Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Sacha Bergheim : une “information” qui frise le pathétique…

Il est assez pathétique de constater comment la meute des médias cherchait à voir, dans le cas de ce missile qui tue deux paysans polonais, une agression de la Russie contre un membre de l’otan nécessitant d’activer le fameux article 5 concernant la sécurité collective..

Tout cela avant de voir le président Biden en personne s’empêtrer dans une esquive maladroite depuis l’Indonésie où il laisse entendre qu’il ne s’agirait donc pas d’un missile “tiré par” la Russie mais d’un missile “fabriqué par” la Russie. Heureusement que le ridicule ne tue pas puisque l’Ukraine utilise des missiles 5V55K (pour ses systèmes S300) produits en Union Soviétique jusqu’en 1982, qui ont le malheureux effet de retomber dans un rayon d’environ 75km autour de son lanceur s’il ne touche pas sa cible. Et par manque de chance pour les propagandistes, le village polonais de Przewodow se situe à 70km au nord de Lviv qui a été touchée par des attaques russes de missile.

Seul un expert militaire sur ABC News Australia avait immédiatement reconnu les débris en disant que la mort de deux citoyens polonais était la conséquence de l’usage de systèmes de défense obsolètes et qu’il était certain que le cas d’une retombée causant des victimes civiles s’était déjà produit à de nombreuses reprises en Ukraine au cours de la guerre.

Néanmoins, la réaction immédiate du leadership ukrainien, cherchant à requalifier leur erreur en “agression contre l’organisation atlantique” dans son ensemble, laisse plutôt entendre, mais c’est une hypothèse, que le lancement du missile n’avait aucune cible et pouvait être destiné précisément à toucher la frontière polonaise. Car contrairement à ce que certains faux experts prétendent, tout missile, qu’il soit anti-aérien ou non, anti-navire ou non, est dans son essence multi-usage. Un missile anti-navire aura une capacité à voler à très basse altitude sans avoir besoin de tenir compte du relief ou d’éventuels obstacles (cheminées d’usine, lignes électriques etc) mais en tout point, son principe de guidage et de propulsion lui permet de frapper n’importe quelle cible sur terre également. Un missile anti aérien s’il est configuré de la bonne manière devient un missile sol / sol.

La Turquie a été le premier pays à dire qu’il s’agissait d’un missile ukrainien, entendez “nous ne sommes aucunement engagés dans une défense collective”.

Donc pour sauver le soldat Zelenski via l’engagement direct et officiel des troupes de l’OTAN en Ukraine, il en faudra un peu plus qu’une énième manipulation médiatique. Mais il faut avoir en tête que les propagandistes les plus virulents et les plus idéologiques ne sont pas à Moscou mais en Europe, toute une meute de caniches qui veulent à tout prix vendre l’illusoire certitude de la supériorité indépassable de l’occident, économiquement et militairement.

Leur aveuglement les conduit à ignorer même les audits occidentaux, tels que ce rapport du Government Accountability Office (https://www.gao.gov/products/gao-23-106217) qui a évalué que sur 49 aéronefs utilisés par l’armée américaine, seuls 4 ont pu réaliser la totalité des missions qui leur étaient assignées. Cela signifie qu’à un niveau ou un autre, de la logistique aux pièces détachées, de la présence d’ouvriers qualifiés (dont certains sont même débauchés auprès de l’armée de l’air israélienne tellement il en manque aux USA), que l’obsolescence des systèmes embarqués, ou les retards dans les réparations ou l’entretien font que le premier budget militaire au monde ne garantit pas les missions requises.

Il ne s’agit pas d’une officine kremlinesque mais de l’administration américaine qui évalue qu’en cas de guerre, si on reformule en clair, 8,16% des aéronefs sont en théorie capables d’effectuer la totalité des tâches requises en cas de conflit (et quasiment 92% de manière aléatoire). On passe, théoriquement de 14 000 aéronefs, toutes catégories confondues, à environ 1 700 aéronefs disponibles de manière fiable pour réaliser la totalité des missions de l’armée américaine, que cela concerne le transport de troupes, des équipements militaires, armes, et munitions, mais aussi les avions de combat, ceux censés assurer les missions de surveillance, protection… Et comme la projection de puissance de l’armée américaine ne se fait pas sur une seul front, mais qu’elle pourrait compter sur une partie relative des aéronefs qui ne répondent pas à la totalité des missions, on aurait ainsi une représentation de la puissance relative de l’armée américaine hors de son territoire, dans un terrain non contesté.

