Dans le cadre des débats de notre blog, Michel avait demandé à Jean-Claude Delaunay des éclaircissements sur la démographie en Chine. Jean-Claude qui est économiste et pas démographe a réservé sa réponse pour mieux s’informer et il nous a adressé ce texte assorti de la réponse suivante à Michel “Suite à la question que tu m’as si explicitement posée, voici,quelques éléments concernant les aspects récents les plus visibles de la politique démographiques de la Chine et quelques remarques périphériques. Je vais développer 3 points”.
1 La démographie est une science de plus en plus modélisée et mathématisée. Ce n’est pas pour autant une science exacte.
Il convient d’abord de connaître la population que l’on étudie. Ce qui est fait à l’aide de recensements, un recensement étant (théoriquement) le relevé de TOUS les individus composant la population considérée . En Chine, il est désormais procédé à un recensement tous les 10 ans, le dernier en date ayant eu lieu en 2020. Dans les intervalles, les administrations font des estimations sur échantillons. Une telle opération est en Chine une grosse affaire statistique puisqu’elle porte aujourd’hui sur 1 milliard et demi d’individus : il faut des enquêteurs, des équipes pour centraliser et analyser les résultats, etc. Mais c’est une opération indispensable. Au début des années 1950, le gouvernement de la Chine estimait que la population chinoise était de 400 millons. Elle était en réalité de 500 millions (recensement de 1953). Cette opération aujourd’hui est de mieux en mieux maîtrisée, malgré son ampleur.
Il convient ensuite de faire des hypothèses pour projeter la population. L’ONU, par exemple, réalise et publie des estimations de la popuplation en 2050, 2075, 2100, celles notamment relatives à la Chine. Ainsi, en 2100, la population chinoise pourrait-elle être de 1 milliard (1 milliard 470 millions en 2020). Mais il existe d’autres estimations, pour la raison que, pour projeter la population chinoise, les statisticiens qui réalisent ce travail font des hypothèses. Ils supposent par exemple, que l’évolution de la population de la Chine continentale sera la même que celle observée à Taïwan, ou en Corée du Sud, etc. Sur cette diversité, je renvoie à un numéro «on line» du People’Daily, du 30 juin 2016 («China’s population will be down to half by the end of the century ?». Ce texte, chinois, fait état de plusieurs estimations de cette évolution.
Ma conclusion sur ce point est que : 1) il y a les faits, ceux que l’on connaît de façon approchée mais réaliste, 2) il y a les hypothèses, inévitables, 3) il y a les commentaires, qui peuvent être totalement idéologiques, soit en faveur, soit en défaveur. Le général Castres, que tu cites, Michel, parle de la Chine comme d’un «astre mort» parce que la population de la Chine va vraisemblablement diminuer et peut être de moitié. Mais en réalité, il n’en sait rien. Parler «d’astre mort», c’est de l’idéologie. 4) Enfin, il y a l’action politique et administrative. Les ministères en charge de la démographie de la Chine et le gouvernement de la Chine observent une situation et cherchent à la modifier. Ils le font plus ou moins vite. Cela dit, quand ils font quelque chose, ils savent qu’on ne fait pas évoluer une population, que ce soit au plan quantitatif ou qualitatif, aussi simplement que l’on fait cuire des nouilles. C’est plus compliqué.
2 En Chine, quelles ont été depuis 40 ans et quelles sont aujourd’hui les principales décisions relatives aux naissances ?
En général, ce que l’on connaît ou retient de la Chine est, au plan de la démographie, «la politique dite de l’enfant unique», et l’on sait, plus ou moins confusément, que cette politique a évolué. Voici quelques dates et un léger commentaire. Pour les faits et leur présentation condensée, je renvoie aux travaux d’Isabelle Attané (INED). Celles et ceux que ces problèmes intéressent pourront, à partir de sa biblographie, en aborder d’autres et consulter d’autres auteurs. J’emploie l’expression «dite de l’enfant unique» parce qu’en réalité, cette politique a connu un certain nombre «d’aménagements pratiques». Il est plus exact de parler de «la politique de l’enfant et demi».
