Cet article sur la démographie de l’Ukraine remet les pendules à l’heure à plus d’un titre, d’abord comme le souligne Comaguer il témoigne de la dégradation constante des conditions de vie de la grande masse de la population depuis la fin de l’URSS, avec de fortes secousses politiques qui coïncident avec l’intervention des USA, de l’UE pour livrer plus encore le pays aux oligarques et à leur armée néonazie, un pays au salaire moyen à 200 euros avec l’industrie des mères porteuses et devenu l’arsenal de l’OTAN et le lieu de formation de l’internationale fasciste. Mais elle devrait nous interroger sur les choix actuels de la vassalisation européenne, le fait que loin de préserver nos privilèges dans l’exploitation du monde, cela a plus de chance de nous transformer en Ukraine, frontière de l’empire US en crise profonde (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)
23 Mars 2022
Au moment où il est beaucoup question de souffrances de la population ukrainienne il est utile de faire le point sur la permanente dégradation de ses conditions de vie depuis 1991. En témoigne une crise démographique ininterrompue favorisée par de fortes secousses politiques « Maidan 1 –Révolution orange – 2014) « Maidan 2 – coup d’état de 2014 » n’ont pu qu’accentuer. Suivent quelques données brutes et un article plus détaillé publié en Ukraine en 2012.
1-DONNEES BRUTES
Population 1991 : 52,2 millions d’habitants
Population 2012 : 45,6 millions d’habitants
Population 2021 : 41,6 millions d’habitants
Malgré la diminution du nombre des habitants en 2019 le PIB par tête de l’Ukraine est le plus bas d’Europe : 8770 $
2- L’UKRAINE BOURGEOISE
Selon des matériaux de la statistique officielle et des aveux de représentants des détenteurs du pouvoir
Article publié dans le journal ukrainien «Rabotché-krestyyanskaya pravda» N° 10(187), 2012
Traduction française et publication dans le mensuel « Nouvelles d’URSS »
Le chef du comité parlementaire pour les questions de santé publique Tatjana Bakhtéyéva a cité des chiffres chocs sur la mortalité en Ukraine. Chaque année, il meurt près de 700 000 personnes dont le tiers est composé de citoyens en âge de travailler. Si, dans les pays de l’Union européenne, la mortalité est de 7 pour 1000 personnes, en Ukraine cet indice est plus de deux fois plus élevé et atteint 15 personnes. Durant les années de l’indépendance», la population de l’Ukraine est passée de 52,2 millions d’habitants à 45,6, c’est-à-dire qu’elle a été réduite de 6,6 millions d’habitants… mortalité élevée, même aux dimensions de l’Afrique, qui est le trait distinctif de l’Ukraine. De ce pourquoi un Ukrainien sur dix n’arrive pas à l’âge de 35 ans,
En 2011, la population de notre pays avait déjà été réduite de 162 000 personnes et au 1er janvier 2012, la population de l’Ukraine s’élevait à 45,6 millions d’habitants. «Selon les indices de mortalité de la population adulte, l’Ukraine se trouve à présent au niveau des pays sous-développés du tiers monde, en particulier de la Guinée et du Congo», — a dit Irina Akimove, premier adjoint du chef de l’administration du président. Effectivement, pour la longévité, nous avons été dépassés non seulement par les pays de l’U.E., mais étalement par Singapour, Xiangang (Hongkong), la Bande de Gaza et presque toutes les anciennes républiques de l’U.R.S.S. Selon les donnée du comité de la Rada suprême pour les questions de santé publique, les Ukrainiens vivent dix ans de moins que les habitants de l’Union européenne et de nombreux pays de la C.E.I. En particulier, l’Ukraine occupe la 150e place parmi les 223 pays du monde pour son indice de longévité moyenne. La longévité moyenne attendue en Ukraine est de 69 ans, de 74 ans dans les Pays de l’U.E., alors que dans les pays de la C.E.I., elle est de 76,7 ans en Géorgie, de 70,8 en Moldavie, de 70,63 en Biélorussie, de 71,9 en Ouzbékistan, etc. Cela étant, la longévité moyenne en bonne santé attendue en Ukraine est de 59,2 ans, alors qu’elle est de 67 ans dans les pays de l’Union européenne.
