Ce terme de Mondonovisme est proposé par un écrivain chilien Francisco Contreras, par rapport au Modernisme latino-américain dont Ruben Darío est le fondateur, il précise: “il s’agit d’un mondonovisme: l’Amérique latine est plus neuve que toutes les nouveautés, plus jeune que toutes les modernités, elle est la terre du futur“. Le concept central en est la “Révolution” qui devient au XXe siècle dans le sillage de ces poètes hommes d’action, journalistes, un maitre mot. Comme l’utopie, il s’agit d’un au-delà temporel s’acheminant vers l’avenir. Elle est un horizon d’attente à la lumière duquel tous les espoirs sont permis et les sacrifices exigés. La révolution s’alimente de projets et d’utopie d’une intégration “panaméricaine” toujours à venir (de ce point de vue j’ai tendance à noter que Révolution s’accompagne toujours d’un espace à la fois utopique et concret, comme la France ou l’URSS, la Chine et ses routes de la soie). La Révolution désigne le fait que le temps a basculé inexorablement dans l’avenir, un avenir ouvert, toujours insaisissable, hors de portée alors qu’il s’incarne. Qu’elle soit chilienne, venezuelienne, cubaine, nicaraguéenne etc… mais même y compris sous certaines formes de populisme comme le péronisme argentin, il y a une matrice commune : la passion du futur qui donne sens au passé et au présent. A cette passion du futur don quichottesque, certains ont opposé une espèce d’ancrage à la Sancho que ce soit sur le plan littéraire avec Borgès et son “utopie d’un homme fatigué”, ou chez Fuentes mais aussi à la fin de Jorge Amado. Au ferment révolutionnaire, il devrait être préféré des “tentatives démocratiques” “sans aspérité ni objectifs prévus” faits de négociations et des concertations relevant d’options politiques au coup par coup. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère qui ailleurs est désignée comme multipolaire, où en fait tentatives démocratiques comme Lula ou Almo le mexicain, sont confrontées à l’affrontement de plus en plus frontal avec l’impérialisme US qui ne veut pas lâcher sa proie sud américaine. La radicalisation est alors en fait imposée par l’impérialisme en crise et ses coups d’Etat avec l’aide de dirigeants corrompus à un peuple misérable comme au Pérou. La souveraineté latino-américaine se jouant comme “la Révolution” sous divers modes dans un dialogue permanent et surtout dans des formes de résistance dans lesquelles les dirigeants latino-américains comme les intellectuels, les artistes doivent faire leur choix et ce choix est à nouveau à l’ordre du jour.
Pourquoi ? Pourquoi ?
— Oh Seigneur, le monde va très mal. La société devient folle. Le siècle prochain verra la plus grande des révolutions qui ont ensanglanté la terre. Est-ce que le gros poisson mange le garçon ? Soit ; mais bientôt nous aurons la vengeance. Le paupérisme règne, et le travailleur porte la vengeance sur ses épaules. Le paupérisme règne, et le travailleur porte sur ses épaules la montagne d’une malédiction. Rien ne vaut plus que l’or misérable. Les gens déshérités sont le troupeau éternel pour l’abattoir éternel.
Ne voyez-vous pas autant riche avec une chemise qu’en porcelaine, et autant de demoiselle étirée enveloppée de soie et de dentelle ? Pendant ce temps, les filles des pauvres depuis l’âge de 14 ans doivent être des prostituées. C’est le premier qui les achète. Les bandits sont possédés par les banques et les entrepôts.
Les ateliers sont le martyre de l’honnêteté : ils ne payent que les salaires que désirent les magnats, et tandis que le malheureux arrive à manger son pain dur, dans les palais et les maisons riches, les heureux s’accrochent de truffes et de faisans. Chaque carrosse qui traverse les rues serre sous ses roues le cœur du pauvre.
Ces petits mecs qui ressemblent à des grues, ces rentiers cacochimiens et ces récoltes ventrues sont les martyrisateurs. Je voudrais une tempête de sang; je voudrais que l’heure de la réhabilitation, de la justice sociale sonne maintenant. Ne s’appelle-t-on pas cette politique chimique que chantent les poètes et louent les orateurs ? Eh bien, putain de démocratie. Ce n’est pas de la démocratie, mais du baldon et de la ruine. Les malheureux souffrent de la pluie de fléaux ; les riches en jouissent. La presse, toujours vénale et corrompue, ne chante que le psaume invariable de l’or.