Chronologie
1953, premier recensement de la population, et donc 1 à 2 ans après 1953, découverte de ce que «la population chinoise réelle» était de 25% supérieure à «la population imaginée».
1957 les Cent fleurs. Lors d’un grand meeting, Mao Ze Dong aborde le problème que soulève la forte croissance de la population chinoise. En résumé, dit-il, «il va falloir serrer les kikis». En réalité, rien n’est fait et ne sera fait, ou peu.
1978, Deng Xiao Ping et les gens qui l’appuient lancent la politique de réforme et d’ouverture. Cela ne démarre pas sur les chapeaux de roue. Il y a des hésitations fortes et de l’inertie dans l’air.
1979-81, une nouvelle politique démographique de contrôle des naissances et de planning familial est mise en place et réellement appliquée. Sa formulation est de nature principalement administrative.
1984, les Communes sont dissoutes (agriculture)
1987 La politique de réforme et d’ouverture est réellement appliquée au plan industriel, avec Jiang Zemin.
2002 adoption d’une loi sur la Population et le Planning des Naissances. Elle vise à normaliser et à mettre en cohérence les réglements et pratiques, antérieurement mis en oeuvre de manière adaptée aux provinces et aux nationalités.
Intervalle 2000-2010 Les effets négatifs de la politique démographique initiée au début des années 1980 commencent à apparaître.
2013 premier assouplissement de la politique de l’enfant unique.
2015 loi sur le deuxième enfant (fin juridique de la politique dite de l’enfant unique)
2021 loi sur le troisième enfant. Ces dispositions témoignent d’une orientation clairement nataliste. Elles sont introduites comme amendement à la loi de 2002.
Commentaires
l Les dirigeants chinois se sont très rapidement (dès 1955) rendus compte du défi que la démographie leur lançait. Ils ont compris qu’il leur faudrait prendre de la distance avec les discours «anti Malthus» propres à l’idéologie marxiste de l’époque et surtout rompre avec le passé démographique de la Chine. En 1970, le nombre moyen d’enfants par femme était de 6. Cela dit, s’attaquer «à la famille» en Chine, c’était s’attaquer à «un gros morceau». Mao Ze Dong a reculé.
l Comme l’indique, je le crois, la chronologie, le premier acte fondateur de la politique du développement économique intense de la Chine fut la politique démographique de restriction drastique des naissances, lancée en 1979-1981. C’est la thèse que j’ai défendue dans mon bouquin sur la Chine : le démarrage de l’économie chinoise n’a pas reposé d’abord sur le faible coût de la main-d’oeuvre. Il a reposé sur la restiction des naissances. Evidemment, j’ai forcé le trait. Mon propos ne me paraît pas déplacé pour autant. Je ne crois pas que l’Afrique, par exemple, puisse échapper à un contrôle strict des naissances si les gouvernements des pays qui la composent veulent en assurer le développement rapide.
l Ce type de politique démographique est très contradictoire. Il paraît en même temps nécessaire. Lorsque l’abondance sera en vue ou aura été conquise, il sera certainement possible d’avoir des enfants en grand nombre. Dans l’étape actuelle de développement, cela semble un frein énorme pour démarrer le développement et le socialisme.
l A un moment donné, cependant, il est apparu que le succès de la politique dite de l’enfant unique allait avoir au moins deux conséquences importantes au plan économique :
1) on observerait l’accélération du vieillissement de la population par rapport à son rythme normal ou naturel de vieillissement. Je rappelle que le concept de vieillissement d’une population désigne qu’un certain pourcentage de «vieux» (10%) a été atteint au sein de cette population, et se trouve en cours d’accroissement. Ce pourcentage est une convention. Mais il faut bien choisir. Mais il a un sens.