Selon les données du Comité d’État de la statistique, un Ukrainien sur dix ne doit pas arriver jusqu’à 35 ans, tandis qu’un sur quatre ne vivra pas jusqu’à 60 ans. «La mortalité des hommes en âge de travailler est supérieure à l’indice analogue même des pays à P.I.B. de 4 à 6 fois inférieur à celui de notre pays», dit Tatyana Bakiztéyéva. Les experts expliquent cette situation de la mortalité masculine par plusieurs facteurs. Le premier et le principal de ces facteurs est que les hommes sont occupés à des types de travaux plus dangereux et plus stressants (mineurs, miliciens, pompiers, monteurs en bâtiment, etc.).
Le second et très important de ces facteurs est que les hommes plus que les femmes consomment des boissons alcoolisées et fument ; à ce propos, 100 000 Ukrainiens meurent annuellement de la consommation de tabac dont environ 10 p. 100 sont des fumeurs passifs. Et encore, ce ne sent là que des données officielles. Dans la majorité des cas, la cause de la mort est déterminée par une maladie concrète (infarctus, ictus, maladies cancéreuses). «Selon la statistique, 80 p. 100 des gens atteints d’un cancer des poumons fument. Cependant, de nombreux fumeurs ne vivent tout simplement pas jusqu’au cancer des poumons proprement dit; ils meurent avant d’être atteints par la maladie provoquée par leur consommation de tabac. Par exemple, par les maladies candie-vasculaires», — dit Alexandre Zahika, médecin du secours d’urgence de Kharkov. Outre l’acquisition des maladies chroniques par l’abus d’alcool (qui en fin de compte abrège aussi la vie), les Ukrainiens occupent l’une des places tête de file dans la C.E.I. pour les intoxications par les boissons alcoolisées. Ainsi, par exemple, en 2009, il y a eu en Ukraine 23,4 morts d’hommes sur 100 000. Ce n’est qu’en Biélorussie et en Russie qu’il y en a eu davantage (respectivement 44 et 25). De l’avis des médecins, la longévité est également abrégée par l’inaptitude des hommes à réagir centre le stress. «Les Ukrainiens sont formés dans les habitudes postsoviétiques: la société interdit aux hommes de pleurer et de se plaindre. Et pourtant, c’est précisément cela qui permet d’évacuer l’émotion, de décharger le stress. En règle générale, le sexe fort supporte tout en dedans; donc, son organisme «s’use» plus vite, comme dit la psychologue Yéléna Dolgaya. (1)
La situation de la mortalité infantile fait également dresser l’oreille aux experts. Selon les données du ministère de la Santé, 5111 enfants sont morts en Ukraine l’année passée (2011; — N.d.T.) dans la période périnatale (période qui s’étend de la 22e semaine de grossesse à la 168e heure après la naissance), tandis qu’un enfant sur cent enfants nés meurt avant un an dans notre pays. Au dire de Tatyana Bakktéyéva, le niveau de mortalité infantile dépasse de 2,5 fois les indices européens. En 25 ans, l’Ukraine a connu une augmentation des cas de mortalité infantile due aux maladies du système respiratoire et cardio-vasculaire, aux troubles congénitaux du développement du système de circulation sanguine, aux maladies infectieuses et aux maladies du système nerveux. Les experts sont également impressionnés par le nombre de maladies cancéreuses chez les nouveau-nés: il– est mort 27 petits enfants pour cause de néoplasie rien que l’année dernière (2011; N.d.T.). A titre de comparaison, 24 enfants sont morts de maladie des organes de la digestion, 16 de maladies conditionnées par le V.I.H., 2 de la tuberculose.
