L’article sur le caractère nébuleux des performances et des discours est bien sûr moqueur, mais je dois dire que sa chute sur la pièce de théâtre « Looking for Europe » de BHL est fort bien vue. Nous sommes dans l’actualité d’une EUROPE, entre paix et guerre suivant les ordres des USA, un four grotesque d’une UKRAINE sordide, chauffée à blanc par des nullités culturelles, une bande d’oligarques en folie flanqués de néonazis brûlant 46 personnes dans la maison des syndicats d’Odessa a imposé ses horreurs à partir d’un coup d’Etat fomenté par les USA et l’UE dans le silence général et le gratin du tout Europe de la culture risible et pompier est venu assister au spectacle dans la même ville. Télérama et ses histrions, les bobos de service continuent ainsi à célébrer la guerre, la haine, le nazisme au son de la 9e de BEETHOVEN qui serait bien surpris de l’utilisation de son hymne. (note de Danielle BLEITRACH pour histoireetsociete)
Par Samuel Piquet
Publié le 11/02/2022 à 19:00
Hier s’est achevée au Grand Palais Éphémère la présentation d’EuroFabrique, évènement qui s’est déroulé du 7 au 10 février dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il y aura un avant et un après.
Comme dans tout grand œuvre, c’est à un mélange de mystère, de curiosité et de génie que la brochure de l’EuroFabrique, estampillée « ministère de la Culture » et « UE France 22 » invitait le lecteur. Celle-ci se proposait en effet de rencontrer « un composé d’histoires et de cultures millénaires qui articule singularité et pluriel, communauté et diversité ». Difficile de faire plus original.
Mais ce n’est pas tout : à cette démarche historique louable se mêlait une dimension artistique pleine de promesses : celle d’une exposition dans un lieu pas comme les autres, le Grand Palais Éphémère. Jugez plutôt : « Quand on l’arpente d’un bout à l’autre (…), traversant l’espace bitumé comme on se déplace dans une ville, apparaît une sensation qui tient lieu de la géographie : le corps randonne, circule, se ballade (sic) mais il ne “visite” pas comme il le fait dans une scénographie muséale, alors que l’on passe sans y penser d’une œuvre à une autre, en suivant ses yeux avec ses pieds. C’est de cette expérience et de ce potentiel que nous nous proposons de partir pour déployer un territoire et peut-être refaire l’Europe en plein cœur de Paris. » Tout est dans le « peut-être ».
À cela s’ajoutent des questionnements existentiels et politiques majeurs comme : « Comment faire de l’Europe un milieu et un horizon désirables ? », « Comment la connecter au reste du monde ? », « Et si l’Europe est un projet, comment le réenchanter ? ». Bref, on sent dès les premières lignes à quel point il est question non de com mais d’art.
NÉBULOSITÉ
C’est donc forts de ces perspectives enthousiasmantes que nous nous sommes rendus en ce lieu plein d’espérance. Et nous n’avons pas été déçus. D’emblée, un artiste attire notre attention en nous tendant une feuille pliée à l’intérieur de laquelle on découvre deux autres bouts de papier déchirés. Il nous explique : « C’est un travail sur la forme et sur les traces. » Nul doute que son œuvre va en laisser beaucoup. Au sol, plusieurs rangées de feuilles blanches sont étalées de façon aussi arbitraire qu’inexplicable. Et l’on sent déjà qu’on touche du doigt le mystère auquel nous nous étions préparés. Souvent, après l’explication de leur œuvre par les artistes, on se rend compte qu’on comprend encore moins qu’avant. C’est sans doute ça, l’art contemporain : l’unité entre la nébulosité des performances et celle des discours.
Un peu plus loin, des artistes torse nu se peignent le corps et là encore on cherche bêtement un sens à tout ça puis on se console en se disant que Télérama ne tardera pas à nous l’expliquer. À côté, un passage vert mène à une table verte sur laquelle sont disséminées de nombreuses feuilles vertes. C’est « le Parlement du silence » nous explique-t-on, Parlement qui invite à développer « une nouvelle vision pour l’UE ». Sur la table, on peut lire des messages aussi bouleversants et révolutionnaires que « Less meat », « se bouger pour l’environnement » ou encore « Libérez les kebabs ».
Un peu plus loin, on croise une personne enfermée dans un mini-chapiteau en toile derrière lequel une jeune femme agenouillée lui prodigue un massage ou plutôt une « acupression », comme elle nous l’expliquera. L’objectif ? « Se couper des autres » pour ceux qui ont besoin de « faire le vide » et de « trouver du repos ». Et qui se rendent tout naturellement dans une exposition entrecoupée de conférences pour s’isoler. Dans les allées, trônent quelques poubelles sans qu’on sache toujours s’il s’agit ou non d’une « création ».