2) On observerait l’accélération du vieillissement de la population active. Je passe sur bien des aspects qui ne sont pas des détails. C’est ainsi, par exemple, que, en liaison avec la législation permissive sur l’avortement, la politique dite de l’enfant unique a conduit certains parents, en réalité un grand nombre de parents, à donner la priorité à la naissance masculine sur la naissance féminine.
l En conclusion sur cette politique, et pour ce qui concerne la Chine, la politique dite de l’enfant unique a réussi même si elle a pu entraîner un certain nombre de drames personnels. Elle a favorisé une politique macroéconomique d’investissement industriel. Mais elle a eu, elle a déjà et elle aura des «effets pervers». Ces conséquences sont devenues visibles au cours des années 2000-2010 (présidence de Hu Jintao). C’est avec Xi Jinping et son équipe qu’une nouvelle politique démographique est amorcée. On note, sur ce point encore, le rôle important qu’occupe et qu’occupera certainement Xi Jinping dans l’histoire de la Chine. Les dirigeants chinois sont parfaitement conscients de ces difficultés.
l Cette réorientation nataliste a-t-elle réussi? Pour l’instant, les tendances observées en ce qui concerne le nombre moyen d’enfants par femme sont, sur 10 ans, celles de la baisse (Cf graphique 1).
GRAPHIQUE 1, envoyé dans mail du 21 septembre
Ce graphique porte sur la décennie 2010-2020. Il est divisé en trois parties. De gauche à droite : 1) la politique dite de l’enfant unique (2010-2013), 2) son relâchement (2013-2015), 3) la période précédent la nouvelle législation (2021). Il montre l’évolution du nombre moyen d’enfants par femme (taux de fertilité moyen, TFM) au cours de ces 10 années. La courbe rouge en pointillés est «la courbe officielle». La courbe bleue en pontillés est celle résultatnt des propres calculs de l’auteur.
Entre 2010 et 2015, le TFM aurait augmenté, passant de 1.4 à 1.5. La législation de 2015 aurait entraîné un rebond des naissances. Après 2016, les deux courbes indiquent que la tendance est à la baisse. Aujourd’hui, le TFM serait de 1.4 environ.
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On comprend que, dans ces conditions, le gouvernement de la Chine ait pris des dispositions plus résolument et explicitement natalistes que les années précédentes et les aient intégrées à la loi de 2002.
l Il est trop tôt pour savoir si la législation de 2021 est efficace ou non. Je fais état d’une remarque importante d’Isabelle Attané à ce propos. Elle dit, en gros, que cette législation témoigne d’un réel changement de la politique démographique. Mais elle note également qu’une politique du 3ème enfant ne peut vraiment réussir que si elle prend appui sur une politique du 2ème enfant ayant réussi, ce qui suppose une politique une politique du premier elle-même réussie. Observant que le nombre de femmes accouchant d’un deuxième enfant est en diminution, elle doute que la politique du 3ème enfant puisse être réellement efficace. Je crois qu’elle a raison. Si le gouvernement de la Chine poursuit des objectifs macro-sociaux en matière de population et pas seulement des objectifs micro-économiques concernant telle ou telle catégorie de familles, il ne pourra y avoir d’augmentation significative des naissances au niveau du 3ème enfant qu’à la condition que les niveaux du 1er et du 2ème enfant soient eux-mêmes solides et en extension. L’allégement des contraintes économiques et matérielles doit commencer dès le premier enfant.
3 Remarques finales
J’espère, Michel, que ta curiosité aura été déjà largement satisfaite par l’article «Vers 750 millions d’habitants en Chine», posté sur le site d’Histoire et Société le 15 novembre 2020 et récemment ressorti des archives, sans doute pour faire suite à ta demande. Cela dit, je vais me permettre quatre remarques finales.
