Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Comment travailler avec des données quand tout le monde ment, par Alexeï Tokarev

https://vz.ru/opinions/2022/4/6/1152304.html

Effectivement, et tous les médias français – pourquoi l’Humanité aurait-elle fait exception alors que depuis plus de vingt elle relaie fidèlement la parole de l’OTAN? – Tous les politicards français bellicistes et cocardiers y compris le candidat communiste et celui de la FI, les autres JADOT en tête et Pécresse en aboyeuse professionnelle, sans parler des reniements de l’extrême-droite, ça on en a l’habitude ont montré leur capacité à mener notre pays vers la guerre comme MACRON ce nuisible et ridicule personnage, jamais la FRANCE n’a connu une telle unanimité dans la forfaiture et la lâcheté. Traiter après cela la Russie d’autocratie sans liberté de la presse, sans opposition est pour le moins risible si cela n’était pas simplement grotesque. Nous illustrons cet article, comme d’autres de quelques photos. En effet, ce qui avait créé le doute sur le massacre de Timisoara était la photo des cadavres et leur état. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
Détail des mains de la victime
On voit clairement aux mains que le corps est encore « frais ». La peau n’a pas encore pris une couleur verte puis noire. Par contre il y a du sang accumulé sous les ongles et la peau des doigts est fripée comme s’ils étaient restés dans de l’eau pendant un moment. Par contre la peau de la paume ne montre pas de marques identiques, ce qui semble indiquer que la personne gisait sur le dos, avec le bras derrière le dos, et que sa main droite trempait dans une flaque peu profonde. Or le bandage blanc qui lie les mains est très propre. Dans l’ensemble les vêtements de la victime sont eux aussi très propres. Impossible d’être aussi propre pour un cadavre étant resté deux semaines dans la rue.

Nos collègues américains ont un bon terme OCINT – open source intelligence. Cela décrit bien ce que j’ai fait avec les données de Boutcha, une ville près de Kiev dont le nom est maintenant connu dans le monde entier. Aucune compétence ou outil particulier n’est nécessaire. Toute personne ayant accès à l’internet et possédant des connaissances minimales en matière d’utilisation peut vérifier tout ce que j’ai écrit et rendre son propre verdict.

Les données de base sont bien connues : toute la presse occidentale tente de nous convaincre que les soldats russes ont tiré sur des civils lors de leur retraite. Il existe une énorme quantité de données sur la situation. Si l’on en croit le politicien ukrainien Arestovitch, il y avait des professionnels russes des forces aéroportées, des forces spéciales et des marines. Il ne s’agit pas d’idéologues emplis de haine pour les civils qui gravent des croix gammées sur les épaules (les leurs) et les ventres (d’étrangers encore en vie). La question éthique de savoir pourquoi des militaires russes effectueraient des tirs pendant leur retraite, alors qu’ils ne le faisaient pas quand ils étaient stationnés à Boutcha, n’a pas de réponse. Je n’ai pas les résultats de l’examen médico-légal entre les mains, je ne peux donc en aucun cas spéculer sur les taches des cadavres ou le degré de rigidité cadavérique. Mais j’ai des données sur le timing de certaines photos et vidéos. C’est à cela que je fais référence dans les quatre séquences suivantes.

Première séquence. Le Maire

Les faits. 30 mars. Le Pentagone enregistre le retrait des principaux groupes des forces armées russes des secteurs de Kiev et de Tchernigov. 31 mars. Le maire de Boutcha Fedoruk, satisfait, fait état d’une “grande victoire”. Pas un mot sur les cadavres. Analyse : les maires de villes où les troupes étrangères auraient “tiré” sur des civils et où les rues seraient jonchées de cadavres ne pourraient pas être d’excellente humeur comme Fedoruk, et toute personne adéquate ne se réjouirait pas, mais crierait à tout bout de champ : “Regardez ce que les occupants ont fait”. En fait, à peu près la même chose que ce qu’a dit le président Zelenski, en visite à Boucha le 5 avril.

1er avril. Des vidéos de cadavres gisant dans la rue Yablonska à Boucha commencent à apparaître sur les médias sociaux. 2 avril. Les correspondants des agences occidentales se rendent à Boucha, où ils n’enregistrent pas la présence des forces russes, mais prennent des photos de cadavres dans la rue Yablonskaya. L’un des rapports : “Les habitants témoignent des tirs des forces armées russes”. Parmi les citations des habitants, il n’y a que celle du maire. Pour être juste, la BBC précise : dans des conditions de guerre, nous ne pouvons pas vérifier rapidement les paroles des officiels.

Deuxième séquence. La police nationale d’Ukraine.

Les faits. Le 2 avril, la police ukrainienne entre à Boutcha, utilisant le mot “nettoyage” dans un communiqué de presse. La ville s’étend sur 7,18 km sur le parallèle et 5,05 km sur le méridien à ses points extrêmes. Environ 35 kilomètres carrés. C’est beaucoup ? La vitesse moyenne de marche est de 5km/h. On peut parcourir à pied Boutcha du sud au nord en une heure. Jablonskaia est une rue de 4,03 km de long, au tout début de laquelle, selon les journalistes occidentaux, 12 corps reposent (au croisement avec Vokzalnaia). Le NPU fait un communiqué vidéo chronométré de 7:48. Il y a au moins neuf emplacements différents de Boutcha, dont 14 petites inclusions avec des civils et une interview détaillée. Un civil raconte : “Nous étions dans le sous-sol, ils nous ont fait sortir, ils m’ont fait sortir pour me fusiller, mais ils ont changé d’avis”. [la personne dit habiter en Ukraine, mais utilise une tournure russe, un détail sans importance selon l’auteur, NDT]. La personne interrogée ne présente aucune blessure visible. Il n’y a pas d’état de choc.