Maintenant imaginez un scénario simple appelé le syndrome de Kessler selon lequel la destruction de quelques satellites dans l’espace conduirait à la dispersion d’un ensemble de débris suffisamment conséquents en orbite pour détruire en chaîne l’essentiel des autres satellites. Cela n’a rien d’improbable depuis qu’en novembre 2021 la Russie a démontré sa capacité de détruire un de ses satellites espions de 1982 à titre “expérimental”. La maîtrise de cette “technologie” de frappe sol-espace fait partie de ce que la doctrine russe estime être les garantie de sanctuarisation de son territoire, précisément parce que les systèmes ennemis fonctionnent par géolocalisation satellitaire. Puisque les systèmes de navigation des avions occidentaux reposent sur le GPS, nous aurions de facto un retour en arrière à la navigation inertielle mais il est fort douteux que la conversion des équipements (missiles, avions…) à une navigation sans recours aux satellites puisse être non seulement réalisable dans un cours délai mais aussi remplacer les systèmes existants de manière effective. Là encore, le système défensif russe inclut plusieurs systèmes dont le radar Don-2NP de portée au moins effective de 3500km, à capacité de détection au-dessus de l’horizon. Ce radar de détection avancé s’avère totalement indépendant de toute détection par satellite.

De fait, en cas de conflit entre les deux blocs, la Russie et sa zone centrale autour de Moscou pourrait toujours être protégée par ce radar couplé au système de défense A-250 (missiles balistiques), sans parler du système dit S500 à capacité hypersonique de détection mobile avancée, identification et destruction de cibles. Cela permet aussi de mettre en question l’argument russe selon lequel la présence de l’otan en Finlande ou en Ukraine mettrait Moscou à portée de missiles nucléaires tactiques, car cela impliquerait que soit le système de défense à plusieurs couches est inopérant ou peu fiable.

Esbroufe militaire ou diversion de propagande? La question demeure en suspens et même si aucun système n’est parfaitement étanche, notamment en cas de salves multiples, il n’empêche qu’il est peu probable que les essais des systèmes S400 ou S500, observés par satellites par les Américains, ne soient que des leurres.

En résumé, on peut compter sur Mme Ursula (cela ressemble au nom d’une voyante!) pour nous rassurer en assénant que tout cela bien sûr produit par un pays qui doit se procurer des puces électroniques sur des lave-linge. J’aurais espéré que pour nous vendre une telle idiotie, elle ne serait pas payée! Mais non! J’attends qu’elle explique que les missiles lave-linge dont le stock était épuisé peuvent encore viser uniquement des substations électriques (épargnant les systèmes centraux, ce qui indique clairement que le pays conserve une capacité de sélection des cibles et dispose des moyens d’une escalade plus radicale)…

Il suffit de penser une seule seconde que ces gens, aka escrocs, soient convaincus des inepties qu’ils nous assènent pour prendre réellement peur! Et dire qu’ils nous faisaient croire que finalement c’est un conflit gagné d’avance.

Un certain ministre avait déjà annoncé détruire l’économie russe, et ce désastre économique permet de faire passer le budget de la défense à 90md$ (chiffre officiel) sur l’année civile en cours, sans novembre et décembre.

Bien sûr, cela ne signifie aucunement que le système de défense russe est infaillible, mais uniquement qu’il est conçu pour pouvoir interagir si tous les éléments sont intacts, ou agir indépendamment si l’un venait à être détruit. A l’inverse, les USA ne proposent pour l’Europe, qu’ils ont poussée dans une guerre absurde et inutile, que des systèmes de défense obsolètes qui n’ont jamais fait preuve de leur capacité en situation de combat.

La Russie a fait l’expérience depuis huit mois de la confrontation de ses propres systèmes d’arme à la réalité de la guerre, avec des ajustements nécessaires qui ne peuvent être produits qu’en temps de conflit. On a remarqué que les pays de l’OTAN ont tous été réticents à envoyer en Ukraine leurs équipements les plus récents, peut-être que cela serait mauvais pour les ventes, que sais-je?

