Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Est-ce que quelqu’un ne serait pas en train de manipuler Biden pour qu’il envoie la troupe en Ukraine ?

Au-delà de la théorie que certains jugerons ‘conspirationniste’ du chantage sur le père Biden, cet article apporte un contre-point intéressant aux analyses développées par le groupe mars et que tu as relayées ici. Il envisage la possibilité bien réelle d’une sortie du conflit ukrainien par le haut pour la Russie, et les conséquences que cela implique. Comme on commence à l’entendre dans plusieurs endroits, on voit poindre à l’horizon le spectre de la conscription. Je ne sais plus dans quel article j’ai récemment lu que, après le dernier Ukrainien l’empire se battra jusqu’au dernier Polonais et au dernier Balte… et puis… après ? Car c’est bien la question qui est posée ici : si le front ukrainien continue à s’effriter et se rompt tout à fait, le camp occidental sera confronté à un énorme dilemme : ce n’est pas le matériel qui manque. C’est plutôt le matériel humain. Celui nécessaire pour passer sous le hachoir à viande à Bakhmout ou à Sloviansk, pour conduire les Léopards et les Challengers, pour creuser les tranchées, lancer les mortiers et piloter les drones…. La politique petite semaine des mercenaires polonais, anglais, états-uniens, français… ne répond pas à la pénurie croissante de moyens côté ukrainien. Il faudra bien y aller, sauf à accepter que l’armée russe débarque le mois prochain à Berlin et menace de venir boire sa vodka dans les bouistras! de Montmartre. Dans un premier temps, une ‘coalition of the willings’ comme le suggère Mark Whithney ? avec bien sûr ceux qui sont le plus ‘willing’ pour affaiblir la Russie et au passage se servir au supermarché des territoires ‘ukrainiens’ : derrière les Etats-Unis et le Royaume Uni, la Pologne, la Roumanie (sans oublier les pays baltes dont certains ont déjà commencé à parler mobilisation). Et ensuite ?

Pour ma part, je n’ai pas cessé d’envisager la perspective que la guerre actuelle en Ukraine débouche sur un affrontement bottes aux pieds à l’échelle mondiale. La signature de la résolution 390 va dans ce sens. Les fêlures du front ukrainien à Bakhmout aussi. L’évolution mondiale du conflit en cours, sauf à imaginer un arrêt brutal thermonucléaire ou à fantasmer sur un changement de ligne ou de régime aux Etats-Unis, ne fait que peu de doute. Les conséquences sur les classes travailleuses en France, en Europe et ailleurs ne se limiteront pas à une perte de pouvoir d’achat, au rognage des retraites et autres acquis sociaux, mais ont plus que jamais le potentiel de s’appeler mobilisation de la chair à canon, union sacrée et destruction.

Plus que jamais il faut nous y préparer, y préparer nos familles et nos entourages, mais aussi et surtout, nous y opposer. La pétition de l’UD CGT 94 certainement redonne espoir que nous pouvons réveiller la flamme anti-guerres impérialistes en France, comme elle commence à se réveiller dans les autres pays de l’axe occidental (aux Etats-Unis, au Royaume Uni, en Allemagne, Italie…) (note et traduction de Jean-Luc Picker pour histoire et société)

Voici la missive que j’ai reçue assortie d’une traduction. Décidément histoireetsociete prouve à quel point la soif du débat est grande entre progressistes, communistes (encartés ou non). Le nombre de contributions que je reçois chaque jour et dont la plupart concernent l’international et le refus de la guerre grandit. La qualité et l’importance des interventions dont témoignent également les commentaires, ce que chacun peut juger. Un parti qui serait apte à favoriser partout un tel dialogue sur le fond et pour l’action deviendrait rapidement un lieu essentiel et ce ne seraient pas seulement les gens qui ont la plume facile mais bien ceux qui oralement arrivent comme cela existait dans le parti à dégager l’essentiel, ce qui favorisait l’intervention populaire partout. En tous les cas ce besoin existe et grandit, c’est un facteur d’espoir. (note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete)

Est-ce que quelqu’un ne serait pas en train de manipuler Biden pour qu’il envoie la troupe en Ukraine ?