Les écrivains sont les violons que jouent les grands potentats. Le peuple n’écoute pas. Et le peuple est en colère et en train de pourrir à cause de ceux d’en haut : chez l’homme le crime et l’alcoolisme ; chez la femme, ainsi la mère, ainsi la fille et ainsi la couverture qui les couvre. Alors vous calculez ! Le centime obtenu, à quoi devrait-il servir sinon pour l’eau-de-vie ? Les motifs sont rugueux avec ceux qui les servent.
Les patrons, en ville comme à la campagne, sont des tyrans. Ici, on se fait serrer le cou ; sur le terrain, on insulte le travailleur, on rogne son salaire, on lui donne de la boue et on viole ses filles. Tout se passe comme ça. Je ne sais pas pourquoi la mine qui menace le monde n’a pas déjà explosé parce qu’elle aurait déjà dû exploser. La même fièvre brûle partout. L’esprit des classes inférieures s’incarnera dans un futur vengeur implacable. La vague d’en bas va renverser la masse du haut. La Commune, l’Internationale, le nihilisme, c’est peu ; il manque l’immense coalition qui gagne ! Toutes les tyrannies vont s’écraser : tyrannie politique, tyrannie économique, tyrannie religieuse. Parce que le prêtre est aussi un allié des bourreaux du peuple. Il chante son tedeum et prie son paternoster, plus pour le millionnaire que pour le malheureux. Mais les annonces du cataclysme sont déjà en vue de l’humanité et l’humanité ne les voit pas ; ce qui verra bien sera l’effroi et l’horreur du jour de la colère. Aucune force ne pourra contenir le torrent de la vengeance fatale.
Il faudra chanter une nouvelle Marseillaise qui, comme les clairons de Jéricho, détruira la demeure des enfants. Le feu éclairera les ruines. Le couteau populaire tranchera les cous et les ventre détestés ; les femmes de la populace arracheront à poing les cheveux blonds des vierges fières ; la patte de l’homme pieds nus souillera le tapis de l’opulent ; les statues des bandits seront brisées vous qui avez opprimé les humbles; et le ciel verra avec craintif joie, entre le grondement de la catastrophe rédemptrice, le châtiment des malfaiteurs, la vengeance suprême et terrible de la misère ivre !
- Mais qui es-tu ? Pourquoi tu cries comme ça ?
— Je m’appelle Juan Lanas et je n’ai pas un sou.
Ruben Darius
Félix Rubén García Sarmiento, plus connu sous le nom de Rubén Darío, né le 18 janvier 1867 à Metapa (aujourd’hui Ciudad Darío) et mort le 6 février 1916 (à 49 ans) à Léon, est un poète nicaraguayen, considéré dans le monde hispanique comme un des plus grands poètes. En Amérique latine, il est le fondateur du mouvement littéraire moderniste dans la langue hispano-américaine en publiant au Chili en 1888, d’Azul, qui est de fait le manifeste du modernisme. Les plus remarquables de ses œuvres sont Azul (« Bleu », en 1888 à Valparaíso, Chili), Prosas profanas (« Proses profanes », en 1896 à Buenos Aires, Argentine) et Cantos de Vida y Esperanza (« Chants de vie et d’espérance », en 1905 à Madrid, Espagne). Entre nationalisme, populisme et “nuestra America”, il va au-delà du “modernisme” vers un futur qui est Révolution, une utopie caractéristique de l’Amérique latine et qui nous apparaît aujourd’hui en résurgence. Sa poésie qui traverse le sous-continent est caractéristique de l’Amérique latine et du voyage de ses enfants pour en construire l’unité utopique, la Révolution. L’autre aspect intéressant de son œuvre, là aussi propre à la littérature sud américaine c’est l’influence française, de Victor Hugo en particulier, cela va à la fois avec l’aspiration au beau, au raffinement et la Révolution des humbles. Là encore, à cette époque en Amérique latine comme en bien d’autres lieux dans le monde, la France est le pays où nait la matrice révolutionnaire sous sa forme libérale et marxiste, pays de la révolution bourgeoise libérale mais aussi de Robespierre, de la Commune et de la lutte des classes.
