Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Zelensky / Zelig, le caméleon de Woody Allen

Il y a quelquefois dans les réseaux sociaux des fugurances qui disent un individu en tant que représentant d’une époque, un type, ce qui est une forme de critique qui à travers un parcours, un destin révèle la structure d’une societé.

Après avoir fait le tour des différents pays, disant à chacun son folklore dans lequel est sensé s’identifier avec l’Ukraine à la mode Zelensky, voici la réunion du MEDEF, le voici à l’ouverture de la mostra de Venise… En fait Zelensky c’est le “Leonard Zelig” de Woody Allen . Un homme dont l’identité ne s’incarne que dans les postures qu’il adopte.. oubliée l’énorme évasion fiscale et les manigances avec des oligarques corrompus.. il y a plusieurs Zelensky ! Aujourd’hui, il incarne tout ce que l’Occident souhaite projeter, la culture, la légitimité morale, la liberté, la démocratie etc. “Face à cet être qui, tel le caméléon, change d’apparence pour survivre (dans la société), à défaut d’exister, Allen décrit un monde extrêmement superficiel, dont il n’est finalement que le produit. La société des années 1920 qui, après les horreurs de la guerre, évolue rapidement et s’adonne aux loisirs sans bornes, n’est qu’une allégorie à peine masquée du monde actuel. Un monde où, saoulés de distractions, les gens passent vite à autre chose et ont la mémoire courte. Zelig a beau être célébré comme un phénomène, faire l’objet de chansons ou de films, ses talents extravagants de transformisme ne lui offrent guère une garantie de popularité durable, la population finissant par se lasser et oublier demain ce qu’elle vénérait hier.”(1)

Il faudrait ajouter que la mostra de Venise en célébrant ce caméléon qui s’avance à peine caché derrière les postures néo-nazis de ses régiments, renoue avec ce qui a conduit les ministres du Front Populaire en France à imaginer le festival de Cannes la manière dont Mussolini et Hitler s’était emparés de ce cinéma là. On pourrait effectivement retracer tout ce qui a fait du Festival de Cannes à la Libération un lieu progressiste quasi internationaliste si la dernière saison n’avait pas été inaugurée par la même indécente prestation.

Synopsis

Leonard Zelig est un homme-caméléon : en présence de gros, il devient gros ; à côté d’un noir, son teint se fonce ; parmi les médecins, il soutient avoir travaillé à Vienne avec Freud, etc.Bien sûr, les médecins s’intéressent à son cas sans en percer le secret, jusqu’au jour où le Dr Fletcher s’isole avec Zelig et arrive à le soigner sous hypnose. Malheureusement pour Zelig, on lui attribue aux quatre coins du pays un rôle d’époux différent et condamné par la société, Zelig replonge… C’est en Allemagne et dans le rôle de nazillon qu’Eudora Fletcher, amoureuse, le retrouve finalement.

Bon la plupart d’entre nous savent que Woody Allen serait représentatif d’un certain type d’humour que l’on qualifie d’humour juif et singulièrement d’humour juif newyorkais… Zelensky c’était l’humour juif en Ukraine une sorte de pitre lourdingue qui jouait du piano avec son penis mais qui faisait tordre de rire des salles entières en dénonçant l’ukrainisation forcée et la manière dont cela recouvrait la domination de l’anglais à la place du russe… Il était devenu son ultime personnage, un professeur innocent qui débarrasse son pays des oligarques, de la corruption et fait la paix. L’Ukraine en était à un tel niveau de desespoir qu’elle a fini par confondre le personnage avec les promesses du dirigeant, mais celui-ci a trahi toutes ses promesses, en particulier celle de faire la paix et il était au plus bas niveau de la popularité quand il a endossé ce rôle de héros de la démocratie sur lequel l’occident pouvait projeter l’image fabriquée de ses idéaux trahis.

Donc ne nous égarons pas trop dans l’humour juif si ce n’est pour dire que la transmutation du pitre juif en néo- nazi n’a rien d’une histoire personnelle en Ukraine, nombreux sont les oligarques juifs qui ont privatisé les biens publics à la tête d’une garde prétorienne composée de troupes de néo-nazies recrutées dans les bas fonds et dans les stades (les oligarque ont des équipes de foot ce qui est comme chacun sait le meilleur moyen de blanchir l’argent des trafics). C’est particulièrement choquant mais il faut bien admettre que ces moeurs là ne caractérisent pas les juifs mais les voyous de haut vol et celui qui a le plus réussi dans le Donbass est tatare.

Donc la référence à un film de Woody Allen peut nous induire en erreur, celle dans laquelle tombent justement nos médias et leurs disciples à savoir que l’Ukraine de Zelensky ne pourrait pas être nazie puisque Zelensky est juif, cette réponse hypostasie la catégorie juif à la manière des nazis et des antisémites par simple inversion, le fait d”être juif n’est pas pertinent ce qui l’est quand on décrit Zelensky est d’être le caméleon, celui qui endosse le rôle et ses avatars pour couvrir la corruption et le bellicisme raciste du fascisme. Dans ce cas le philosémite devient aisément un antisémite qui a une opinion exagérement louangeuse des juifs pour des raisons multiples.

Disons pour faire court que ce qui caractérise le cinéma de Woody Allen n’est pas nécessairement ‘humour juif mais une manière d’inventer un personnage dont l’introspection névrotique en fait la fiction révélatrice au sein d’un espèce documentaire sur un moment historique ou un lieu, une ville, un pays… Et cette mise en scène a atteint avec Zelig une sorte de sublimation.

Le film date de 1983, le moment où la révolution conservatrice de Reagan parachève la fièvre maccarthyste.

