Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le système bancaire russe sera sauvé par la Chine

Les banquiers célestes sont en train de conquérir un monde abandonné par les Américains
Konstantin Olchanski. Quand en réponse à l’étranglement des USA qui prétendait en finir avec Cuba, j’avais analysé ici même les modifications que les Cubains apportaient à leur système financier, j’avais noté qu’un tel remaniement prenait tout son sens dans les transformations qui s’opéraient en Chine et en Russie. Ce dernier pays ne découvre pas les sanctions : Castellum. ai, une base de données mondiale qui suit les sanctions, montre que la Russie était déjà le deuxième pays le plus sanctionné au monde avant le 22 février, avec 2 754 sanctions. À l’époque, la Russie ne suivait que l’Iran, qui en compte 3616. A ce propos demain nous allons découvrir les négociations avec l’IRAN , ses surprises. Les Chinois, qui eux-mêmes connaissent la musique de la propagande et des sanctions de l’occident, comme nous le voyons par ailleurs, mettent en garde l’occident, l’UE en particulier contre l’escalade des tensions sur le plan énergétique mais aussi financier. Le tout débouchant sur un véritable raz de marée inflationniste, et soulignant le fait que la Russie était prête à une guerre financière, mais la neutralité chinoise comme celle d’autres pays ne signifie pas qu’elle ne va pas poursuivre la recherche d’excellentes relations avec les divers belligérants y compris la Russie, d’abord pour atténuer le choc de la crise inflationniste sur sa propre économie, ensuite pour interdire à l’occident de prétendre imposer sa loi et ses politiques d’étranglement à travers le dollar et la maitrise d’un système mondial. Voici le résultat d’années d’effort en matière de décrochage et de mise en place d’un autre système. Tandis que la nullissime campagne électorale française combinée avec l’hystérie des plateaux de télévision ponctuée de bulletins de triomphe militaire, ce qui se met en place dans une guerre “hors limite” est complètement ignoré des citoyens français qui pourtant vont payer la note. ‘(note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)


https://svpressa.ru/world/article/327268/

Les plus grands systèmes de paiement – Visa, MasterCard et American Express – quittent la Russie. Comme vous pouvez le deviner, ils sont tous américains. Les Russes ne doivent cependant pas se désoler : les cartes russes pourront toujours être utilisées pour voyager dans le monde entier, car les banques russes seront intégrées au système chinois UnionPay.

Ce sont les Chinois qui ont décidé de venir à leur secours. Mais il y a beaucoup de pragmatisme dans cette décision : une fois qu’ils auront pris pied sur le marché russe, UnionPay bénéficiera d’un énorme coup de pouce pour son développement. Et alors Visa et MasterCard ne seront pas en mesure de concurrencer le système chinois, et non l’inverse.

La clé financière de l’espace post-soviétique

UnionPay a été inventé il y a seulement vingt ans. En comparaison, Visa a été lancée par les Américains en 1958 et MasterCard seulement en 1966. Mais aujourd’hui, le système chinois bat le système américain à plate couture. En fait, c’est la Chine elle-même qui surpasse largement l’Amérique sur plusieurs fronts.

L’expansion rapide du système de paiement chinois a réussi parce qu’il a été capable de fusionner rapidement avec de nombreux autres systèmes – de l’Inde, de la Corée du Sud et du Japon.

Depuis 2015, les autorités chinoises exigent que toutes les nouvelles cartes plastiques émises dans le pays fassent partie du système UnionPay. Et ce en raison d’une véritable préoccupation pour la sécurité financière du pays ! Grâce à cette étape, le système de paiement chinois a dépassé Visa dans tous les paramètres – le nombre de cartes émises et le montant total des transactions (opérations financières) à la fin de 2015.

Et il ne sera jamais possible aux Américains de surmonter leur retard. UnionPay prépare des associations avec des systèmes de paiement bancaire en Turquie, au Vietnam, au Nigeria et au Brésil. Le système chinois coopère même avec Discover aux États-Unis. Même la Suisse, l’Allemagne et les États-Unis émettent des cartes exploitées par le système chinois UnionPay.