Révolution, Modernité latino-américaine et Mondonovisme
Ce terme de Mondonovisme est proposé par un écrivain chilien Francisco Contreras, par rapport au Modernisme latino-américain dont Ruben Darío est le fondateur, il précise: “il s’agit d’un mondonovisme: l’Amérique latine est plus neuve que toutes les nouveautés, plus jeune que toutes les modernités , elle est la terre du futur“. Le concept central en est la “Révolution” qui devient au XXe siècle dans le sillage de ces poètes hommes d’action, journalistes, un maitre mot. Comme l’utopie, il s’agit d’un au-delà temporel s’acheminant vers l’avenir. Elle est un horizon d’attente à la lumière duquel tous les espoirs sont permis et les sacrifices exigés. La révolution s’alimente de projets et d’utopie d’une intégration “panaméricaine” toujours à venir (de ce point de vue j’ai tendance à noter que Révolution s’accompagne toujours d’un espace à la fois utopique et concret, comme la France ou l’URSS, la Chine et ses routes de la soie). La Révolution désigne le fait que le temps a basculé inexorablement dans l’avenir, un avenir ouvert, toujours insaisissable, hors de portée alors qu’il s’incarne. Qu’elle soit chilienne, venezuelienne, cubaine, nicaraguéenne etc… mais même y compris sous certaines formes de populisme comme le péronisme argentin, il y a une matrice commune: la passion du futur qui donne sens au passé et au présent.
A cette passion du futur don quichottesque, certains ont opposé une espèce d’ancrage à la Sancho que ce soit sur le plan littéraire avec Borgès et son “utopie d’un homme fatigué”, ou chez Fuentes mais aussi à la fin de Jorge Amado. Au ferment révolutionnaire, il devrait être préféré des “tentatives démocratiques” “sans aspérité ni objectifs prévus ” faits de négociations et des concertations relevant d’options politiques au coup par coup. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère qui ailleurs est désigné comme multipolaire, où en fait tentatives démocratiques comme Lula ou Almo le mexicain, sont confrontées à l’affrontement de plus en plus frontal avec l’impérialisme US qui ne veut pas lâcher sa proie sud américaine. La radicalisation est alors en fait imposée par l’impérialisme en crise et ses coups d’Etat avec l’aide de dirigeants corrompus à un peuple misérable comme au Pérou. La souveraineté latino-américaine se jouant comme “la Révolution” sous divers modes dans un dialogue permanent et surtout dans des formes de résistance dans lesquelles les dirigeants latino-américains comme les intellectuels, les artistes doivent faire leur choix et ce choix est à nouveau à l’ordre du jour.
L’histoire, les actes des peuples comme la résistance actuelle du peuple péruvien est à nouveau animé du souffle poétique et politique du continent et pour comprendre ce qui se joue, un basculement fait de civilisation nous pouvons retourner aux poètes et à leurs oeuvres.
Biographie de Rubén Darío
Il naît à Metapa au Nicaragua, mais un mois après sa naissance sa famille déménage à Léon où il passe son enfance. C’est un enfant précoce. Il savait lire à l’âge de trois ans. Il apprit presque tout seul. Il assista, plus tard, aux cours d’une école que les Jésuites tenaient dans l’église dite de « la Recolección »: les élèves connaissaient leurs classiques (évidemment les classiques espagnols), un peu de latin et de grec. il est certain que très jeune il savait lire et même écrire le français. l’instruction reçue par le poète fut cependant assez élémentaire et il acquit sa haute culture, grâce à sa boulimie de lectures plus tard en plusieurs langues, notamment l’espagnol, le français et l’anglais. Les premiers livres qui le captivèrent et qu’il découvrit un jour au fond d’une vieille armoire étaient Don Quichotte, les œuvres de Moratín, Les Mille et Une Nuits, la Bible, le De Officiis de Cicéron, la Corinne de Madame de Staël, un tome de comédies classiques espagnoles et un roman terrifiant qui s’appelait La Caverne de Strozzi (Jean-Joseph Regnault-Warin, 1798). À l’âge de 12 ans Darío publia ses premiers poèmes : La Fé, Una Lágrima et El Desengaño. A l’âge de treize ans, grâce à l’influence de ses amis, on lui donna un poste à la Bibliothèque Nationale à Managua. Là, il passa des mois à ingurgiter livre sur livre. C’est là aussi qu’il acquit une connaissance profonde des mythologies grecque et latine, dont on sent la grande influence dans les poèmes qu’il écrivit plus tard. Pendant cette période, il lut aussi pour la première fois plusieurs auteurs français, notamment Victor Hugo et Théophile Gautier. De douze à quatorze ans, il écrivit un nombre considérable de poèmes et en 1885, à l’âge de dix-huit ans, il publia son premier recueil de vers, Primeras notas (Premières Notes), connues aussi sous le nom d’Epístolas y poemas (Épîtres et poèmes). Dans le long poème Victor Hugo y la tumba (Victor Hugo et la tombe), publié dans Primeras notas, nous pouvons retrouver assez facilement les poésies du maître français qui l’ont le plus intéressé. ainsi que des tentatives pour adapter à la poésie espagnole l’alexandrin ternaire.