Les élites trilliardaires utilisent leur pouvoir sur la presse, la classe politique et l’opinion publique pour forcer Biden à envoyer l’armée US en Ukraine afin de prévenir une victoire russe. Alors que les conservateurs s’imaginent stupidement que, pour une fois, la presse fait du bon travail en mettant en lumière les infractions commises par Joe Biden, la réalité est que les médias sont toujours prêts à tourner leur veste en fonction des desseins de leurs élites.

Publié par Mark Whitney dans Defend Democracy le 21 janvier 2023

http://www.defenddemocracy.press/is-biden-being-blackmailed-to-send-us-combat-troops-to-ukraine/

Le fait que le ‘problème des documents secrets’ gardés par Joe Biden ait fait surface au moment même où une ville-clé en Ukraine (Soledar) était libérée par les forces russes ne devrait surprendre personne. Les informations qui nous viennent du front indiquent clairement que l’armée russe s’empare lentement mais sûrement d’étendues de plus en plus grandes de territoires de l’Est ukrainien, et inflige des pertes catastrophiques aux forces ukrainiennes qui se retrouvent aujourd’hui en état de nette infériorité.

L’armée ukrainienne est en fait en train de se faire battre lourdement, et cet état de chose oblige les stratèges états-uniens à repenser leur approche militaire. Ce qu’il faut aux Etats-Unis maintenant, c’est d’être capable de mobiliser une coalition de nations (Etats-Unis, Pologne, Roumanie et Royaume-Uni) prêtes à envoyer leurs troupes sur le terrain, avec le soutien inavoué de l’OTAN. Une OTAN qui continuera par ailleurs à prétendre qu’elle ne participera jamais à une guerre ouverte contre la Russie.

Biden a jusqu’à présent rejeté cette idée, car il a conscience qu’une telle décision équivaudrait à déclencher une troisième guerre mondiale. Mais, au fur et à mesure que le scandale des ‘documents secrets’ va prendre de l’importance, le président se laissera convaincre et se rangera aux arguments que l’établissement belliciste veut imposer. En clair, l’affaire des documents est utilisée en sous-main par des faiseurs de rois qui soumettent le président à une forme de chantage destinée à servir leurs intérêts. Ils l’ont mis sur les braises.

La plupart des lecteurs se souviendra du laptop égaré de Hunter Biden (ndt : le fils de Biden avec ses connections ukrainiennes et en particulier avec Kolomoïsky, le mafieux suzerain de Volodimyr Zelensky). Un laptop qui regorgeait d’informations sur les vastes opérations d’influence du clan Biden. Cette affaire a été soigneusement étouffée dans la grande presse pour ne pas entraver la campagne électorale de Biden père lors des élections présidentielles de 2020. Pourquoi alors, aujourd’hui, la presse se saisit-elle de cette nouvelle affaire de documents au lieu de l’enterrer tout aussi efficacement ? Et pourquoi assiste-t-on maintenant à la montée au créneau des plus bellicistes des néo-conservateurs, tels Lindsey Graham (sénateur républicain de Caroline du Sud), qui réclame un ‘tribunal spécial’, alors que aucun effort judiciaire n’a été déployé pour révéler au public ce que recélait l’ordinateur de Hunter ?