UnionPay a déjà tenté de coopérer avec la Russie. Toutefois, il ne s’agira plus d’un partenariat privé, mais d’une fusion avec le système de paiement russe Mir. C’est une initiative qui pourrait être révolutionnaire pour le marché chinois. Après tout, elle est la clé financière de la quasi-totalité de l’espace post-soviétique.

Les Chinois versent du sang neuf dans de nouveaux vaisseaux.

À l’heure actuelle, le logo UnionPay en caractères chinois figure déjà sur 9 milliards de cartes en plastique dans le monde. C’est plus que la population du globe. Il est possible d’estimer par cet indicateur la vitesse à laquelle les Chinois procèdent à l’expansion financière. Aujourd’hui, les cartes sont acceptées dans 90 % des points de vente de la région Asie-Pacifique. Et en Europe et en Amérique du Nord, 70% des points de vente.

L’année dernière, UnionPay a annoncé qu’elle était entrée pour la première fois sur les marchés du Tadjikistan, du Maroc et des Philippines.

À propos, il s’agit des pays qui participent à l’initiative mondiale “Une ceinture, une route” de Xi Jinping. On dit que l’argent est le “sang” de l’économie. Ainsi, les Chinois ne se contentent pas d’injecter du sang neuf dans de nombreux pays, ils changent même les vaisseaux sanguins. C’est-à-dire qu’ils introduisent un nouveau système financier qui leur est propre.

UnionPay est désormais présent dans 180 pays du monde entier. Et il ne s’agit pas seulement d’un système de paiement – d’un logo sur les cartes. C’est une énorme institution financière. Par exemple, pour les petits commerces de détail, UnionPay propose un programme de partenariat spécial : la boutique peut faire de la vente en ligne, mais il n’est pas nécessaire de créer une boutique en ligne, et le participant au programme ne verse aucune commission.

Payer toujours, payer partout, payer comme vous voulez

Tout dans la finance chinoise se mesure en millions, milliards et trillions. Par exemple, 22 millions de commerçants en ligne (y compris des grands comme Amazon) sont déjà connectés à UnionPay, et 38 millions de commerçants utilisent les paiements par code QR d’UnionPay.

Les Chinois promettent de créer un système de “paiements pour les gens” dans le monde entier. Par exemple, toutes les villes et tous les aéroports de Chine exploitent un service de stationnement intelligent unifié – lui aussi relié à un système de paiement unique, bien entendu.

La quantité de types de cartes bancaires que UnionPay délivre aux différents utilisateurs (voyageurs, automobilistes, étudiants, retraités) se compte déjà par dizaines. Désormais, les Russes pourront eux aussi profiter de tous ces avantages. Ni Visa ni MasterCard ne pouvaient fournir un grand nombre de services de paiement avancés. Mais les financiers chinois, eux, sont au top niveau !

Par exemple, en 2020, UnionPay a introduit sa première carte bancaire numérique, et il existe déjà 23 variantes de ces cartes. Pour répondre à tous les goûts des habitants de différents pays.

Les “paiements pour les gens”, comme le proclame UnionPay, doivent être non seulement pratiques, mais aussi sûrs. Là aussi, tout est en ordre. Par exemple, depuis 2014, le système de paiement collabore avec les autorités chinoises pour lutter contre la fuite des capitaux (notamment par le biais des failles de la corruption).

Le système de paiement combat tous les types de fraude à la carte, du hameçonnage aux casinos en ligne. L’année dernière, UnionPay était l’un des systèmes de paiement les plus protégés contre les fuites de données dans le monde.