C’est aussi une histoire d’amour ou plutôt de transfert entre une psychiatre Eudora Fletcher que la CIA ou le FBI a convaincu d’espionner son patient Lénoard Zelig. à cause de sa particularité à prendre toutes les identités et à littéralement changer de peau, devenir africain ou chinois. Evidemment le milieu médical ne s’intéresse pas aux interprétations freudienne et aux méthodes de jeunesse comme l’hypnose prônée par la jeune femme. Chacun veut utiliser le malheureux pour sa propre renommée et la presse à scandale en fait un monstre, un individu célèbre et il s’enfuit en Italie, les services secrets le récupérent et Eudora Fletcher le reprend en charge. Mais là des individus lui intentent des procès en escroquerie pour lui soutirer de l’argent en affirmant qu’il les a dupés sous des identités fictives. Zelig s’enfuit à nouveau mais Eudora retrouve sa trace grâce à des bobines d’actualité, il a choisi de se réfugier en Allemagne nazie, dans l’uniformité des soldats d’Hitler.

Bien sur on pense à To be or not to be , mais aussi et surtout à Lang et à Brecht, la manière dont les deux exilés de l’Allemagne nazie décrivent les USA, le fait que s’il a fallu le nazisme pour casser la classe ouvrière, l’aspect révolutionnaire du communisme allemand, un peu et avec la même force qui a été déployée pour anéantir la RDA, alors qu’aux Etats-Unis , le nazisme est déjà là et passe par une dictature des élections. Les divisions racistes, la marchandisation, le puritanisme, et surtout la manipulation des images sont là pour le travail de fascisation.

Comment Zelig qui dans le scénario avait trouvé refuge dans la nazification devient-il à nouveau un héros à travers une course poursuite où il joue comme Charles Lindhberg à être l’Amérique d’abord … On pense à la construction de l’héroisme à travers un John Wayne ou un Mac Caine.

Le film utilise des morceaux de bande d’actualité dans lesquelle le personnage s’introduit mais aussi il utilise en contrepoint les interviews d’intellectuels… et l’histoire fictionnelle de Zelig se déroule à travers un montage d’images contemporaines avec d’autres d’archives. Cette altération des images d’actualité à travers un personnage fictionnel est ainsi souvent dénoncée par des gens qui tentent de révéler la vérité mais ne sont pas entendus.

Le nazisme y est de ce fait monté dans la quasi totalité du film d’un point de vue nazi, Hitler est un bienfaiteur qui sauve le peuple de la misère alors que la croix gammée comme les croix du klan sont là pour dire la réalité de cette réponse là aux foules qui manifestent. IL faut revoir ce moment du film et comment la fausse objectivité et la voix neutre du commentateur nous invitent à voir dans l’ascension au pouvoir d’Hitler son interprétation du phénomène.

« Adolf Hitler et le parti national-socialiste consolident leur position à Berlin… » Puis, quand arrivent les mots « ravagé par la crise », une coupe nous fait passer au plan suivant, celle des manifestants. La signification politique de leur marche est exposée dès la troisième image (la croix gammée), avec un commentaire stipulant : « Dénonçant le Traité de Versailles, les nazis font appel au patriotisme des Allemands… ».

Seul Zelig est une anomalie dans cette adhésion médiatique, consensuelle aux oeuvres de l’OTAN, je veux dire à la montée d’Hitler au point de nous faire adhérer aux pires absurdités comme celle des Russes tirant sur leur propre position, une invasion due à la méchanceté d’un malade que serait Poutine. Il n’y a pas en Ukraine de Zelig et de psychiatre amoureuse qui passe son temps à cautionner en bonne américaine, les images du documentaire et leur interprétation, le festival qu’il s’agisse de celui de Cannes ou de venise a adopté le point de vue du MEDEF et de l’impérialisme hollywoodien qui fait jouer à Zelensky le rôle de sa vie, mais aussi peut-être de sa mort. On peut en effet s’interroger sur ce qu’il va arriver d’un tel personnage qui est de plus en plus usé. Dans un mode médiatique où les journalistes sont dépossédés de leur rôle de “témoin” au point d’adopter la fiction du triomphe de l’occident comme le triomphe de la volonté
de Leni Riefenstahl, ou le grand meeting de la messe nazie qui a pour maitre absolu le travail de Fritz Lang qui pourtant s’est enfui pour ne pas être le cinéaste officiel du III Reich, mais aussi avec la dernière scène du dictateur. Tout cela intervient dans des temporalités qui se collent les une aux autres pour inventer le présent: le nazisme, le maccarthysme, le reaganisme et aujourd’hui le négationnisme de la victoire de l’armée rouge pour identifier Hitler et Staline. Les images sont en direct et nous parviennent en niant toute médiation de la caméra comme du discours des amuseurs des plateaux de télé! c’est le vrai.

Avec Zelig, mais aussi Zelensky nous sommes dans un no man’s land ou le narratif du média nous identifie au témoignage de l’acteur prenant place dans notre imaginaire, rassemblant tout ce qui a été construit d’ignorance et de faux savoir depuis de nombreuses années et l’incarnant dans le présent.

On retrouve ce que dit Brecht et sa distanciation, la fiction est seule capable de nous réveiller. Parce qu’elle grossit le trait de l’absurdité… Seule la farce, celle du dictateur, celle d’arturo UI, permet la dissociation avec le mensonge nazi. Et à force de surjouer Zelensky n’est pas loin de cette farce… A force d’être un caméléon il fait mettre en doute l’ensemble du dispositif. Le mode du mensonge fait mettre en doute le marionettiste.

danielle Bleitrach

(1) à partir de l’intuition de Stéphanie Omnes

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