Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’absence absolue d’alternatives du moins en Allemagne, mais c’est pas mieux en France.

There is no alternative (TINA), traduit en français par « Il n’y a pas d’autre choix » ou « Il n’y a pas d’alternative » ou « Il n’y a pas de plan B », est un slogan politique couramment attribué à Margaret Thatcher alors qu’elle était Première ministre du Royaume-Uni. L’article ironise sur la manière dont la crise énergétique, voire les futures coupures de courant sont présentées comme relevant de l’ordre du phénomène naturel, comme la guerre. Et la diabolisation de Poutine bloque toute autre causalité, toute réflexion. Ce n’est pas différent en France, il y a si peu d’alternative que le PCF lui-même parle volontiers et c’est bien du nucléaire civil mais se tait sur le nucléaire militaire, n’ose même pas reprendre les propositions de paix qu’il a signées à La Havane… Il craint au meilleur des cas de ne pas être compris. Pendant ce temps-là dans nos médias, le ban et l’arrière ban de l’OTAN, des éditorialistes, d’incongrus personnages qui s’autoproclament “spécialistes” disent à peu près n’importe quoi sur nos victoires derrière l’ineffable Zelensky à savoir aussi que tout est de la faute de Poutine, y compris que les Russes sabotent eux-mêmes les pipelines de gaz, ou quand ils se bombardent eux-mêmes dans les centrales nucléaires qu’ils occupent et aujourd’hui en sont à affirmer que Poutine lui-même ne sait pas où il va en dehors de sa propension maladive à la tyrannie. Il est normal que les couches populaires se gèlent dans la vague de froid, sans voir le lien avec la manière dont la France a mis à mal l’entretien de ses centrales nucléaires et privatisé à tour de bras, mais c’est la faute à Poutine, vous dis-je, vous ne voulez pas négocier avec un individu pareil… Mais au-delà de cette caricature, il y a plus grave, le fait que l’on prétend nous enfermer dans une absence d’alternative au capitalisme alors que le monde est entré dans des changements majeurs qui peuvent déboucher soit sur la barbarie soit sur le socialisme et la paix. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

Roberto De Lapuente

Roberto J. De Lapuente est journaliste indépendant et auteur depuis de nombreuses années. Il a déjà dirigé le blog « ad sinistram », le blog ND « Der Heppenheimer Job » et est actuellement collaborateur du « neulandrebellen ». Depuis 2022, il est rédacteur en chef de « Overton Magazine » d’où est tiré l’article.

Il n’y a pas d’alternative ou le poisson pourrit d’abord par la tête… Quand Macron est pris la main dans le sac de McKinsey on parle de conflit d’intérêt, non le terme exact est corruption, il exige la démission du chef de l’État, parce que les conséquences y compris sur la vieillesse de chacun, nos retraites, sont sans commune mesure avec un pot de vin auprès d’un simple employé, mais là aussi “il n’y a pas d’alternative” ça fonctionne.

A partir de janvier au plus tard, il y a une menace de coupures de courant « qui iront au-delà du niveau précédent ». Mais tout reste calme, presque personne ne bouge : comme si ce qui nous menaçait était une catastrophe naturelle à laquelle on ne peut échapper.

Il y a quelques jours, le chef de l’Office fédéral de la protection de la population et de l’aide en cas de catastrophe (BBK) nous a préparés à ce qui est imminent : des coupures de courant – à partir de janvier ou février, ainsi vont les prévisions en ce qui nous concerne. Ralph Tiesler, le nom du patron du BKK, a également expliqué que les autres sont bien moins bien lotis que l’Allemagne : comme c’est rassurant quand les autres sont moins bien lotis que soi.

L’électricité ne se ferait pas rare du tout : les réseaux devraient probablement être coupés de manière ciblée afin de les protéger et de ne pas mettre en danger l’approvisionnement global. Tout cela n’a pas été justifié de manière compréhensible, mais une chose est certaine : ce serait en quelque sorte dû à Poutine.

Poutine, le patron de la mauvaise gestion allemande

Nous entendons sans cesse que c’est au président russe de décider si tout va à vau-l’eau dans ce pays. Le gaz touche à sa fin? Poutine nous a imposé ce manque, disent-ils. Pas un mot sur le fait que l’oppresseur a même promis de nouvelles livraisons de gaz. Les rayons des supermarchés sont plus vides qu’avant ? Poutine a commis le crime ! Le tram vient moins souvent que par le passé ? Devinez qui en est responsable !