La cause d’une telle situation est pour beaucoup le mauvais système de santé publique. A ce propos, l’Ukraine a les indices les plus élevés du monde pour la mortalité due aux maladies cardio-vasculaires: il est de 64 % dans la structure de mortalité globale, soit environ 500 000 personnes par an. «Dans notre pays, 14 millions de personnes figurent dans la statistique médicale se rapportant aux maladies cardio-vasculaires, environ un million sont des maladies cancéreuses, un autre million souffre de diabète sucré, il y a dans notre pays plus de malades infectés du V.I.H. que dans les autres pays de la C.E.I. et d’Europe», — dit Bakhtéyéva. De simples chiffres témoignent également de l’inefficacité du système de santé publique: en particulier, en Ukraine, le nombre de lits d’hôpital est deux fois plus élevé que dans les pays d’Europe, mais la longévité y est moindre de 10 ans. «Chez nous à présent, pour un lit d’hôpital, c’est à-dire pour un malade, on dépense 81 kopecks par jour. Pouvons-nous exiger d’un bon médecin qu’il prescrive une aide médicale de qualité au malade pour cette somme?», — pense Irina Akinova. Le mauvais état de la branche médicale est également confirmé par les Ukrainiens ordinaires. Ainsi, les données d’un sondage effectué par l’agence d’investigation internationale IFAK en Ukraine au printemps 2011 mentionnent quels majorité des sondés (68 p. 100) n’est pas satisfaite dans l’ensemble du niveau existant de l’assistance médicale de l’État. Selon les résultats de l’analyse de l’Institut Gorchénine, seulement 40 % des sondés disent s’adresser aux polycliniques2 de l’État lorsqu’ils sont malades, 30 % préfèrent se soigner eux-mêmes, 2,5 % s’adressent à un guérisseur, tandis que 5,3 % disent laisser les choses se passer toutes seules.
Mais il y a encore d’autres facteurs qui ont élevé notre pays au rang des leaders en matière de mortalité. Par exemple, le bas niveau de vie: les Ukrainiens économisent sur tout, sur les médicaments, sur les produits alimentaires, le repos, le sport. Parmi les autres causes, les experts nomment également l’absence complète en Ukraine de propagande pour le goût d’un mode de vie saine.
«La réclame du tabac et des boissons alcoolisées incite à la consommation irraisonnable. De surcroît, la réclame de la bière est faite en Ukraine par les footballeurs célèbres qui sont, pour de nombreux jeunes, des idoles à imiter, auxquels ils veulent ressembler en tout. Et voilà que la propagande sociale qui parlerait aux Ukrainiens de l’utilité bienfaisante du sport (à propos, les efforts physiques réguliers allongent la longévité de 20 ans), d’un mode de vie saine, de la façon de lutter contre le stress, n’existe presque pas en Ukraine», — explique Véléna Dolgaya.
- La psychologue Yéléna Dolgaya ne dit pas tout ce qu’elle sait (ou qu’elle devrait savoir, mais qu’elle ignore peut-être, ayant été, elle aussi, formée dans l’optique de l’idéologie décadente du régime d’exploitation de l’homme par l’homme qu’elle appelle pudiquement «postsoviétique»), à savoir que les hommes (mais aussi les femmes!) sont puissamment dissuadé(e)s, moins de «pleurer», que de s’indigner et, surtout, de se révolter pour, non pas seulement user d’un exutoire, d’un déversoir du stress, ou, pour parler clairement, des agressions physiologiques, mais pour renverser ledit régime et le remplacer.
- polyclinique, — en russe, ce mot désigne un établissement de consultations externes et de seins ambulatoires (parfois à domicile); son sens est assez proche de celui du dispensaire en France. Attention de ne pas confondre ce mot avec ‘polyclinique’ qui n’a pas d’équivalent en russe. (N.d.T.).
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