Le 3 avril, dans une interview accordée à un média russe, un volontaire de la défense territoriale décrivant les horreurs de la guerre déclare textuellement : “On ne tirait pas sur les gens quand j’étais là. Les personnes allongées sur Yablonskaya ont été tuées à la suite de tirs chaotiques”. Analyse. Si l’on en croit les médias occidentaux, il y a des cadavres dans la ville depuis le 1er avril et, selon le principal journal américain, depuis le 11 mars. Pourquoi aucun des 14 civils figurant dans la vidéo de la police ukrainienne du 2 avril ne parle de cadavres et de fusillades de masse, alors que la même vidéo, d’une durée de près de huit minutes dans une petite ville avec neuf lieux montrés, ne comporte pas un seul cadavre dans le cadre ?

Troisième séquence. Le New-York Times.

Les faits. Le 4 avril, le principal journal américain publie sur son site web un article intitulé “Les images satellites montrent des corps gisant à Boutcha depuis des semaines, malgré les affirmations de la Russie”. Les images satellites de Maxar Technologies sont synchronisées avec la vidéo qui a fait surface sur le Web le 1er avril au soir. Les images montrent un jour ensoleillé, tandis que la vidéo de Boutcha montre un jour couvert et brumeux. Cela signifie-t-il que les corps sont couchés depuis quinze jours, depuis le 19 mars (données des photos) ou depuis le 11 mars (affirmation du NYT) ? Non. Seulement que les moments de la vidéo (sur le smartphone) et de la photo (du satellite) sont différents.

En comparant les images satellites et les cartes de Yandex, mes étudiants (au nombre de 26) ont établi que la rue où se trouvent les corps est Yablonskaya. Ceci est également confirmé par la carte du NYT. Nous fixons donc définitivement le site pour l’analyse. C’est l’intersection de Yablonskaya et Vokzalnaya.

Supposons que nous ayons accepté comme un fait les données selon lesquelles les corps à Boutcha, rue Yablonska, reposent depuis le 11 mars. Les informations les concernant (photos et vidéos) doivent figurer sur les réseaux sociaux consacrés à cette ville. Mes étudiants ont examiné attentivement les principaux comptes télégram consacrées à Boutcha. Le plus grand a été créé le 10 mars (abonnés : 90,3 mille ; messages [sur le massacre] : 0). Le deuxième plus grand a été créé le 8 mars (abonnés : 85,2 mille ; messages : 0). La seule chaîne locale remplie consacrée à Boutcha compte 21 641 abonnés. Le nombre de messages concernant les cadavres sur Jablonskaia : 0.

Nous avons également examiné les communautés VKontakte locales : “C’est Boutcha, bébé !” (10 822 followers), “Ville-héros Boutcha” (2 162), “Work Irpen, Boutcha” (2 697). Aucun d’entre eux n’a posté sur les cadavres de Yablonskaia depuis le 11 mars. Partout, des informations les concernant apparaissent les 1er et 2 avril, lorsque la police ukrainienne, l’AFU et des correspondants occidentaux sont entrés dans la ville. Un collègue a suggéré que cela pouvait être dû à une réticence à prendre des photos des troupes russes ou à la qualité de la communication, mais le fait est qu’il y avait des affiches et des photos de destruction et de cadavres sur tous ces comptes, mais pas une seule photo avec des cadavres à Yablonskaya.

Quatrième séquence. Chaîne de télévision Zvezda.

Les faits. Le 1er avril, à 5h02, le site Internet de la chaîne de télévision du Ministère de la Défense russe présente un reportage intitulé “Contrôle total : images de marines et de troupes aéroportées dans la région de Kiev”. Une capture d’écran m’a été envoyée par des abonnés ukrainiens : elle dit que votre ministère de la défense ment, en disant qu’il a retiré tout le monde le 30 mars. Ce matériel dit : “Pendant cinq jours, les marines et les parachutistes ont réussi à repousser l’ennemi dans la direction de Gostomel – Boutcha – Ozera… En conséquence, les Marines ont pu prendre le contrôle complet du territoire allant de la rivière Irpen vers Kiev. Analyse : Je suppose que les unités en question couvraient la retraite de la force principale. Si vous regardez la carte, vous verrez que les petites forces russes ne contrôlaient pas Boutcha, mais le territoire au sud-est de celle-ci – vers Kiev. C’est-à-dire qu’il n’y avait pas de Russes à Boutcha même depuis le 30 mars. Enfin, à la fin de cet article, qui continue d’être affiché sur le site web de Zvezda, on trouve une référence à la déclaration d’Igor Konashenkov concernant le retrait des forces principales après le 30 mars. Cette partie de la nouvelle est ignorée par mes abonnés ukrainiens qui m’envoient un lien vers elle.

Pendant longtemps encore, Boutcha présentera aux médias de nouvelles images de cadavres et de destruction. Dans cet article, basé sur des données temporelles et géographiques, je n’ai fait que démêler un fait sur lequel reposent les accusations des médias occidentaux contre les forces armées russes : “Des cadavres gisent dans la rue Yablonskaya depuis le 11 mars”. Sur la base de l’analyse de la vidéo de la police nationale ukrainienne, de la déclaration d’un volontaire ukrainien de l’armée, de l’analyse des réseaux sociaux locaux et de la comparaison du calendrier, je conclus que ces déclarations de la presse occidentale sont fausses et que le site web de la chaîne de télévision “Zvezda” ne contredit pas les déclarations du ministère russe de la défense concernant le retrait des forces principales de Boucha depuis le 30 mars.

Alexey Tokarev :
Docteur en sciences politiques, chercheur principal, Institut MGIMO
(Institut d’État des relations internationales de Moscou auprès du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie)



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