeux est donc un passage obligé en vue d’une intervention plus efficace et plus conséquente dans le peuple.

LE BASCULEMENT DU MONDE

La confrontation avec le récit dominant étant incontournable.
Non seulement pour la détermination des responsabilités qui ont conduit à la situation présente.
MAIS davantage encore pour la perception du basculement du monde, de son accélération avec la guerre AFIN de déterminer la place et le rôle des communistes et de leur parti dans une situation internationale bouleversée.
Car si la soumission au récit otanien n’empêche pas dans l’immédiat de déboucher sur des propositions de PAIX antagonistes de celles des va-t-en-guerre (MACRON vs ROUSSEL), Roussel lui s’opposant à la fourniture d’armes au régime de Kiev, cette soumission empêche de saisir la nature profonde de la période dans laquelle nous sommes entrés et DONC de définir les tâches qui en découlent pour le mouvement révolutionnaire.
CELA à partir de la spécificité de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Les communistes russes

La remarquable réflexion du communiste russe Denis PARFENOV publiée par Danielle il y a quelques jours est centrée elle sur la situation russe, donc celle d’un pays directement engagé dans la guerre, mais comporte aussi des enseignements de caractère plus général qui peuvent alimenter notre réflexion.

C’est ainsi qu’il définit l’action militaire en Ukraine à la fois comme ayant les caractéristiques d’une guerre de libération (côté Donbass) ET la “confrontation entre deux impérialismes renvoie à une “redistribution impérialiste des sphères d’influence, car un État capitaliste plus faible, représenté par la Fédération de Russie, tente d’arracher l’Ukraine à l’orbite d’influence d’un adversaire plus fort – l’Occident collectif et le bloc militaire et politique agressif de l’OTAN, dirigé par le principal prédateur impérialiste de la planète – les États-Unis d’Amérique”.

Ce n’est donc pas la thèse sans nuances d’un conflit entre deux impérialismes MAIS d’un conflit dual aux caractéristiques contradictoires qui du point de vue des communistes russes implique à la fois le soutien patriotique (contre le danger de l’impérialisme prédateur principal) ET le dépassement de la contradiction par l’accentuation du combat pour le socialisme et contre la cinquième colonne constituée des oligarques et du pouvoir qui entendent utiliser la guerre pour corseter les libertés et conforter l’emprise du capitalisme sur la société.
ET NOUS ?

QUID de notre attitude dans notre situation propre ?
Nous agissons dans un pays capitaliste vassal des Etats-unis, engagé dans la fourniture d’armes à Kiev soumis à une propagande massive en faveur du soutien sans limites à ce régime.
Les forces dont on pourrait attendre une résistance, et même le parti communiste, son journal ses élus se sont laissé jusque là entraîner dans le courant va-t-en guerre jusqu’au vote au parlement d’une motion louant le rôle de l’OTAN.
Bien qu’en interne des résistances se sont faites jour et ont tendance à se renforcer.
On l’a vu, dans l’immédiat il s’agit bien de s’appuyer sur ce qui existe déjà comme pôle de résistance.
Tout en contestant dans le même mouvement et en même temps le récit dominant à la fois pour conforter le mouvement déjà amorcé MAIS aussi pour qu’il gagne en force et en influence.
Toutes les prises de position hostiles à l’escalade, y compris celle du PCF partent de la condamnation de l’intervention militaire russe du 24 janvier 2022.

Dans la base commune on peut lire page 14 “L’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine est injustifiable et criminelle.”), passage obligé pour ne pas subir les foudres des médias, des politiques, d’une opinion chauffée à blanc.
Mais comment comprendre les enjeux, comment combattre efficacement la fourniture d’armes par la France à Kiev si la version d’une Ukraine démocratique subitement agressée par un autocrate un peu fou n’est pas combattue ?
Et si l’enchaînement des événements qui a conduit à l’intervention militaire est totalement ignoré ?
Car s’il s’agit d’une guerre juste côté ukrainien, d’un pauvre petit état “démocratique” lâchement agressé, ALORS il est légitime et de notre devoir de l’armer.
Il est donc nécessaire de montrer le caractère mensonger de la propagande à laquelle nous sommes soumis pour libérer et décupler le désir de paix populaire et faire porter la pression sur nos gouvernements et notre état pour les empêcher de continuer à jeter de l’huile sur le feu.
Tout cela EN MÊME TEMPS que l’inscription dans un RASSEMBLEMENT avec ceux qui ne partagent pas cette appréciation et qui serait l’apport original des communistes au combat commun dans une situation où les forces de “gauche” ont largement cédé à la pression des va-t-en guerre !

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