Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’appareil militaire des Etats-Unis n’est pas prêt à affronter la Chine, et il est temps de s’y mettre

Un autre article pris dans le journal de la droite trumpiste Washington Examiner. Il fait le point sur le récent rapport sorti par Heritage Foundation concernant l’état des forces armées états-unienne. J’ai gardé leur langage pour rendre compte de leur état d’esprit (p.ex. la confusion entre Amériques et Etats-Unis, qui est loin de leur être propre !). Au-delà des détails techniques et presque incongrus (voir p.ex. la discussions sur les mérites respectifs de leurs chasseurs furtifs), ce qui frappe dans cet article c’est que la guerre contre la Chine n’est plus une éventualité, mais une réalité en cours. En concordance avec le document sur la sécurité de Joe Biden, la Russie y est à peine mentionnée en passant comme pion sur l’échiquier. On s’étonnera que le budget militaire des US soit à ce point insignifiant qu’il laisse les Etats-Unis sans capacité de se mesurer à la Chine. Il est vrai qu’ils ne disposent pour 2023 que de 837 milliards de dollars pour leur département de la défense et d’à peine autant pour leurs autres opérations militaires et subversives à travers le monde. Ca coûte cher tous ces missiles et ces avions et ces sous-marins et ces corps humains envoyés au grand abattoir…Ce bellicisme débridé est d’autant plus effarant que nous recevons au même moment de la Chine, leur ennemi féroce et si puissamment armé avec son budget militaire d’à peine le quart du leur, en plus anti-démocratique au possible, des signaux de paix (voir la déclaration de Xi JinPing en ouverture du congrès du PCC et surtout leur position dans la guerre en cours de l’OTAN contre la Russie) ou défensifs (voir les exercices militaires autour de Taiwan). Le contraste est saisissant, et même en prenant en compte le double langage qui a cours dans les chancelleries, montre bien que les Etats-Unis sont en route vers la grande collision, quoiqu’il leur en coûte, quoiqu’il en coûte à l’humanité et quoiqu’en dise qui que ce soit (et on ne comptera pas dans leur nombre le complaisant secrétaire général des ‘Nations Unies’). Le Fuck the EU est sous-jacent à toute la construction mentale du rapport, et bien sûr, on comprendra que le futur de la liberté et de la prospérité qu’il s’agit de défendre contre l’hydre chinoise, s’applique aux classes dirigeantes des USA, point. Car l’objet de ce rapport est bien d’inciter les décideurs états-uniens à arracher encore plus de leur subsistance aux classes travailleuses de leur pays – et aux pays du monde entier qu’il s’agit de garder sous contrôle si on veut pouvoir continuer à les mettre en coupe réglée – pour doubler les 837 milliards de budget militaire.

Il ne faut pas ranger ce rapport de Heritage Foundation dans les poubelles des délires trumpiens comme s’empresseront sans doute de le faire tous nos bons démocrates vent debout pour la défense de l’Ukraine contre la vile Russie. HF est un des think tank états-uniens les plus influents depuis les années Reagan et sa porosité avec l’appareil d’état est alarmante. Malgré ses allégeances claires au GOP, et plus récemment à son nouveau CEO orange, ses idées ont été reprises avec enthousiasme par les administrations démocrates comme républicaines. Et certainement, ce nouveau rapport ira droit au cœur des bellicistes de l’administration Biden qui, à l’instar de leur prix nobel de la paix  Obama, construisent patiemment depuis deux décennies les conditions de la guerre impérialiste qu’on ne peut même plus qualifier d’occidentale, sinon que de, tout simplement, états-unienne.

Avec toute mes amitiés pour le blog, et mes prières pour qu’émerge enfin le mouvement anti-guerre et anti-impérialisme dont nous avons un besoin plus que vital. (note et traduction de Jean Luc Picker)

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L’appareil militaire des Etats-Unis n’est pas prêt à affronter la Chine, et il est temps de s’y mettre

Paru dans Washington Examiner le 20 octobre 2022

https://www.washingtonexaminer.com/restoring-america/patriotism-unity/us-military-not-ready-for-china

L’armée US n’est pas préparée pour une guerre d’ampleur contre la Chine, et encore moins pour une guerre simultanée contre la Chine et la Russie, la Corée du Nord ou l’Iran. Et c’est inacceptable.

L’Heritage Foundation (HF) révèle cet état de fait inquiétant dans son Index annuel sur la force militaire des Etats-Unis, paru ce mardi. Si l’on prend en compte la guerre de la Russie en Ukraine et les menaces nucléaires attenantes du président Vladimir Poutine, l’escalade du programme de missiles balistiques en Corée du Nord, les prétentions nucléaires de l’Iran et le risque de plus en plus pressant d’une invasion militaire de Taiwan par la Chine -que d’aucuns prévoient entre 2004 et 2007- la situation actuelle de l’appareil militaire américain devrait nous alarmer.

HF remarque avec justesse que la flotte US est trop réduite, ses bâtiments trop déployés à travers le monde et ses marins sous-entraînés. Cet état de chose implique une augmentation des coûts de maintenance, un allongement des délais de réparation et sape l’état de préparation opérationnelle. Il faut plus de chantiers navals et de chantiers de réparation, et ils doivent être établis plus près du combat à venir, par exemple sur l’île de Guam ou celle d’Okinawa.

