Dans une interview accordée au Financial Times, la ministre néerlandaise de l’Économie a fait preuve de fermeté à l’égard des avertissements américains. Ce n’est pas à Washington de dicter la politique économique et internationale de la Haye. Les Pays-Bas refusent d’obéir aveuglément aux USA et de rompre leurs liens avec la Chine : « L’Europe doit avoir sa propre stratégie »© Il y a l’IRA (Inflation Reduction Act) qui déplait mais la manière dont les USA contraignent l’UE et les pays européens à s’identifier à l’OTAN est également en question, des voix commencent à s’élever en faveur de la paix et du compromis diplomatique, et comme les Pays-Bas ici notent qu’il ne faut pas être naïf, la Chine va vite très vite et risque de ne plus avoir besoin des avancées technologiques d’autres pays. Encore une pièce à apporter au dossier d’aujourd’hui qui dénonce derrière les vantardises, les faits qui sont têtus. Ils démontrent que la classe capitaliste n’est peut-être pas prête à payer le prix que des politiciens exigent pour sa défense face au socialisme qui leur accorde le sursis nécessaire pour que les deux classes antagonistes meurent ensemble comme le dit Marx avec l’apparition d’un nouveau mode de production. (note de Danielle Bleitrach)
Extraits de l’article de Olivier Daelen à partir du Financial times et de notes fournies par Business AM • Face aux Etats-Unis qui s’ingénient à faire rompre les liens du Vieux continent avec non seulement la Russie mais la Chine, il y a des résistances qui montent et qui sans doute ne cesseront de monter au fur et à mesure que les conséquences de ce découplage et de la dépendance à la stratégie des Etats-Unis se feront sentir. Il n’est pas sûr que même en Europe les Etats-Unis obtiennent ce qu’ils veulent alors que leur slogan s’affirme de plus en plus l’Amérique d’abord et ne présente qu’un maximum d’inconvénients pour les autres nations. L’idéologie et la diabolisation caricaturale des rivaux supposés des Etats-Unis n’y suffira pas.
Dans l’actu : la ministre néerlandaise de l’Économie ne suivra pas aveuglément les conseils américains.
- Interrogée par le Financial Times, Micky Adriaansens a rappelé que les liens commerciaux entre les Pays-bas et la Chine étaient « très positifs ».
- « En général, aux Pays-Bas, nous sommes très positifs et nous l’avons toujours été quant aux bonnes relations avec la Chine. Nous faisons beaucoup d’affaires avec la Chine. De nombreuses entreprises néerlandaises y travaillent », a-t-elle souligné.
Contexte : les USA prient les Pays-Bas de s’allier à eux.
- Lors de cette interview, Adriaansens était interrogée sur un sujet bien particulier : la livraison à la Chine d’équipements nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs.
- Les États-Unis craignent que ces livraisons permettent à la Chine de se doter de puces avancées, susceptibles d’être utilisées à des fins militaires.
- Les Pays-Bas abritent justement deux grandes entreprises fabriquant des équipements pour semi-conducteurs, ASML et ASM International.
- Les USA veulent parvenir à un accord tripartite avec les Pays-Bas et le Japon – un autre acteur important du secteur – pour que, ensemble, ils fassent le nécessaire pour diminuer les capacités de la Chine à fabriquer des puces.
« Ne soyons pas naïfs »
Zoom avant : La Haye ne veut pas se précipiter.
- Adriaansens a refusé d’indiquer si les Pays-Bas accepteraient la proposition des États-Unis. La question fera l’objet d’un examen minutieux.
- Il faut dire que se lancer dans une telle initiative causerait forcément du tort à ses deux fleurons des équipements à puces. Et ternirait les relations commerciales sino-néerlandaises.
- Toutefois, les Pays-Bas ne souhaitent pas devenir un allié de la Chine dans ses avancées militaires.
- « Les Pays-Bas et l’Europe doivent avoir leur propre stratégie », a expliqué la ministre néerlandaise. Dans le même temps, ils doivent être conscients des risques concernant les « technologies spécifiques ». « Il ne faut pas en faire trop, mais d’un autre côté, il ne faut pas non plus que les portes soient déverrouillées lorsque la sécurité est la première préoccupation – c’est une question d’équilibre. »
- Dans le même temps, Adriaansens se dit que, de toute façon, la Chine n’aura peut-être pas besoin des Pays-Bas pour avancer là où elle a envie d’aller. « Le cycle de développement est très rapide en Chine. Nous ne devons pas être naïfs », a-t-elle noté.