1) La première a trait à la question : «Qu’est-ce que faire un enfant?». On comprend bien, en observant la Chine (cette observation est vraiment banale) qu’il est infiniment plus facile d’interdire une naissance que d’en provoquer une. Pour quelle raison? La réponse venant immédiatement à l’esprit est la suivante : «Parce ce que ça coûte de l’argent». Bon, d’accord, mais qu’est-ce qui ne coûte pas d’argent? Il faut donc aller au-delà de cette réponse paresseuse. La réponse appropriée me paraît être la suivante : «Faire un enfant, voire des enfants, revient à mettre en branle un système de systèmes ainsi que des liaisons diverses, entre les niveaux micro-sociaux et ceux de la macro-économie, entre le niveau de chaque famille et celui de toutes les familles, entre les niveaux micro-économiques et la géographie (des territoires donnés), entre ces niveaux micro-économiques et une histoire, une idéologie, une morale, des comportements divers, entre la vie familiale et la vie professionnelle, et ainsi de suite».
Je dis «et ainsi de suite» parce que, n’étant pas démographe, je me suis attelé à la description par un schéma de ce système de systèmes et j’ai été très rapidement débordé. Au fond, cela veut dire que toute décision de politique économique a des conséquences démographiques et que les décisions relatives à la démographie ont des effets plus ou moins grands sur quasiment toute l’économie.
Nous sommes, au 21è siècle, en train d’expérimenter et de redécouvrir le sens originel du consept de reproduction. Les sociétés industrielles capitalistes se reproduisent en reproduisant le capital, les rapports capitalistes de production et de consommation, ainsi que tous les autres rapports, politiques, culturels, idéologiques, juridiques, etc. dont elles ont besoin pour fonctionner. Les sociétés de demain se reproduiront en reproduisant leur population et les rapports sociaux attenant.
2) Ma deuxième remarque a trait au socialisme. La démographie a fait partie des préoccupations scientifiques des économistes fondateurs. Certes, leur façon de l’appréhender n’était pas très sophistiquée, mais elle existait. Puis, au fur et à mesure du développement du capitalisme industriel, la préoccupation démographique s’est évanouie. Les capitalistes et les dirigeants politiques de la bourgeoisie, ont considéré que la population était une ressource naturelle dans laquelle il suffisait de puiser gratuitement pour satisfaire leurs besoins de main-d’oeuvre ou de soldats. Il en a résulté la formation de contradictions si fortes, si violentes, que le système capitaliste a dû prendre en compte les revendications démographiques ouvrières et populaires.
Aujourd’hui, me semble-t-il, une société de type socialiste est la mieux à même de résoudre le système des contradictions sur lequel repose la démographie. C’est, si je puis dire, sa fonction. Faire un enfant est une décision individualisée. Mais c’est aussi une décision ayant des conséquences macro-économiques et macro-sociales. La mise en correspondance de ces deux niveaux, mais cette fois pour le grand nombre, suppose une société socialiste. Un gouvernement socialiste est théoriquement le mieux à même de mettre en cohérence le niveau macro-économique du Peuple et de la Nation, et le niveau micro-économique des familles et des territoires. Cela dit, si la nature socialiste d’une telle société est certainement une condition nécessaire, ce n’est pas une condition une condition suffisante. Il est banal de le répéter. Les Chinois font, dans ce domaine, comme dans tous les autres, ce qu’ils peuvent en avançant de manière prudente et en laissant aux provinces une large part d’initiatives et de créativité. Mais ils le font. Ils agissent. L’expression du général Castres (la Chine est un astre mort) me semble significative des préjugés de cet officier supérieur à l’égard du socialisme et de la Chine mais ne l’est pas de la réalité concernée.
Et d’ailleurs, comment évolue la population des pays capitalistes développés? Elle résulte en gros de trois facteurs : 1) la contrainte économique intérieure, de plus en plus forte, 2) les migrations d’origine impérialiste, découlant des destructions, guerres, désarticulations, pauvretés extrêmes, engendrées par l’impérialisme, 3) la mondialisation capitaliste. En effet, les monopoles capitalistes ont entrepris massivement, depuis les années 1980, d’aller puiser «chez les sous-dev» le temps de travail et la valeur, qui d’une part, leur font de plus en plus défaut, mais qui d’autre part leur sont indispensables. Peut-on vraiment considérer que tel ou tel pays développé est un astre brillant s’il apparaît que sa population s’accroît en raison de flux de population provenant de Syrie, d’Ukraine ou du Mexique?
