Voici deux brèves tirées du Tehran Times qui offrent une vue contrastée de la visite de Xi en Arabie Saoudite Alors que Xi a pris des positions qui vont en apparence contre l’Iran et en faveur de son grand rival régional l’Arabie Saoudite, les dirigeant iraniens s’efforcent de minimiser l’impression d’un affaiblissement de la relation entre l’Iran et la Chine, et se félicitent bien sûr de la montée en puissance du yuan comme monnaie internationale. A noter également que la Chine soutient à demi-mots la revendication des Émirats sur quelques îles oh combien stratégiques administrées par l’Iran à l’entrée du détroit d’Ormuz. Ce qui est intéressant, c’est que, au-delà des rivalités régionales, la diplomatie chinoise semble devenir dans cette région difficile le point de référence et on se demande où sont passés les maîtres du jeu états-uniens. Il est encore trop tôt bien sûr pour juger si la réorganisation diplomatique en cours dans ce qu’on appelle maintenant « l’Asie Occidentale » et non plus le « Moyen-Orient » aura un effet bénéfique sur les conflits en cours ou à venir et pour les populations de la région. (note et traduction de Jean-Luc Picker)
Dans la revue de presse du Tehran Times du 11 décembre 2022
https://www.tehrantimes.com/news/479618/Saudi-tricks
La déclaration commune de la Chine et de l’Arabie Saoudite critiquant le rôle de Téhéran dans la région fait parler d’elle dans les journaux iraniens.
Iran, un journal proche de l’état écrit que « l’Occident lance une attaque contre l’Iran sous le couvert de la visite du président chinois à Riyadh. La déclaration commune des deux pays a permis à une des factions politiques iraniennes de dénoncer la trahison de l’Iran par la Chine et de crier à l’échec de la politique étrangère iranienne ».
Le journal, pour sa part, pense que les relations entre Tehran et Beijing restent solides malgré les conditions et cite en appui le volume des exportations de pétrole de l’Iran vers la Chine et les nombreuses sanctions imposées par les Etats-Unis à des sociétés chinoises pour leur collaboration avec l’Iran. Il rappelle que le vote de la Chine a été déterminant contre la mission d’enquête sur les atteintes aux droits de l’homme et aussi contre les résolutions politiques de l’AIEA.
La Une de Sharq, proche des réformistes, titre sur les « mauvais tours des Saoudiens » et développe : « Après la déclaration commune de le l’Arabie Saoudite et de la Chine, le président chinois a rencontré les dirigeants des pays du Conseil de Coopération du Golfe Persique, ce qui a conduit à encore une nouvelle déclaration contre l’Iran condamnant son (prétendu) soutien à des groupes terroristes et des milices en Irak, au Liban, en Syrie, au Yemen et dans d’autres pays qui menace la sécurité de pays arabes et la stabilité de la région »
Sharq cite Hamid Aboutalebi (l’ancien conseiller politique de Rouhani) qui a déclaré que la Chine avait rejoint le front diplomatique contre l’Iran.
En parallèle, l’Arabie Saoudite cherche à établir un consensus régional avec l’aide du CCGP et se prépare à une alliance avec Israël contre l’Iran dans la foulée du retour de Netanyahu à la tête du pays.
Pour Etemad, proche du front réformiste, la priorité de Beijing est la défense de ses intérêts nationaux plutôt que les relations stratégiques. La politique traditionnelle de la Chine a toujours été d’éviter d’entrer dans des disputes entre les pays, mais cette approbation donnée aux positions anti-iraniennes des pays de la rive sud du Golfe Persique constitue un changement dangereux.
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Petrodollars ou Petroyuan ? La Chine s’attaque à la dominance US sur le marché du pétrole
Par Ebrahim Fallahi, Paru dans Teheran Times, 10 décembre 2022
https://www.tehrantimes.com/news/479562/Petrodollar-Vs-Petroyuan-is-China-set-to-overthrow-U-S-in
Le président Xi Jinping a appelé les dirigeant arabes à utiliser le Yuan pour les livraisons de pétrole et de gaz à la Chine. Une telle décision renforcerait la Chine dans les buts qu’elle s’est fixée : établir sa monnaie nationale au niveau international et mettre un terme à la domination des Etats-Unis sur les marchés mondiaux de l’énergie. Xi Jinping s’exprimait dans le cadre de sa visite à Ryadh, le vendredi 9 décembre, à l’occasion de deux sommets régionaux organisés par le prince Mohammed bin Salman.
L’Arabie Saoudite et la Chine, qui sont respectivement le plus gros exportateur et le plus gros consommateur sur le marché mondial du pétrole, ont envoyé un message fort pendant la visite de Xi dédiée à la « non-ingérence », alors que la relation entre Ryadh et Washington est mise à mal sur plusieurs dossiers : droits de l’homme, politique énergétique, Russie….
Les deux pays considèrent qu’il est nécessaire d’abandonner le dollar au profit du Yuan, au vu de « l’utilisation de plus en plus agressive du système financier dominé par le dollar comme une arme » et afin de sécuriser leur commerce bilatéral et entamer l’hégémonie du dollar sur le marché mondial du pétrole.
L’abandon du dollar par l’Arabie Saoudite pour ses exportations de pétrole représenterait un geste politique d’une portée considérable. Riyadh y réfléchit depuis un certain temps devant les menaces que la loi anti-trust états-unienne autorise des poursuites contre les membres de l’OPEC.
En tant que seconde économie mondiale, la Chine tente d’étendre sa présence et Asie occidentale, et le remplacement du dollar sur la scène énergétique mondiale serait très utile au géant asiatique pour atteindre ses objectifs.
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