3e FORUM DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET DES ACTEURS SOCIAUX DE CUBA : PENSER LES AMÉRIQUES

C’est notre collaborateur italien qui nous a transmis ce texte que nous publions avec enthousiasme. Cuba reste un phare pour l’humanité, non seulement à cause de sa résistance héroïque et ce qu’encore aujourd’hui sa population endure mais par la perspective révolutionnaire et humaniste qu’elle apporte au monde en train de naître. Cuba est le seul pays réellement communiste de l’Amérique latine, mais partout et toujours l’île de la liberté comme l’appellent les Russes a su être un facteur de progrès, d’unité et de rassemblement anti-impérialiste plus que jamais à l’ordre du jour. Ceux qui aujourd’hui ont des fausses indignations à propos de l’Ukraine et qui tolèrent ce que l’on fait à Cuba démontrent la nature de leur indignation. Les Etats-Unis et le capital se déshonorent, Cuba comme à travers ce sommet des Amériques les place devant ce qu’ils sont, leurs crimes et leur tartufferie. La défense de Cuba plus que jamais à l’ordre du jour nous oblige à suivre son exemple: unissons-nous autour de cette tâche essentielle sans chercher les divisions, les concurrences. Je voudrais ajouter que notre correspondant italien, un communiste enthousiasmé pour une part par ce qu’il lit ici de la situation française, du renouveau possible du PCF a demandé son adhésion au PCF depuis Rome. Je m’aperçois d’ailleurs que face à la catastrophe européenne, par un étrange paradoxe qu’il existe en France des jacqueries, des résistances, une gauche qui se cherche et un parti communiste qui se renouvelle est vécu dans le monde et en Europe comme une espérance en la France et en son potentiel révolutionnaire. Nous qui ne cessons de déplorer les limites des possibles n’avons pas assez conscience de ce regard porté sur la France. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

DÉCLARATION FINALE

Les acteurs sociaux et les organisations de la société civile cubaine, authentiques représentants du peuple cubain, se sont réunis pour exprimer nos positions sur le thème central du 9e Sommet des Amériques, “Construire un avenir durable, résilient et équitable”, et sur les questions qui seront abordées dans ce forum :

I. Condamnons énergiquement l’exclusion des organisations de la société civile cubaine de la participation aux formats virtuel et présentiel du Forum de la société civile du 9e Sommet des Amériques, en refusant leur inscription, malgré la demande d’inscription complète présentée par leurs représentants et par des acteurs sociaux. Si l’on ajoute à cela l’admission d’une poignée d’acteurs sociaux, cela démontre la politique de deux poids deux mesures et les politiques discriminatoires et antidémocratiques qui prévalent chez les organisateurs du sommet.

II. Déplorons que la décision des Etats-Unis, en tant que pays hôte, d’exclure les organisations de la société civile et les acteurs sociaux cubains, viole les principes de respect de la souveraineté et de l’autodétermination des peuples et de non-ingérence dans leurs affaires intérieures, principes pleinement soutenus par la société civile cubaine.

III. Dénonçons le refus du gouvernement des Etats-Unis de traiter à son ambassade de La Havane les visas des quelques acteurs sociaux dont les organisateurs des forums parallèles ont approuvé la participation en personne au 9ème Sommet. Cette décision fait fi des obligations de l’Amérique en tant que pays hôte, montre son mépris pour l’opinion publique régionale – qui plaide en faveur du caractère inclusif de l’événement – et met en évidence l’essence de la politique hostile et interventionniste déployée par Washington à l’encontre de Cuba, dans le but manqué de renverser le système politique, économique et social que nous, Cubains, avons décidé, dans le plein exercice de notre autodétermination.

IV. Rejetons l’élaboration d’un apocryphe “Plan de santé et de résistance” qui exclut la contribution que Cuba peut apporter à ce document, sur la base de l’autorité qu’elle a acquise en la matière. La coopération dans le domaine de la santé publique offerte à de nombreux pays de la région, dont l’exemple le plus récent est celui de la lutte contre la pandémie de COVID-19, est une démonstration claire de la volonté politique de l’État cubain, avec la participation active des organisations civiles et des acteurs sociaux, de renforcer la résilience des systèmes de santé publique de Cuba et des pays dans lesquels il a mis en place ce type de coopération Sud-Sud.

V. Réaffirmons que la transformation numérique est urgente et stratégique pour les pays de la région, non seulement pour son effet sur l’économie et l’amélioration de la qualité de vie des personnes, mais aussi en raison de ce que les technologies numériques et leur utilisation critique, éthique et humaniste signifient pour les perspectives d’un avenir durable, résilient et équitable et dans la lutte pour la sauvegarde de l’indépendance, de la souveraineté et du plein exercice des droits de l’homme.

VI. Demandons l’accès aux infrastructures et aux plateformes qui permettent le partage des connaissances et facilitent la coopération dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques dans le domaine de la transformation numérique.

VII. Condamnons l’utilisation des technologies de l’information pour mener une guerre médiatique contre Cuba et subvertir le système politique, économique et social choisi constitutionnellement par notre peuple, qui est représenté par les organisations de la société civile cubaine et les acteurs sociaux, participant au Forum.

VIII. Exigeons un format inclusif et véritablement démocratique pour les sommets, dans lequel les points de vue des représentants de la société civile de tous les pays sur les questions débattues sont entendus ; nous sommes totalement opposés aux tentatives des organisateurs d’imposer des concepts et des modèles étrangers aux sociétés, aux particularités et à l’essence de Notre Amérique.

IX. Nous engageons à poursuivre notre participation active à la construction d’un avenir durable, résilient et équitable aux niveaux national, régional et mondial, notamment par la participation de membres de la société civile cubaine à des initiatives de coopération avec d’autres pays de notre région.

X. Réaffirmons notre engagement à mettre en œuvre le Programme national de développement économique et social (“PNDES 2030”), sa coordination avec l’Agenda 2030 et à atteindre ses objectifs de développement durable, malgré les effets dévastateurs du blocus génocidaire et multidimensionnel imposé par les administrations américaines successives à la nation cubaine, intensifié à l’extrême pendant la pandémie de COVID-19.

XI. Exigeons la fin du blocus criminel, qui sape l’essence du principe d’équité et de justice dans les politiques sociales ; il constitue une violation massive, flagrante et systématique des droits de l’homme de toute la population du pays ; il affecte les opérations des organisations de la société civile cubaine et les politiques appliquées par l’État cubain, avec la participation des organisations de la société civile, visant à construire un avenir durable, résilient et équitable.

XII. Exprimons notre gratitude pour la solidarité et le soutien reçus des organisations de la société civile de la région, qui ont défendu le caractère inclusif du Sommet.

XIII. Déplorons le fait que l’exclusion de Cuba du Sommet s’inscrit dans le cadre des politiques agressives et des campagnes médiatiques diffamatoires visant notre pays, conçues pour subvertir le système politique, économique et social que la population cubaine, également représentée dans les organisations de la société civile et les acteurs sociaux présents au Forum, a décidé pour elle-même.

XIV. Réaffirmons notre droit à poursuivre le développement socialiste dans cette patrie bien-aimée, et réaffirmons notre décision de continuer à construire un avenir durable, résilient et équitable avec tous et au bénéfice de tous. De même, nous réitérons la confiance inébranlable des organisations de la société civile et des acteurs sociaux participant au Forum, qu’un monde meilleur, que nous savons possible, peut être atteint.

La Havane, 23 mai 2022

” Année 64 de la Révolution “