« LES POMMES DE TERRE SONT DES MIGRANTS »
Si on se dit alors que les projets artistiques sont tous plus sidérants les uns que les autres et qu’il fallait bien se mettre à 36 écoles et 400 étudiants de nombreux pays pour produire tout cela, il faut bien reconnaître que la notion d’Europe n’apparaît pas encore très clairement. Mais c’était compter sans le laboratoire de la pomme de terre, « The potato lab », qui clôt notre déambulation artistique. Ce stand blanc orange et noir affiche des messages aussi inattendus que « La diversité pour tous nos quartiers » ou « Politiquement, les choses ne vont pas dans le bon sens, parce qu’on ne se donne pas d’objectifs communs, d’horizon commun ». D’autres réflexions encore plus fortes sont en italien ou en anglais dans le texte, comme « Gardons la démocratie en vie », « Périodes sombres comme le colonialisme » ou « Les pommes de terre sont des migrants ». Comment avons-nous fait pour ne pas le comprendre plus tôt ? Cela aussi restera un mystère.
À l’intérieur du stand, on est invité à répondre à des questions comme « Europe, que reste-t-il de nous ? » Une partie de la réponse figure dans les affichages. On lit par exemple : « Un futur sans l’UE serait triste », l’invasion des sauterelles après le Brexit l’a suffisamment montré. Ou encore « Une frontière pour moi (…) ça n’a pas de sens ». On se demande effectivement jusqu’à quand on s’abstiendra de proposer à la Nouvelle-Zélande de rejoindre l’UE.
MOT-VALISE
Le tout est agrémenté d’une splendide structure de pommes de terre qui pendent chacune à un fil qui les relie au plafond. On a déjà hâte de demander aux artistes ce que cela représente mais hélas ils nous expliquent que c’est simplement pour « rester dans le fil rouge de la pomme de terre ». Heureusement, toute dimension symbolique n’est pas perdue. Sur les écrans, des personnes se filment en effet en train de répondre à des questions sur l’Europe tout en épluchant des patates pour mieux « se dévoiler » et « se mettre à nu ». La carrière de porte-parole du gouvernement leur est d’ores et déjà ouverte.
Quelques minutes plus tard, une compagnie de danse commence sa chorégraphie intitulée sobrement Danse L’Europe. Et l’on commence à concevoir un peu plus finement ce qu’est l’Europe : un mot tellement ouvert sur le monde qu’on peut l’employer, à la manière de « schtroumpfer », dans à peu près n’importe quel contexte. Il commence d’ailleurs à nous tarder que commence le vin d’honneur pour « boire et manger l’Europe ».
C’est alors que débute le clou du spectacle : les discours des ministres et des organisateurs qui dissipent définitivement tout malentendu au sujet du lien entre les œuvres artistiques qu’on a pu voir jusqu’alors et l’Europe. « L’Europe est un cas d’école, d’art et de création » nous annonce-t-on avant d’ajouter : « Se réunir différemment nous permet de voir différemment. » Tout s’explique. « Il faut rendre le possible improbable et l’improbable possible » renchérit-on. Et de ce point de vue-là, l’exposition a tenu toutes ses promesses.
MOINS CONSENSUEL, TU MEURS
« La vieille Europe est riche aujourd’hui de la jeunesse du monde », proclame un autre. C’est beau comme du Anne Hidalgo lisant du Ségolène Royal. Il salue ensuite ces « dispositifs qui mettent en jeu des émotions, des rencontres, des intuitions. » Et autant d’éléments de langage. Puis il prévient que les œuvres présentées n’ont « rien de définitif ». Voilà qui est rassurant. Et quoi de plus ambitieux et macroniste (pardon pour ce pléonasme) qu’un projet toujours en mouvement ?
« Il n’y a pas d’art plus urgent que de vivre ensemble et de vivre ensemble dans le respect et la tolérance. » Difficile de faire moins consensuel. S’ensuit alors une flopée de mots plus subversifs les uns que les autres comme « migrant », « environnement », « mobiliser les forces de l’art », ou « faire communauté ». La conclusion sera à la hauteur du reste : « Toutes les voix individuelles se tressent dans une voix collective (…) pour un futur plein de force et de joie pour la création. » Mais aussi de paix et d’amour. Amen.
Certaines mauvaises langues diront sans doute qu’il y a dans ce projet une part de communication ou qu’on aurait pu faire davantage. Mais nul ne pourra nier que réussir à tirer Roselyne Bachelot du pieu, c’est un vrai travail. Bref, il ne manquait plus que la pièce de théâtre « Looking for Europe » de BHL pour que le succès soit total.
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Jeanne Labaigt
Ah! les pommes de terre !
Pensée pour le peintre Henri Cueco, ses tableaux “matérialistes” de pommes de terre terreuses et son “Journal d’une pomme de terre”.
Loin de l’Europe et de BHL …
Cueco que c’était important! pour de vrai : “image concrète d’une pomme de terre concrète”
https://dolelepleindeculture.wordpress.com/2020/11/08/henri-cueco-journal-dun-peintre-n1/
Daniel Arias
La lecture de cet article décrivant la nullité des rejetons cooptés et inemployables de la bourgeoisie dont la création ne sert qu’à défiscaliser une partie du patrimoine de leurs maîtres, me fait penser en contraste total à la poésie bien terre à terre du poète et commissaire politique Miguel Hernandéz.
Poéte compréhensible sans décodeur donnant la mesure de ce qui sépare ces bourgeois et courtisans du peuple.
La abarcas desiertas
https://youtu.be/OP47oGn6alo
El niño yuntero:
https://youtu.be/DHadjl2KjgQ
Vientos del pueblo:
https://youtu.be/DD6lF7KBQ-Y