Maintenant, il y a les pannes de courant, que Tiesler appelle grandiosement des pannes d’électricité. Certains médias ont emboîté le pas, choisissant cet anglicisme comme s’il n’y avait pas de synonyme allemand. Peut-être que l’un ou l’autre spécialiste de haut niveau ne comprend même pas ce que le gentil monsieur du BKK – ça ressemble à une assurance maladie, non? – dit dans son jargon. Et Poutine est à nouveau responsable des pannes d’électricité – et cela sans plus de précisions.

Ce Poutine est une figure vraiment grandiose de la politique économique erronée allemande. Peu importe ce qui ne va pas, peu importe les déclins, il est toujours un bouc émissaire. Le trou dans la couche d’ozone ? Poutine ! Des pôles de fusion ? Poutine, le terrible ! L’industrie automobile allemande a perdu le contact, donc complètement sans logiciel d’échappement? Bien sûr, c’est aussi dû à ce monsieur de Russie! Vous avez découvert des boutons de fièvre dans les coins de votre bouche? Tu sais…

Poutine est la loi naturelle du moment

There is no alternative : Encore un anglicisme, désolé. Pourtant, c’est la devise qui nous accompagne depuis plusieurs décennies. On nous a dit en boucle qu’il n’y avait pas d’alternative à la politique néolibérale et à la politique économique de l’offre. C’était une sorte de loi naturelle contre laquelle on ne pouvait pas se rebeller : parce que quiconque proteste contre la neige ou la loi de la gravitation semble un peu fou dès le départ. Les lois naturelles doivent être acceptées. Elles sont irréversibles. Poutine est la loi naturelle du moment. Vous ne la remettez même plus en question.

Bien sûr, les esprits créatifs politiques savent que vous ne pouvez pas ébranler les lois de la nature. Par conséquent, ils font appel volontiers à ces lois. Parce que quand il en question, vous pouvez viser à travers quelque chose sans avoir à regarder à gauche et à droite. Peut-être que seule la mort est plus résistante que les lois de la nature – qui tôt ou tard dépassent chacun de nous. Sauf, peut-être, les grands de la Silicon Valley, qui se sont fait geler pour dégeler dans la vie éternelle en l’an 2091.

Peut-être qu’au cours de ces décennies de manque supposé d’alternatives, nous nous sommes tellement habitués au fait que la politique est un enchevêtrement de concepts sans alternative que nous ne pouvons même plus nous demander si Poutine est la loi naturelle de l’heure ou si nous avons une marge de manœuvre : tout simplement pas parce que nous avons perdu cette capacité. Tout s’oublie si vite. De plus, le corona est toujours dans nos os : c’était aussi une telle loi de la nature, aussi un manque absolu d’alternatives. Penser hors de la piste a été immédiatement condamné. Il n’y a pas d’alternative, a-t-on alors dit.

Les journalistes sont des conseillers qui ne remettent rien en question

Il n’y avait pas d’alternative au « non-mot de l’année ». En 2010. Le raisonnement du jury à l’époque était que le « mot (…) objectivement inapproprié » prétendait qu’il n’y avait pas d’alternatives dans un processus décisionnel dès le départ et donc pas besoin de discussion et d’argumentation ». C’est digne d’un non-mot, parce que la démocratie représente une pondération constante des arguments. Quiconque met fin à cela dès le départ au moyen d’un manque rhétorique d’alternatives ne mène pas une entreprise démocratique.

Alors maintenant, les pannes de courant qui semblent être sans alternative : à cause de Poutine et à cause de sa guerre. Dans les réseaux, on lit parmi les adeptes du non sens qu’une telle panne de courant n’est rien comparée à une maison bombardée et effondrée dans une zone de guerre. Bien sûr, il n’y a pas d’alternative à cette comparaison : que voulez-vous contrer ? C’est vrai, si vous voulez le voir de cette façon. Mais on pourrait aussi dire qu’une panne de courant est un problème de luxe pour les personnes ayant de l’électricité, ce que les Massaï au Kenya n’ont généralement même pas. Mais quel est l’intérêt d’une telle comparaison, elle s’établit entre les pommes et les poires, qui sont toutes deux des fruits, mais ce qui ne les empêche pas de rester différentes?

