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L’Express : Slovaquie, Serbie… Comment la désinformation russe gagne les pays voisins de l’Ukraine

Il faut avoir la mémoire courte et ignorer ce qu’a été l’ère post soviétique, l’indigne guerre dans l’ex-Yougoslavie pour s’étonner de la popularité du discours du KREMLIN. Et il n’y a pas qu’en Europe, on retrouve sur tous les continents qui ont tous subi la pax-americana, les invasions, les pillages, assortis d’une propagande vertueuse sur les droits de l’homme, la même attitude de doute sur l’argumentation et la vague de propagande qui précède le viol des traités, des promesses, comme un droit légitime des maitres du monde. Il est vrai que ce qui frappe dans ce conflit c’est le caractère spectaculaire parfois plus que réel, l’enjeu parait celui de la communication, qu’un acteur y tienne le rôle principal n’a rien d’étonnant, mais c’est un jeu très dangereux auquel il faut s’opposer et des articles comme celui-ci qui nous aident à réaliser à quel point la réalité vécue peut être autre y contribuent à leur manière, ils nous disent que les peuples partent aussi de leur vécu et que ceux qui ont vécu les lendemains douloureux des croisades occidentales peuvent sinon être sensibles à la propagande de l’adversaire au moins ne croire en rien la nôtre. (note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete)

Les publications douteuses et les sorties anti-occidentales font des percées surprenantes en Europe de l’Est, à mesure que la crise régionale s’aggrave.

Un écran de télévision dans la salle de presse James S. Brady de la Maison-Blanche diffuse le discours du président russe, Vladimir Poutine, en direct du Kremlin, le 21 février 2022, à Washington, DC.

Un écran de télévision dans la salle de presse James S. Brady de la Maison-Blanche diffuse le discours du président russe, Vladimir Poutine, en direct du Kremlin, le 21 février 2022, à Washington, DC.

Getty Images via AFPM.R. avec AFPPublié le 23/02/2022 à 15:51,

La guerre qui s’annonce en Ukraine ne se jouera pas que sur le plan militaire. Le déploiement des éléments de langage utilisés lundi par Vladimir Poutine afin de justifier sa reconnaissance des Républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk, qui laissent présager d’une invasion à plus grande échelle, est également au cœur de la bataille pour Moscou. Notamment chez les plus proches voisins de l’Ukraine. 

Dans les régions qui sont traditionnellement plus proches des positions prorusses, le discours de Moscou est déjà bien ancré. Le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré cette semaine que 85% de ses compatriotes seront “toujours du côté de la Russie, quoi qu’il arrive”. Les tabloïds serbes ont répété, eux, une information non vérifiée selon laquelle les forces russes avaient détruit deux véhicules blindés ukrainiens entrés en Russie : “L’Ukraine a attaqué la Russie! “, ont-ils ainsi crié mardi 22 février, quelques heures après l’annonce par Vladimir Poutine qu’il allait reconnaître deux régions séparatistes en Ukraine et ordonner l’envoi de troupes. 

Les mots de Poutine font mouche

La désinformation, qui s’accompagne aussi de vidéos trompeuses ou grossièrement détournées, bat son plein dans d’autres régions normalement animées d’un profond ressentiment antirusse, celles anciennement rattachés à l’Union soviétique (URSS). Avec un certain succès : les publications douteuses et les sorties anti-occidentales font des percées surprenantes, à mesure que la crise régionale s’aggrave.

En Slovaquie, pays voisin de l’Ukraine, la désinformation sur la situation est largement diffusée, même par des membres du Parlement. Après le discours du président russe, Vladimir Poutine, remettant en cause l’existence même de l’Ukraine, Lubos Blaha, membre du parti d’opposition de gauche Smer et suivi par 170 000 personnes sur Facebook, déclare être “convaincu que [Poutine] veut la paix”. Il affirme par ailleurs sur son site que l’Ukraine “a provoqué et menacé la Russie” alors que “l’Occident la harcelait”. Selon lui, l’Ukraine est “contrôlée par des clans oligarchiques, le néonazisme et la russophobie y vont croissant et la corruption bat son plein”. 

Le pays de 5,5 millions d’habitants, qui partage une frontière de 97 kilomètres avec l’Ukraine, a signé ce mois-ci un accord de défense avec les Etats-Unis, autorisant les troupes américaines à opérer sur son sol. Ce traité a suscité une vive contestation de la part de l’opposition et d’une partie non négligeable de la population, devenant une cible privilégiée de la désinformation et de la propagande. En conséquence, les sentiments anti-américains, anti-Otan et même anti-Union européenne sont en hausse en Slovaquie. 

Selon un sondage réalisé le mois dernier par l’agence Slovak Focus, 44% des personnes interrogées tiennent notamment les Etats-Unis et l’Otan responsables de la montée des tensions entre la Russie et l’Ukraine, tandis que 35% seulement accusent Moscou.

Dépeindre l’Ukraine comme un “Etat défaillant corrompu”

Même schéma en République tchèque. “Dès le mois de janvier, il y a eu une hausse massive de la désinformation visant à justifier l’agression russe contre l’Ukraine”, a déclaré Bohumil Kartous, un porte-parole des Elfes tchèques, un réseau de centaines de vigiles qui surveillent le Web. “Ce sujet dépasse de loin tous les autres, y compris le Covid”, souligne celui dont le groupe publie des rapports mensuels sur les fausses informations partagées dans le pays et dans la région. Les “fake news” cherchent à dépeindre l’Ukraine comme un “Etat défaillant corrompu” gouverné par des “fascistes” et pratiquant un “génocide sur sa population russophone”, écrivent les Elfes dans l’un de leurs rapports sur le conflit.

Dans les semaines qui ont précédé la décision de Vladimir Poutine d’autoriser les troupes russes à pénétrer dans l’est de l’Ukraine, diverses vidéos censées montrer des troupes ukrainiennes se préparant à entrer en Russie ont circulé dans la région. L’AFP Fact Check a constaté que nombre d’entre elles montrent en réalité des exercices militaires sans rapport avec la situation actuelle et ont été filmées des années auparavant. Certaines de ces séquences remontaient notamment de 2014, lorsque la Russie a annexé la Crimée.

Selon Bohumil Kartous, certains de ces faux “présentent l’Otan comme le responsable de la situation actuelle, alors que la Russie est censée simplement résister aux efforts déployés de longue date menaçant sa sécurité”. “Cela résonne auprès d’une partie de la population”, indique-t-il, en faisant référence à la République tchèque, alors même que Prague a envoyé des munitions en Ukraine. “Pour certains, cela s’appuie sur des affirmations antérieures similaires et cimente leurs convictions. Pour d’autres, cela crée un sentiment d’insécurité qui, à son tour, suscite une résistance aux efforts du gouvernement [tchèque] pour aider l’Ukraine à se défendre.”  

La désinformation se propage aussi dans les pays occidentaux au travers des chaînes du régime – Sputnik et RT. Leur existence dans ces pays est donc logiquement remise en cause. Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a ainsi annoncé que son gouvernement a demandé, ce mercredi, un réexamen de la licence accordée à la chaîne publique russe en anglais RT. Début février, l’Allemagne avait quant à elle déjà interdit RT sur son territoire. En réponse, Moscou avait fermé le bureau de la radio-télévision allemande Deutsche Welle à Moscou. 

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