RÉUNION TRIPARTITE TURQUIE IRAN RUSSIE : LES PREMIERS RETRAITS DES TROUPES TURQUES.

Vu du côté kurde, voici le bilan de la réunion tripartite, Turquie, Iran, Russie où n’a pas seulement été traitée la question du blé ukrainien mais tout l’équilibre du Moyen Orient. Nous saluons ce retour à la lucidité des Kurdes quant à l’apport de la coalition américano-otanesque à leur propre sécurité. Une fois de plus il est démontré la supériorité des négociations régionales sur les choix impérialistes, même Israël l’a partiellement compris et prend bien garde dans sa politique étrangère de s’impliquer trop dans l’affaire ukrainienne. Ceux qui dans la vieille Europe inféodée pensent pouvoir activer les leviers de la division et de la haine se heurtent à cette nouvelle réalité. (note de Danielle Bleitrach)

 20 juil. 2022

Hier le dictateur turc participait au sommet tripartite entre la Turquie, la Russie et l’Iran. Le but de sa présence à cette réunion était l’obtention d’un feu vert pour son opération génocidaire en Syrie. Les réponses iranienne et russe aux demandes turques ont été un refus unanime, les deux parties estimant que les questions “sécuritaires” soulevées par la Turquie pouvait se résoudre par la négociation et qu’une opération militaire ne ferait qu’empirer les choses et favoriser la résurgence de Daesh. A ce propos il a été demandé à la Turquie de nettoyer les factions qu’elle contrôle qui sont autant d’usines à recyclage pour les membres de l’organisation terroriste. Il a aussi clairement été signifié à la Turquie que la sécurité de la frontière, qui sert de prétexte aux opérations génocidaires turques, pouvait tout à fait être protégée par les Forces Démocratiques Syriennes et l’armée du régime. Autrement dit la porte de sortie à clairement été montée au dictateur fasciste turc.

Si le petit moustachu est venu chercher un feu vert c’est que sans l’approbation russe la deuxième armée de l’OTAN se verra refuser l’accès au ciel de Syrie. Et sans supériorité aérienne il lui sera impossible d’avancer sur le terrain. Cela sera d’autant plus impossible que certaines unités jihadistes refusent déjà de se battre sans appui aérien. Le dictateur turc se retrouve donc dans une impasse.

Sur le terrain la fin de la réunion tripartite s’est soldée par une visite du haut commandement russe aux FDS à Qamishli afin que ces derniers soient tenus aux faits des derniers développements. Les premiers mouvements de retrait ont lieu en ce moment, plusieurs convois turcs se retirant de leurs positions à Al Bab pour rentrer en Turquie. Par deux fois les drones turcs ont procédé à des frappes. La première sur Tal Rifat visait une position tenue par l’armée d’Assad. La deuxième à ciblé ce matin un drone de reconnaissance russe. De la part des Turcs, il s’agit tout autant d’une démonstration de force que d’une provocation. Il y a en effet fort à parier que la Turquie va maintenant chercher une approbation, voire une aide, du côté de ses alliés de l’OTAN. Si certaines voix au sein de l’organisation sont critiques vis à vis de la Turquie et posent la question de son avenir au sein de l’alliance, la récente signature d’accords gaziers entre l’UE et l’Azerbaïdjan pourrait offrir à la Turquie une opportunité pour son génocide syrien. En effet, si le chantage à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN n’a que très partiellement fonctionné, il faut savoir que le gazoduc permettant l’exportation du gaz azerbaïdjanais vers l’Europe traverse toute la Turquie. Après la dépendance Européenne au gaz russe nous allons donc goûter aux joies de la dépendance au gaz turc. La vieille Europe pourrait donc passer d’un silence complice à une aide dissimulée.