Dans un article récent, Zero Hedge rapporte les paroles du sénateur : « Lindsey Graham, membre influent du comité judiciaire du sénat, a réclamé mercredi au procureur général Merrick Garland qu’il désigne un comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques du président Biden à l’égard des documents secrets auxquels il a eu accès lorsqu’il était vice-président. Lors d’un interview avec Martha McCallum de Fox News il a affirmé que « si vous pensez qu’un tribunal spécial est nécessaire pour rassurer le public sur la gestion des documents secrets par Donald Trump, vous devez aussi mettre en place un tel tribunal dans le cas de la gestion de ces documents par l’ex vice-président Biden. Garland, si tu m’entends, si tu crois qu’un tribunal spécial est nécessaire pour Trump, alors tu dois faire la même chose pour le président Biden. Il s’agit de protéger notre information secrète ! » »

Lindsay Graham, champion de la vérité et de la transparence ? Ne me faites pas rire… Je vous assure que si Biden devait annoncer demain le déploiement des unités de combat états-uniennes en Ukraine, il reviendrait immédiatement sur sa demande pour un tribunal spécial. Cette histoire a peu à voir avec la protection du secret-défense, ou des infractions du président, mais à tout à voir avec la situation en Ukraine. Et on peut penser ce qu’on veut de Joe Biden : il ne veut pas être le président qui a déclenché la 3ème guerre mondiale. Malheureusement, les élites qui possèdent les médias, la classe politique et la plupart des possédants de ce pays sont déterminés à élargir le conflit.

C’est aussi pourquoi le narratif repris en chœur par la presse a changé du tout au tout depuis la semaine dernière. Pour s’en convaincre, on avisera cet extrait d’un article de CNN qui nous rabâche depuis 11 mois les mêmes sornettes d’une ‘Ukraine qui gagne’ : « « La situation est critique. Difficile. Nous tenons jusqu’au dernier d’entre nous » nous déclare un soldat. Ce militaire appartient à la 46ème brigade mobile, qui est à la pointe du combat que l’Ukraine mène pour empêcher Soledar de tomber sous le puissant assaut des troupes russes et des mercenaires de Wagner. Selon lui, les chefs militaires de l’Ukraine finiront par abandonner la résistance à Soledar et il se demande pourquoi il aura fallu attendre pour se retirer. Il ajoute « tout le monde sait que nous abandonnerons la ville. Tout le monde le comprend. […] J’aimerais juste comprendre à quoi ça sert [que nous nous battions pour chaque maison] ? Pourquoi devons-nous mourir si nous devons partir aujourd’hui ou demain ? […] Personne ne vous dira combien nous avons de morts et de blessés ici. Parce que personne ne le sait vraiment. Personne. […] Ni à l’Etat Major, ni nulle part. Les positions sont prises et reprises jour après jour. Ce qui est notre maison aujourd’hui est la maison de Wagner demain. […] A Soledar, personne ne compte les morts ».

L’angle de couverture des événements a changé radicalement. Finie les histoires nous racontant comment ces vaillants combattants ukrainiens écrasent les stupides orques russes. Non, maintenant, c’est la vérité dans toute son horreur : l’Ukraine est en train de perdre et pas qu’un peu.

Il nous faut alors essayer de comprendre pourquoi, tout à coup, le narratif change ? Et pourquoi le Washington Post tout au soudain ouvre ses colonnes a deux des plus endurcis des ‘faucons’ bellicistes, revenus tout spécialement des limbes où se pavanent les anciens membres de l’administration de G.W. Bush. L’ex ministre des affaires étrangères, Condolezza Rice et l’ex ministre de la défense Robert Gates, pas moins, se fendent d’un ultime appel désespéré pour prévenir l’effondrement des forces ukrainiennes dans le Donbass :

« Au sujet de la Guerre en Ukraine, la seule chose dont nous pouvons être certains, c’est que les combats et les destructions vont continuer… Même si l’Ukraine a su répondre à l’invasion avec héroïsme et que ses militaires ont fait des merveilles, l’économie du pays est en ruines, des millions de citoyens se sont enfuis, l’infrastructure est détruite, et la plus grande partie de ses richesses minières, industrielles et agricoles sont sous le contrôle russe. Les capacités militaires et économiques de l’Ukraine sont maintenant totalement suspendues à l’aide occidentale, et en premier lieu des Etats-Unis. Dans des circonstances pareilles, tout cessez-le-feu qui pourrait être négocié ne ferait que permettre aux forces russes, qui sont déjà en position de force, de reprendre leur invasion dès qu’elles y seront prêtes. Nous ne pouvons pas accepter cela.