Zoom arrière : l’IRA ne plaît pas aux Pays-Bas.
- Depuis quelques semaines, un nombre grandissant de pays européens sortent du bois et font part de leurs craintes – et de leurs déceptions – relatives à l’Inflation Reduction Act (IRA).
- Adoptée l’été dernier aux États-Unis, cette loi entrera en vigueur dans un mois. Elle comporte toute une série de mesures de nature protectionniste, notamment dans le cadre de la transition écologique.
- Les pays européens y voient un fameux « coup de poignard » de la part de l’administration Biden. En favorisant grandement les entreprises américaines, l’IRA affaiblit les européennes.
- Adriaansens n’a pas manqué d’indiquer qu’il s’agissait d’un autre facteur à prendre en compte dans la perspective d’un accord avec les USA sur la livraison aux fabricants de puces chinois.
- Notant que l’IRA aurait un impact sur l’économie néerlandaise et européenne, elle a appelé à ce que tout le bloc occidental bénéficie de conditions de concurrence équitables et d’un « même ensemble de règles ».
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Daniel Arias
ASML est un des producteurs de machine de lithogravure les plus avancés au monde avec ds machines capables de graver en 7 5 et 3 nanomètres soit la finesse requise pour les puces els plus avancées.
La Chine sait graver en 10 nanomètres et surtout recherche des alternatives moins coûteuses que les technologies ASML certaines machines ASML coûtant 30 millions de $.
Les USA imposent le bannissement de la vente à la Chine des machines de lithographie les plus avancées. L’enjeu étant l’IA et le développement de la 5G, les véhicules autonomes, des puces à basse consommation d’énergie,…
Le bannissement concerne les technologies EVU, mais il est possible de graver en 7nm en DVU et ces machines sont encore vendables en Chine.
ASML perd avec la Chine la moitié de son marché et surtout devient dépendant des clients américains et leurs lois.
La Russie quand a elle aussi étudie de nouveaux procédés de fabrication des puces.
ASML propose des machines capables d’une très grande productivité, ce qui ne correspond pas forcément aux besoins de l’industrie russe dont la priorité est la qualité sur la quantité.
La course au plus petit, à la plus grande quantité de transistors ne fait pas tout, si à côté de ça vous programmez comme un cochon ou n’avez aucune stratégie pour l’utilisation des puces les gains seront réduit à néant.
Pour faire exactement le même travail bureautique sur un ordinateur aujourd’hui vous avez besoin de 4096 Mo de RAM quand hier il en fallait que 256 Mo, où est le progrès ?
Pour produire du texte avec u outil comme pandoc il faut à peine quelques Ko mais cela ruinerait Microsoft.
La devise des ingénieurs Russe est depuis longtemps de faire simple et efficace.
La réussite des entreprises américaines tient plus à la puissance politique pour imposer leurs produits que leur qualité.
https://strategy.government-nnov.ru/ru-RU/longread/nano
jean-luc
deux ajouts sur cette explication très intéressante.
1/ Le refus des Pays Bas de s’aligner sur le diktat américain va fragiliser plus encore la tentative des US de créer un front pour handicaper la Chine dans son approvisionnement en puces électroniques. L’alliance Chip4 que les US s’efforcent de constituer avec Taiwan, la Corée du Sud et le Japon ne tiendra que si les Pays Bas refusent de livrer leurs graveurs à la Chine. Le problème se complique aussi du fait qu’une partie de la production Taiwanaise et Sud Coréenne se fait en réalité en Chine.
2/ sur la ‘simplicité’ recherchée par la Russie, je ne peux m’empêcher de penser à cette anecdote qui m’a été racontée par des Russes dans la cuisine d’un appartement tout neuf où la table était couverte de Butterbrodies et de bouteilles de Krystal (en 1999)… Lorsque les premiers astronautes ont commencé à être envoyés dans l’espace, s’est posé le problème pour eux d’écrire leurs rapports, à une époque où on ne disposait pas encore d’ordinateurs portables. Les stylo à billes, bien sûr, privés de gravité, ne résolvaient pas le problème. Les USA ont donc mis en place un programme d’urgence pour trouver la solution technologique la plus adaptée. 9 mois à peine leur ont suffi pour inventer un stylo qui fonctionnait dans les capsules. 6 mois supplémentaires pour les produire, les tester et le tour était joué. Les Russes ont réfléchi 20 à 30 minutes et… ont distribué des crayons à papier à leurs astronautes.
Merci à Daniel!