3) Ma troisième remarque porte sur la relation possible entre Forces productives matérielles et Forces productives humaines dans le cas de la Chine. On dit aujourd’hui que la Chine se dirige vers un niveau de population égal à 600 ou 750 millions ou 1 milliard d’habitants. Les commentaires accompagnant cette évolution sont parfois drôles. En naviguant sur internet avant de rédiger le présent texte, je suis tombé sur un article commentant comme suit la baisse de la population chinoise : «Le déclin de la population chinoise…». Mais pourquoi parler de déclin? Pourquoi ne pas écrire, simplement, «la baisse de la population chinoise…»? Les troubles de l’époque, en ce début de 21è siècle, nous rendent sensibles à tout ce que «la communication» comporte aujourd’hui d’idéologie. Derrière la notion de déclin de la population chinoise, se tient l’imaginaire d’autres «déclins», le déclin de l’Empire romain, par exemple.
Cela pour dire que la réduction de la population n’est pas, en soi, l’indication d’une perte de capacités intellectuelles et productives, si cette réduction s’accompagne d’une stimulation contraire, en particulier de la recherche scientifique, de l’éducation et de la formation, des dépenses sanitaires. Comme on l’a fait remarquer, parce qu’il n’y a pas que des crétins parmi les bourgeois, la politique démocratique de la Chine est une politique qui désormais prête grande attention à la qualité des personnes à défaut de pouvoir en orienter la quantité. Et puis, comme il est dit dans l’article que j’ai cité au début de ces remarques finales, le nombre de Chinois des deux sexes, ayant aujourd’hui une formation de type supérieur serait aujourd’hui d’environ 200 millions. C’est un atout énorme. La Chine est un pays de moyenne aisance. Mais c’est en même temps le pays qui, parmi tous les pays du monde, comporte le plus grand nombre de diplômés et de savants. Et soyons assurés que ce nombre va grandir. Il n’y a pas vraiment de brain-drain en Chine. Oui, je sais, je fais de l’idéologie en m’exprimant comme je le fais. Sans doute, mais sur ce coup là, je suis prêt à parier ma chemise. «Le rêve américain», c’était hier. Aujourd’hui, c’est terminé.
4) Ma dernière remarque porte sur la possible relation entre communisme et population. Ce qui est à mon avis intéressant dans les réflexions et commentaires sur la démographie contemporaine, est qu’ils se situent tous dans le cadre de sociétés de rareté. Un enfant, c’est un coût parce que les ressources sont rares. Et c’est pourquoi tous les raisonnements effectués dans ce cadre sont des raisonnements «en valeur». Certes (théoriquement) le socialisme gère autrement la valeur que ne le fait une société capitaliste. Une société socialiste gère la valeur de manière sociale et non de manière individualisée. C’est une société de profit qui socialise le profit. Mais comme c’est encore une société de profit, même socialisé, c’est encore une société de rareté.
Et pourtant, l’avénement d’une société d’abondance, dans laquelle la valeur perd toute signification, n’est pas si éloignée, même si son installation peut prendre un ou deux siècles. La révolution scientifique et technique en cours de développement permet déjà d’en percevoir la possibilité. Elle en est l’annonce. Je ne développe pas ce point. Je ne fais que supposer qu’il n’y aura pas de troisième guerre mondiale. Car produire de la valeur et faire la guerre sont deux opérations très liées, en sorte qu’établir une société d’abondance et vivre en paix sont les deux aspects d’une même réalité. Si toutes ces conditions sont réalisées, nos conceptions et nos pratiques de la démographie changeront du tout au tout. Il en sera de la démographie comme du travail. Et l’on peut imaginer que, dans l’abbaye de Thélème, après que certains aient proposé que l’on danse et d’autres qu’on lise des poèmes, il y en aura d’autres encore qui diront : «Et si nous allions faire des enfants?».