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3 Commentaires

  • marsal
    marsal

    Le site d’information boursière suisse zonebourse.com vient de publier un récapitulatif très complet et très documenté sur la situation, ses enjeux et les développements historiques qui y ont mené : https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/Les-consequences-du-conflit-russo-ukrainien–39694560/
    La conclusion est claire et va dans le même sens : le monde fait face à un basculement majeur, qui va bien au delà de la seule relation russo – ukrainienne. Ce qui est en jeu, c’est que la domination occidentale sur le monde, amorcée il y a 4 siècles, à travers la conquête, le colonialisme puis le néo-colonialisme touche à ses limites.
    Les USA poussent l’Europe à la surenchère et à suspendre l’achat de gaz et de pétrole russe. Or, les USA sont producteurs et exportateurs de pétroles et ils se préparent à lever l’embargo pétrolier qu’ils ont fait peser sur le Venezuela pour accroître et sécuriser leurs approvisionnements. Mais, où l’Europe va-t-elle trouver un pétrole à bon marché si elle renonce au pétrole et au gaz russe ???
    Il n’y a pas beaucoup de possibilités. Scholz a fait une tentative de voyage en Israël pour essayer de débloquer le dossier du pétrole iranien, mais ce dossier reste difficile. De plus, l’Iran a lié ses intérêts durablement avec la Chine en signant un partenariat stratégique de longue durée. L’Iran a -t-il intérêt à sauver l’Europe ? Il demandera, c’est certain un prix élevé.
    Au début de la guerre, la présidente georgienne a fait une déclaration tonitruante expliquant que Poutine avait obtenu le contraire de ce qu’il désirait, que l’Europe allait enfin être une puissance.
    Je pense que c’est une analyse très fausse. Au contraire, je pense que Poutine rêve d’une Europe forte et donc indépendante des USA, avec qui il pourrait dialoguer et construire un intéret mutuel qui, économiquement et géopolitiquement est assez évident.
    La Pologne l’a compris et a réagi très négativement à l’annonce du doublement du budget militaire allemand.

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    • admin5319
      admin5319

      oui surtout que lors des négociations avec l’Iran, lavrov vient de faire un coup d’éclat en quasiment renversant la table des négociations en soulignant qu’il ne pouvait pas accepter l’accord puisque son pays était sous condition de guerre économique et politique.

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      • marsal
        marsal

        L’Iran et le Venezuela ont vécu des blocus économiques très durs. Les mesures économiques étaient moins radicales que celles prises aujourd’hui contre la Russie, mais ces deux pays étaient moins avancés techniquement, disposant de moins de ressources pour y faire face.
        Or, il en résulte que les deux ont réussi, par des années d’efforts, à vaincre ces blocus et sont aujourd’hui en position de force. Leur économie a subi des pertes, mais elle s’est structurellement renforcée. Elle est désormais très résiliente. L’Iran en particulier vient de lancer son deuxième satellite militaire. Il produit de manière autonome beaucoup de matières premières, raffine son pétrole, a développé son secteur pétro-chimique, a considérablement augmenté sa production d’acier et de nombreux métaux, mais fabrique également des biens de consommation (électroménager, voitures et même téléphone). Il a considérablement développé ses réseaux routiers et ferroviaires et accrû sa production électrique. Donc, ces sanctions ne sont plus insurmontables et même, elles se retournent de plus en plus contre ceux qui les appliquent (paradoxalement, les américains, à ce jeu, sont souvent plus pragmatiques que les européens …).
        Par ailleurs, ces mesures de blocus vont avoir des effets internes sur les différents pays, car les classes sociales ne seront pas touchées de la même manière et les états vont devoir apporter des réponses. En Russie, je suis curieux de voir de ce qui va advenir de toutes les structures abandonnées par les capitalistes occidentaux. La Russie a déjà décidé d’autoriser ses sociétés à rembourser leurs dettes internationales en rouble et d’obliger les entreprises disposant de réserves de devises à les déposer à la banque centrale. Il reste des réflexes soviétiques et je ne serai pas surpris de voir un certain nombre d’actifs purement nationalisés dans ce contexte.
        Mais en Europe aussi, il va falloir balayer un peu parmi les derniers oripeaux du néo-libéralisme et l’état va reprendre la main sur pas mal de dossier.
        Comme toujours, la crise économique va frapper durement les pays les plus faibles. La réaction d’un certain nombre de pays africains le confirme. Un certain nombre de pays, comme l’Algérie ou le Mali, que la France de Macron a traité avec le plus grand mépris, se retrouvent également aujourd’hui en position de force, grâce à leurs ressources minérales. Mais même le Sénégal remet un certain nombre de pendules à l’heure. Il y aura là aussi des événements inattendus.

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