Le conflit en Ukraine a permis de tirer trois leçons fondamentales:

1 que la guerre se joue non seulement en 3 dimensions dorénavant mais surtout que cela impacte le niveau le plus bas de la hiérarchie, le peloton

2 la quantité fait toujours la force d’une armée: les 100.000 obus que les US entendent racheter à la Corée du Sud représente au plus quatre jours de combat des forces russes.

3 la combinaison interarmes est encore plus cruciale qu’avant. Si cela n’a rien de nouveau puisque le rapport “Elan” du chef d’Etat major israélien Kochavi avait déjà souligné les faiblesses israéliennes en ce domaine (manques de missiles, d’obus, effectifs limités en infanterie, intégration trop disparate des drones, nécessité de numériser l’espace de combat, nécessité de frapper fort dès le début), cela surtout rappelle que l’occident n’a pas la capacité économique de son ambition hégémonique.

Sans accès exclusif aux ressources pour mener une guerre (des minerais au pétrole) et soumise depuis des décennies à une désindustrialisation massive (pour rappel, à la fin de la 2e GM, les USA pouvaient produire plus de 5 navires par jour, tandis qu’aujourd’hui on parle de production étalées sur des années) qui fait qu’on n’a pas la capacité de remplacer ce qui est détruit par des moyens à moindre coût (comparer une salve de dix missiles hypersoniques de 2 M$ l’unité qui touche un porte avion de 12Md$), le leadership n’a pas non plus la capacité de contraindre les pays de l’otan eux-mêmes à s’aligner sur une seule ligne politique ou militaire (prenez l’exemple de la seconde armée de l’Otan, la Turquie, qui fait du commerce sur les céréales d’Ukraine en bonne entente avec la Russie ou engrange les droits de transit du pétrole ou gaz qui passe par son territoire pour rejoindre l’Europe balkanique, ou encore des Pays-Bas qui ouvertement exemptent près d’une centaine de produits soumis à sanction pour sauver leur économie), sans parler d’avoir le moindre pouvoir sur l’Inde (qui achète russe) ou sur la Chine qui se prononce publiquement contre les USA et pour un monde “multi-polaire” -ce qui induit un alignement concret sur l’argument de vente de Poutine.

De fait, nous n’aurons de cesse de répéter ici que nous vivons sur une illusion de pouvoir, un vestige de souveraineté et une distorsion complète du réel.

La répétition ahurissante de fausses informations où des rumeurs font office de dogmes médiatiques (allant de la déportation d’enfants en Russie aux multiples cancers terminaux du kagébiste du Kremlin, et autres hoax de pure propagande) devrait inviter à la plus grande prudence et à la plus saine méfiance.

Car plus l’écart entre le réel et l’idéologie s’accroît, plus grand est le recours à la violence.

Il était temps avant le déclenchement de l’invasion de ne pas transformer l’Ukraine en un champ de bataille entre le bloc eurasiatique et l’otan. Mais nos dirigeants ont choisi de mépriser le dialogue demandé par un camp au sujet des garanties mutuelles de sécurité. L’Ukraine en paie le prix.

Aujourd’hui, certains organisent de manière irresponsable des exercices en mer Baltique de frappe nucléaire tactique de première intention. Mais dans tout cela, où est l’intérêt des peuples?

A jouer les propagandistes atlantistes ou moralisateurs, certains en viennent à se faire les complices des politiques brutales, militaristes et destructrices dont on a vu le désastre humain durant la “guerre contre le terrorisme”, par lesquelles les peuples se voient privés de leurs droits et de leur prospérité.

Là est véritablement l’enjeu du conflit. Il est faux de prétendre qu’il n’y avait que la confrontation militaire en Ukraine mais plus on tarde, moins la solution diplomatique ne semblera conforme au réel.

Remarquons que parmi les conditions posées par Zelenski pour établir la paix, il mentionne le retour à l’ordre mondial – celui qui bénéficie aux grandes corporations et aux oligarques-. Quel est l’intérêt d’une Ukraine souveraine dans un ordre mondial où elle renonce à son propre moratoire sur la vente de terres agricoles et ainsi condamne sa propre petite paysannerie?

Cela devrait faire réfléchir plus d’un sur les enjeux véritables de l’engagement pour une cause. Soutenons les gens, qui sont les vraies victimes, mais ne vendons pas notre conscience aux marchands d’armes, d’où qu’ils viennent et quelle que soit la noblesse prétendue de leur action.

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