Cet article qui provient d’Espagne (des îles Canaries) a le mérite de rappeler quelques faits très précis d’un point de vue européen. Il y là une description de la manière dont certaines institutions vassales des USA comme l’UE et l’OTAN entraînent des peuples européens, qui ne veulent pas la guerre, dans une obsession anti-russe qui est celle de l’administration BIDEN pour des raisons de politique interne (les élections de mi-mandat) et de jalousie hégémonique (à travers la RUSSIE c’est la Chine qui est visée). Même si cette obsession anti-russe subsiste à la fin de l’URSS et si depuis 1919, elle n’a débouché que sur des défaites et a eu un coût monstrueux pour les peuples, les gouvernements issus de la social démocratie rivalisent avec les conservateurs tant ils sont ligotés par leur dépendance aux USA par le biais de l’UE et de l’OTAN et par la faiblesse de leur personnel politique. Démonstration d’une crise hystérique et néanmoins dangereuse parce qu’elle laisse voir à quel point ces gens-là veulent la guerre. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société)
« La politique occidentale oscille entre hystérie, incompétence et dénuement intellectuel »
L’objectif géopolitique central dans la nouvelle situation est – écrit Eduardo Luque – d’encercler et de mettre à bas la Russie. C’est la troisième tentative en un siècle. Les précédentes (1918-1919), (1940-1945) et (1999 à nos jours) sont devenues des échecs retentissants. L’Occident, en particulier les États-Unis, n’a pas beaucoup appris de ces faits (…)
PAR EDUARDO LUQUE POUR THE CANARY ISLANDS WEEKLY
L’objectif géopolitique central dans la nouvelle situation est d’encercler et de mettre à genoux la Russie. C’est la troisième tentative en un siècle. Les précédentes (1918-1919), (1940-1945) et (1999 à nos jours) se sont avérés des échecs retentissants. L’Occident, en particulier les États-Unis, n’ont pas beaucoup appris de ces faits. Il a adopté la vision de Fukuyama de la « fin de l’histoire des idées politiques ». Les États-Unis croyaient qu’une fois le communisme vaincu dans la guerre froide, il ne restait plus qu’à s’étendre. Ils voulaient imposer au reste du monde une « démocratie » formelle, qui préserve les formes mais ne remet pas en cause l’ordre néolibéral existant : lorsque la politique s’avère susceptible d’introduire de réels changements dans les formes de domination, le concept “démocratie” est oublié, et la guerre et la répression sociale redeviennent les seuls arguments.
L’un des accords postérieurs à 1991 (désintégration de l’URSS) était l’Acte fondateur sur les relations mutuelles de coopération et de sécurité entre l’OTAN et la Russie (1997). Il s’agit d’un document juridiquement non contraignant; les Alliés ne voulaient pas qu’il soit ratifiée par les parlements. L’Occident y avait juré de ne pas s’étendre aux frontières de la Russie. Il a été postulé que, sans ennemis, cet organe, l’OTAN, n’avait aucun sens et se dissoudrait, mais cela n’a pas été le cas. La « nouvelle » OTAN est devenue le nouveau bélier militaire pour imposer de nouvelles formes de domination. C’est dans ce contexte que se produit la troisième crise ukrainienne; la première, la Révolution orange (2004) ; le second, le coup d’État mené par les États-Unis et la guerre civile qui a suivi (2014-2015); maintenant, l’actuelle.
Pendant trop de semaines, on a parlé de l’imminence de « l’invasion russe » : une prophétie auto-réalisatrice. Peu importe les faits, cette propagande veut créer les conditions pour que les conflits deviennent inévitables. La confrontation entre l’OTAN et la Russie acquiert, chaque jour qui passe, une plus grande gravité. La répétition du même slogan : « guerre imminente », « guerre imminente » cherche à préparer la population à la guerre. Nous l’avons déjà dit, la Russie n’a aucun intérêt à envahir l’Ukraine, seule une attaque sous faux drapeau pourrait déclencher une réaction.