La flotte doit être diversifiée. De nouveaux schémas d’acquisition et de maintenance doivent être mis en place en abandonnant les plateformes existantes dépassées comme les porte-avions pour s’orienter vers des armes plus adaptées au combat contre la Chine comme les sous-marins d’attaque avec ou sans équipage. La Chine dispose de missiles balistiques antinavires qui représentent une vraie menace et pourraient tenir les porte-avions américains loin du théâtre des opérations dans les Mers de Chine de l’Est et du Sud-Est. Cela réduirait le périmètre d’action de nos avions et pourrait même les empêcher complètement d’intervenir. Au minimum, la marine US devrait prendre en compte les réformes telles que celles proposées par Bryan Clark et Timothy Walton pour améliorer le ravitaillement en carburant et les capacités de combat des appareils basés sur les porte-avions. Des changements tout aussi importants ont malheureusement déjà été bloqués par des membres du Congrès plus enclins à mettre les intérêts clientélistes de leurs circonscriptions devant les besoins de la nation dans sa préparation à la confrontation avec la Chine.

La marine US doit aussi réduire de façon drastique son déploiement en Europe, obligeant ainsi les alliés parasites à prendre plus de responsabilités dans la défense commune de l’OTAN. Les marines militaires de l’Europe disposent d’excellent bâtiments et d’équipages bien entraînés. Tout ce qu’il leur manque est la volonté de se défendre. Les Etats-Unis ne doivent pas tolérer plus longtemps l’attitude insouciante de l’Europe qui préfère laisser à l’Amérique le travail ardu et coûteux pour maintenir les défenses et les capacités de dissuasion du continent. L’administration Biden, à l’opposé, continue à encourager le dilettantisme européen en envoyant ses meilleurs bâtiments et ses avions de combat en Europe. Washington doit indiquer que la Chine est la priorité de la marine US. La rencontre prochaine d’Olaf Scholz avec Xi JinPing à Pékin doit nous rappeler que les puissances européennes ne feront que le minimum pour aider les US dans le combat contre la Chine. Il est donc nécessaire de les obliger à prendre leurs responsabilités dans leur propre défense.

HF a raison aussi de souligner que nous devons nous doter d’une force spatiale plus conséquente. Toutefois, si nous somme d’accord sur la menace de plus en plus pressante que représentent les missiles supersoniques russes et chinois, nous ne prenons pas à notre compte la demande d’HF pour une augmentation considérable de nos dépenses vers des systèmes de missiles anti-missiles capables de s’y opposer. Nous pensons au contraire que nos missiles de défense doivent se focaliser sur les menaces en provenance de pays tels que la Corée du Nord et l’Iran qui disposent de moins d’ogives et sont donc plus faciles à contrecarrer. Cela nous permettrait de rediriger nos ressources vers une augmentation de notre dissuasion nucléaire et d’augmenter nos réserves de munitions conventionnelles telles que les missiles antinavires à longue-portée, bien plus utiles dans la confrontation contre la Russie et la Chine.

Une autre limite correctement identifiée par HF concerne la pénurie de pilotes dans notre aviation militaire et le nombre beaucoup trop limité d’heures d’entraînement auxquelles ils ont droit. Nos pilotes d’active ont volé moins de 7 heures par mois en moyenne en 2021, loin des 200 heures annuelles dont ils ont besoin. Un problème peut-être encore plus pressant est que notre flotte aérienne est tout simplement vieillissante. Nous devons construire plus d’avions et les mettre en service plus rapidement qu’à l’heure actuelle.

Nous sommes par contre en complet désaccord avec HF lorsqu’ils affirment que le chasseur furtif F-35 est plus adapté que le F15EX dans le combat contre la Chine. Si l’Amérique s’appuie sur le F-35, elle perdra la bataille. Dans le Pacifique, les forces US seront opposées à un adversaire avec un avantage numérique et géographique considérable. Le F-35 peut engager plus d’avions ennemis mais a moins de munitions et donc ne peut en descendre qu’un nombre plus restreint, ce qui n’est clairement pas souhaitable. Le développent de cet avion a été entaché de multiples difficultés et les USA ne peuvent tout bonnement pas produire assez de ces avions pour affronter l’appareil militaire chinois. Même si nous disposions des ressources nécessaires, le F-35 est lamentablement inefficace pour ce prix et pour la guerre à venir. Sa durée de vie et jusqu’à sa capacité en armes non-furtives est d’à peine la moitié du F-15EX.

Les conclusions générales d’HF restent néanmoins robustes et alarmantes. L’appareil militaire US manque de financement, est sous-équipé et n’est pas préparé à mener une guerre victorieuse contre la Chine. Le Pentagone a besoin de plus d’argent et d’une direction plus audacieuse. Le ministre de la défense, le président Joe Biden et le Congrès doivent mieux mesurer l’urgence de la situation. S’ils n’en sont pas capables rapidement, il est à craindre que les USA perdent bientôt la guerre qui décidera du futur de la liberté et de la prospérité au 21ème siècle.

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