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Michel BEYER
Je te remercie, Jean-Claude, pour cette réponse. Je la considère très complète. La réflexion du Général CASTRES m’avait choqué. D’autant que j’avais en mémoire certaines études d’Emmanuel TODD qui avait annoncé la fin de l’URSS à partir de la démographie. Peut-être qu’à l’époque, les réflexions de ce sociologue ne pouvaient être réalisées qu’en fonction de ce qui était connu en technologie. Par exemple, Daniel ARIAS m’a fourni un argument que je trouve très juste: c’est la robotisation en plein développement en Chine. Le rôle de la 5G, je pense.
Je trouve aussi ton argument de 200 millions de chinois ayant une formation supérieure, très percutant. Quel pays peut prétendre, proportionnellement, à un tel niveau?
Je n’ai fait pour le moment qu’un survol de ton document. Nous aurons sûrement l’occasion d’y revenir. Encore merci.
Daniel Arias
Il faudrait aussi qualifier la baisse de la démographie et ses causes en particulier.
EnChine une mesure d’urgence pour parvenir à améliorer les conditions de vie du grand nombre et aujourd’hui un surinvestissement sur l’enfant choyé.
En Europe du Sud ou en Allemagne ce sont les conditions déplorables du logement, des conditions de vie, la vie chère et l’image de la femme, entretenue par l’Église en Allemagne.
Donc des conditions matérielles
En URSS je n’ai pas beaucoup d’informations si ce n’est la dégradation des conditions matérielles et de la confiance en l’avenir dans les années 80 avec la destruction de l’administration soviétique.
Alors chute de l’URSS, démographie ou pourrissement de la bureaucratie ?
Je pencherais sur le rôle des cadres et leur idéologie de voleurs envieux du luxe occidental, les grosses caisses, les bijoux, le flamboyant pour ces esprits minables et incapable de faire briller l’étoile soviétique. Les mêmes minables qui nous gouvernent aujourd’hui sans rôle historique ni conscience de leur responsabilités.
D’autres pays peu peuplés Cuba, Belarus, RPDC réussissent à maintenir une forme d’État qui sert la population ou au moins évite l’effondrement.
Ce qui les caractérise des gouvernants qui tiennent un cap déterminé à sauver leur pays.
La production industrielle ne justifie pas tout même si elle a son importance, l’effondrement idéologique joue pour beaucoup.
Pour le conflit ukrainien des files de déserteurs ont été filmées y compris par des particuliers en Russie, il semble qu’en Tchétchènie ce ne soit pas le même cas. Sans jugement de valeur la cohésion sociale semble y être travaillée de manière bien différente.
La France n’a pas de problème démographique pas plus que les USA et pourtant nous déclinons dans des pays divisés et sans engagement politique populaire fort pour le progrès social et technique.
etoilerouge
Les usa bénéficie d’une forte immigration alors que la durée de vie recule fortement
. Évidemment qd on meurt plus jeune il y a nécessairement moins de vieux. Le niveau scolaire des masses est catastrophique on ne met en avant que les universités des classes privilégiées. Cela est compensé par le débauchage des élites ds le monde entier. Jusques à quand? France 2 années de recul de la durée moyenne de vie mais taux de natalité le plus élevé d’Europe. Mais quel projet hors l’UE allemande et états unie ne c’est à dire hors la guerre? La jeunesse a-t-elle compris qu’on va l’envoyer crever à l’est? Pourquoi former ce qui doit mourir et de plus est incapable de se rebeller?
Michel BEYER
200 millions ont une formation de type supérieur, soit 7% de la population globale environ.
Je lis dans la presse que les USA ont un taux d’analphabetisation (ouf) de 14%.
Je lis toujours dans la presse locale que vient de se créer dans la Presqu’île de Crozon , une association pour vaincre l’illettrisme en augmentation dans notre beau pays, la France. Comme la santé, l’éducation nationale est sacrifiée.Bravo à ces courageux qui vont pallier aux déficiences de l’Etat.