Dans le document publié par le ministère russe des Affaires étrangères et remis aux États-Unis à Bruxelles, Moscou a proposé à l’OTAN de signer des engagements communs qui garantissent la sécurité mutuelle. Le projet de loi proposait de régler les différends sans recourir à la force. La seule réponse a été une « non- réponse ». La presse et les politiciens à la solde du conglomérat militaire ont répété jusqu’à l’hystérie la même chose, le danger posé par les manœuvres militaires russes menées sur le territoire russe. Du côté des États-Unis, il n’a été proposé que de discuter de questions mineures qui ne relèvent pas de la majeure partie du différend.
La politique occidentale oscille entre hystérie, incompétence et dénuement intellectuel de certaines personnalités très pertinentes. Dans la catégorie de l’hystérie, le vainqueur est Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, qui a menacé de déplacer des armes nucléaires aux frontières de la Russie il y a un mois et annonce maintenant le déploiement de groupements tactiques supplémentaires dans les pays de l’Est pour accroître la sécurité de l’Europe. Le ministère russe des Affaires étrangères le considère comme une personne qui a perdu « tout contact avec la réalité ». La situation s’est tellement aggravée que les chancelleries européennes ont lancé des actions politiques pour rapprocher les positions. Certains pays européens, comme nous l’avons annoncé dans d’autres analyses, sont de plus en plus circonspects dans la situation actuelle. Les dirigeants politiques comme les Polonais, profondément russophobes, mesurent leurs déclarations à la loupe, loin de l’hystérie déployée il y a quelques semaines, ils en sont à parier sur le compromis. Des pays comme la Bulgarie, la Suède, la Hongrie… s’éloignent de Washington et sont de plus en plus réticents à l’idée d’une guerre menée sur le sol européen avec des millions de réfugiés ukrainiens frappant aux frontières des pays voisins. Lavrov, dans une manœuvre habile visant à saper la prétendue unité européenne (très malmenée en revanche), a interpelé pays après pays par ses demandes visant à étudier la position de chacun séparément.
Macron dans le cadre de sa campagne électorale tente de se donner un lustre politique en servant de médiateur dans la situation actuelle. Curieusement, ni la France ni l’Allemagne, partisans des accords de Minsk depuis la guerre de 2014, n’ont levé le petit doigt pour résoudre le conflit qui a coûté plus de 14 000 morts. Lavrov a clairement indiqué au président Français que Paris n’est qu’un partenaire junior des États-Unis dans l’OTAN et que l’UE ne représente aucune autonomie pertinente sur le plan international. Encore plus pathétique a été la position britannique : alors que Boris Johnson, politiquement encombré par ses scandales, lance des proclamations pan-impérialistes, ses navires de guerre les meilleurs et les plus modernes (six destroyers sur six) du Type 45 sont à quai avec diverses réparations. En cas de conflit, la flotte anglaise représenterait un faible adversaire. La faible culture politique de la classe politique occidentale, y compris espagnole, se manifeste de manière toujours plus évidente. Aux maladresses de la diplomatie américaine s’ajoutent celles de certains membres du cabinet britannique. La ministre des Affaires étrangères Liz Truss lors de la conférence de presse, avant de rencontrer Lavrov a déclaré: « Nous offrons des fournitures et un soutien supplémentaires à nos alliés baltes à travers la mer Noire » Quelqu’un ayant une connaissance élémentaire de la géographie sait qu’entre la mer Noire et les pays baltes, il y a environ 1200 km. Ensuite, c’est le ministre russe des Affaires étrangères qui a mis en lumière une telle incompétence. Sergueï Lavrov, un homme politique très expérimenté, lui a demandé à un moment donné si le Royaume-Uni reconnaissait les régions de Rostov et de Voronej comme faisant partie de la Fédération de Russie, Mme Truss, ignorant qu’il ne s’agissait pas de régions ukrainiennes, a répondu que le Royaume-Uni ne les reconnaîtrait jamais. Face à une telle bourde, l’ambassadrice britannique a dû rassurer son ministre en soulignant que Rostov et Voronej appartiennent toutes deux à la Fédération de Russie et ne font pas partie de l’Ukraine. Le premier ministre britannique a de la chance : la ministre des Affaires étrangères était l’alternative derrière laquelle les parlementaires conservateurs rebelles se rangeaient pour l’abattre. Liz Truss se vantait de son thatchérisme; lors de ce voyage, elle avait copié l’itinéraire, les gestes et même la tenue vestimentaire de Mme Thatcher et voulait répéter la marche triomphale de son modèle et conclure en signant, à nouveau, un accord qui marquerait la défaite de la Russie. Liz Strauss est devenue, par son ignorance manifeste, un cadavre politique.