La seule façon de s’y opposer est que les Etats-Unis et leurs alliés augmentent considérablement leur renforcement des capacités militaires de l’Ukraine. Une augmentation suffisante pour dissuader une nouvelle offensive russe et pour permettre à l’Ukraine de repousser les forces russes à l’Est et au Sud.

Les membres de l’OTAN doivent aussi fournir à l’Ukraine des lanceurs de missiles à plus longue portée, des drones de nouvelle génération, des quantités importantes de munitions (y compris d’obus d’artillerie), plus de moyens de reconnaissance et de surveillance, et tout l’équipement nécessaire. Ces moyens doivent être déployés dans les semaines, pas dans les mois à venir… La seule façon d’éviter une confrontation prochaine avec la Russie est d’aider l’Ukraine à repousser l’invasion maintenant ! ».

En principe, on ne s’attend pas à ce que ce genre de hauts responsables se laissent aller à de tels élans, mais ici, pas de retenue. On entend le désespoir. Rice et Gates nous confirment, s’il en était besoin, que l’Ukraine est dans une situation des plus fragiles. Il s’agit d’un désastre, et ce désastre, Gates et Rice proposent d’y répondre en gonflant les livraisons d’armes dans un état en faillite qui n’a aucun espoir réaliste de gagner cette guerre. Vous trouvez que ça a un sens ?

En ce moment même, la ligne de front ukrainienne est en train de s’effondrer, tout comme d’ailleurs l’illusion qu’on peut gagner une guerre parce qu’on a le meilleur service de propagande. Et ce qui apparaît, c’est la perspective bien réelle que les Russes dominent ce qui est devenu la principale conflagration de cette guerre sanglante, la bataille de Bakhmut, ce nœud de communication de l’Est ukrainien, qui marquera sans doute le point de départ d’une campagne beaucoup plus large. Avec la chute de Bakhmut, les Ukrainiens devront se retirer sur leurs troisièmes et quatrièmes lignes de défense, installant la guerre plus près du Dniepr et ouvrant la voie vers Kiev. On commence à apercevoir les carrés blancs et noirs du drapeau d’arrivée. Si vous ne me suivez pas, écoutez ce que vous en dit la personne la mieux placée dans cet extrait d’un interview avec le général Valery Zaluzhny, commandant en chef des forces armées ukrainiennes [1] : « La mobilisation russe a été efficace. […] Nous ne devons pas sous-estimer l’ennemi. Ils ne sont pas faibles […] et ils ont un potentiel humain énorme ». Il ajoute que la mobilisation a aussi permis à la Russie d’opérer des rotations plus fréquentes, ce qui leur permet de se reposer et de récupérer : « de ce point de vue, ils ont l’avantage » […] « Au bout du compte, ce dont tout dépend aujourd’hui, c’est de la quantité d’armes que nous recevons, et c’est ce qui détermine l’issue de la bataille dans la plupart des cas ». Et le général d’énumérer sa liste de courses : « je sais que je peux battre l’ennemi, mais j’ai besoin de ressources. Il me faut 300 tanks, 6 à 700 blindés d’infanterie, 500 Howitzers ». La somme de cette liste dépasse le total des forces militaires de bien des pays européens.

En privé, toutefois, les responsables occidentaux et ukrainiens admettent que l’issue puisse être bien différente. Après avoir affirmé que « nous pouvons et nous devons prendre beaucoup plus de territoire », le général Zalushny concède que la poussée russe pourrait se montrer plus forte qu’attendue, ou que la poussée ukrainienne puisse être plus faible qu’espérée : « il me semble que nous sommes à un point tournant. Je n’ai aucun doute qu’ils referont une tentative en direction de Kiev […] Les enfants commencent à mourir de froid […] dans quel état d’esprit peuvent être nos combattants ? Pas d’eau, pas de lumière ni de chauffage… comment pouvons-nous préparer des réserves pour continuer le combat ? ».

