Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

daniel ARIAS : Une campagne qui reste social démocrate

Encore une intervention qui me parait effectivement poser des questions de fond, mais qui contourne peut-être ce qui me semble être la quadrature du cercle: d’un côté, le fait que la plupart des défis auxquels nous sommes confrontés (santé, climat, environnement, énergie, exploitation par les multinationales financiarisées) ont une dimension géopolitique et réclament au moins une nouvelle internationale. De l’autre côté le caractère “national”, dévoyé en révolution nationale de la manière dont ces défis sont vécus par’ les peuples. On ne peut pas se contenter effectivement d’une social démocratie à la française, ce qui a été le positionnement de Roussel mais dont il ne faut pas sous estimer non plus les aspects novateurs et qui me semblent devoir être poursuivis et repensés en fonction de notre but le socialisme dans un contexte qui n’est plus celui de MAURICE THOREZ ou de GEORGES MARCHAIS; s’effondrent les trois piliers de l’empire disons occidental: le monopole du dollar, le monopole de l’information, le monopole ou quasi monopole de la force militaire en tant que puissance et capacité d’innovation. Avec l’Ukraine, nous assistons à la mobilisation tout azimut de ces trois piliers et les USA avancent de moins en moins masqués. Résultat, si nous ne savions pas qui est l’extrême-droite, même nous communistes verrions dans le vote LE PEN un moindre mal par rapport à MACRON, tant sur le plan du pouvoir d’achat que sur celui du bellicisme otanesque, alors imaginez un peuple qui n’est plus travaillé sur le fond politique depuis plus de trente ans et dont la gauche n’a plus rien à voir avec les problèmes affrontés au jour le jour. C’est de ce point de vue également qu’il ne faut pas négliger ce qui s’est passé dans cette campagne et en faire une description totalement négative n’aidera pas à bénéficier de toutes les prises de conscience qui se sont accélérées. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Il me semble que la campagne des présidentielles a été menée comme si nous étions en position de gagner, c’est à dire avec des arguments de type social démocrates; une simple répartition des richesses.

Les communistes du PCF ont gaspillé ce rendez-vous médiatique avec le peuple pour promouvoir le socialisme réel.


Sachant que de toutes manières nous n’allions pas gagner les élections, ni être au second tour, cette stratégie a été inutile pour développer la conscience populaire.


Nous avons manqué d’audace et à quelques détails près nous étions pas si loin de Mélenchon.
Dans l’hypothèse très peu probable d’un Mélenchon élu nous aurions été associé au gouvernement comme le sont aujourd’hui les communistes du PCE avec le gouvernement Sanchez associés à Podemos.
Pour quel résultat pour le peuple espagnol ? L’inflation monstrueuse des prix de l’énergie sur le marché libre conjugué à la casse de l’industrie espagnole font des dégâts importants et ouvrent les portes à Vox et à la phalange qui porte un message “social” potentiellement très dangereux.

Il faut se rendre compte que pour une partie du peuple la Révolution est incarnée sous forme de Révolution Nationale sous la conduite de l’extrême droite. D’autres se révoltent perdus dans le spontanéisme des Gilets Jaunes. Visiblement nous n’avons pas appris de ces deux phénomènes qui se veulent en rupture avec l’ordre dominant bourgeois dans un cas ils se trompent dans l’autre ils sont égarés.

Nous communistes nous sommes interdits de porter une voix révolutionnaire qui a fait notre succès passé. Le réformisme et l’alliance avec le PS pour intégrer les institutions bourgeoises sont une catastrophe. Nous avons renoncé à notre rôle d’Avant Garde pour un gloubi boulga participatif sans but de construire le socialisme ouvert à toute une gauche “associative” représentative parfois d’une poignée de bobos dont la caricature est le magazine “Regards”.

Nous avons déserté dans bien des villes les quartiers populaires.

Nous sommes face à un risque de fascisme plus ou moins rapide selon le vainqueur des élections et j’avoue ne pas être très sûr de qui des deux nous mènera au fascisme le plus vite.

La situation est que nous sommes égarés, dispersés, de nombreux communistes isolés, désorganisés avec une menace réelle devant nous, pour nous et pour le peuple.

Sur les aspects pratiques urgents le PCF devrait:
1) clarifier sa ligne et ses rangs, nous avons été trop gentil avec les liquidateurs.
2) traiter le cas des communistes isolés au cas par cas et tenter de les faire revenir sur des bases assainies.
3) renforcer la démocratie interne par une formation exigeante (marxiste léniniste) des militants et une subordination des élus aux décisions des camarades. Les élus doivent servir les camarades et être leurs relais.

Sur les aspects politiques :
1) encourager un front anti fasciste national et européen et développer son influence populaire pour devenir un parti de masse. Évaluer avec sérieux les risques liés au fascisme et à ses bandes armées et prendre les mesures nécessaires.
2) réviser le bilan des expériences socialistes européennes avec la plus grande rigueur possible afin d’établir la vérité aussi bien sur les réussites que sur les failles.
3) promouvoir le socialisme réel dans toutes ses actions sans complaisance avec les politiques keynésiennes.
4) faire une auto critique de la liquidation et de la social démocratie européenne depuis la seconde guerre mondiale et de nos participations gouvernementales.
5) prendre un soin particulier à la cohérence des communistes dans la durée et entre les différents représentants pour éviter toute confusion parmi le peuple et toute exploitation par nos ennemis de la droite et de la social démocratie.
6) mettre en valeur les moments révolutionnaires et progressistes ainsi que les atouts français. De Robespierre au CNR en passant par la commune il y a de quoi faire.

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2 Commentaires

  • Jean François Dron
    Jean François Dron

    Totalement d’accord. revenir aux fondamentaux du marxisme léninisme, et à la discipline dans le parti avec le centralisme démocratique. Al’interieur on discute de tout mais une fois les decisions prises à la majorité on applique et les désaccords ne sont pas tolérés à l’extérieur. Il faut revenir aux exclusions si besoin. On n’avancera pas si on ne nettoie pas les écuries d’Augias laissées par 40 ans de laisser aller social démocrate. Alors camarade, retroussons nous les manches et au travail pour le prochain congrès qui je l’espère nous remettra sur les rails d’un vrai parti révolutionnaire.

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  • Xuan

    Remettre l’objectif du socialisme dans le programme des communistes est aussi la critique la plus efficace qui soit contre la 6e république du radis rose.
    Dans ce sens l’autocritique est simultanément une critique de la social-démocratie radicale.

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