Mais, malgré ces tristes cas d’incompétence manifeste, le plus grand représentant de l’inutilité de l’UE est ce « gentleman à la triste figure » connu comme le représentant étranger de l’UE; Josep Borrell se promène dans les couloirs de Bruxelles sans que personne ne lui prête la moindre attention. C’est l’ombre de Tirésias dans le royaume d’Hadès et il est révélateur de l’insignifiance politique de l’UE en tant qu’institution. Sur des questions les plus urgentes, la politique étrangère de la Communauté est inexistante, chaque pays agit en fonction de ses intérêts. Josep Borrell désespéré de ne pas sortir du lot s’est cherché un allié, il a présenté au secrétaire général de l’OTAN un document dans lequel il exige une négociation conjointe des 27 avec Moscou. De toute évidence, personne n’a retenu sa proposition.
Bien qu’il existe des initiatives individuelles, la médiation des pays européens a un grand handicap : elle nécessite l’assentiment des États-Unis. Washington, par l’intermédiaire du secrétaire d’État Blinken, montre ses intérêts réels ; il exige que ses « partenaires » européens non seulement augmentent les sanctions contre la Russie, y compris contre le président Poutine, mais exigent maintenant la rupture des accords commerciaux entre l’UE et la Chine qui est la véritable cible de ce conflit. Certains pays baltes comme la Lituanie se sont précipités sur cette voie en reconnaissant Taïwan comme un pays indépendant. Les conséquences économiques pour le pays balte sont désastreuses. La Chine a imposé des sanctions commerciales sur les produits lituaniens et ceux fabriqués totalement ou partiellement en Lituanie, les ports et les trains risquent d’être paralysés, les flux logistiques, sans marchés vers lesquels exporter, sont sur le point de s’effondrer. Instigateur de cette manœuvre, les États-Unis ne viendront pas en aide à ce pays lorsqu’il sera économiquement noyé.
En Amérique, en revanche, les hauts et les bas de Biden et son empressement guerrier l’opposent à un ancien président Trump déjà en campagne. L’ancien président a qualifié la position de Biden de folie totale. La situation politique intérieure compromise de Biden le pousse à une action militaire dont il espère qu’elle lui procurera une victoire certaine, comme l’a reconnu la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lorsqu’elle a déclaré dans une interview: « L’hystérie de la Maison Blanche est plus révélatrice que jamais. Les Anglo-Saxons ont besoin d’une guerre, quel qu’en soit le prix. »
Alors que Zelensky, qui cherche une solution qui ne lui coûte pas son poste, a averti que le départ en fuite de quelques diplomates occidentaux n’impliquait pas un danger d’invasion. Sa position est si faible qu’il n’a pas pu assister aux Jeux olympiques de Pékin parce que Washington le lui a interdit. Alors que l’hystérie fait rage dans les médias occidentaux, le ministre ukrainien de la Défense, Alexeï Reznikov, a admis qu’ils n’étaient pas au courant de la création de groupes de frappe ou d’accumulations spéciales d’armes à la frontière russe. Mais nous savons tous que ni Zelensky ni Reznikov ne comptent dans l’équation de la guerre.