En 1886, à l’âge de dix-neuf ans, le jeune poète quitta l’Amérique centrale pour se rendre au Chili. Il entra dans les bureaux de La Época (L’Époque), le journal le plus important de la ville de Santiago. Avec ses nouvelles occupations, commencèrent les années de sa vie plus décisives dans la formation de son génie. Sa renommée dans sa patrie et même dans toute l’Amérique centrale était alors extraordinaire, étant donné qu’il n’avait que dix-neuf ans mais il faut mesurer ce qu’il apporte de nouveau. Les poètes espagnols de cette période n’avaient rien de nouveau à offrir, puisqu’ils imitaient simplement les écoles du XIXe siècle et de l’âge d’or espagnol. Darío, en publiant un volume fondé sur des modèles étrangers et dont les sujets étaient exotiques, accomplit un acte tout à fait révolutionnaire. Sa méthode d’assimilation au contact des influences françaises fut très originale. L’influence française, subie par le poète dès son arrivée à Santiago, avait des sources multiples. Elle s’exerça sur lui, non seulement par les livres qu’il lut en nombre considérable, mais aussi parce que tout ce qui était raffiné était “français” Les salons de La Época, les colonnes du journal même et les bibliothèques privées de plusieurs bons amis lui offraient chaque jour des occasions excellentes de se familiariser avec les plus récents courants de la vie intellectuelle française : Goncourt, Baudelaire, Leconte de Lisle, Catulle Mendès, Taine, Barbey d’Aurevilly, Émile Zola, Gustave Flaubert, Honoré de Balzac, Daudet, etc. Pendant les deux années qu’il a passées au Chili (1886-1888), le poète a fait paraître dans les journaux beaucoup d’articles, de contes et de poèmes, dont les plus importants ont été réunis et publiés en volume en 1888, sous le nom d’Azul, le premier recueil de Darío qui lui valut sa réputation internationale. Il avait bien lu un nombre considérable de livres français contemporains, mais on ne peut guère dire que le recueil d’Azul soit une œuvre d’imitation. Il accomplit une transmutation que l’on retrouve chez d’autres poètes y compris José Martí : il fait passer la littérature française par le filtre de l’Amérique latine en refusant l’imitation.
