Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les damnés de la terre et le recours à la drogue

Drogue. 

Au Portugal, la dépendance aux opiacés des forçats venus d’Asie. Qu’ils soient livreurs à Lisbonne ou employés dans des serres agricoles de l’Alentejo, les immigrés népalais, indiens ou encore pakistanais et bangladais sont de plus en plus nombreux à recourir aux drogues, rapporte “Expresso”. Un phénomène qui s’explique surtout par leurs emplois instables et mal payés mais aussi physiquement exigeants

.Courrier international.

De nombreux livreurs à domicile (ici à Lisbonne, en février 2021) d’origine asiatique sont concernés par des problèmes de consommation de drogues dures (photo d’illustration).
De nombreux livreurs à domicile (ici à Lisbonne, en février 2021) d’origine asiatique sont concernés par des problèmes de consommation de drogues dures (photo d’illustration). PHOTO JORGE MANTILLA / AFP

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“Le phénomène est relativement récent”, annonce en préambule de son article Expresso. Depuis 2018, le nombre d’étrangers ayant recours à la méthadone pour remplacer l’héroïne et éviter le syndrome de sevrage “a bondi” au Portugal.

L’hebdomadaire cite les chiffres de l’association Ares do Pinhal, qui distribue, via ses camionnettes disposées dans Lisbonne, cette drogue de substitution dans de petits gobelets. Les étrangers représentent désormais 30 % des usagers.

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Parmi les 1 762 personnes qui bénéficiaient d’un suivi l’an passé dans la capitale portugaise, 18 % étaient étrangères, dont les deux tiers originaires du Népal et d’Inde. Le premier contact de ces immigrés avec les opiacés, que ce soit l’héroïne ou les “autres dérivés de l’opium”, se fait dans les pays d’origine pour des raisons “plus ou moins culturelles”, observe auprès du journal Hugo Faria, psychologue et coordinateur du programme :

“Dans des pays comme le Népal et l’Inde, certaines graines de la plante du pavot à opium sont utilisées pour faire du thé. Cela procure un certain bien-être, comme nous l’ont raconté quelques usagers.”

Les “moutons noirs” des trafiquants

Ainsi, peu après leur arrivée au Portugal, ces derniers ont commencé à consommer une substance “équivalente” et “plus facile à obtenir”, l’héroïne, et sont devenus dépendants. Beaucoup d’entre eux sont livreurs dans la capitale ou employés dans des serres agricoles de l’Alentejo. Tous ont en commun une “grande vulnérabilité sociale” à cause de leurs emplois “instables et mal payés mais aussi physiquement exigeants”. Le psychologue Hugo Faria est formel :

“Ils consomment pour pouvoir travailler toute la journée sans douleur.”

Le long de la Costa Vicentina, le littoral de l’Alentejo, les autorités ont repéré que de nombreux migrants originaires d’Inde, du Pakistan, du Népal et du Bangladesh cultivaient du pavot à opium. L’un d’eux a été interpellé il y a deux mois, et 650 plants ont été saisis sur la commune d’Odemira.

Enfin, d’autres encore, tentés par la possibilité de gagner en un jour ce qu’ils gagnent en un an en cueillant des fruits, prennent part au commerce parallèle, recrutés par des trafiquants de drogue locaux, qui profitent de cette main-d’œuvre bon marché et de son besoin d’argent. L’été dernier, les autorités ont interrompu à Vila Nova de Milfontes un débarquement de deux tonnes de haschisch, puis interpellé cinq migrants asiatiques et deux trafiquants portugais… dont l’un n’était autre que leur employeur dans les serres agricoles.

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