La Russie prépare le terrain pour un conflit économique de haute intensité. Les jeux politiques en Ukraine ont également des conséquences financières imprévues pour la monnaie américaine: les données du FMI montrent que la part du dollar dans les réserves mondiales est tombée à 59% au dernier trimestre, le niveau le plus bas depuis 1995. La Russie et la Chine réduisent leur part en dollars de leurs réserves d’or et de change. Encore une fois, Lavrov au siège du Parlement avait averti: « Nous nous efforçons de réduire la dépendance au dollar, et les Américains nous aident activement dans ce domaine… » De plus en plus, dans un processus très accéléré, la plupart des accords pour l’approvisionnement en matières premières russes à l’étranger, seront conclus par le biais de banques non russes, et les recettes en devises iront à la Russie en euros. Tout indique un renforcement du rouble.
L’Espagne et l’ardeur guerrière.
La politique étrangère de notre pays a été mise au service de la gloire du président Sánchez. Elle se caractérise, comme il ne peut en être autrement, par son aspect purement tactique et sa subordination aux intérêts américains. On ne pouvait pas attendre grand-chose de Pedro Sánchez, même si on espérait une position différenciée de celle de ses partenaires de coalition, ce qui est une « grossière erreur ». UP et IU en particulier ont habillé la toge de la respectabilité institutionnelle prête à rester au gouvernement à tout prix. C’est Alberto Garzón qui nous a fait réfléchir si nous devons continuer à appartenir à l’OTAN et c’est Enrique de Santiago, de son poste de secrétaire d’État, qui a béni la réunion de l’OTAN qui se tiendra à Madrid en juin prochain. La gauche anti-OTAN au gouvernement, dont l’une des caractéristiques était de s’opposer à la guerre, change maintenant le discours et continue sur la voie marquée par les États-Unis. Malheureusement, nous sommes toujours dans l’OTAN mais, même ainsi, l’Espagne, comme la France et l’Allemagne, aurait dû agir en tant que modérateur. Nous n’avons rien à gagner et beaucoup à perdre. Nous n’avons aucune friction ou différend avec la Russie. En outre, notre présence au sein de l’OTAN est limitée dans les termes et les accords du Traité. Les « parties » auxquelles l’Espagne s’est engagée étaient les pays qui composaient l’institution en 1991 ou en tout cas les pays intégrés dans la structure de commandement militaire de 1992. Aucun des pays avec lesquels nous avons signé n’a subi une attaque militaire de la Russie qui nous aurait forcés à intervenir. Ni l’Ukraine ni de nombreux pays de l’Est n’en étaient membres en 1992. Pourquoi devons-nous défendre les frontières de la Lituanie, de la Bulgarie, de la Roumanie ou de la Pologne?
Le 18 janvier, notre ministre des Affaires étrangères, M. Albares, a rencontré Blinken à Washington pour recevoir des instructions. Notre gouvernement est ferme et il réaffirme qu’il faut répondre aux exigences des USA : « L’Espagne respecterait son engagement envers l’OTAN. » Deux jours plus tard, Margarita Robles a poussé un cri du coeur et a affirmé qu’en: « remplissant l’engagement de l’Espagne envers l’OTAN », un navire d’action maritime et une frégate seraient déployés dans la mer Noire (qui seront plus tard rejoints par un dragueur de mines). Tout a été de la même catégorie de vantardises, déclarations creuses, toutes les déclarations gouvernementales relèvent de poses incompétentes qui mettent notre pays en grave danger. Heureusement, les navires espagnols n’ont pas traversé le détroit des Dardanelles. Il y a dans l’exécutif espagnol un mélange d’incapacité, d’ignorance de la réalité internationale mêlé tout cela à des « tics » anti-russes et à un pro-atlantisme qui caractérisent les gouvernements conservateurs actuellement.
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