Ce ne sont pas là les mots qu’un général confiant dans la victoire prochaine choisirait. On y entend plutôt un chef résigné à une défaite fatale. Ce que Zaluzhny nous dit c’est qu’il a besoin d’une armée nouvelle entière pour seulement envisager de se comparer aux Russes. « j’ai besoin de ressources, de 300 tanks, 6 à 700 blindés d’infanterie, 500 Howitzers… ». Et même s’il les reçoit, le peuple ukrainien continuera à geler dans le noir, « sans eau, sans lumière et sans chauffage », la raison pour laquelle plus de 8 millions d’Ukrainiens se sont réfugiés en Europe aux dires du HCR, dont 3 millions se sont échappés vers la Russie. La guerre de Washington contre la Russie a transformé l’Ukraine en une contrée inhospitalière et inhabitable, qui ne survit que grâce à la charité que l’Occident lui fait en échange de son soutien aux ambitions hégémoniques. Le slogan ‘Je suis avec l’Ukraine’ signifie en réalité que l’on soutient l’anéantissement d’une riche civilisation pour que Washington puisse voir aboutir ses ambitions funestes.

La destruction des stations électriques, privant les civils d’électricité, n’est PAS un crime de guerre lorsque cette destruction a un but militaire, celui de limiter significativement la capacité de l’ennemi à poursuivre sa guerre contre vous. Les centrales électriques ont été des cibles militaires légitimes depuis bientôt un siècle. « les stations électriques sont en général considérées comme de grande importance pour la capacité d’un état à maintenir ses besoins de guerre en termes de communication, de transport et d’industrie. Pour cette raison elles représentent habituellement des cibles militaires légitimes au cours des conflits armés ». Manuel des lois de la guerre du département de la défense états-unien, § 5.6.8.5

Et ce n’est pas Zaluzhny qui doit prendre le blâme. Il fait juste son boulot. Ceux que nous devons accuser, ce sont les faucons bellicistes états-uniens et les néoconservateurs qui ont provoqué cette guerre sans se soucier de la catastrophe qu’ils déclenchaient. Ils n’ont pas vu arriver le jour où le plus haut gradé d’Ukraine demanderait une nouvelle armée toute entière pour se mesurer aux Russes. Ils n’avaient pas prévu que le plus imposant paquet de sanctions jamais imposées à un pays résulterait en un retour de manivelle des plus douloureux pour nos plus proches alliés en Europe. Ils ne s’attendaient pas à ce que ces sanctions elles-mêmes aient pour effet d’enrichir la Russie et de renforcer ses relations avec des pays considérés comme rivaux des Etats-Unis. Ils ne s’imaginaient pas voir la Chine et l’Inde faire un pied de nez aux sanctions occidentales et profiter à fond des prix avantageux offerts par la Russie pour son gaz et son pétrole qui leur permettent de développer leurs économies, laissant l’Europe s’enfoncer dans une récession permanente résultant de leur attachement pathologique aux Etats-Unis. Ils n’ont rien vu venir de tous ces développements, et cela permet de conclure que le pari ukrainien sera probablement la débâcle la plus retentissante de notre politique étrangère et nous conduira au désastre stratégique le plus douloureux de l’histoire états-unienne.