Bourvil ne chantait pas que des chansons rigolotes. Il chantait “C’était le maître d’école” pour remercier l’instituteur qui avait contribué à son épanouissement.
200 millions de formation supérieure. La Chine avance à grands pas.
etoilerouge
Pas d’accord: l’éducation nationale n’est pas sacrifiée, elle doit être par étapes ou non privatisée sous égide des religieux et d’une formation payante le tt ss contrôle patronal régional et local. C’est la mise en oeuvre du traité de Maastricht. l’Europe, l’UE n’est pas un état républicain, ni une nation donc ni éducation nationale ni laïcité ni gratuité. Cette attitude faisant penser que les stratégies st erronées alors qu’elles st volontaires et cohérentes quant aux buts m’étonne et induit en erreur analyse et solutions
Jean-Claude Delaunay
La petite recherche que j’ai effectuée sur la population chinoise actuelle aura été utile et j’en suis très content. Peut-être aurai-je dû aussi dire que «les faits» démographiques n’ont pas, entre eux, la même importance. Ici, en Chine, ce qui est au centre des observations est le taux de fertilité naturelle, ou nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer. Ce taux, qui n’est qu’une toute première approche, brute et grossière, des conditions de la reproduction démographique, est actuellement de 1.4. La reproduction de la population chinoise à l’identique n’est donc pas assurée. Mais cela renvoie tout autant à des comportements qu’à l’environnement des conditions économiques.
Ce qui était en cause, dans les dernières années de l’URSS était l’ espérance de vie à la naissance, en diminution, et même quelque chose d’encore plus grave concernant les nouveaux-nés. Cela signifiait la dégradation forte des conditions hospitalières de l’accouchement et de la prise en charge des bébés. Cela ne relevait pas du comportement des couples mais de l’investissement hospitalier.
Quand on s’interroge sur la démographie d’un pays, on se pose implicitement plusieurs questions. La première est celle de la population active du pays considéré, sa puissance productive, son TRAVAIL de PRODUCTION. La deuxième est celle de sa puissance militaire : le pays en question aura-t-il assez de soldats de toutes sortes en cas de conflit? Pourra-t-il fournir du TRAVAIL MILITAIRE? Les Chinois s’en posent une troisième, et c’est la raison pour laquelle ils trouveront le moyen d’augmenter leur population «sui generis». Ils, elles se demandent : Y-aura-t-il ou non des individus, des Chinois, pour maintenir le flambeau de la civilisation chinoise, pour en garder vivant le témoignage, la mémoire des ancêtres et du passé, tout en construisant l’avenir? Ils s’interrogent sur le TRAVAIL CULTUREL. Les Chinois forment un peuple cultivé, un peuple HUMANISTE. Ils n’ont rien à voir avec les rustres et les spadassins de l’Amérique du Nord.
jean-luc
un court commentaire sur ce texte très formateur, merci Jean-Claude.
Tu dis qu’il n’y a pas de brain-drain en Chine. Je suis tout à fait d’accord, et cela va plus loin. Dans mon (ex) domaine d’activité (biologie et médecine), il y avait depuis disons 2015 ce qu’on a appelé le ‘reverse brain-drain’, c’est à dire le retour de diplômés et de chercheurs, souvent au plus haut niveau, qui quittaient les universités occidentales où ils s’étaient formés pour rentrer prendre la direction, par exemple, d’unités de recherche dans la Chine ‘nouvelle’. L’écart de salaire était important mais pas rédhibitoire au vu des bénéfices futurs escomptés (premiers de publication, augmentation assurée des conditions de vie, possibilités entrepreneuriales etc…). Il y avait aussi sans doute de nombreux facteurs culturels.
Un autre facteur à considérer dans la richesse en savoir de la Chine est l’accent mis (en partie grâce à la politique de l’enfant unique?) sur la formation des enfants des classes aisées ou même moyennes, qui conduit beaucoup de bacheliers à partir étudier dans des pays qui deviennent de véritables sous-traitant du système universitaire chinois (voir l’Australie et d’autres pays anglo-saxons)
encore merci,
jluc