Bien sûr, il y aurait une marge de manœuvre et des approches alternatives. Mais ils présupposent que l’on saute finalement par-dessus sa propre ombre arrogante et à deux poids, deux mesures et que l’on mène cette guerre vers une fin diplomatique. Il faut, pour le dire autrement, abandonner la loi naturelle appelée Poutine. Le cours actuel n’est pas sans alternative – il le suggère simplement aux gens. En ne mentionnant même pas les options que vous auriez maintenant pour empêcher le GAU. Au lieu de cela, FAZ et Co préfèrent fournir des conseils sur la façon de traverser les journées d’hiver gelées mais réchauffées à l’intérieur. Le journalisme d’aujourd’hui signifie probablement que les propagandistes doivent aussi être de bons coachs et conseillers de vie.

voilà les pancartes que l’on voit apparaître en France et qui disent qu’il y encore de la ressource dans le peuple français.

Mon commentaire (Danielle Bleitrach)

SI L’ON NE VEUT PAS VOIR CETTE ÉVIDENCE, FRANCHEMENT AU LIEU DE PRÉTENDRE DIRIGER LE MIEUX EST D’ALLER SE RENDRE UTILE AILLEURS…

’L’économie allemande et celle de la France, en général la majeure des économies européennes avec bien sûr les leaders en priorité, sont prise en tenailles. Ce qui est fou, c’est que les deux bras de la pince ne sont pas activés par les Russes ou les Chinois, mais par les Américains qui sont apparemment déterminés à organiser leur prospérité future aux dépens des Chinois et des Européens.

Trump est parti, sa devise est restée : l’Amérique d’abord.

Parce que l’on feint d’ignorer cette rodomontade égoïste de sa propre nation – surtout sous un président démocrate – sont évoqués par Biden les intérêts américains en matière de sécurité d’une part et la lutte contre l’inflation d’autre part sont cités comme raisons de faire cavalier seul.

La tenaille a deux machoires différentes :

1. L’Inflation Reduction Act (IRA) des États-Unis vise ostensiblement à réduire l’inflation aux États-Unis. En réalité, cependant, il s’agit d’un gigantesque programme de subventions pour les nouvelles technologies.Une pratique de dumping qui anéantit d’abord ses propres alliés tout en affirmant défendre le citoyen américain. Le paquet législatif prévoit de dépenser 369 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie pour des programmes de sécurité énergétique et de lutte contre le changement climatique, en fait c’est clairement une pression sur l’industrie européenne. Selon le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, dans certains cas, les subventions offertes par le gouvernement américain s’élèvent à quatre à dix fois plus que le soutien maximal de l’État autorisé par la Commission européenne.

Par parenthèse, les traites de cavalerie que les Etats-Unis utilisent pour imprimer la masse de dollars employés à entretenir leur appareil de guerre, leurs bases militaires, leurs interventions et ce choix de dumping permanent à leur économie, combiné un comble à une hausse des taux d’intérêt de la FED ne sont pas pour rien dans l’inflation.

2. Les sanctions, une autre forme de diriger la guerre sans solliciter aucun autre peuple, sous couvert de sécurité du monde libre, qui interdisent aux pays européens l’accès à une énergie russe autant qu’à la production chinoise, ce qui est à la base de leur propre enrichissement, enfin celui de leurs capitalistes avec des miettes pour les autres, et nécessitent un approvisionnement de ce fait à un coût prohibitif. En matière d’énergie qu’il s’agisse du gaz de schiste américain ou plus loufoque encore le rachat d’énergie russe à des pays qui s’approvisionnent à bon compte et spéculent en le stockant. Comme dans le même temps, les États-Unis n’ont pas craint de faire main basse sur les avoirs nationaux des pays qui leur déplaisent comme l’Afghanistan, le Venezuela, la Russie elle-même, cela a entraîné un mouvement d’hostilité de la part de certains pays en particulier de l’OPEP qui refuse d’ouvrir les vannes.

Et bien sûr l’effort de guerre en Ukraine, avec une contribution à cette bonne œuvre de l’OTAN comme il n’y en eut jamais d’aucun gouvernement européen, les aides déversées, le tout sans que l’on sache très bien où tout cela atterrit…

Et la propagande de nos médias n’a qu’un argument : Tout cela c’est la faute à Poutine.

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1 Commentaire

  • Bosteph
    Bosteph

    Info Avia Pro, à vérifier dans les prochains jours : L’ Armée ukro-otanienne commencerait à se retirer de Artemorsk/Bakhmut . Vrai ou faux ? Une chose cependant : tout récemment (2 semaines environ), TV5 Monde reconnaissait les “lourdes pertes ukrainiennes à Bahkmut” . Peut-être que les ukros-nazis sont arrivés au point de rupture ?

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