Ceux qui ont suivi les événements en Ukraine ne seront pas étonnés du contenu de mon article. Ceux qui préfèrent se fier à la grande presse, par contre, risquent d’être très surpris par la tournure des événements à venir. Ce ne sont pas les écrivains de roman du New York Times qui décident de l’issue des conflits armés. Si nous avons une certitude, c’est que la guerre en Ukraine se terminera en faveur du côté qui aura été le plus fort militairement. C’est ce que nous confirme ce bref résumé écrit par un vétéran de l’armée US, le colonel Alex Vershinin, qui servait en tant qu’officier expert en modélisation et simulations dans les divisions de développement conceptuel et d’expérimentation de l’OTAN et l’armée états-unienne :

« Les guerres d’attrition se gagnent grâce à une gestion sans faille de ses ressources propres, et la destruction de celles de l’ennemi. Au moment d’entrer en guerre, la Russie disposait d’une supériorité matérielle écrasante et d’une base industrielle supérieure, lui assurant la possibilité de subir et de remplacer les pertes. Ils ont su préserver leurs ressources, en se retirant tactiquement à chaque occasion où la situation tournait à leur désavantage. L’Ukraine, elle, disposait d’une base de ressources bien plus étroite et dépendait de la coalition occidentale pour soutenir son effort de guerre. Cette dépendance a obligé l’Ukraine à déployer une série d’offensives certes couronnées de succès, mais qui l’ont conduit à consumer des ressources stratégiques qui, je pense, lui seront très difficiles à remplacer entièrement. La vraie question n’est pas de savoir si l’Ukraine peut regagner tous ses territoires, mais si elle est capable d’infliger à la Russie des pertes suffisantes parmi les réservistes mobilisés pour déstabiliser le consensus domestique au sein de la Russie, l’obligeant à s’asseoir à la table des négociations aux conditions des Ukrainiens ou si, au contraire, la stratégie d’attrition de la Russie lui permettra d’augmenter ses gains territoriaux. »

Poser la question de savoir si la Russie a commis des erreurs au début de son opération militaire nous aide à comprendre ce qui se passe maintenant. Si on y réfléchit, la décision de Poutine d’appeler sous les drapeaux 300.000 réservistes en septembre est un aveu qu’il avait mal calculé le nombre de soldats qu’il lui faudrait pour accomplir la mission fixée aux armées. Mais cette erreur est maintenant corrigée. Pourquoi sinon appeler 300.000 réservistes et suspendre la guerre en attendant qu’ils aient rejoints leurs unités et soient prêts pour l’offensive ? Ce que j’essaye de dire est en fin de compte très simple : Poutine a rassemblé l’armée dont il a besoin pour finir le travail militairement. Il est en position d’avancer. D’ailleurs, son armée a déjà marqué des points importants à l’Est en libérant la ville clé de Soledar. Je pense que ces victoires régionales vont continuer pendant tout l’hiver et au printemps. Tanks, blindés, Javelins, Patriots et autres systèmes sophistiqués n’auront pas une influence déterminante sur l’issue de cette guerre. La seule façon pour Washington d’éviter une défaite humiliante en Ukraine est d’assembler une coalition de pays prêts à envoyer et des troupes sur le terrain et leurs avions pour arracher à la Russie le contrôle du ciel.

Dit autrement, nous nous approchons de l’instant de vérité, que beaucoup ont anticipé depuis le début des combats : un affrontement direct entre les Etats-Unis et la Russie. C’est la guerre que les plus fanatiques des néo-conservateurs ont appelé de leurs vœux, et c’est pourquoi ils vont utiliser les ‘documents secrets’ pour soumettre Biden à leurs visées. On appelle ça du chantage.


[1] Ndt : celui-là même qui postait, ce premier janvier et sur le compte officiel de la Rada ukrainienne, un selfie devant un portrait géant de Bandera pour lui souhaiter un bon 114ème anniversaire.

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1 Commentaire

  • Bosteph

    Évidemment, contrairement à certains députés et autres responsables Russes qui ont envoyé leurs enfants (voire y sont allés eux-mêmes (un député de la Douma y a même laissé sa vie)), ces faucons US n’ y enverront jamais leurs enfants sur place ! “Faites ce que je dis, pas ce que je fais” . Mais là, on parle de deux puissances nucléaires – or, aucune de ces puissances n’ est censée perdre, dixit Vlad.

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