Au titre de cette assimilation, transmutation, il multiplie les voyages et devient correspondant de divers grands journaux comme le grand quotidien argentin (la Nation) ou du Salvador (l’Union). A 24 ans il épouse une poétesse de 21 ans la señorita Rafaela Contreras, sa mort peu d’années après est un drame : alors que Ruben Darío a une notoriété de plus en plus grande, son chagrin dit-on le pousse dans des excès d’alcool qui lui valent des déboires assez rocambolesques dans le domaine sentimental où il se retrouve marié malgré lui à 26 ans à une épouse qui lui refuse le divorce… Outre sa brillante carrière de poète et de journaliste, tous les présidents d’Amérique latine en particulier les progressistes en font leur diplomate de prestige, en fait il s’agit d’abord d’assurer un train de vie, celui d’un voyageur et d’un esthète mais ouvert de plus en plus à des préoccupations politiques qui dépassent le modernisme. A 26 ans, le Président Caro, de Colombie, le nomma consul à Buenos Aires. Comme le voyage était plus commode par les grandes lignes de navigation, il se rendit d’abord à New York (où il fait la connaissance du poète cubain José Martí), et de là à Paris. Quand il arriva à Buenos Aires, il avait fait déjà deux voyages en Europe, il avait vu les grandes collections artistiques de Madrid et de Paris, et avait fait la connaissance des plus grands hommes de lettres d’Espagne et de France. Il est incontestable que c’est pendant cette période de sa vie qu’il a produit les plus remarquables de ses œuvres. Peu après son arrivée, en 1893, il publia Los Raros (Les Rares), recueil d’articles de critique littéraire qui avait paru dans La Nación et par lesquels il avait révélé à la jeunesse de la capitale argentine la nouvelle génération de poètes français. Il a aussi publié en 1896 son second volume important, Prosas profanas (Proses profanes), contenant des poèmes qui avaient d’abord paru dans le grand journal. C’est dans Prosas profanas qu’on trouve les premières grandes innovations techniques qui lui ont valu tant de renommée. Dès cette époque nous trouvons le poète presque continuellement en voyage, soit comme reporter de son journal, soit s’employant à une des nombreuses missions diplomatiques qui l’ont tellement occupé durant la dernière partie de sa vie.
À la fin de la guerre hispano-américaine (« désastre de 98 ») en 1898, La Nación envoya Darío en Espagne pour écrire une série d’articles sur les conditions d´après-guerre dans ce pays. Ces articles ont été publiés en 1901 sous le titre España contemporánea (L’Espagne contemporaine). Ses observations sur l’Exposition universelle de Paris en 1900, lorsqu’il a trente-trois ans, et celles qu’il fit au cours de voyages au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne, en Belgique et en Autriche-Hongrie comme correspondant de La Nación lui permirent de rédiger toute une série d’articles dont il composa plus tard d’importants volumes en prose : La caravana pasa (La caravane passe), Tierras solares (Terres solaires), Opiniones (Opinions) et bien d’autres. Ces nouveaux éléments dans ce dernier recueil de Rubén Darío l’identifient avec un nouveau mouvement, le Mondonovisme, plutôt qu’avec l’école moderniste. Les poètes de cette école, tout en conservant les procédés techniques de la précédente, se différencient essentiellement par les sujets traités. Leurs écrits parlent surtout d’actualités, font ressortir la solidarité persistante de la race latine, sentiment réveillé par la guerre hispano-américaine et exaspéré par la défaite espagnole. C’est évidemment s’éloigner beaucoup des sujets artistiques qui ont caractérisé le Modernisme.
Il mourut à León le 6 février 1916 à l’âge de quarante-neuf ans.
Je voudrais également signaler cette exposition de photographie présentée à Zoème qui est issue d’une archive visuelle créée par l’artiste Celeste Rojas Mugica et intitulée Inventario Iconoclasta de la Insurrección Chilena. Cette archive en ligne documente la diversité des gestes iconoclastes perpétrés par les manifestant·e·s sur la statuaire publique depuis le mois d’octobre 2019, qui a vu naître l’un des plus vastes mouvements sociaux de l’histoire du Chili. L’artiste a créé cette archive en ligne en retravaillant des centaines de photographies collectées sur les réseaux sociaux et prises par les manifestant·e·s. La profusion des images et la forme de l’archive rendent compte de l’ampleur de la révolte et donnent à voir la variété des interventions sur la statuaire publique. Destruction, mutilation, décapitation, travestissement, sont autant d’expressions d’un rejet du discours identitaire nationaliste, colonial et patriarcal véhiculé par la statuaire publique. Mais l’iconoclasme à son tour s’approprie, transforme, rebaptise et subvertit les monuments pour pluraliser les imaginaires de la nation et projeter dans l’espace public disputé les transformations désirées par les manifestant·e·s, comme si l’Amérique latine était toujours le fruit révolutionnaire d’un métissage, d’un viol mais aussi d’une identité faite de la transmutation des assimilations qui s’unit dans l’émancipation anti-coloniale.
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